Life note

Chapitre 24 : La nouvelle détentrice du Life note (2)

2530 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 8 mois

Dans une petite pièce exiguë du commissariat, l'ambiance était tendue. Un agent de police, visiblement exténué, tenait son talkie-walkie d'une main ferme.


Il commença à parler d'une voix professionnelle mais teintée de fatigue :


« Ici poste 43, rapport d'incident à la station TV Sakura. Un individu, fanatique déclaré de Misa Amane, a tenté de vandaliser les locaux. L'homme a essayé de grimper l’immeuble et est tombé du deuxième étage. Son état est instable, mais il est toujours conscient. »

L'agent fit une pause, vérifiant ses notes rapidement avant de poursuivre :


« L’individu déclare qu'il souhaitait rencontrer son idole, affirmant que celle qui se produit actuellement à la télévision est une usurpatrice. Il a même menacé de la tuer, affirmant qu'il "rétablirait la vérité". Nous l’avons remis aux ambulanciers pour qu’ils le transportent au Grand Hôpital de Tokyo. Une fois que nous aurons le rapport médical sur son état mental, nous déterminerons la suite à donner. Terminé. »


Le commissariat était en pleine effervescence. Entre les enquêtes en cours et ce nouvel incident concernant Misa Amane, ou plutôt son sosie, la tension montait. Certains policiers discutaient à voix basse des retombées potentielles de cet acte de vandalisme.


Dans les coulisses des médias :


Pendant ce temps, les émissions télévisées et les articles en ligne explosaient de commentaires sur la performance de Lucie. La presse était partagée, bien que personne ne sache que la nouvelle "Misa" était une sosie.


Un critique musical influent déclara dans une interview :


« Misa Amane revient avec une force que personne n’aurait pu prédire. Sa voix est plus grave, plus puissante, et ses paroles touchent des cordes plus profondes qu’avant. C’est comme si elle avait traversé des épreuves qui ont enrichi son art. »


Un autre, plus nostalgique, répondit :


« C’est vrai que sa performance est plus intense, mais elle a perdu la douceur qui faisait son charme. L’ancienne Misa avait une candeur, une légèreté qui nous manque aujourd’hui. »


Les fans eux aussi étaient divisés. Sur les réseaux sociaux, certains louaient le nouveau style musical de Misa Amane, plus proche du rap et de la pop fusion. D'autres regrettaient l'innocence et la légèreté de ses anciennes chansons.


Un tweet populaire disait :


"Elle est incroyable ! Cette nouvelle Misa n’est pas juste une idole, c’est une combattante. J’adore ce qu’elle est devenue."

Un autre commentaire disait :


"Je ne la reconnais plus... Où est passée la Misa douce et rêveuse que j’adorais ? C’est trop agressif maintenant."


Dans le bureau de Demegawa :


Arlet et Demegawa, assis dans une salle de réunion exiguë, discutaient avec enthousiasme. Les écrans montraient des graphiques montant en flèche, représentant les recettes générées depuis le retour de Misa Amane. Les chiffres des ventes de CD, des diffusions en streaming, et des vues sur les réseaux sociaux explosaient.

« Les chiffres sont exceptionnels, » déclara Demegawa, un sourire satisfait sur les lèvres. « On a gagné gros avec cette... "nouvelle" Misa. Les gens en redemandent, et on ne peut que capitaliser là-dessus. »


Arlet, plus sérieux, croisa les bras avant de répondre :


« Oui, c’est une réussite indéniable. Mais Lucie mérite sa part du gâteau. Elle a fait plus que juste prendre le relais. Elle a transformé ce rôle, et ça nous rapporte des millions. Je veux qu’elle touche une part des bénéfices. »


Demegawa haussa un sourcil. « Et pourquoi ? Elle n’était qu’une fille de la rue avant qu’on la trouve. Si elle est ici aujourd’hui, c’est grâce à nous. »

Arlet secoua la tête, fermement. « C’est peut-être vrai. Mais elle est l’âme de ce spectacle maintenant. Sans elle, toute cette illusion s’effondre. Elle mérite de gagner quelque chose, et je vais m’assurer qu’elle l’obtienne. »


Demegawa soupira, réalisant que la bataille pour l’argent allait être rude, mais il n’eut pas le temps de répondre avant qu’Arlet ne se lève.


Rencontre entre Arlet et Lucie :


Plus tard dans la journée, Arlet rejoignit Lucie dans sa loge. Il se reposait après le tourbillon médiatique de la journée, mais il y avait encore de la fatigue dans ses yeux. Arlet s'assit en face d’elle, hésitant un instant avant de parler.


« Lucie... Je voulais te parler sérieusement. » Il prit une grande inspiration, puis continua. « Je veux m'excuser. Je n’aurais pas dû te kidnapper comme je l’ai fait pour t’intégrer dans ce monde d’idoles. C’était injuste. Mais... J’avais besoin de sortir du trou où je me trouvais. Le métier de paparazzi ne me menait nulle part, et j’ai pris des décisions désespérées. »


Lucie resta silencieuse un moment, ses yeux sombres fixant Arlet. Puis elle hocha lentement la tête, signe qu'elle comprenait, même si la douleur de cet enlèvement restait présente.


Arlet poursuivit :

« J'ai pris en charge ta demande pour rénover l'église où tu vivais avec Grey, ton grand-père adoptif. Les travaux sont déjà en cours. Je me suis dit que c'était le moins que je puisse faire. »


Lucie, surprise, laissa une lueur de gratitude passer dans ses yeux.


« Merci... » murmura-t-elle.


Arlet sourit légèrement, avant de poursuivre. « Je voulais aussi te demander de m'accompagner pour m'excuser auprès de Grey. C'est lui qui t'a élevée, il mérite de savoir la vérité et de me voir en face. »


Lucie acquiesça, sachant que son grand-père avait sûrement des inquiétudes après tout ce qui s'était passé.


« D’accord. Je viendrai avec toi. »


Arlet, soulagé, changea de sujet. « Une dernière chose... Tu vas devoir entamer une tournée caritative. Ça commence par un hôpital à Tokyo. Ce n’est pas juste pour les fans, c’est aussi pour l’image. Mais je pense que ce sera une bonne chose pour toi aussi. »


Lucie resta silencieuse, réfléchissant à tout ce qui venait d’être dit. Ce monde d'idoles, qui l’avait tant oppressée au début, devenait peu à peu son fardeau. Mais aussi, étrangement, sa voie.


Arlet se leva finalement, tapotant son téléphone. « Je te tiendrai au courant pour les détails de la tournée. Et pour Grey... Je te promets qu’il saura tout. »

Lucie le regarda s’éloigner, un mélange d’émotions en elle. Un tournant dans sa vie approchait, et elle savait qu’elle devrait l’affronter avec force et détermination.



Dans l'obscurité du soir, une voiture noire s’arrêta devant l’église en rénovation. Les phares éteints, les gardes restèrent à l’extérieur, silencieux, veillant sur l'entrée du bâtiment. Lucie, vêtue de noir, descendit, sa silhouette frêle contrastant avec la puissance des lieux. Les travaux avaient déjà bien commencé : des échafaudages entouraient les murs, des vitraux étaient en train d’être réparés, et des ouvriers, encore présents malgré l’heure tardive, semblaient finaliser leur journée.


Dans la grande salle de l’église, où trônait une statue de la Vierge Marie, Grey, le grand-père adoptif de Lucie, était assis dans son fauteuil roulant. Ses yeux voilés par la cécité, il fixait le vide, mais semblait toujours sentir la présence de sa petite-fille. Lucie courut vers lui et se jeta dans ses bras, le prenant par surprise.


« Grand-père ! » cria-t-elle en l’étreignant, comme si elle redevenait une enfant.


Grey caressa ses cheveux, un sourire attendri sur son visage ridé. « Ma fille... tu es magnifique, tu rayonnes comme un ange. Dieu t’a bénie. »

Lucie, les yeux pleins de larmes de joie, murmura : « C’est grâce à Arlet, il a financé les rénovations… Il a tout arrangé. »


Soudain, une voix enjouée résonna derrière eux : « Hé bien, quel accueil chaleureux ! » C'était Arlet, qui fit son entrée dans l’église, ses pas résonnant sur le sol de pierre.

Instantanément, Grey changea d’expression. Son visage se durcit, et il repoussa violemment Lucie, qui tomba à terre. Il sortit une arme dissimulée sous sa veste et la pointa directement sur Arlet.


« Grand-père ! NON ! » hurla Lucie, paniquée.


Sans hésitation, Grey pressa la détente. Le coup de feu résonna dans toute l'église. La balle atteignit Arlet en pleine tête. Il s’effondra lourdement, ses yeux grands ouverts, le front percé, tandis que son t-shirt blanc s’imbibait rapidement de sang. Lucie, figée par la terreur, observa la scène avec horreur. C’était la première fois qu’elle voyait autant de sang.


« Il méritait ça, cet enfoiré ! Il m’a enlevé ma fille ! Il m’a volé ta vie, Lucie ! Il a kidnappé ton âme ! » cracha Grey, tremblant, mais satisfait de son acte.


« Grand-père, non... Il était venu pour s’excuser, pour se racheter... Il a payé la rénovation de l’église avec l’argent qu’on a gagné grâce à mes chansons... » Lucie pleurait, ses mains agrippant le pantalon en velours de Grey.


Les larmes coulaient sans fin sur son visage. Elle se leva, trébuchant, et se jeta sur le corps d’Arlet, espérant qu’il soit encore en vie, mais elle constata, en touchant son front ensanglanté, qu’il était bien mort. C’est alors qu’une idée traversa son esprit. Elle se souvint des règles inscrites dans le cahier, ce livre maudit qu’elle avait en sa possession. Ses mains tremblaient en le sortant de son sac.


Le temps pressait.



*********************************Règle du LIFE NOTE ****************************


3) Il faut avoir en tête le visage de la personne dont on écrit le nom, sinon cela ne fonctionnera pas le nom écrit sera ressusciter, cela se réalise.


4) Ressusciter une personne venant de mourir dans un délai ne dépassant pas 5 min après sa mort, l'esprit regagne le corps qu'il détenait dans son état original, cinq minutes avant sa mort.


********************************************************


« Ressusciter une personne venant de mourir dans un délai ne dépassant pas 5 minutes… », murmura-t-elle en se rappelant les instructions.


Elle inscrivit rapidement le nom d’Arlet sur la page, son visage en tête. Quelques secondes plus tard, le trou béant sur son front commença à se refermer. Lucie, terrifiée et fascinée à la fois, regarda la scène. Le corps d’Arlet se mit à bouger, et il se redressa lentement, la tête lourde. Il ouvrit les yeux et demanda d'une voix rauque : « Que s’est-il passé ? Pourquoi es-tu en larmes, Lucie ? »


Grey, de son côté, resta bouche bée. Il avait entendu la voix d'Arlet, bien vivant. Incroyable. Sa main tremblait, tenant toujours son arme, mais incapable de comprendre comment cet homme qu’il venait de tuer était de nouveau debout.


Lucie, le carnet toujours dans une main, et un stylo dans l'autre, resta paralysée, figée devant ce qu’elle venait d’accomplir. Elle se jeta à nouveau sur Arlet, le serrant fort dans ses bras.


« Arlet ! Tu... tu es en vie ! » cria-t-elle, le visage enfoui dans son t-shirt, qui portait encore des traces de sang séché.


Arlet, gêné, caressa ses cheveux et murmura : « Lucie… que s’est-il passé ? Pourquoi suis-je en vie alors que… »


Lucie venait de vivre l'impensable. La silhouette d’Arlet, quelques secondes auparavant étendue sans vie, se tenait maintenant debout devant elle. Ses yeux étaient ouverts, son corps intact, comme si rien de tout cela n’était jamais arrivé. Arlet, l'homme qui venait d’être abattu froidement par Grey, avait été le premier à ressusciter grâce au pouvoir du mystérieux cahier blanc. Lucie, toujours en pleurs, détourna la conversation : « Tu as perdu connaissance... mais c’est fini maintenant. » Elle rangea précipitamment le carnet dans son sac avant que quiconque ne le remarque. Elle n’en revenait pas. C’était réel. Elle avait réussi. Arlet, cet homme complexe qui lui avait d’abord volé sa liberté, puis l’avait aidée à retrouver un semblant de vie normale, était revenu d’entre les morts. Elle n’avait jamais imaginé qu’elle pourrait en être capable, mais la magie du cahier blanc avait fait son œuvre.


Arlet, encore désorienté, ne comprenait pas ce qu’il venait de vivre. Il se frotta le front, où la balle l'avait frappé, cherchant des explications. « Lucie... qu’est-ce qu'il s’est passé ? Pourquoi ai-je l’impression d’avoir dormi pendant des heures ? »


Lucie, la gorge nouée, ne trouva pas les mots pour lui expliquer l’horreur à laquelle elle venait d’assister et l’action qu’elle avait dû entreprendre.

Puis, alors qu’elle relevait les yeux, elle vit Ryuk planer dans l’église, visiblement souffrant. Il se tenait la tête et se cognait contre les murs, ses cris aigus résonnant dans tout le bâtiment.


« Arrgh… ! Si ça continue comme ça, je vais finir par disparaître ! » cria Ryuk d'une voix stridente.


Son regard, noir de colère, se posa sur Lucie, comme si elle était la responsable de son tourment.


Lucie, terrifiée par cette scène, regarda Ryuk avec appréhension. Elle comprenait enfin que l’usage du cahier blanc n’était pas sans conséquence. Il ne s’agissait pas simplement d’un pouvoir miraculeux pour corriger les erreurs de la vie. Il y avait un prix à payer, et Ryuk, autrefois si indifférent, montrait maintenant une faiblesse inattendue.


Arlet, ignorant la présence de Ryuk, fit revenir Lucie à la réalité en lui demandant si tout allait bien. Lucie prit une grande inspiration, rassemblant son courage, et emmena Arlet auprès de Grey.


« Grand-père ! » appela Lucie en panique.


Grey, qui n’avait pas vu Ryuk mais avait bien entendu ses cris, s’agenouilla devant la statue de la Vierge Marie. Il croyait dur comme fer que cette voix venait de la divinité elle-même, un signe qu’il avait commis une grave erreur en tirant sur Arlet dans un lieu sacré. « Seigneur... pardonne-moi pour ce péché... Je n’aurais pas dû... » implorait Grey, les mains jointes et la tête baissée, tandis qu'Arlet, déconcerté par la situation, regardait tour à tour Lucie et son grand-père.


Les deux hommes se regardèrent longuement, avant que Grey, toujours troublé, ne pose une main tremblante sur l'épaule d’Arlet.


« Je... je suis désolé, Arlet », murmura Grey d'une voix rauque.


« Nous avons tous nos erreurs à corriger », répondit Arlet, ses yeux se posant brièvement sur Lucie avec un sourire.


Après quelques moments de silence, Arlet brisa la tension avec un ton plus léger : « Un jour, Lucie, tu seras peut-être mon épouse, qui sait ? »


Lucie, surprise et rouge de gêne, éclata de rire, chassant enfin la tension qui flottait dans l’air.

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