Life note

Chapitre 41 : Requiem pour une Reine

3544 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 2 mois

Lucie et Arlet – L’annonce d’une Reine


La pluie martelait le pare-brise, effaçant les lumières de la ville en traînées incandescentes. À travers la vitre embuée, Lucie observait son reflet. Ses traits fins, son teint diaphane, sa chevelure dorée… Une parfaite réplique de Misa Amane.


Arlet, derrière le volant, la regardait à la dérobée. Il avait du mal à comprendre. Comment une fille aussi fragile avait-elle pu tant changer ? Quand il l’avait forcée à incarner une idole disparue, il pensait la manipuler, la contrôler. Mais à cet instant, il avait le sentiment que c’était lui qui lui appartenait.


Le silence était pesant. Finalement, il prit une profonde inspiration et brisa la glace :


— Lucie… Je suis désolé. Pour tout. Je n’aurais jamais dû te forcer à entrer dans ce monde. Je n’aurais jamais dû—


— Tais-toi.


Sa voix était calme, mais tranchante comme une lame.


Elle tourna le bouton de la radio.


— « Suite à la flambée des prix des médicaments, nous recevons aujourd’hui le ministre de la Santé, Akihiro Tatsumi. Monsieur Tatsumi, la population dénonce une crise sans précédent. Comment justifiez-vous ces augmentations ? »


Un silence. Puis la voix posée du ministre résonna :


— « Ces ajustements sont nécessaires pour assurer la pérennité de notre système de santé. Nous poursuivons les réformes entreprises par mon prédécesseur, qui visaient à moderniser— »


Lucie ouvrit lentement son Life Note.


Arlet fronça les sourcils.


— Qu’est-ce que tu fais ?


Sans un mot, elle traça le nom Akihiro Tatsumi, mais à l’envers.


Sur la radio, la journaliste insista :


— « Votre prédécesseur est mort d’une maladie incurable. Or, vous appliquez exactement la même politique que lui. Simple hasard ? »


Lucie referma son carnet.


Le programme enchaîna sur les faits divers :


— « À l’international, le PDG de Shinaro Corp, accusé d’exploiter des enfants dans ses usines, a été hospitalisé en urgence après une crise soudaine. Son état est jugé critique… »


Un sourire effleura les lèvres de Lucie. Son stylo glissa à nouveau sur une page vierge. Un autre nom fut inscrit, toujours à l’envers.


Arlet sentit un frisson lui remonter l’échine. Il tenta de changer de sujet :


— Lucie… À propos de ton annonce à la radio. Quand tu as déclaré être la “Reine de la Pop”…


Elle tourna lentement la tête vers lui, ses yeux plongés dans l’ombre.


— Je ne veux pas être la Reine de la Pop. Je veux être une vraie reine.


Le sourire d’Arlet s’effaça. Il n’était pas sûr de comprendre… ou plutôt, il refusait de comprendre.


Il reporta son regard sur la route et poursuivit :


— Le studio nous attend. Tu vas devoir répondre aux questions du public en direct. Et il y aura une invitée.


— Une invitée ?


— Kaede Himura, alias “HIME”, l’actuelle Reine de la Pop. Elle veut te défier.


Lucie ne broncha pas.


Arlet serra les dents.


— Tu te rends compte de ce que tu as déclenché ? Avec une seule phrase, tu as fait trembler toute l’industrie musicale. Même HIME s’est déplacée en personne.


La voiture s’arrêta devant la tour Sakura TV.


Arlet et Lucie levèrent les yeux vers l’imposant gratte-ciel. Les néons reflétaient des lueurs sanglantes sur les flaques d’eau.


Arlet soupira avant de lâcher une dernière phrase :


— Tu voulais être une reine ? Alors prouve-le.


Derrière eux, une ombre immense s’étirait sous la lumière des lampadaires.


Zenthos.


Le Shinigami qui avait mis fin aux jours de Ryuk.


Ses yeux rougeoyaient dans la nuit, et un rictus fendait son visage difforme.


Lucie, sans même se retourner, murmura :


— Je vais massacrer toute personne qui se dressera sur mon chemin.


Zenthos éclata d’un rire rauque.


— Voilà enfin une idole digne de ce nom.



Tenshiko – L’enfant qui n’en est pas un


L’église était plongée dans une pénombre paisible, uniquement troublée par la lumière vacillante des cierges. L’odeur de l’encens flottait dans l’air, mêlée à celle du bois ancien et des livres de prières.


Aiko poussa doucement la porte. Son pas résonna sur le sol de pierre. À l’autre bout de la nef, une silhouette se retourna.


Le pasteur Oga l’observa un instant avant de sourire largement.


— Aiko… C’est bien toi ?


Sa voix, empreinte d’une chaleur sincère, résonna entre les murs du sanctuaire.


— En chair et en os, Oga.


Il s’avança vers elle, les bras ouverts.


— Ça fait si longtemps ! Tu es en bonne santé, j’en suis heureux.


— Et vous, Oga ? Toujours aussi dévoué à votre ministère ?


— On ne change pas une vocation… Mais dis-moi, tu as l’air différente.


Aiko esquissa un sourire en coin.


— Peut-être parce que j’ai décidé de tourner la page.


Oga haussa un sourcil.


— Vraiment ?


— Oui. Comme vous l’avez fait. J’ai pris conscience que la vengeance et la colère ne mènent à rien. J’ai décidé de me consacrer aux œuvres caritatives. Peut-être qu’aider les autres m’apportera enfin le bonheur.


Le pasteur la regarda attentivement, cherchant à lire entre ses mots.


— C’est une belle résolution, Aiko. Et… qui est ce jeune homme avec toi ?


Oga posa enfin son regard sur Tenshiko.


L’adolescent restait légèrement en retrait, scrutant les vitraux avec un air indéchiffrable. Ses yeux sombres brillaient d’une intelligence froide, contrastant avec son apparence juvénile.


Aiko posa une main sur son épaule.


— Il s’appelle Tenshiko. Un adolescent que j’ai recueilli. Je veille sur lui.


Oga hocha lentement la tête, mais son regard se fit plus suspicieux.


Un courant d’air glacial s’insinua dans la chapelle.


Puis, une voix rauque et traînante souffla à son oreille :


— Cet enfant… quelque chose cloche en lui.


Le Shinigami Sidoh flottait dans l’ombre d’un pilier.


— Son esprit et son corps ne sont pas en harmonie… poursuivit-il d’un ton grave. Il y a un déséquilibre. Une fracture. Comme si son âme avait été arrachée d’un monde pour être greffée de force dans ce corps.


Oga sentit son cœur s’accélérer.


— Tu veux dire… qu’il a été ressuscité ?


Sidoh laissa planer un silence.


— Mais pas avec un Death Note.


Un frisson glacial parcourut Oga.


— Le Life Note… murmura-t-il.


Il plongea un regard intense dans celui de Tenshiko.


Ce garçon… cet être… Ce n’était pas un adolescent ordinaire.



Studio Sakura TV – L’affrontement des Reines


Les réseaux sociaux en ébullition


Des centaines de milliers de spectateurs étaient connectés en direct sur Sakura TV. Les commentaires défilaient à une vitesse folle sur les plateformes.


@Aki_Fanboy : Lucie va se faire démonter par HIME, c’est une certitude.

@QueenMisa_Love : Elle est tellement classe, regardez son regard ! Elle n’est plus la même !

@Music_Addict21 : Un clash en direct ? Ça va être du grand spectacle.


Les hashtags #LucieVsHIME, #ReineDeLaPop et #SakuraTVLive explosaient les tendances.



La Table Ronde – L’Atmosphère du Clash


La scène du studio était plongée sous une lumière tamisée, un contraste saisissant avec l’éclat des néons violets projetés sur le sol. La table ronde, massive et en verre noir, reflétait les silhouettes des invités. Des micros suspendus pendaient au-dessus de chaque siège, captant le moindre murmure.


Lucie était assise avec une élégance glaciale. Elle portait une robe noire fendue, décorée de motifs argentés rappelant des ailes d’ange déchues. Son maquillage était léger, mais son regard tranchait comme une lame, d’un bleu profond et hypnotisant.


Face à elle, Kaede Himura, alias HIME, irradiait d’assurance. Sa chevelure rose en cascade contrastait avec sa combinaison blanche moulante aux reflets nacrés. Son sourire était carnassier, sa posture dominante.


Les présentateurs, cinq en tout, étaient installés autour d’eux. Costumes ajustés, chemises impeccables, ils incarnaient le sérieux du débat.


Le plus influent d’entre eux, Daisuke Nagano, posa sa question avec un sourire aiguisé :


— Lucie, lors de ton dernier passage ici, tu as déclaré être une reine. Peux-tu nous éclairer sur cette affirmation ?


Lucie caressa distraitement son micro du bout des doigts avant de répondre d’une voix posée :


— Je n’ai pas précisé dans quel domaine. Et pourtant… tout le monde en parle.


HIME s’esclaffa, croisant les bras.


— Arrête ton cinéma. Tu veux devenir la Reine de la Pop, c’est ça ?


Lucie la fixa avec une intensité glaçante.


— J’ai dépassé ce stade.


HIME arqua un sourcil, un sourire moqueur aux lèvres.


— Oh ? Tu veux qu’on parle de ton passé, Lucie ? Quand tu étais une fille naïve, craintive, une marionnette manipulée par les autres ? Parce que moi, je m’en souviens très bien.


Les spectateurs en ligne s’enflammaient.


@RealTalk_JP : Omg, elle l’humilie en direct.

@DarkQueen_M : Lucie a changé. HIME joue avec le feu.


Lucie ne broncha pas. Son sourire s’étira légèrement.


— Tu te trompes sur un point, HIME. Ce n’est pas que j’ai changé… C’est que j’ai ouvert les yeux.


Un silence pesa sur le plateau. Puis, un bruit sourd retentit.



L’élément perturbateur – L’entrée du Shinigami


La porte du studio s’ouvrit brusquement, sans prévenir. Un courant d’air glacial s’engouffra dans la pièce, faisant vibrer les caméras et trembler les micros.


Les lumières se mirent à vaciller, projetant des ombres déformées sur les murs.


Les présentateurs se figèrent. HIME recula légèrement.


— Qu’est-ce que… balbutia Daisuke Nagano.


Une silhouette immense se tenait dans l’embrasure de la porte. Des yeux rouges perçaient l’obscurité.


Zenthos.


Le Shinigami s’avança lentement, sa présence écrasant l’atmosphère. Les caméras grésillèrent. Les micros émirent des interférences stridentes.


Lucie, imperturbable, sortit lentement son Life Note et écrivit.


À l’envers.


Tous les noms des personnes présentes.


Cause du décès : crise cardiaque.


Un battement.


Puis un autre.


Puis… l’effondrement.


Daisuke tomba face contre la table. Son visage rebondit sur le verre avec un bruit mat.


Le deuxième présentateur s’agrippa la poitrine avant de s’écrouler en arrière, les yeux révulsés.


HIME écarquilla les yeux, le souffle coupé.


Un troisième s’effondra sur le sol, convulsant.


Les uns après les autres, ils tombèrent. Certains sur la table, d’autres au pied de leur chaise.


Le silence.


Seule Lucie était encore assise, impassible.


Zenthos referma lentement la porte du studio, un rictus sur son visage inhumain.


— J’ai exécuté ton plan à la lettre… Altesse.



Le choc du personnel de Sakura TV


Dans la régie, Arlet, le directeur de Sakura TV, les cameramen, les techniciens, les vigiles… tous assistaient, paralysés, à la scène effroyable.


Les caméras filmaient toujours. L’image tremblait légèrement. Le son était saturé par des bourdonnements étranges.


Un technicien articula difficilement :


— Ils… ils sont tous morts…


Le directeur blêmit.


— COUPEZ LA DIFFUSION ! hurla-t-il.


— Impossible ! répondit un ingénieur. Tout est encore en direct !


Hors du studio, des vigiles hésitaient. Devaient-ils intervenir ?



Le chant de la Reine


Dans le silence le plus complet, Lucie attrapa le micro.


Et elle chanta.


Une mélodie douce, envoûtante, presque irréelle.


Je suis la seule, la dernière, la première.

Reine d’un royaume sans frontières.

Vous qui m’avez admirée, trahie, adulée…

Agenouillez-vous devant la destinée.


La caméra zooma lentement sur son visage.


Son expression était paisible.


Les spectateurs en ligne étaient en état de choc.


@WTF_Moments : C’EST UNE BLAGUE ???

@SweetDreams : J’ai des frissons… Elle chante alors qu’ils sont morts ???

@DeathSymphony : Lucie… qu’es-tu devenue ?


Puis, d’un ton adorable, Lucie sourit à la caméra :


— Merci à tous ceux qui me soutiennent.


Elle fit un petit signe de la main.


— Une dédicace spéciale à Sarah… et à mon père adoptif.


Elle inclina légèrement la tête, toujours souriante.



L’explication de Zenthos


Dans un coin sombre du studio, Zenthos laissa échapper un ricanement.


— Héhéhé… je comprends maintenant.


Ses griffes effleurèrent la paroi métallique.


— Elle avait remarqué que ma présence perturbait tout ce qui est électrique. Elle savait que les lumières, les caméras, les micros deviendraient instables…


Il fixa Lucie d’un regard amusé.


— Alors, elle a profité du chaos pour écrire tous les noms avant que quiconque ne réagisse.


Il laissa planer un silence.


Puis il murmura :


— Mais pourquoi… pourquoi s’est-elle mise à chanter ?


Renaissance dans les flammes


L’église baignait dans une atmosphère pesante. Les murs de pierre résonnaient des murmures de l’orage au-dehors. Seul le bruit d’un vieux lustre oscillant au plafond accompagnait la conversation suspendue entre Sidoh et Tenshiko.


D’un geste brusque, le Shinigami laissa tomber un carnet noir sur le sol. Tenshiko—ou plutôt Light Yagami—fixa le Death Note d’un regard figé, sentant un frisson lui parcourir l’échine. Lentement, il glissa la main dans sa poche et en tira celui que Ryuk lui avait donné à l’hôpital.


Son cœur manqua un battement.


Un simple cahier noir. Vierge.


Light sentit son souffle s’accélérer. Il ouvrit le carnet jeté par Sidoh, cherchant une explication. L’un était un Death Note fonctionnel. L’autre… un vestige, une coquille vide. Son regard se releva lentement vers le Shinigami.


— Qu’est-ce que ça signifie ?


Sa voix tremblait d’une colère contenue. Sidoh ne répondit pas immédiatement. Ses orbites vides fixaient le sol, comme s’il peinait à formuler ses mots.


— Ryuk est mort.


Le silence se fit écrasant.


Light se redressa d’un bond.


— Ne dis pas n’importe quoi ! Ryuk ne peut pas mourir !


Le regard de Sidoh se durcit.


— Et pourtant, nous avons tous vu sa pierre tombale apparaître dans le Néant. C’est la première fois qu’un Shinigami disparaît ainsi. Personne ne sait pourquoi… mais il n’est plus.


Tenshiko sentit ses jambes trembler. Il lâcha les deux carnets et porta les mains à sa tête, ébouriffant ses cheveux dans un geste incontrôlable.


— Non… non… NON !


Un hurlement de rage et de désespoir éclata dans l’église, résonnant comme un cri de damnation. Oga et Aiko, qui étaient dans la cuisine, sursautèrent. Oga, qui tentait d’esquiver Aiko collée à lui dans un jeu de séduction provocant, la repoussa et fronça les sourcils.


— C’était quoi ça ?


— Tenshiko ! s’écria Aiko en se ruant hors de la pièce.


Ils déboulèrent dans la nef et découvrirent Tenshiko à genoux, secoué de spasmes. Aiko se précipita vers lui, alarmée.


— Tenshiko ! Qu’est-ce qui t’arrive ?


Elle s’agenouilla à côté de lui, voulut poser une main sur son visage, mais il ne réagissait pas. Elle tourna un regard paniqué vers Oga.


Ce dernier fixait quelque chose d’autre.


Deux carnets noirs, côte à côte sur le sol.


— Qu’est-ce que c’est que ça ? murmura-t-il.


Un frisson lui parcourut l’échine. Il leva lentement les yeux vers Sidoh, cette créature au corps émacié et aux orbites creuses.


— Cet enfant est habité par le mal.


Aiko, furieuse, se redressa.


— Arrête tes conneries, Oga ! Tenshiko est la personne la plus admirable que je connaisse !


Oga voulut répliquer, mais un crépitement soudain attira leur attention. Ils se retournèrent vers la cuisine. Les flammes commençaient à danser sur les rideaux.


Aiko écarquilla les yeux.


— Le gaz !


L’explosion fut brutale.


Le souffle du blast projeta du verre et des éclats de bois à travers l’église. Les flammes se propagèrent rapidement, léchant les bancs, grimpant sur les colonnes. Les vitraux éclatèrent sous la chaleur intense, projetant des éclats multicolores dans une scène d’apocalypse.


Oga et Aiko étaient au sol, sonnés. Sidoh, lui, n’avait pas bougé d’un pouce. Il observait les flammes avec une indifférence presque fascinée.


Oga se releva, tituba jusqu’à la porte et tenta de l’ouvrir.


Brûlante.


Il poussa un cri de douleur et recula.


— On est coincés !


Aiko se précipita vers Tenshiko et le secoua.


— Tenshiko, il faut partir !


Mais il ne réagissait pas. Il fixait le vide, les mains tremblantes. Il répéta, d’une voix éteinte :


— Ryuk… est mort…


Oga se tourna vers la statue du Christ qui fondait sous l’effet des flammes.


— Seigneur, pardonne-moi…


Aiko lui lança un regard furieux.


— C’est ça ta solution ? Te mettre à prier ?! Fais quelque chose, merde !


Oga la fusilla du regard.


— C’est toi qui as amené cette malédiction ici avec ton attitude impie ! Tu joues les allumeuses, tu profanes ce lieu sacré, et maintenant regarde !


Il montra les flammes grandissantes.


— C’EST UN SIGNE !


Un rire éclata soudain.


Aiko et Oga se figèrent.


Tenshiko riait.


Un rire profond, dément, traversé de spasmes. Il redressa la tête, dévoilant un sourire tordu.


— Un signe ?


Il leva les bras.


— Le seul signe que je vois, c’est que ce monde est déjà entre mes mains.


Aiko sentit un frisson parcourir son dos.


C’est à cet instant que Sidoh attrapa Tenshiko par le col et le souleva du sol.


Dans un battement d’ailes, le Shinigami s’éleva dans les airs, traversa le vitrail brisé et disparut dans la nuit.


Aiko et Oga, figés, le virent revenir un instant plus tard pour les saisir à leur tour.


Quand ils atterrirent sur l’herbe détrempée, la fumée envahissant le ciel, Aiko leva les yeux vers Sidoh.


— C’était… un miracle…


Tenshiko, toujours suspendu dans les airs, éclata de rire.


— Un miracle ?


Il ouvrit grand les bras, comme un souverain surplombant son royaume.


— Non, Aiko…


Ses yeux brillèrent d’une lueur glaciale.


— C’est une proclamation.


Et son rire résonna à travers la nuit.


L’église était en feu.


De l’extérieur, Tenshiko, Sidoh, Aiko et Oga observaient les flammes qui dévoraient la bâtisse sacrée. La lueur orangée se reflétait dans leurs yeux, illuminant leurs visages de lueurs fantomatiques.


Les vitraux éclataient un à un sous la chaleur écrasante, projetant des éclats colorés dans la nuit. La charpente grinçait sous l’assaut du brasier, et déjà, la croix au sommet penchait dangereusement.


Le silence régnait entre eux, seulement brisé par le craquement du bois consumé et les souffles du vent qui portaient l’odeur de cendres et de suie.


Aiko, tremblante, porta une main à sa bouche.


— C’est… c’est irréel…


Oga, lui, fixait la scène sans un mot, les sourcils froncés, le visage crispé.


Sidoh, perché sur un rocher non loin, observait les flammes avec une expression impassible.


Mais c’est Tenshiko qui brisa le silence.


Il avança d’un pas, leva lentement le bras et ouvrit grand les doigts en direction du brasier.


Puis, dans un souffle exalté, il murmura :


— Regardez… c’est magnifique.


Aiko se tourna vers lui, horrifiée.


— Magnifique ?! Tenshiko, c’est un désastre !


Mais il ne répondit pas. Son sourire s’élargit, tandis que la croix au sommet de l’église finit par s’effondrer dans un fracas assourdissant.


Une brise nocturne souleva ses cheveux, faisant danser les cendres autour d’eux comme un nuage de papillons funéraires.


Tenshiko recula d’un pas, leva les yeux vers le ciel et ouvrit les bras, comme pour embrasser les ténèbres qui s’étendaient au-dessus de lui.


— Un monde s’effondre… et un autre renaît.


Son rire éclata, profond, incontrôlable, résonnant dans la nuit comme un glas.


Oga détourna le regard du brasier pour fixer Tenshiko avec méfiance.


Aiko, elle, était figée. Pour la première fois depuis qu’elle connaissait Tenshiko, elle avait peur.


Sidoh, toujours en retrait, murmura pour lui-même :


— Le chaos a choisi son nouvel héraut.


Et dans la nuit, sous les cendres tourbillonnantes, la silhouette de Tenshiko se dressait comme un spectre sorti des flammes.



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