Uncle meat

Tiens, voilà une autre fanfic pour un concours. Celui du printemps 2009 sur le thème "double-face".

Style/orthographe

L'orthographe est très bonne, je n'ai relevé que deux erreurs lors de ma lecture, de petits accords. C'est agréable.

L'auteur a un style personnel très sympathique. Il possède le bon ton qui colle à l'univers de Cowboy Beebop, c'est poétique, sans trop de frioritures. Les mots bercent, sont bien choisis. L'ambiance est savamment posée. L'auteur nous fait rentrer dans le récit sans difficulté, on a les fesses devant l'écran et on lit sans s'ennuyer. On s'y croirait, devant un épisode de Cowboy Beebop, avec ses personnages désabusés et son univers si particulier. Tiens, on dirait du jazz, aussi et j'avoue avoir eu un air de saxophone dans la tête à la lecture. Autant dire, que pour moi, l'auteur a réussi son coup niveau stylistique. L'introduction des extraits d'oeuvre n'est pas trop lourd à la lecture. Ce n'est pas trop mal inséré. Il y a quand même une certaine maîtrise. Ce n'est pas donné à tout le monde de bien écrire un récit à la première personne du singulier.

Scénario/Personnages

L'auteur connaît si bien l'univers de Cowboy Beebop qu'il se l'ait approprié pour mettre en scène son histoire. Ses OC sont très bien intégrés, les dialogues sont réalistes entre les deux personnages du bar, même le saxophoniste est très bien écrit. Quand aux personnages de l'anime, ils sont IC, c'est certain. Même si l'on a le point de vue de Jet, qui est le narrateur, la description qu'il donne des autres colle non seulement au canon mais aussi à la vision qu'il pourrait avoir d'eux. On ressent bien son côté pragmatique, désabusé par rapport à la vie qu'il mène mais qu'il changerait pour rien au monde. Gros ours tendre, Jet porte le récit d'une manière bien pensée et vivante.

Parlons du scénario. Cette fiction ayant écrite dans le cadre d'un concours, elle a dû se plier à certaines règles. Ici, il fallait construire l'histoire autour d'un malentendu. L'auteur y parvient, certes, mais c'est un peu flou, au départ on se demande ce qu'est cette histoire de trafic, on se doute que c'est pas très clair. Peut-être est-ce de la viande enfantine ? L'auteur brouille les pistes et met le doute avec son histoire de géant qui mange les enfants dont on a un passage dans l'histoire, c'est aussi ce que Jet lit pour passer le temps. On peut voir aussi un quiproquo concernant le repas queJet s'apprète à manger, est-ce qu'il deviendrait cannibale ? Le style de l'auteur et l'ambiance qu'il a sû dépeindre, angoissante et glauque, met le lecteur mal à l'aise et l'amène à se poser des questions.
Toutefois, c'est un peu forcé par le contexte dans lequel a été écrit cette histoire mais si on lit la fiction comme ça, en passant, à la limite on est juste intrigué par cette histoire de trafic mais pas tant que ça.
Ce sont les divagations mentales de Jet qui sont quand même, à mon avis, le coeur de l'histoire. L'histoire du trafic de viande me semble plus au deuxième plan et la résolution est amenée banalement par Spike, comme si, au final, ce n'était pas si important que ça. C'est ce qui a dû être reproché dans le cadre du concours.

Après, le doute peut encore subsister. Est-ce que la viande apportée par Spike est bien ce qu'elle devrait être ? Ou est-ce de la viande trafiquée ? Ca ne m'étonnerait pas que Spike se soit fait avoir, c'est tellement courant dans la série. L'auteur a -t-il fait exprès ? En tout cas, c'est subtil.

En résumé :

Si l'on sort du cadre "concours", on a là, une espèce d'épisode (le "session fan" est un clin d'oeil sympathique) de Cowboy Beebop qui est joliment écrit. Le scénario n'est pas extraordinaire non plus mais il y avait le cadre "concours" qui a dû jouer.
Le style est enlevé. On est parfois mal à l'aise face au discours de Jet mais c'est un peu l'ambiance de la série qui est présente. Le jazz est présent, les bonzaïs et l'errance perpétuelle de ce vieux rafiot de l'espace.
Un OS bien fichu qui ravira les fans du fandom. Il y a tellement de peu de fics Cowboy Beebop. Celle-là vaut le coup.