Life note
La nuit enveloppe la demeure des Ichiro, une maison traditionnelle japonaise aux murs en bois et aux portes coulissantes en papier de riz. Le jardin extérieur est baigné par la lueur argentée de la lune, projetant des ombres délicates sur les allées de gravier soigneusement ratissées.
Intérieur de la maison :
Le silence règne à l’intérieur. Le halo de la lune pénètre par les fenêtres, éclairant un vieux canapé sur lequel sont posés des vêtements soigneusement pliés. Light, désormais connu sous le prénom de Tenshiko, entre discrètement. Ses pensées sont confuses, tourbillonnant autour de la scène qu’il a récemment vécue : la gérante du restaurant défendant l’innocence de son fils Kaido, exécuté par Kira.
Tenshiko s’approche du canapé, observe les vêtements, puis s’allonge lentement, sentant le poids de la journée l’envahir. Le tissu du canapé est usé, mais offre un certain réconfort. Il tire une couverture lourde sur lui, cherchant chaleur et sécurité dans cette maison qui l’a accueilli.
Pendant ce temps, à l’orphelinat “Hoshi no Ie” (La Maison des Étoiles) :
Ichiro se tient dans le bureau principal, un espace modeste avec des étagères remplies de dossiers et de jouets usés. Deux assistantes sociales, Mme Sato et Mlle Tanaka, sont assises en face de lui, des formulaires étalés devant elles.
Ichiro : (s’inclinant légèrement) Merci d’avoir pris le temps de me rencontrer ce soir. Comme je l’ai mentionné au téléphone, j’aimerais entamer les démarches pour héberger un adolescent que j’ai récemment recueilli. Il semble traverser une période de dépression sévère.
Mme Sato : (ajustant ses lunettes) Bien sûr, M. Ichiro. Nous devons d’abord évaluer la situation de ce jeune homme. A-t-il des antécédents familiaux connus ?
Ichiro : Malheureusement, il n’a ni famille ni amis sur lesquels il peut compter. Je suis préoccupé par son bien-être et souhaite lui offrir un environnement stable.
Mlle Tanaka : (prenant des notes) Très bien. Nous aurons besoin de remplir plusieurs documents et de procéder à une évaluation de votre domicile pour nous assurer qu’il répond aux normes requises pour l’accueil d’un mineur.
Ichiro : Je comprends. Je suis prêt à coopérer pleinement pour faciliter le processus.
Alors que la discussion se poursuit, le téléphone portable d’Ichiro vibre. Il s’excuse et répond.
Ichiro : (au téléphone) Allô, Aiko ?
Aiko : (voix agacée) Ichiro, je serai à la maison plus tôt que prévu.
Ichiro : Oh, pourquoi rentres-tu si tôt ? Ta réunion avec le pasteur Oga s’est terminée plus tôt ?
Aiko : (soupirant) Les hommes… Vous ne comprenez vraiment rien aux femmes. Disons simplement que le pasteur Oga n’était pas réceptif à mes… suggestions.
Ichiro : (fronçant les sourcils) Je vois. Écoute, je dois te parler de quelque chose d’important. J’ai accueilli un jeune garçon à la maison. Il est en situation difficile, sans famille ni soutien.
Aiko : (exaspérée) Quoi ?! Tu as ramené un inconnu chez nous sans m’en parler ? Je rentre immédiatement pour régler ça.
Ichiro : Aiko, attends…
Mais Aiko a déjà raccroché. Ichiro soupire, sentant la tension monter.
Mme Sato : Un problème, M. Ichiro ?
Ichiro : Ma femme… Elle n’est pas encore au courant de la situation. Je crains qu’elle ne soit pas très enthousiaste à l’idée d’accueillir un étranger chez nous.
Mlle Tanaka : Il est essentiel que tous les membres du foyer soient d’accord pour l’accueil. Peut-être devrions-nous organiser une rencontre pour discuter de cela ensemble.
Ichiro : Oui, c’est probablement la meilleure approche. Je vais lui en parler ce soir et nous pourrons planifier une réunion dès que possible.
Les assistantes sociales acquiescent, et Ichiro se prépare à rentrer chez lui, appréhendant la confrontation à venir avec Aiko.
Pendant ce temps, sur une route sombre
Ichiro conduit sa voiture sur une route bordée d’arbres dont les branches nues dessinent des ombres inquiétantes sous la lumière des lampadaires. Son regard est fixé sur la route, mais son esprit est ailleurs. Il saisit son téléphone et tente d’appeler Aiko. Pas de réponse. Il insiste une seconde fois. Toujours rien.
Soupirant, il active la messagerie vocale et laisse un message, d’une voix mesurée mais lourde d’inquiétude :
— Aiko, c’est moi. Je serai de retour dans une heure. Je sais que tu es en colère, mais ne fais rien de stupide. On en parlera à mon retour. Ne t’en prends pas au garçon.
Il raccroche et accélère légèrement, le cœur serré.
Retour dans la maison – Une présence dans l’ombre
Light, allongé sur le canapé, fixe le plafond, perdu dans ses pensées. Il n’a pas vu Ryuk depuis un moment. Une étrange sensation le traverse, une impression familière de menace latente. Son regard dérive vers la fenêtre, puis il murmure à voix basse :
— Où es-tu, Ryuk ?
Le silence lui répond. Il ferme un instant les yeux, mais une sonnerie brise le calme de la nuit. Un téléphone vibre, illuminant la poche d’une silhouette tapie dans l’ombre.
Light rouvre brusquement les yeux, son instinct s’embrase. Ce n’est pas Ryuk.
Il se redresse légèrement, scrutant la pénombre. Un éclat fugace traverse la pièce : la lumière de la lune se reflète un instant sur un objet métallique.
Une fraction de seconde plus tard, une pelle fend l’air et s’écrase violemment sur le canapé. Un nuage de poussière s’élève, flottant dans la lumière blafarde.
Mais Light n’est plus là.
Au sol, il tient fermement son assaillant. Son regard croise celui d’Aiko, le visage crispé par la rage.
Le souffle court, Light murmure :
— Qu’est-ce que tu fais ?!
Les doigts d’Aiko se resserrent sur le manche de la pelle. Son regard brûle d’une détermination froide
Aiko observe Light, un sourire à peine perceptible sur ses lèvres. Le contraste entre son calme apparent et l’énergie électrique qui entre dans l’air est palpable.
Elle lève doucement les yeux vers lui, ses prunelles perçant l’obscurité comme un prédateur silencieux.
— Tu sais, jeune homme, dit-elle, sa voix douce mais marquée par une certaine intensité, certains secrets ne se révèlent pas sous la pression. Mais sous la caresse… Ils s’épanouissent.
Elle se redresse lentement, comme si chaque mouvement était calculé pour le provoquer, pour le tester. Elle marche vers lui d’un pas lent, presque irréel. Ses talons effleurent le sol en bois avec une légèreté surnaturelle.
À chaque pas, l’air semble se resserrer, étouffant toute pensée rationnelle. Light reste immobile, figé, ses yeux suivant chaque geste d’Aiko. Une tension invisible flotte autour d’eux, de plus en plus lourde, presque dangereuse.
Aiko s’arrête à quelques centimètres de lui. Elle plonge son regard dans le sien, un regard qui n’a rien d’innocent.
— Il y a des choses que tu n’as jamais ressenties, que tu n’as jamais osé admettre… Elle laisse un long silence, comme si elle savait exactement ce qui se passe dans son esprit. Mais tu es en train de changer, jeune homme.
Elle se penche légèrement, son souffle effleurant sa peau. Un frisson parcourt son corps à la sensation de sa proximité.
— Tu n’es pas celui que tu prétends être. Ni l’un ni l’autre.
Light, perdu dans cette dynamique complexe, reste silencieux. Ses pensées sont en guerre, la raison et l’instinct se battent sans merci. Mais la chaleur d’Aiko, son influence silencieuse, semble le perturber plus que tout.
— Alors… dit-elle d’un ton provocateur, ses lèvres frôlant presque les siennes, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?
La pièce semble se remplir d’une pression insupportable, comme si le monde entier attendait que l’un d’eux fasse le premier mouvement. Aiko, les yeux fermés, attend.
Elle le provoque, elle l’attend.
Plus tard, quand elle se redressa, un soupir d’apaisement franchit ses lèvres. Un sourire satisfait se dessina sur son visage, une expression qui en disait long sur la rencontre qu’elle venait d’entamer.
— Tu as été… plus agréable que je ne l’aurais cru, jeune homme.
Light, toujours figé dans sa position, sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il était perdu dans un tourbillon de pensées contradictoires. Chaque parole d’Aiko semblait résonner dans sa tête, brisant des murs qu’il n’avait même pas conscience d’avoir érigés. Il se demandait si ce qu’il avait ressenti était réel, ou si c’était simplement l’effet de la situation, la tension dans l’air.
Il n’avait jamais pensé que le désir charnel pouvait être aussi intense. Jamais il n’avait imaginé qu’un simple contact, une simple caresse, pourrait éveiller en lui des sensations aussi troublantes. Depuis sa « résurrection », il vivait des choses qu’il n’aurait jamais cru possibles dans un corps qui ne lui appartenait pas, un corps qui n’était pas celui qu’il avait connu avant. Il se sentait étranger à lui-même, un étranger dans sa propre peau.
Et pourtant, en cet instant précis, chaque fibre de son être semblait vibrer au rythme de ce qu’il ressentait. Toucher la peau d’une femme, caresser ses formes, le simple fait de frôler sa poitrine… cela avait un effet qu’il n’aurait jamais anticipé. C’était comme si un feu s’allumait en lui, incontrôlable, incontrôlé.
Sa main, qui avait frôlé l’épaule d’Aiko, avait ressenti une chaleur qu’il n’avait jamais imaginée. Chaque geste, chaque respiration, devenait un défi qu’il n’était pas sûr de vouloir relever. Il ne savait plus ce qui était réel, ce qui était une illusion créée par la situation. Ce qu’il savait, c’était qu’il n’avait jamais ressenti une telle urgence dans son propre corps, une urgence qu’il ne pouvait plus ignorer.
Elle est comme moi… se dit-il intérieurement. Mais dans quel sens ?
Il ne savait pas s’il ressentait de la honte ou de l’excitation. Peut-être que, dans ce jeu complexe de manipulation et de domination, il venait de franchir une ligne. Peut-être qu’il s’était lui-même perdu.
Tout ce qu’il savait, c’était que Aiko venait de réveiller quelque chose en lui qu’il n’avait jamais vu venir. Un désir intense, à la fois terrifiant et irrésistible. Un désir de pouvoir. Un désir de contrôler. Un désir d’aller au-delà des frontières qu’il pensait imposer à sa propre existence.
Et tandis qu’il restait là, immobile, absorbé dans ses pensées, il savait qu’il était trop tard pour revenir en arrière.
Ichiro entra dans la maison, les mains sur les hanches, essoufflé. La surprise se peignait sur son visage alors qu’il traversait le hall d’entrée. À sa grande surprise, sa femme, Aiko, semblait être de bonne humeur. Non seulement elle avait préparé le dîner, mais une atmosphère inhabituelle de tranquillité régnait dans la maison, contrairement à l’atmosphère tendue qu’il avait anticipée.
Aiko était en train de disposer des plats sur la table, un sourire léger aux lèvres, comme si tout était parfaitement normal. Elle leva les yeux en entendant la porte s’ouvrir.
— Oh, tu es là, Ichiro. C’est bien, tu n’es pas trop en retard. Elle déposa délicatement un plat de brochettes sur la table et le regarda, l’air satisfait. J’ai préparé quelque chose de spécial ce soir, j’espère que tu apprécieras.
Ichiro s’arrêta sur le seuil, sa bouche légèrement ouverte, cherchant ses mots. Il ne comprenait vraiment pas ce qui se passait. Aiko, calme et sereine, semblait presque… différente. Ce n’était pas le genre de réaction qu’il avait imaginée après leur conversation téléphonique. Il avait craint une explosion, une confrontation violente. Mais au lieu de cela, il était accueilli avec un calme étrange, presque trop parfait.
— Aiko… commença Ichiro, un peu déstabilisé. Qu’est-ce qui se passe ici ? Où est Tenshiko ?
Aiko lui adressa un sourire énigmatique, puis tourna légèrement son visage vers le canapé où, effectivement, Tenshiko était assis, tranquillement en train de manger des brochettes, comme si tout allait bien. Il semblait détendu, comme s’il n’avait rien vécu de particulier.
— Tenshiko ? répéta Ichiro, perplexe. Tu… tu es bien ici ? Après tout ce qui s’est passé… ?
Tenshiko leva les yeux, sa bouche pleine. Il avala, puis sourit vaguement, un air impassible sur le visage. Il n’était pas du tout le même jeune homme qu’Ichiro avait recueilli. Ce dernier le regarda un instant, essayant de comprendre ce qui se cachait derrière son regard calme.
— C’est bon, Ichiro, répondit Tenshiko d’une voix posée, presque trop tranquille. Ne t’inquiète pas. Aiko m’a préparé à manger. Je me sens bien ici. Il termina la brochette avec un air indifférent, comme si tout était devenu normal.
Ichiro ne comprenait pas. Il s’approcha du canapé, cherchant des réponses dans le regard de sa femme, mais Aiko le fixait avec une expression de calme absolu. Un calme qui, dans cette situation, n’avait rien de rassurant. Il ressentait une tension qu’il ne parvenait pas à expliquer.
— Aiko, pourquoi… commença-t-il, mais il s’interrompit lorsqu’il la vit s’approcher de Tenshiko, comme pour lui servir une autre brochette. L’attitude d’Aiko, son sourire, tout semblait décalé. Trop décalé.
— Tenshiko, murmura Aiko d’une voix douce mais autoritaire, tu veux autre chose ?
Tenshiko leva les yeux vers elle et répondit d’un ton qui trahissait une certaine insouciance.
— Non, ça va. Je suis bien. Il se leva légèrement, cherchant à se détourner du regard de son hôte, mais son corps restait étrangement figé, comme si une force invisible le maintenait dans cet état d’immobilité.
Ichiro s’éclaircit la gorge, sentant une inquiétude sourde grandir en lui. Il jeta un dernier regard à sa femme et à Tenshiko, se demandant si la situation avait dérapé d’une manière qu’il ne pouvait même pas comprendre. Il avait l’impression d’être un étranger chez lui, d’être laissé dans l’ombre d’une réalité qu’il ne contrôlait plus.
— Aiko, que… commença-t-il, mais il s’interrompit à nouveau. Que fais-tu ? Pourquoi est-ce que tout semble…
Aiko posa une main douce sur l’épaule d’Ichiro et le fit se taire d’un simple geste.
— Calme-toi, Ichiro, dit-elle avec un calme inquiétant. Tu as été occupé avec les affaires du travail. Laisse-moi gérer ce qui se passe ici. Tout va bien. Tenshiko se sent chez lui maintenant, il n’a plus besoin de te défendre. Tout est sous contrôle.
Le regard d’Aiko se fit plus insistant, presque hypnotique, comme si elle voulait lui faire comprendre que la situation était désormais entre ses mains, que tout ce qu’il avait cru savoir n’était plus pertinent. Ichiro frissonna, se rendant compte que les choses avaient pris une tournure qu’il n’aurait jamais imaginée.
Ichiro s’approcha du canapé, encore perturbé par l’atmosphère étrange qui régnait dans la pièce. Il observa Tenshiko, puis fixa Aiko, son sourire serein, mais quelque peu inquiet. C’est alors qu’une question, apparemment anodine mais qui allait tout bouleverser, s’échappa des lèvres de Light, qui commençait à comprendre que quelque chose n’allait pas.
— D’ailleurs, commença Light, en jetant un regard furtif à Aiko avant de se tourner vers Ichiro, Aiko, c’est ta sœur ou ta voisine ?
Ichiro haussait un sourcil, déstabilisé par la question, mais il répondit sans y penser, ne voyant pas où cette interrogation pouvait mener.
— Ma femme… répondit-il, en un sourire nerveux, visiblement surpris que la question fût posée. C’est ma femme, Aiko.
Le cœur de Tenshiko se serra d’un coup, comme un choc électrique. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement alors qu’il réalisait l’ampleur de ce que cela signifiait. Aiko n’était pas simplement une inconnue ou une visiteuse. Elle était l’épouse d’Ichiro, l’homme qui l’avait accueilli dans sa maison.
La pièce sembla se figer, comme si le temps s’était arrêté. L’atmosphère se chargea d’une tension nouvelle, lourde et presque palpable. Light, encore sous le choc, fixa Ichiro avec une intensité grandissante. La vérité, aussi évidente qu’elle puisse paraître maintenant, le frappait de plein fouet.
Aiko, dans son calme et sa beauté presque intimidante, regarda les deux hommes, son sourire ne faiblissant pas.
Ichiro, qui n’avait toujours pas compris ce qui se passait dans l’esprit de Tenshiko, chercha à changer de sujet, mais quelque chose d’inattendu se produisit. Un sentiment inconnu, quelque part entre l’incompréhension et une sorte de tension intérieure, naquit dans les entrailles de Tenshiko.
— Je… je ne t’ai jamais vue aussi… commença Ichiro, observant Aiko. Ce soir, t’as l’air différente. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
Aiko se leva lentement, ses yeux d’un éclat étrange, presque provocateur, se fixant sur Ichiro, comme si elle cherchait à le défier en silence.
— Je me sens bien, Ichiro, dit-elle, sa voix douce mais tranchante, tout en se dirigeant vers Tenshiko. Très bien.
Ichiro se tourna vers la salle, mais ses yeux s’arrêtèrent un instant sur la pelle en fer qui traînait dans un coin du salon, toujours près du canapé, comme une énigme laissée là sans explication. Il s’approcha, perplexe.
— Et cette pelle ? demanda-t-il, une ombre de confusion traversant son visage. Qu’est-ce que ça fait ici, dans le salon ?
Le cœur de Light s’emballa alors que l’ambiance semblait se figer autour de lui. Les pièces du puzzle se mettaient lentement en place dans son esprit. La pelle, la bonne humeur étrange d’Aiko, la tension palpable entre eux… tout devenait plus complexe, plus sombre.
Alors qu’il digérait l’information, son cœur se serra davantage en apprenant qu’Aiko était effectivement l’épouse d’Ichiro. Cela bouleversait tout ce qu’il avait cru comprendre sur cette maison et ses habitants. Sa respiration se fit plus lourde, ses pensées confuses.
— Ichiro… murmura-t-il, la voix basse, presque un murmure. Je ne savais pas que… Il s’arrêta, se sentant soudainement pris dans un enchevêtrement d’émotions contradictoires.
Ichiro se tourna lentement vers lui, un regard d’inquiétude dans les yeux. Une question restait suspendue dans l’air, une question qui semblait renfermer tout ce qui allait se passer ensuite.
Temple oublié, ciel nocturne et funeste ascension
Pendant ce temps, loin de la maison d’Ichiro, dans les ruines d’un ancien temple japonais oublié des hommes, un shinigami aux ailes effilées planait au-dessus du sol de pierre fendillée. Son regard luisait d’une malice insondable alors qu’il observait l’ombre d’un nom inscrit à l’envers dans le Life Note. Ryuk. L’être immortel qui, comme lui, s’amusait à briser l’équilibre du monde des humains.
D’un rire sinistre, le shinigami referma lentement le carnet d’un mouvement sec, comme si le destin venait d’être scellé entre ses pages. Mais son regard se détourna bientôt vers autre chose. Une silhouette frêle et inerte, suspendue entre ses bras aux longs doigts osseux : Lucie.
Le corps de la jeune femme reposait contre lui, inconsciente, sa chevelure dorée tombant en cascade dans le vide. Son souffle était paisible, presque imperceptible, tandis que le shinigami battait lentement des ailes, prenant de l’altitude. Il fendit la nuit, s’élevant à une vitesse fulgurante, traversant les nuages d’encre qui masquaient les étoiles.
Là-haut, le monde paraissait minuscule. Les lumières de la ville, pareilles à des braises mourantes, scintillaient sous eux alors que l’être démoniaque atteignait enfin sa destination : le sommet d’une tour de verre vertigineuse, dressée comme une lame contre le ciel nocturne.
La lune, gigantesque et pâle, répandait son éclat spectral sur la scène. Son reflet se fragmentait sur la surface lisse du gratte-ciel, créant des éclats argentés dans l’obscurité. Le shinigami atterrit doucement sur le bord de la tour, ses serres crissant contre la surface froide. Il posa Lucie avec une lenteur troublante, puis se redressa, dominant la ville du regard.
Là, sous la lumière blafarde de la lune, son ombre s’étira sur le verre, se mêlant à celle de la jeune femme toujours inconsciente. L’instant semblait figé, irréel. Un shinigami et une humaine, suspendus entre ciel et terre, entre la vie et la mort.
Un vent glacé souffla, soulevant les mèches de Lucie et le pan des ailes du shinigami. Ses yeux rouges, perçant l’obscurité, se posèrent sur elle avec une lueur indéchiffrable.
Un rire guttural s’échappa de ses lèvres fendues.
— Réveille-toi, humaine. Le jeu ne fait que commencer…