Life note
Chapitre 39 : La détentrice du Life Note (3)
1959 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a 3 mois
Le vent hurlait autour du sommet du gratte-ciel, fouettant les vêtements de Lucie tandis qu’elle reprenait lentement conscience. Ses paupières tremblèrent avant de s’ouvrir sur un spectacle vertigineux : la ville s’étendait sous elle, une mer d’étoiles artificielles, où les néons multicolores pulsaient comme un cœur battant au rythme effréné de la nuit. Les rues, en contrebas, grouillaient de vie – des voitures filaient à toute allure, leurs phares projetant des traînées lumineuses sur l’asphalte mouillé par la bruine. Des silhouettes pressées arpentaient les trottoirs, inconscientes du drame qui se jouait bien au-dessus de leurs têtes.
Lucie inspira profondément, son souffle encore irrégulier. Son esprit embrouillé luttait pour assembler les morceaux de mémoire qui lui échappaient. Kollet. Son père adoptif. Le vieux temple. Le dernier regard qu’il lui avait lancé avant que le monde ne devienne un tourbillon d’ombres et de vent.
Un bruit sec la ramena brusquement à la réalité.
Une silhouette noire et tordue se tenait à quelques pas d’elle, immobile. Des ailes effilées comme des lames, une peau cendrée et un rictus fendu jusqu’aux oreilles. Des yeux rouge sang la fixaient, luisant sous la lumière spectrale de la lune.
— Tu es enfin réveillée, humaine.
Sa voix résonna, rauque et caverneuse, mêlée aux bruits assourdissants de la ville en contrebas. Il n’était pas humain. Il n’avait jamais été humain.
Lucie recula d’un pas, son dos rencontrant le rebord du toit. Une goutte de sueur froide glissa sur sa tempe.
— Qui… es-tu ? murmura-t-elle, sa gorge serrée.
Le shinigami esquissa un sourire plus large encore, dévoilant une rangée de dents irrégulières.
— Mon nom est Nozomu.
Il s’avança d’un pas nonchalant, le verre sous ses pieds craquant légèrement sous son poids.
— Tu as été choisie.
Lucie fronça les sourcils.
— Choisie pour quoi ?
Nozomu leva un doigt osseux et pointa la ville sous eux.
— Regarde-les. Tous ces humains, insignifiants, enfermés dans leur routine pathétique. Ils marchent sans jamais lever les yeux, prisonniers d’un monde qui ne leur offre rien d’autre que la misère et l’illusion du bonheur.
Sa voix vibrait d’un mélange d’amusement et de mépris.
— Mais toi… continua-t-il en la fixant intensément, tu es différente. Tu as déjà franchi un seuil que peu osent effleurer. Et je peux t’offrir bien plus que ce que ce monde a à te donner.
Lucie sentit un frisson parcourir son échine.
— De quoi tu parles ? souffla-t-elle.
Le shinigami s’accroupit, approchant son visage cadavérique du sien.
— Je parle de pouvoir.
Ses ailes s’étirèrent lentement, projetant une ombre immense sur le toit.
— Je peux faire de toi une humaine supérieure, Lucie. Une reine.
Elle serra les poings, tentant d’ignorer le tremblement qui gagnait ses doigts.
— Une reine ? répéta-t-elle.
Nozomu hocha lentement la tête.
— À travers toi, la vie et la mort se plieront à ma volonté. Il inclina légèrement la tête, un sourire carnassier aux lèvres. Tu seras l’instrument de ma renaissance, la main qui distribuera la justice et le chaos selon mon désir.
Lucie sentit son cœur cogner dans sa poitrine.
— Tu veux faire de moi un monstre, comme me l’avait demandé Ryuk ! Vous tenez tous le même discours ! Ça ne tourne pas rond chez vous, vous, les shingamis !
Le shinigami éclata d’un rire guttural.
— Non, Lucie. Je veux faire de toi une déesse.
Un silence pesant s’installa. Seul le vrombissement de la ville montait jusqu’à eux, accompagné des éclats lunaires qui dansaient sur les parois vitrées de la tour.
Lucie ferma les yeux un instant. Kollet… Elle l’avait laissé derrière elle, perdu dans ce temple en ruines. Son père adoptif, le seul homme qui avait toujours cru en elle. Qu’aurait-il dit s’il la voyait en cet instant, vacillant entre le bien et l’abîme ?
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, Nozomu attendait.
Lucie se redressa, la brise nocturne soulevant ses cheveux dorés.
— Si je refuse ? demanda-t-elle, défiant le shinigami du regard.
Un silence. Puis un sourire carnassier.
— Alors tu mourras… insignifiante.
Lucie serrait le poing si fort que ses ongles s’enfonçaient dans sa paume. Nozomu l’observait avec un amusement cruel, ses ailes brisées frémissant sous la lumière pâle de la lune.
— Kollet est encore en vie, souffla-t-il, mais pour combien de temps ?
Lucie déglutit difficilement.
— Tu n’oserais pas…
Nozomu eut un sourire tordu.
— Oh, mais je le ferais. Tu le sais.
L’image de Kollet, son père adoptif, seul dans ce temple japonais délabré, lui traversa l’esprit. Il l’avait toujours protégée, toujours soutenue. Et maintenant, il était otage de ce monstre.
— Alors, que choisis-tu ? demanda le Shinigami. Tu prends le contrôle… ou tu regardes ton cher “papa” disparaître sous tes yeux ?
Lucie inspira profondément. Elle n’avait pas le choix.
Ses mains tremblaient alors qu’elle sortait son téléphone.
— C’est bien, Lucie. Nozomu ricana. Tu vas devenir une légende.
Le message au monde
Lucie ouvrit l’application de streaming où elle comptait déjà des centaines de milliers d’abonnés.
Elle activa la caméra.
L’image trembla légèrement avant de se stabiliser. La ville s’étendait en contrebas, un océan de lumière et de mouvement. Les rues grouillaient de voitures, formant un ruban scintillant qui serpentait entre les gratte-ciel. Tout semblait si minuscule, insignifiant.
Lucie inspira un grand coup et fixa l’objectif.
— Je n’ai pas l’habitude de poster ce genre de vidéos, dit-elle d’une voix posée, presque détachée. Mais aujourd’hui, c’est différent. J’ai une annonce importante à vous faire.
Elle marqua une pause, laissant le suspense s’installer.
— Jusqu’à aujourd’hui, vous m’avez suivie, écoutée, soutenue. Mais ce soir, tout va changer.
Le vent soufflait dans ses cheveux, donnant à son visage une allure plus déterminée que jamais.
— Je vais prendre le contrôle de ce monde.
Silence.
— Il est temps d’arrêter de subir. Il est temps d’établir un nouvel ordre. Je ne suis plus seulement Lucie.
Elle s’approcha lentement du bord du gratte-ciel, offrant à ses abonnés une vue vertigineuse de Tokyo.
— Dès aujourd’hui, je suis votre Reine.
L’image vacilla légèrement alors qu’elle tendait le bras, comme si elle s’apprêtait à saisir la ville entière.
— Et je vais tout changer.
L’écran vira au noir. La diffusion s’arrêta.
Nozomu éclata de rire.
— Tu vois ? Ce n’était pas si difficile.
Lucie serra les dents. Elle venait de signer un pacte avec le diable.
Et désormais, tout Tokyo allait en entendre parler.
Les réseaux sociaux s’enflamment
Dès la publication de la vidéo, les réactions explosèrent sur les réseaux sociaux.
@DarkFan97 : WTF Lucie ?? C’est un prank ou elle est sérieuse ?
@Shinigami_Obsessed : Elle parle comme Kira… Ça me fait flipper.
@RealMisaFan : C’EST UNE MISE EN SCÈNE ! C’EST DU GENIE ! ELLE VA SORTIR UN CLIP C’EST SÛR !!!
@JusticeForAll : Et si elle disait VRAIMENT la vérité ?
@News_Tokyo : BREAKING : La célèbre influenceuse Lucie crée la polémique avec une vidéo où elle se proclame “Reine”.
Pendant ce temps, dans les bureaux de Sakura TV, une discussion tendue se tenait.
Arlet (voix paniquée au téléphone) : Vous avez vu la vidéo ??
Directeur de Sakura TV : Évidemment que je l’ai vue ! Le standard est saturé, les réseaux sociaux sont en feu ! C’est quoi cette histoire ? Elle a pété un câble ??
Arlet : Écoutez, Lucie est une artiste, elle sait ce qu’elle fait. Mais là, j’ai besoin de savoir… Est-ce que vous comptez en parler aux infos ce soir ?
Directeur : Bien sûr qu’on va en parler ! Une influenceuse suivie par des millions de personnes qui se proclame reine du monde ? C’est une bombe médiatique !
Arlet : Oui, mais on ne sait pas encore si c’est une performance artistique ou autre chose…
Directeur : Les gens adorent le mystère. Certains la prennent déjà pour une nouvelle Kira. D’autres pensent qu’elle est en plein délire mystique. On ne peut pas ignorer ça.
Arlet (hésitant) : Si ça devient trop gros, ça risque de lui nuire…
Directeur : Ou de la propulser au sommet.
Silence.
Directeur : Écoute, Arlet. Soit on la descend, soit on en fait une légende vivante. Moi, ce que je vois, c’est qu’elle nous offre une audience record sur un plateau d’argent.
Arlet (soupirant) : Vous comptez faire quoi ?
Directeur : Ce soir, on ouvre le débat en prime time. “Lucie : nouvelle star ou danger pour la société ?”
Arlet : … Vous êtes sûr de ce que vous faites ?
Directeur : On est en direct dans trois heures. Accrochez-vous, ça va secouer.
Fin de l’appel.
Arlet jeta un œil inquiet à son téléphone.
Lucie venait d’entrer dans un jeu extrêmement dangereux.
Lucie leva les yeux vers le ciel nocturne. La lune pleine illuminait la ville de Tokyo en contrebas, projetant son éclat argenté sur les gratte-ciels scintillants et les rues animées. Le bruit lointain des klaxons et des néons clignotants contrastait avec le silence oppressant qui régnait sur le toit de l’immeuble.
Elle inspira profondément avant de s’adresser au Shinigami qui se tenait à ses côtés.
— Ramène mon père adoptif à la chapelle en rénovation, là où tu nous as enlevés. Il ne doit rien soupçonner. Dépose-le et reviens me chercher ensuite.
Le Shinigami, dont le nom résonnait dans l’éther comme une menace oubliée, pencha légèrement la tête, ses yeux brillants fixant Lucie avec amusement.
— Tu me donnes des ordres maintenant, Reine ? dit-il d’une voix rauque et moqueuse.
Lucie ne répondit pas immédiatement, soutenant simplement son regard avec une détermination glaciale.
— Tch… souffla-t-il avant d’éclater d’un rire sinistre. Bon, bon, je vais exécuter ton souhait. Mais ne t’attends pas à ce que je sois nommé chauffeur Uber du monde des Shinigamis après ça.
Lucie esquissa un léger sourire, à peine perceptible, puis détourna le regard vers la ville.
— Dépêche-toi.
Le Shinigami s’étira, déployant ses ailes sombres et dentelées, puis disparut dans l’ombre avec une vitesse effrayante.
Seule sur le toit, Lucie sentit le vent glacial caresser son visage. Son cœur battait plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Elle venait de gagner une manche, mais à quel prix ?