Life note

Chapitre 25 : L'Ombre du Life Note : le Death note

3950 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 8 mois

Il est 22h12. La pluie s’abat en fines gouttelettes sur les vitres du Grand Hôpital International Saint-Luc, noyant les lumières vives des bâtiments sous une lueur terne. Au huitième étage, dans une chambre vide au fond d’un couloir déserté, une scène inattendue se joue. La pièce est sombre, à l'exception d'une petite lampe de chevet qui jette une lueur douce sur les silhouettes rapprochées d'un médecin et d'une infirmière. L’air est chargé de tension, mais aussi de cette impulsion viscérale que seules les nuits calmes des grands hôpitaux peuvent provoquer.


Dans la chambre d'hôpital


"Tu sais qu’on ne devrait pas être ici..." murmure l'infirmière, la voix presque tremblante, comme si l'excitation la disputait à la retenue.

Le médecin, encore plus proche maintenant, laisse échapper un sourire en coin.


"Je sais, mais l’envie est plus forte. C’est toujours comme ça avec toi..."


Elle répond par un rire nerveux, en plongeant son regard dans le sien, ses doigts traçant une ligne invisible sur son col de chemise.


"Encore un peu de temps, juste quelques minutes..."


Mais son sourire s’efface légèrement, et son regard devient sérieux.


"Non... On ne peut pas. La police nous attend en bas. Ils ont capturé un vandale, un fanatique apparemment. Blessé. Ils veulent que je l’examine, et tu es de la partie. Il a besoin de soins immédiats."


L’infirmière soupire, résignée mais amusée.


"Bien sûr... Je ne suis jamais qu’à moitié dedans, n’est-ce pas ?"


Le médecin se redresse lentement, ses yeux ne la quittant pas.


"Allez, on y va."


Les deux sortent de la chambre, l’atmosphère électrique se dissipant rapidement alors que l'urgence de la situation reprend ses droits.



Pendant ce temps, à quelques pâtés de maisons, dans une camionnette de police en route vers l’hôpital, deux policiers conduisent prudemment à travers les rues détrempées. Le fanatique, assis sur la banquette arrière, est menotté, marmonnant des mots incompréhensibles. Ses cheveux sont en bataille, et ses yeux, grands ouverts, semblent perdus dans un délire. À ses côtés, deux agents, visiblement fatigués, échangent un regard.



"Haha; il a essayé d'escalader l'immeuble d'une chaîne de télé ! " dit le premier policier en jetant un regard furtif vers le rétroviseur.

"Un vrai taré..." répond son collègue en haussant les épaules. "C'est quoi son délire encore ? Il parle de Misa Amane comme si c'était la reine du Japon."


Le fanatique redresse la tête brusquement.


"Misa ! Vous ne savez rien ! Vous croyez vraiment que c'est elle ? C'est une imposture, une pâle copie ! La vraie Misa a un grain de beauté, juste ici, sous son œil gauche. Et ses cheveux, ils ne sont pas aussi blonds. Ils sont... un peu plus cendrés, avec une teinte de lumière dorée parfaite à la lumière du soleil. Vous comprenez ?!"


Les deux policiers échangent un regard perplexe.


"Ouais, ouais, on comprend... Va falloir que tu racontes ça aux médecins, hein." lâche l'un des agents, exaspéré.


"Vous êtes sourds ? Vous êtes tous aveugles ! La vraie Misa ne serait jamais sortie sans son collier en argent. Celui qu’elle portait toujours... Celui que je lui ai offert. J’ai vu ses photos... ses vrais yeux sont plus foncés, et son sourire... il est plus... plus parfait, plus..."


"Et tu l’as rencontrée, c'est ça ?" coupe l’autre policier avec un soupir. "Parce que t’as l’air de bien la connaître."


"Vous n’avez aucune idée ! Elle m’a parlé à travers l’écran. Elle savait que je la trouverais, que je verrais à travers ses mensonges. Cette imposture, cette... cette copie pathétique... elle ne peut pas tromper les vrais connaisseurs."


Le premier policier secoue la tête.


"D’accord, d’accord, mec... calme-toi. On est presque à l'hôpital."


À 22h29, la camionnette de police arrive devant l’Hôpital International Saint-Luc. La pluie ne cesse de tomber, martelant le toit du véhicule tandis que les lumières de l’hôpital brillent faiblement dans la nuit. Les deux agents sortent lentement du véhicule. L’un d’eux s’étire, fatigué, tandis que l’autre jette un coup d’œil vers les portes automatiques de l'entrée de l'hôpital.


"Deux nouvelles recrues, première mission en solo... c’est cool, tu trouves pas ?" dit le premier en hochant la tête vers le bâtiment.


L'autre acquiesce sans dire un mot, avant de commencer à marcher vers les portes, une liasse de papiers en main pour les formalités.

Mais le premier policier hésite. Quelque chose le retient, une sensation étrange. Il se retourne lentement vers la camionnette. Là, à travers la fenêtre arrière, il voit le fanatique, toujours menotté, le regard fixe, presque absent. Le policier pose son bras sur le toit du véhicule, se penche légèrement, et fixe l'homme, sans ciller.


"Hé, Mike !" crie-t-il à son coéquipier, déjà à mi-chemin des portes de l'hôpital. "Tu te souviens de ce que disait le caporal avant de déposer un colis ? On doit toujours le fouiller avant... sinon, boum ! attend-toi au pire !"


Mike, sans se retourner, lève la main en signe de lassitude.


"Casse pas les bonbons, mec. Je finis la paperasse et on le laisse ici. Les vigiles de l'hôpital s'en occuperont. On revient le chercher après les examens."

Le premier agent reste quelques secondes supplémentaires, fixant toujours le fanatique. Puis il soupire et se redresse, un léger frisson dans le dos, avant de se diriger vers l'entrée de l'hôpital, suivant Mike dans la lumière artificielle des néons.



Le lendemain matin, le ciel gris laissait présager une journée maussade au commissariat central. Dans une petite salle de réunion, le médecin, visiblement fatigué et frustré, expliquait la situation au capitaine de police.



"Votre détenu refuse toute forme d’aide. Il est violent et incohérent. Hier soir, nous avons tenté de lui administrer des soins, mais son agressivité et ses propos délirants ont rendu toute intervention impossible."


Le médecin marque une pause, avant de continuer d’un ton grave, tout en fixant le clavier d'un vieux fixe téléphonique.


"Il faut une autorisation pour le contraindre à recevoir des soins, ou alors il doit être transféré immédiatement dans un centre psychiatrique. Son état mental est clairement instable."


Le capitaine, un portale à l'oreille, réfléchit un instant, scrutant les documents sur la table.


"D’accord, je vais voir ce qu’on peut faire. Ce gars est un vrai problème, mais on va devoir suivre la procédure."


Le médecin hoche la tête, visiblement soulagé d’avoir fait son rapport. Il raccroche.


Pendant ce temps, dans une autre partie de la ville, Arlet et Lucie, en mission incognito, se rendaient à l’hôpital pour une visite particulière. Ils allaient passer du temps avec des adolescents et des enfants en phase terminale. Des jeunes âmes dont la lumière s’éteignait peu à peu, luttant contre des maladies incurables.


La voiture ralentit à l’approche d’une supérette. Arlet se gara rapidement sur le trottoir et sortit.


"Je reviens, je vais m’acheter des clopes." lança-t-il en refermant la portière.


Quelques minutes plus tard, il revint, un paquet de cigarettes à la main, l’air détendu.


"Je vais m'en griller une rapidement. J'veux pas fumer dans la voiture, j’veux pas abîmer les cordes vocales de ma petite princesse." dit-il avec un sourire en coin.


Lucie, sans se départir de son calme, le fixa et répondit :


"Je ne suis pas ta princesse, Arlet… pas encore."


Arlet éclata de rire avant de sortir pour allumer sa cigarette. Pendant qu'il fumait à quelques mètres de la voiture, une sensation étrange envahit Lucie. Une voix familière et glaciale résonna à l'extérieur du véhicule. Elle ouvrit la portière et sortit pour découvrir Ryuk, allongé nonchalamment sur le toit de la voiture, la tête reposant sur sa main, l'air amusé.


"Je te regarde depuis un moment, Lucie." dit Ryuk avec son habituel sourire sinistre. "Tu te sers du Life Note, non pas pour changer le monde... mais pour le réparer."


Lucie resta silencieuse, cherchant à comprendre où Ryuk voulait en venir.


"C’est pathétique," continua-t-il. "Ce n’est pas du tout l’objectif du Life Note... Ni le mien. Je ne suis pas là pour jouer au réconciliateur. Tu ne changeras pas les choses de cette manière."


Lucie fronça les sourcils, perplexe.


"Que veux-tu dire, Ryuk ? C’est toi qui m’as donné ce carnet. Pourquoi tu t’en soucies maintenant ?"


Ryuk ricana, ses yeux luisant d’un éclat inquiétant.


"Parce que j’ai un intérêt personnel dans cette affaire. Il y a une malédiction qui me poursuit. Une punition imposée par un Shinigami supérieur... parce que j’ai tué le précédent détenteur de mon death note."


Lucie écarquilla les yeux, visiblement choquée.


"Tu… tu as tué Kira ?"


"Light avait perdu, Lucie. Il avait enfreint les règles du jeu, et il devait payer. C’est comme ça que ça fonctionne avec le Life Note. Mais cette mort... elle m’a laissé une marque. Le carnet nuit à mon existence maintenant, même si je ne suis plus vraiment un Shinigami."


Ryuk s'étira paresseusement avant de se redresser légèrement, son regard perçant rencontrant celui de Lucie.


"C'est pourquoi j'ai modifié la règle 6." ajouta-t-il, un sourire sournois étirant ses lèvres. "Cette règle n’était pas censée permettre au détenteur de tuer qui que ce soit... Et... j'ai ajouté une règle... intéressante."


Lucie, confuse, demanda :


— "Quelle règle ? Qu’as-tu ajouté ?"


Ryuk, toujours amusé, énonça avec un ton grave :


"La règle 5 : ressusciter une personne morte depuis plus de cinq minutes. L'âme du défunt hantera le possesseur du carnet jusqu'à ce que ce dernier prenne possession d'un corps récemment mort, dans un délai de cinq minutes. L'entité doit être présente avec le possesseur du carnet lors de la mort pour que la résurrection ait lieu."


Lucie resta bouche bée.


"Tu veux... ressusciter quelqu'un ?"


Ryuk, d'un ton plus sérieux qu’à l'accoutumée, répondit :


"Exactement. Tu verras bien... tout ça fait partie de mes plans."


Lucie était sur le point de demander davantage d'explications, mais elle fut interrompue par l’arrivée d’Arlet. Il s’approcha, l’air légèrement intrigué.


"Hé, tu fais quoi ? T'as l'air complètement ailleurs."


Lucie, encore sous le choc, lui répondit rapidement :


"Rien. C’était rien."


Arlet haussa les épaules, terminant sa cigarette.


"Allez, on y va. On a des gamins à voir."


Lucie acquiesça, reprenant place dans la voiture. Ryuk avait disparu, mais ses mots résonnaient encore dans son esprit. Le trajet vers l'hôpital se poursuivit, l’atmosphère beaucoup plus lourde que quelques minutes auparavant.



Le soleil déclinant projetait une lumière blafarde sur les murs de l’hôpital Saint-Luc. Dans une petite chambre, un homme, attaché au lit, était sous l’effet d’une dose de calmants. Son corps tremblait faiblement, tandis que son regard embué parcourait la pièce. Cet homme, fanatique de Misa, divaguait sous l’effet des médicaments, administrés discrètement dans l’eau qu'il avait demandée. Le silence, troublé uniquement par le bip régulier des machines, fut interrompu lorsqu'il commença à bouger la tête de droite à gauche, comme s’il cherchait quelque chose.



Au même moment, Misa franchissait les portes de l’hôpital, accompagnée d'Arlet. Leur passage dans le long couloir feutré semblait anodin, mais quelque chose attira l’attention du fanatique dans sa chambre. À travers la petite vitre carrée de la porte, il aperçut fugacement la silhouette de Misa. Sa respiration devint irrégulière.


Il ferma les yeux et murmura faiblement :


"Misa... Misa..."


L’infirmière, concentrée sur les soins qu'elle administrait, remarqua son agitation. Au début, elle n'y prêta guère attention, pensant que les calmants finiraient par agir pleinement. Mais soudain, le fanatique commença à se débattre violemment, son corps convulsant sous les sangles. Ses cris montèrent en intensité, son ton de plus en plus désespéré.


"MISA ! MISA !"


L’infirmière recula, surprise par cette soudaine montée d'énergie malgré les médicaments.



Pendant ce temps, au commissariat central, Shûichi Aizawa et Matsuda se trouvaient dans une petite salle d’interrogatoire. La lumière froide du néon éclairait faiblement le bureau en métal, et Aizawa, les bras croisés, écoutait avec attention le récit de Matsuda.


"C’était un vrai cauchemar, Aizawa. Le type était complètement fou. Il m’a sauté dessus, il a crié des choses insensées, puis..."


Matsuda hésita, baissant les yeux, visiblement mal à l’aise.


"... il m’a désarmé. Je... j’étais un peu ivre, je l’avoue. Mais je ne pensais pas que ça finirait ainsi. Je suis vraiment désolé."


Aizawa le fixa un moment, le visage impassible. Puis, d’un ton sec, il déclara :


"Je n’ai pas le choix, Matsuda. Je dois te suspendre jusqu'à nouvel ordre. Perdre son arme dans un tel état, c’est inadmissible. Tu le sais."


Matsuda, tête basse, acquiesça, incapable de protester. Aizawa se tourna vers son bureau, passant la main sur un dossier épais marqué du nom de Misa Amane.


"Apparemment, Misa est de retour dans les parages." dit-il, son ton devenant plus grave. "Et je veux des réponses sur son retour."


Il décrocha le téléphone et contacta Hideki, un ancien collègue respecté.



Quelques minutes plus tard, Hideki était en ligne avec Aizawa. Sa voix était empreinte de fatigue, mais aussi de détermination.


"D’après mes sources, c’est vrai qu’on a retrouvé le corps de Misa. Elle s’était suicidée non loin d’un vieux quai, près d’une église abandonnée dans un quartier désert de la ville."


Aizawa fronça les sourcils.


"Tu es sûr qu’elle est morte ? Comment est-elle de retour alors ?"


Yagami répondit calmement :


"Je ne sais pas comment, mais de mémoire, c'est un ancien mafieux, un certain Arlet, qui l’avait retrouvée morte sur les lieux. Son témoignage était clair à l’époque."


Un silence pesa quelques instants avant qu’Aizawa ne réponde.


"Merci, Hideki. Ton aide m'est toujours précieuse. Tu sais, tu as quitté la police trop tôt, on a encore besoin de toi."


Hideki sourit faiblement de l’autre côté de la ligne.


"Je suis bien là où je suis maintenant. Le poste que j’ai quitté est entre de bonnes mains, Aizawa. Ne t’inquiète pas."


Aizawa raccrocha, mais la conversation l’avait laissé pensif. Quelque chose de beaucoup plus grand se tramait, et Misa, même morte, semblait toujours être au cœur du mystère.



Dans le couloir de l’hôpital, Lucie continuait d’avancer, sans se douter que, derrière elle, un fanatique délirait dans sa chambre, criant son nom avec une ferveur démente. Le personnel médical se précipitait pour le calmer, mais l’influence de Misa Amane ne semblait pas prête à disparaître, même après toutes ces années.



L’atmosphère était pesante dans l'ascenseur de l'Hôpital international Saint-Luc. Arlet, Lucie, et Ryuk, tous silencieux, fixaient les chiffres qui changeaient lentement sur l'afficheur lumineux, marquant chaque étage. Le bourdonnement mécanique des câbles résonnait dans la cabine exiguë.


Soudain, Ryuk brisa le silence avec sa voix grinçante :


"Ça pue la mort par ici."


Arlet sursauta, ses yeux s’ouvrant en grand alors qu’il se tournait vers Lucie.


"Tu as entendu ça ? D’où vient cette voix ?" demanda-t-il, paniqué.


Lucie, qui était habituée aux interventions inattendues de Ryuk, rigola doucement.


"T'es vraiment un froussard, Arlet. Ce sont les hôpitaux. On dit que les fantômes y errent après la mort des patients."


Arlet essaya de se calmer, balayant la cabine de l’ascenseur du regard comme pour trouver une explication logique. Le silence retomba lourdement, jusqu'à ce que l'ascenseur s'arrête au dixième étage. Les portes s'ouvrirent avec un léger grincement.


Avant de sortir, Lucie se retourna, lançant un regard froid à Ryuk, lui rappelant qu'il devait rester discret. Ryuk, avec un sourire malicieux, haussa les épaules et laissa échapper un léger rire :


"Oups."


Pendant ce temps, en bas, c’était le chaos. L'hôpital était en état d'alerte. Le fanatique s'était échappé de sa chambre après avoir tué l'infirmière qui tentait de le soigner. Il avait réussi à s'emparer d'une arme à feu, semant la panique dans les couloirs. Les sirènes d'alarme retentissaient, et des patients, des visiteurs et des employés couraient dans tous les sens, cherchant désespérément à fuir le danger.


Un vigile, le souffle court, était au téléphone avec le commissariat.


"Le fanatique s’est échappé ! Il a une arme ! Il a tué une infirmière ! Je répète, c’est une urgence, on a besoin d’une intervention immédiate !"



Au commissariat, l’ambiance était tendue. Le capitaine, un homme solide à l'allure sévère, était au téléphone, écoutant attentivement la situation qui se déroulait à l'hôpital.


Son visage se durcit à l'annonce des détails. Il se tourna vers ses hommes, un air grave sur le visage.


"L’individu a-t-il été fouillé avant son transfert ?" demanda-t-il brusquement.


Le lieutenant, parcourant rapidement un dossier posé sur le bureau, répondit :


"Selon le rapport de Mike et Kenji, la fouille corporelle intégrale a été effectuée."


Le capitaine, serrant les dents, tapa du poing sur la table.


"On ne peut pas se permettre de perdre le contrôle. Déployez toutes les unités disponibles immédiatement ! Je ne veux pas de victimes supplémentaires !"


Arlet, Lucie, et Ryuk s'avancent silencieusement dans les couloirs de l'hôpital, à la recherche de la chambre 1058. Un bruit sourd de chariot se fait entendre derrière eux.

Une civière, recouverte d'un drap blanc, est poussée par deux jeunes infirmiers. Ils s’arrêtent à leur hauteur.


L’un des infirmiers, visiblement gêné, leur demande :


"Vous cherchez le jeune orphelin en phase terminale ?"


Arlet répondit en hochant la tête :


"Oui, on lui a apporté des cadeaux."


Le premier infirmier baissa les yeux, visiblement touché. Le second reprit la parole avec une voix sombre :


"Il est mort y'a à peine quelques minutes... Son institutrice et quelques enfants de l'orphelinat venaient le voir de temps à autre."


Les larmes montèrent aux yeux de Lucie. Ses épaules se secouaient légèrement alors qu’elle essayait de réprimer un sanglot. Arlet, conscient de la gravité du moment, demanda doucement :


"Est-ce que vous pourriez nous laisser seuls avec lui un instant ?"


Les infirmiers échangèrent un regard, hésitant. Mais Arlet, sortant un billet discret de sa poche, les convainquit de céder. Après un léger murmure entre eux, ils s’éloignèrent, laissant Lucie et Arlet seuls avec l’adolescent sous le drap blanc.


Dans la chambre, le silence était lourd, seulement interrompu par le bruit des appareils médicaux. Lucie, toujours en larmes, s'approcha du corps inerte.


"Il n'a jamais connu l'amour de ses parents," murmura-t-elle. "Il n'a jamais su qui il était vraiment… Tu te rends compte ? Un enfant, seul au monde, sans famille, sans identité. Ça détruit une personne de l’intérieur…"


Elle sanglotait, le visage inondé de larmes. Arlet tenta de la calmer, posant une main rassurante sur son épaule.


"Tu n’es pas seule, Lucie. Tu as eu de la chance… Grey t’a sortie de l’enfer de l’orphelinat. Et regarde où tu es maintenant."


Lucie ferma les yeux, secouée par les émotions. Elle s’agrippa à Arlet, pleurant contre son torse. Arlet, surpris par sa sensibilité, murmura :


"Je savais pas que tu pouvais être aussi émotive… Si j’avais su, on ne serait jamais venus. Je regrette cette décision, on a d'autres enfants à visiter, mais… vu les circonstances, on ferait mieux de partir."


Ils se levèrent lentement, déposant les cadeaux au pied de la civière. Lucie, la gorge nouée, caressa doucement le visage endormi de l’adolescent sous le drap.


"Il dort, n’est-ce pas ?" demanda-t-elle doucement.


Arlet détourna le regard, incapable de répondre. Il se racla la gorge avant de déclarer :


"Je vais appeler les infirmiers pour qu’ils reprennent leur travail."



Alors qu’Arlet s'apprêtait à sortir de la chambre, Ryuk, tapi dans un recoin sombre, intervint :


"Tu sais, Lucie, la vie et la mort sont comme deux faces d'une même pièce. L’une ne peut exister sans l’autre."


Lucie, encore secouée, se tourna immédiatement vers le Life Note qu'elle avait caché dans son sac. Tremblante, elle sortit le cahier et un stylo. Ryuk s’avança, ses yeux luisant d’un éclat sinistre. Il se délectait de la situation.


"Je vais t’empêcher de réparer ce monde, Lucie. Tu es tellement… ennuyante comme détentrice." lança-t-il avec un sourire menaçant.


Confuse et choquée par ses paroles, Lucie resta figée.


Ryuk, avec un rire sombre, s'empara du cahier et, sans ciller, écrivit un nom avec une froideur déconcertante : Light Yagami. Et, avec un sourire sadique, il appliqua la règle 5 :

Ressusciter une personne morte pendant plus de 5 minutes. L'âme du défunt hantera le possesseur du carnet jusqu'à ce qu'elle prenne possession d'un corps récemment mort, dans un délai de 5 minutes. L'entité doit être présente lors de la mort de l’hôte pour que la résurrection soit complète.


Le sol de la chambre se mit à trembler violemment. Les objets médicaux tombèrent bruyamment sur le carrelage, tandis qu'une fumée dense envahit la pièce. Arlet, encore dans le couloir, entendit le vacarme et courut vers la chambre, suivi des deux infirmiers.


En ouvrant la porte, ils furent frappés par une vision d’horreur. Lucie était au sol, apeurée, tandis qu'une fumée opaque pénétrait le corps de l’adolescent sous le drap. Les yeux des trois hommes s'agrandirent en voyant le Life Note, désormais ouvert, flotter dans les airs avant de lentement se poser sur la tête de Lucie comme un chapeau.


Arlet, inquiet, se précipita vers Lucie :


"Lucie, tu vas bien ?!"


Lucie, encore sous le choc, répondit d'une voix tremblante :


"Oui… je crois…"



Au même moment, les sirènes d'alarme retentirent dans tout l'hôpital. La panique était générale. Une voix féminine résonna dans les haut-parleurs :


"Attention ! Un individu armé, vêtu d’un t-shirt noir et portant une perruque blonde, rôde dans l’hôpital. Je répète, l’individu est dangereux. Veuillez verrouiller vos portes et rester à l’abri jusqu’à son appréhension."



Le chaos qui régnait à l’extérieur semblait désormais toucher tous les occupants de l’Hôpital international Saint-Luc.

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