Life note
Chapitre 42 : Le chaos dans le monde des humains
2716 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 12/03/2025 22:43
Le Néant. Une étendue infinie, sombre et silencieuse, où errent les Shinigamis, indifférents au passage du temps. Pourtant, aujourd’hui, une anomalie trouble leur éternelle apathie.
Une pierre tombale.
Elle est là, massive et immobile, plantée au milieu du sol cendreux. Son existence même est une aberration. Dans tout le règne des dieux de la mort, jamais une tombe n’avait été érigée. Les Shinigamis ne meurent pas—ils disparaissent, ils s’effacent, mais jamais ils ne laissent de trace.
Et pourtant, sur cette pierre grise et usée par un vent inexistant, un nom est gravé : RYUK.
Le trouble des Shinigamis
Autour d’elle, plusieurs Shinigamis se sont rassemblés. Leurs yeux jaunes et luminescents fixent la stèle, perplexes. Certains murmurent entre eux, d’autres se contentent de fixer ce symbole de mort qu’ils ne comprennent pas.
Un Shinigami massif, au corps voûté et aux ailes décharnées, s’avance en premier. Son nom est Gorus, l’un des plus anciens parmi eux. Il tend une main griffue et effleure du bout des doigts la surface de la pierre. Un frisson le parcourt. Il se tourne vers les autres.
— Ce n’est pas une illusion. C’est réel.
Zidral, un Shinigami au corps filiforme, recouvert d’un manteau d’os, serre les mâchoires.
— C’est impossible. Nous ne laissons pas de traces.
Un troisième Shinigami, Veldara, au visage fendu d’un rictus permanent, ricane nerveusement.
— Quelqu’un a gravé ça pour nous faire peur ? Ryuk mort ? Ridicule. Il devait juste se cacher quelque part dans le monde des humains, à s’amuser avec eux.
— Alors où est-il ? rétorque Gorus en plissant ses yeux injectés de sang.
Le silence retombe.
Un phénomène jamais vu
D’autres Shinigamis se rapprochent. Certains griffent leur propre peau en signe d’incompréhension, d’autres observent en silence. Mais tous ressentent quelque chose qu’ils n’ont jamais connu auparavant : de l’incertitude.
Un Shinigami à la peau noircie par les âges, Drugal, s’assoit sur un rocher flottant et prend la parole d’une voix rauque :
— La seule explication, c’est qu’il a été tué…
— Mais c’est impossible ! coupe Zidral. On ne peut pas tuer un Shinigami !
— Peut-être que si. Peut-être que nous avons vécu dans l’illusion de notre immortalité, et que Ryuk vient de prouver le contraire…
L’idée fait son chemin. Un Shinigami peut mourir.
Mais comment ? Et par quel moyen ?
Gorus fixe intensément la tombe.
— Il faut trouver qui a fait ça. Et pourquoi.
Un frémissement parcourt l’assemblée. Pour la première fois de leur existence, les Shinigamis ressentent quelque chose qui s’approche du doute… et de la peur.
Un ricanement fendit le silence pesant du Néant.
Un Shinigami plus petit, aux yeux globuleux et aux ailes déchiquetées, avançait d’un pas traînant vers la stèle. Son nom était Ralkh, un messager insignifiant aux yeux de ses semblables, mais cette fois, il avait une information précieuse.
— Je sais ce qui s’est passé.
Tous les regards jaunes, rouges et phosphorescents se braquèrent sur lui.
— Pff, t’écouter, toi ? ricana Veldara, accroupi sur un crâne géant flottant. Depuis quand t’as des infos intéressantes ?
Ralkh ne se laissa pas démonter. Il fit craquer ses phalanges démesurées et s’approcha encore plus de la pierre tombale, l’air satisfait.
— Depuis que Sidoh m’a tout raconté.
Un murmure parcourut l’assemblée. Sidoh… Celui qui avait toujours l’air perdu, celui qui n’avait jamais eu l’air d’être un vrai Shinigami. Pourquoi aurait-il su quelque chose d’aussi important ?
Mais Gorus s’avança.
— Continue.
Ralkh se délecta de l’attention qu’il recevait et adopta un ton exagérément dramatique, les bras écartés comme un conteur d’histoires.
— Ryuk n’est pas mort comme nous disparaissons, non, non, non ! Il a été tué.
Il laissa planer un silence, savourant l’effet de son annonce, avant de se pencher légèrement en avant.
— Et vous savez quoi ? C’est pas un humain qui l’a tué. C’est pas une divinité non plus. Il s’est tué lui-même.
Un frisson parcourut l’assemblée.
— Comment ? gronda Gorus.
Ralkh afficha un sourire mauvais.
— Avec le Life Note.
L’onde de choc fut immédiate. Plusieurs Shinigamis se tendirent, d’autres firent un pas en arrière comme si le simple fait d’entendre ce nom leur donnait la nausée.
Zidral fut le premier à retrouver la parole.
— Le Life Note n’existe pas.
— Ha ! Si seulement, rigola Ralkh. C’est la punition qu’on lui a infligée, à ce pauvre Ryuk.
Les Rumeurs et les Souvenirs Oubliés
Les murmures redoublèrent. Ce nom, Life Note, réveillait de vieux souvenirs, des légendes que les Shinigamis avaient toujours préféré ignorer.
Un Shinigami au corps maigre et translucide, Lorgath, hocha lentement la tête.
— Je me souviens… Il y a longtemps, avant qu’il ne traîne avec les humains, Ryuk n’était pas comme nous.
— Ouais, ouais, ouais ! enchaîna Ralkh, tout excité. Vous le voyez tous comme cette vieille carne grotesque avec ses yeux globuleux et son sourire idiot, mais autrefois, il n’était pas comme ça.
Un silence s’installa. Tous savaient de quoi il parlait.
— Il avait des ailes blanches.
Ceux qui n’avaient jamais entendu cette rumeur laissèrent échapper un rire nerveux. D’autres baissèrent les yeux.
— Ryuk était… un ange ? osa demander un jeune Shinigami en retrait.
— Pas exactement, répondit Gorus d’une voix grave. Il était… différent. Pas aussi tordu que nous.
— Jusqu’à ce que le Shinigami suprême lui retire son Death Note, ajouta Lorgath.
Ralkh hocha frénétiquement la tête.
— Exactement ! Et à la place, on lui a filé ce carnet maudit, le Life Note.
Veldara haussa un sourcil.
— Mouais. Et c’est quoi, au juste ?
Ralkh frappa des mains, ravi d’avoir un public attentif.
— C’est le contraire du Death Note, bande de crétins ! Plutôt que de tuer les humains, il les ramène à la vie.
— Mais alors… comment Ryuk a pu mourir à cause de ça ? demanda Zidral, sceptique.
Ralkh haussa les épaules, un sourire narquois aux lèvres.
— Eh bien… disons juste qu’il a découvert la seule règle cachée du Life Note.
— Laquelle ?
Ralkh s’approcha de Gorus, et, de sa voix la plus grave et la plus théâtrale, murmura :
— On ne peut ressusciter qu’en prenant la place de quelqu’un d’autre.
Un silence de plomb s’abattit.
— Vous comprenez maintenant ? Ryuk a voulu ramener quelqu’un à la vie… et il a signé son propre arrêt de mort.
L’assemblée des Shinigamis resta immobile, fixant la tombe de leur ancien camarade avec une expression qu’aucun d’entre eux n’avait jamais connue auparavant.
Un frisson glacé.
Un silence pesant s’installa dans l’assemblée de Shinigamis. Gorus, toujours perché sur la tombe de Ryuk, observait ses semblables avec amusement.
Mais alors qu’il s’apprêtait à continuer, une voix familière s’éleva du fond des ombres.
— Vous êtes tous à côté de la plaque.
Tous les regards convergèrent vers Sidoh. Son corps osseux tremblait légèrement, non pas de peur, mais sous le poids de ce qu’il s’apprêtait à révéler.
— Ryuk n’a pas été puni comme vous le pensez… Il a triché.
Un murmure parcourut l’assemblée.
— Triché ? cracha Gorus, sceptique. Comment peut-on tricher contre le Shinigami Suprême ?
Sidoh s’avança lentement, balayant l’assemblée de son regard livide.
— En ressuscitant Light Yagami.
Le choc fut instantané. Certains Shinigamis reculèrent d’un pas, d’autres ouvrirent leurs immenses bouches en un rictus d’incrédulité.
— C’est impossible, lâcha un Shinigami massif au crâne fendu.
— Rien n’est impossible, pas avec le Life Note.
Tous frissonnèrent à l’entente de ces mots.
— Ryuk a ramené Light Yagami… dans un autre corps. Celui d’un adolescent.
— Mensonge, siffla Veldara. Un Death Note ne peut pas ressusciter les morts !
Sidoh eut un sourire tordu.
— Non. Mais un Life Note, oui.
L’assemblée entière retenait son souffle.
— Vous ne comprenez pas ce que ça signifie ? continua Sidoh. Light Yagami n’est jamais mort. Il a seulement changé de forme. Et pire encore… son retour a réveillé le Death Note.
Gorus fronça les sourcils.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Sidoh leva une main tremblante.
— J’ai vu le Death Note de Ryuk… Il était vierge.
Un silence de mort tomba sur les Shinigamis.
Vierge.
Un Death Note, redevenu intact. Comme s’il venait d’être créé.
Comme si le cycle de la mort et de la vie avait été brisé.
— Ce n’est pas possible, marmonna un ancien, l’air paniqué. Les noms écrits ne peuvent pas disparaître !
— Et pourtant, c’est ce qu’il s’est passé, gronda Sidoh. Ryuk a trouvé un moyen d’effacer la mort elle-même.
Là, une vérité s’imposa à tous.
Ryuk avait possédé les deux carnets : le Death Note et le Life Note.
Il avait tenu la mort et la vie au creux de ses griffes.
Et maintenant, personne ne savait où était le Life Note.
Gorus s’avança lentement, ses yeux rouges brillant d’une lueur dangereuse.
— Attends, attends… Tu veux dire que… Ryuk n’est pas mort à cause de sa punition ?
Sidoh le regarda droit dans les yeux.
— Exactement.
Un frisson parcourut l’assemblée.
— Mais alors… qui l’a tué ?
Sidoh serra les dents.
— Personne ne le sait. Et ça, mes amis… ça veut dire qu’un Shinigami peut mourir.
Cette révélation fut comme une détonation.
Un Shinigami massif grogna :
— Nous ne sommes pas censés mourir. Nous existons, un point c’est tout !
— C’était vrai avant. Plus maintenant, répondit Sidoh d’un ton grave.
Un autre murmura, horrifié :
— Et si quelqu’un d’autre… possédait encore le Life Note ?
Un long silence plana.
Puis un ricanement retentit.
Gorus esquissa un sourire carnassier.
Dans l’ombre du Néant, les Shinigamis se mirent à rire.
Un premier, au corps émacié et aux yeux luminescents, s’esclaffa :
— Hé, vous savez quoi ? Moi aussi, je veux le Life Note !
Il leva son Death Note en l’air d’un geste théâtral.
— Je vais faire comme Ryuk. Je vais balancer mon carnet sur Terre !
Un autre éclata de rire, sa voix rauque résonnant dans le Néant.
— Ouais ! Et moi, je vais trouver un humain. Je lui ordonnerai de tuer tous les autres !
Un troisième enchaîna, ses griffes raclant le vide.
— Puis j’écrirai son nom dans le Life Note !
Gorus sourit, amusé par cette frénésie soudaine. Il croisa les bras et ajouta d’un ton sarcastique :
— Et on sera convoqués par le Shinigami Suprême.
L’assemblée explosa de rire.
Mais Sidoh, lui, ne riait pas.
Il s’avança précipitamment, les ailes battant nerveusement.
— Arrêtez vos conneries ! Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites !
Un Shinigami, aux yeux vides et au sourire fendu, haussa les épaules.
— Tss, au fond, même avec des ailes blanches, nous ne sommes que souffrance et désespoir.
Alors, ils déployèrent leurs ailes.
Des ombres massives s’élevèrent dans le Néant, recouvrant le ciel d’un voile funeste. Un par un, les Shinigamis lancèrent leurs Death Notes vers la Terre, les carnets noirs déchirant l’espace comme des comètes funestes.
— La fête commence ! s’exclama l’un d’eux.
Certains hésitèrent, reculèrent devant cet acte irréversible. Mais le mot fut passé.
Et bientôt, ce fut tout le Royaume des Shinigamis qui vibra d’un frisson d’excitation et de chaos.
Un Monde à Feu et à Sang
Sur Terre, personne ne comprit immédiatement ce qu’il se passait.
Tout commença par des meurtres isolés. Des criminels retrouvés morts, sans aucune trace de lutte. Puis, des figures politiques, des dirigeants, des célébrités.
Puis… des innocents.
Les premiers rapports affluèrent du Japon.
Des dizaines de morts chaque jour. Des centaines en une semaine. Puis des milliers.
Les autorités, impuissantes, ne purent que constater l’impossible :
Chaque mort était inexplicable.
Chaque crime était parfait.
Des cadavres tombaient dans les rues, dans les maisons, dans les écoles. Des enfants, des vieillards, des couples enlacés… Personne n’était à l’abri.
Les hôpitaux débordaient. La panique gagna les rues. Les gens cessèrent de sortir.
Les gouvernements décrétèrent l’état d’urgence. Les religions parlèrent d’Apocalypse.
Mais il était déjà trop tard.
Car à travers le monde, les Death Notes étaient tombés.
Et ceux qui les possédaient…
Jouaient à être Dieu.
FLASH NEWS – CHAOS AU JAPON
Tokyo, édition spéciale
La situation au Japon atteint un niveau critique. La police et les enquêteurs sont dépassés par l’ampleur des meurtres inexpliqués. Chaque jour, des dizaines de corps sont retrouvés, sans cause apparente.
Les autorités redoutent que ces décès soient liés à des carnets maudits dont la rumeur enfle sur les réseaux.
Et ce soir, une nouvelle secoue le pays :
Misa Amane a été retrouvée morte.
La célèbre idole, qui s’était proclamée reine de la pop, a été découverte inanimée dans une cellule de détention, victime d’une crise cardiaque. La jeune fille a été arrêté par la police suite à un live show animé au sein des locaux de la chaîne Sakura Tv. En effet, l’idole a été suspectée d’avoir un lien de la mort de l’idole Hime et des présentateurs de la chaîne.
Mais l’affaire prend un tournant inattendu.
Son véritable nom n’était pas Misa Amane.
Selon les documents officiels, la défunte s’appelait Lucie Herz, une orpheline recueillie dans son enfance par un vieil homme aveugle.
Le directeur de Sakura TV, arrêté pour interrogatoire, a avoué tout à la police.
“Cette Misa était une imposture… Nous avons fabriqué son image… Tout n’était que mensonge… La vraie Misa a disparu y’a plus d’an, nous avons eu vent qu’elle s’était suicidée suite à la mort de son petit ami.”
Une révélation qui choque ses fans.
Une Chapelle en Deuil
Nous nous trouvons actuellement devant une vieille chapelle en rénovation, un lieu discret où résidait la fausse Misa.
Au pied du bâtiment, un homme en manteau sombre se tient devant la presse. Ses traits sont marqués par la douleur.
Il s’agit de Grey, l’homme qui a recueilli Lucie Herz dans son enfance.
Les flashs crépitent. La foule se tait.
Grey inspire profondément avant de prendre la parole, la voix brisée par l’émotion :
— Lucie… ma fille… elle ne méritait pas ça.
Un silence pesant s’installe. Il serre les poings, tremblant de colère.
— Arlet.
Il crache ce nom avec dégoût.
— C’est lui qui l’a forcée à jouer ce rôle. C’est lui qui l’a plongée dans ce mensonge.
Ses yeux brillent d’une tristesse infinie.
— Mais elle n’était pas Kira. Elle n’était pas une criminelle.
Il baisse la tête, comme écrasé par le poids de cette vérité.
— Je vous en prie… Ne souillez pas sa mémoire. Ne profanez pas son nom, ni sa tombe. Elle ne le mérite pas.
Grey se tourne vers la chapelle, regardant ses murs fissurés avec une infinie tendresse.
— Lucie a rénové ce lieu… Alors, au lieu de la haïr, offrez-lui des prières.
La caméra zoome sur son visage ravagé par le chagrin.
Le direct s’arrête sur ces derniers mots, alors que la pluie commence à tomber sur la chapelle abandonnée.