Code Alpha 1.0 : 25 ans plus tard

Chapitre 11 : Chapitre 10 - La petite fille au grand sourire

4255 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/10/2017 16:26

Chapitre Dix - La petite fille au grand sourire


*Ulrich*

Le jeune homme ne pouvait cesser de bouger. L’autre, plus âgé ,le jaugeait du regard, impassible. Ulrich Stern n’osait le regarder en face, et baissait les yeux. Il n’osait pas non plus parler. Par où commencer ? Tout se bousculait dans sa tête...

« Nous vivons une époque difficile, monsieur Stern. » lui dit l’ancien directeur de ZETA, d’un ton tellement calme que cela en devenait perturbant.

«Jérémie est… Aelita aussi… Et même Odd ! »

Camille lui fit signe de ce taire. C’était le genre de personne à détenir une autorité naturelle, que personne ne pouvait contester.

« Je le sais pertinemment. »

« Il faut... On doit...» recommença Ulrich.

« On ne doit rien faire du tout. Pas pour l’instant. Nous sommes désarmé. L’ennemi est puissant. » l'interrompu le vieil homme. 

Le jeune homme allait reprendre la parole, mais le regard de son interlocuteur le calme d’un seul coup.

« Belpois vous en a parlé. Il n’aurait pas dû, mais il l’a fait. Il faisait trop facilement confiance, mais cela m’évite des explications supplémentaires. Cela fait déjà quelques temps qu’il travaille pour nous, cela aussi, vous le saviez. Il travaillait sur... »

« Alpha. »

Ce n’était pas Jérémie en réalité qui lui en avait parlé, mais Aelita, après leur divorce. La raison officielle était bidon. La réalité était ce nouvel emploi qu’elle n’approuvait pas.

« C’est cela. Alpha. Le projet 23. » continua lentement le vieil homme.

Ulrich était presque en larmes, ce long discours que commençait Camille n’allait mener nul part ! Il n’y avait plus le moindre espoir ! 

« Il nous en a parlé oui… ! Mais tout… tout a été détruit ! » s’écria le guerrier.

« C’est là que vous vous trompez. Je sais que Belpois a sauvegardé la totalité de ses travaux. Il n’en avait pas non plus le droit, mais j’ai décidé de le laisser faire. Peut-être ai-je été trop gentil avec lui. Mais encore une fois cela nous sauve la vie. »

« Où vous voulez en venir ? »

Camille se rapprocha de lui, à la façon dont le ferait un enfant pour raconter un secret.

« Vous connaissiez bien Belpois. Vous devez savoir où il aurait pu stocker de telles données. »

Il n'en avait absolument aucune idée. En même temps, il était incapable de réfléchir correctement pour l'instant. Mais même dans son état normal, il n'en aurait probablement eu aucune idée.

« Et ça servirait à quoi ?! Hein ? »

« Calmez-vous, Stern. »

Ulrich se calma aussitôt. Mais il dégoulinait toujours de sueur. Camille retira ses lunettes d’un geste vif mais élégant.

« Ce que je vais vous dire est considéré comme top secret. Mais à vrai dire, cela n’a plus aucune importance. Je ne me répéterai pas, alors écoutez moi bien pour une fois »

Ulrich sortit doucement de sa torpeur. Sa vision était encore floue. Il avait tenté de faire disparaître son stress dans du whisky la veille au soir, et ça n’avait pas vraiment fonctionné. La seule chose qu’il avait gagné, c’était un très vilain mal de tête. L’homme se frotta les yeux et se leva brusquement. XANA. Alpha. Antoine. Ambre. Le rouquin. Tout lui revint d’un seul coup et lui fit l’effet d’un boulet de canon.

Dans quelle galère est-ce qu’il s’était fourré ? Tout avait commencé quand l’alarme de l’usine avait été activée. Postée par Camille il y a de ça des années, il n’aurait jamais pensé qu’elle se soit mise en marche un jour. Mais c’était arrivé. Il avait dû se rendre à l’évidence, quelqu’un s’était rendu à l’usine. Avant qu’il n’ait le temps de partir de chez lui pour s’y rendre, Alpha était apparut et lui avait expliqué pour les trois adolescents. Finalement, il était quatre, et un seul lui était vraiment sympathique : Melvin, qui était vraiment juste une victime. Antoine était un petit con et il n’avait pas eu le temps de jauger Ambre et Jean, et de toute façon, il doutait que ces deux là allaient revenir. Bon, cela ne signifiait pas qu’ils étaient à l’abri des attaques de XANA, il fallait les « protéger », mais au moins, ça lui faisait moins de jeunes à gérer.

Ce qui énervait le plus Ulrich, c’était de ne pas bien comprendre le jeu dangereux que menait Alpha. L’impression de n’être qu’un pion dans le plan de l’IA l’obsédait, et il commençait à redouter que ce ne soit justement pas qu’une simple impression. Mais ça devenait aussi une immense opportunité, c’était comme ça qu’il fallait le voir. Antoine avait la capacité de contrer les attaques de XANA et ça changeait totalement la donne.

Un bruit le fit sursauter. Avec horreur, il remarqua que sa veste qu’il avait jeté sur son lit avait disparu. Est-ce que… Est-ce que quelqu’un était rentré dans son appartement ? Il était en cavale depuis 10 ans, à éviter les “hommes en noirs” et à vivre avec une paranoïa grandissante. Depuis…. depuis ce qui s’était passé, il ne parvenait à dormir la nuit qu’en ingurgitant une certaine quantité de bières ou d’autres substances similaire. Et encore, il évitait pour ne pas se laisser surprendre la nuit. On l’avait retrouvé. Cette réalité à la fois simple et terrifiante s’imposa rapidement. Au moment critique, à l’instant où il aurait dû redoubler sa vigilance, il avait fait un faux pas qui allait sans doute lui être fatal.

Il chercha son revolver. Tout n’était peut-être pas perdu.

Impossible de le trouver. Et les bruits indiquaient une présence dans la cuisine. Ulrich regarda autour de lui pour trouver une arme improvisée et dû se contenter d’un tabouret. Il s’approcha discrètement. Il ne devait pas se faire repérer ou laisser à son ennemi le temps de réagir.

Lentement… Lentement… Il reconnut les vêtements noirs significatif de l’organisation qu’il fuyait. Il allait frapper quand l'intrus se retourna et pointa une arme à feu dans sa direction.

« J’ai souvent pensé au jour où j’allais te revoir, Ulrich, mais je n’ai jamais pensé que tu tenterais de m'assommer et moi de te tirer dessus. »

Sous le coup de la surprise, il lâcha son seul moyen de défense. Dans sa cuisine, une jeune femme buvait un café (dans une de ses tasses). Elle le menaçait, tout en restant souriante.

« Mélissa ? »

« La seule, l’unique ! » lui lança t-elle avec un clin d’oeil.

Elle baissa son arme et sauta dans ses bras pur l’enlacer de toutes ses forces.

Elle avait prit en assurance depuis leur dernière rencontre. Depuis leur promesse.

Ulrich entra dans le café, regardant à droite et à gauche avec méfiance. Ne croire personne. Ne plus accorder sa confiance à qui que ce soit. Telles étaient ses nouvelles valeurs. Mais alors que faisait-il dans un endroit public, si prêt de l’usine ? Venir ici signifiait prendre un risque immense, alors qu’est-ce qu’il l’avait poussé à le faire ? C’était simple : des responsabilité. A une table l’attendait une adolescente. Blonde. Aux yeux tristes, mais néanmoins loin d’être vides.

« Tu es venu. Viens vite t’asseoir, je n’ai pas beaucoup de temps. » lui dit-elle d’un ton neutre en l’apercevant.

Il continua à scruter le bar avant de s’asseoir en face d’elle.

« Je n’ai pas beaucoup de temps. Je ne devrais même pas être ici. Dis moi ce que tu as me dire, rapidement. » fit-il, l’air pressé.

Elle eut un petit sourire. Son attitude changea totalement. La petite fille triste qui était en face de lui se métamorphosait en une jeune femme pleine de confiance.

« Je n’ai rien à te dire. Pas d’informations qui pourrait t’être utile en tout cas, car c’est toi qui vas m’en donner. »

Ulrich voulu se relever mais elle lui fit signe de rester calme. Qu’est-ce qu’elle mijotait ? La blonde pointa du doigt son téléphone au bord de la table.

« Je n’ai qu’un coup de téléphone à passer et tout ZETA sera là. »

« D’accord, je vois. Pourquoi est-ce que tu ne le fais pas ? »

Une certaine panique commençait à monter en lui. C’était-il trompé sur son compte ? Voyons, il avait son arme dans la poche mais ils étaient dans un lieu public… Que faire ?

« Parce que je veux la vérité. Je veux savoir. J’en ai le droit. »

Il fut intérieurement rassuré. Il avait su dès le départ que Mélissa essayait de l’attirer, et qu’elle n’avait pas les données qu’il recherchait. Son instinct de survie lui donner envie d’ignorer son invitation, mais il avait toujours en tête l’image de la petite fille apeurée. Alors il avait envisagé deux options : soit c’était un piège, soit elle tenait de son père. Et à la moindre chance que la deuxième option soit la bonne, il était prêt à risquer la première. Oui, venir la voir, c’était peut-être tomber entre les mains des hommes en noirs. Oui, c’était extrêmement dangereux. Mais il avait promis à sa naissance de veiller sur elle et pour ça il était prêt à jouer sa chance. Et il avait eu raison.

« Je répondrais à toute tes questions, dans la mesure du possible. »

Elle prit un air sérieux.

« Est-ce que Odd Della Robia a tué Jérémie et Aelita Belpois avant de se suicider ? »

Non.”

Ce fut au tour de la jeune fille de s’apaiser quelques instants. Cette question avait dû la tourmenter toute sa vie. Puis elle se reprit et demanda rapidement :

« Qui alors ? »

« A ton avis ? »

Il n’eut pas besoin d’en dire plus, Mélissa avait comprit. Elle était loin d’être bête. Ca aussi , elle devait sans doute le tenir de sa mère songea t-il en repensant à Odd faisait le clown dans leur chambre. Quoi que lui aussi avait été loin d’être aussi idiot qu’il le faisait penser aux gens.

« Je le savais… Je pense que je l’ai toujours su. Sa façon de se comporter avec moi. Même le ton de sa voix, tout sonne faux chez lui. » dit elle en bouillonnant d’une rage nouvelle.

« Je pourrais mentir. »

« Non. Tu as confirmé mes suspicions. J’avais besoin d’être sûre avant d’agir. »

« Et du coup ? Qu’est-ce que tu comptes faire ? Utiliser ton portable ? »

Elle éclata de rire. Un rire étrangement familier.

« C’était du bluff, il a plus de batterie. »

Il avait bien fait de venir. Peut-être que c’était le tournant de cet enfer. Peut-être que l’avenir reposait en réalité sur les épaules de cette petite.

« Je te déconseille de t’en prendre à lui. »

« Je le sais bien ! Rolala, tu étais plus amusant dans mes souvenirs ! Non, aujourd’hui, je ne lui sers que d’une chose : d’otage contre toi, j’en suis parfaitement consciente. Mais au fil du temps, je suis sûre que je pourrais gagner sa confiance. Il m’a déjà proposé d’arrêter mes études pour rejoindre ZETA. Ce n’est qu’une première étape ! »

Elle avait tellement les pieds sur Terre ! Et même si elle avait vécu des choses affreuses, elle restait positive. Il aurait aimé être un peu plus comme elle. Finalement, c’était elle qui lui redonnait de l’espoir, pas l’inverse.

« Ils recrutent aussi jeune ? » l’interrogea t-elle pour ne pas arrêter la conversation.

« C’est une formation, pour avoir des agents compétents et dévoués corps et âmes. Ils font ça depuis toujours, même avant… bref. Tu sais que Camille alors qu’il n’avait que seize ans ? »

Drôle d’époque. C’était ni plus ni moins de l’embrigadement.

« Bon. Parlons maintenant de la principale raison de notre entrevue : comment était-il ? »

« Qui ça ? »

« Le père Noël ! Mon père, voyons ! Tu es la seule personne qu’il me reste qu’il l’ait vraiment connu. »

Elle le regardait fixement. De ses yeux, qui restaient tristes malgré le sourire sur son visage. Cachait-elle sa peine au fond d’elle-même ? Ulrich aurait aimé pouvoir l’aider mais il avait du mal à lui même se remettre du choc, alors qu’il était censé être un adulte. Au moins, peut-être que lui parler de Odd leur changerait les esprits à tous les deux.

« C’était… C’était un sacré phénomène ! Pour ceux qui le connaissait pas, c’était un abruti. Peu de gens savaient que derrière ce masque de rigolade se trouvait un homme admirable. »

Mélissa hocha la tête en écoutant.

«Je ne le voyais pas souvent, mais chaque fois qu’on passait du temps ensemble, il me faisait tout le temps rire. Même quand j’étais triste, il y arrivait. Vers la fin, je le trouvais lourd quand même.” dit-elle avec une tristesse mélangée avec de l’amusement. “Dis moi, pourquoi s’est-il suicidé ? S’il était aussi brave, pourquoi…Pourquoi est-ce qu’il m’a laissé seule ? »

L’homme avait redouté cette question, mais il ne pouvait pas l’éviter. En regardant la jeune fille droit dans les yeux, il pouvait voir le reflet de son vieil ami. Et ce reflet était accompagné de dizaine, voir de centaines de souvenirs, souvent sans importance mais qu’il avait placé au plus profond de lui. L’été où Odd avait eu son BAC et lui non. L’indignation de savoir que c’était le plus fainéant des deux qui avait réussit. Alors il décida de mentir :  

« Il était au bout du rouleau et a fait ce qui lui a semblé juste. »

La petite blonde se leva d’un bond et tendit la main vers son interlocuteur :

« Ce fut un plaisir de te parler Ulrich. Je doute que ça puisse se reproduire avant très longtemps, mais ensemble nous parviendrons à rétablir la justice. Pour Jérémie et Aelita et pour mon père. »

Rétablir la justice… Oui ! Après tout, rien n’était perdu ! Il n’était pas tout seul. Avec elle affrontant l’ennemi de l’intérieur, et lui recherchant Alpha : ils allaient surmonter tout ça ! Et puis peut-être allaient ils même trouver des alliés en chemin. Une flamme se ralluma au fond de lui. La rage de venger ses amis réapparu. L’envie d’offrir un destin digne de ce nom à cette petite revenait. N’était-il pas son parrain après tout ? N’était-ce pas son rôle ?

« Pour Odd.»dit-il en lui serrant la main.

Et elle était de retour. Ces quelques années avaient changé l’adolescente farouche en magnifique jeune femme. Elle n’était pas plus belle que la norme et son physique n’avait rien qui sortait de l’ordinaire. Ses vêtements d’un air affreusement sobre lui aurait donné un air sérieux si elle n’avait pas eu ce sourire. Ce fameux sourire d’où venait sa beauté. C’était un sourire enfantin et sincère, malgré l’enfance qu’elle avait vécu. N’importe qui laisserait son passé l’envahir d’une manière nocive, mais Mélissa n’était pas n’importe qui. Le chemin arpenté qu’elle avait dû emprunter tout au long de sa vie, elle en avait fait une force d’optimisme. Encore une fois, Ulrich se dit qu’il avait beaucoup à apprendre d’elle.

« Je t’ai fait des courses. » fit-elle en retournant déballer ses achats.

Elle lui servit un verre avant de le lui tendre.

« Tu m’as acheté du jus d’orange. » constata Ulrich, entre la surprise et l’amusement.

« Mais non, c’est du jus d’abricot. C’est très bon tu vas voir. »

Il le bu d’une traite avant de rendre son verdict en grimaçant :

« Dégueulasse. »

« Tu as grossis. Tu dois pas avoir une alimentation équilibré. » continua t-elle en ignorant son commentaire. « J’ai pris du pain complet et de la confiture de mirabelle. »

« Dis moi... »

« ... moi. »

Et elle éclata de rire. C’était mignon comme rire. Elle était mignonne en général de toute façon. Mais… il valait mieux éviter de penser à ça. Elle n’avait qu’une vingtaine d’année et lui, beaucoup plus. Et il l’avait vu bébé, c’était un peu malsain de la regarder de cette manière.

« Désolée, j’ai dû jouer les gros bras ces derniers jours, j’ai besoin de décompresser ! »

« Et c’est pour ça que tu m’as acheté ces… trucs ? » dit l’homme en désignant la nourriture et le jus de fruit sur la table.

« Tu pourrais être reconnaissant ! »

« Bref. Pourquoi es-tu revenue ? »

Elle prit soudainement un air sérieux. Une certaine détermination pouvait se lire sur son visage.

« Mon patron a appris que quelqu’un avait réussit à se rendre au laboratoire. Alors qu’il est désormais inaccessible. Enfin, normalement inaccessible. J’ai de suite compris que c’était toi. Je me suis dit que de ton côté tu étais prêt. »

« Ahem… c’est un peu plus compliqué que ça... »

« J’ai vu que tu as retrouvé les enfants des Belpois. Enfin… je suppose que ce sont eux. J’ai un peu enquêté, sous la couverture de ZETA. Cette petite Ambre, par exemple, a été assez difficile à retrouver. Elle n’existe nul part, mais cependant il existe une Ambre Belpois, supposée disparue.»

Ulrich avala sa salive. Il était entièrement responsable de la situation particulière de la jeune adolescente. C’était lui qui l’avait confié à Élisabeth Delmas, dans un élan désespéré.

« Ouais mais... »

« Tu as aussi dû retrouver Alpha. Où était cette fameuse sauvegarde du coup ? »

A ce moment là, Ulrich hésita. Devait-il lui dire qu’il n’y était pour rien ? Qu’il avait pendant longtemps cherché dans toutes les archives de Jérémie, et qu’il n’avait jamais retrouvé la moindre trace de ses travaux où de son invention ? Que c’était cette dernière qui était revenu vers lui, et qu’il ne savait toujours pas comment c’était possible ? Que c’était aussi cette dernière qui avait conduit Antoine et ses amis à l’usine, et qu’il n’avait absolument aucune idée de pourquoi elle faisait ça ?

Non. Elle n’ avait pas besoin de savoir qu’il avait passé ses quelques dernières années à errer sans but dans les bars, qu’il avait depuis longtemps abandonné tout espoir et que ça avait été une immense surprise pour lui aussi d’apprendre que des gamins avaient découvert Lyoko.

« Enfin bref, ce n’est pas important. L’important, c’est que tu as décidé de passer à l’action, Ulrich, et que moi aussi. »

« Comment ça ? » demanda t-il simplement.

« Au cours de ces dernières années, j’ai fait ce que j’avais dit : je suis montée en grade dans ZETA, encore et encore jusqu’à en atteindre le dirigeant pour devenir son bras droit. Il me fait confiance. Enfin, je pense qu’il me fait confiance, et c’est suffisant. »

« Oh. Bien. »

Il se sentit coupable tout à coup. Elle n’avait pas chaumé du tout de son côté, alors que lui n’avait absolument rien fait.

« Tu as prévenu Camille ? »

« Euh… non. »

« Bon. Je ne sais même pas s’il est encore vivant, et si c’est le cas, je ne sais pas non plus comment le contacter. On se débrouillera sans lui. »

Elle allait trop vite. L’homme avait dû mal à la suivre. Tout ce qu’il se disait, alors qu’il faisait semblant d’écouter et de comprendre, c’était qu’en fait elle était vraiment devenue sacrément mignonne. Quand il se rendit compte qu’elle avait arrêter de parler et attendait probablement une réponse, il s’empressa de demander :

« Et… qu’est-ce qu’on va faire ? »

« Ça me semble évident. On va continuer de le contrer sur Lyoko, encore et encore grâce à ces adolescents. Si vous avez réussit à arrêter l’attaque de XANA hier, c’est qu’au moins l’un d’eux doit avoir les clés de Lyoko.»

« Mais… attends un peu !»

« Quoi ? »

Il avait mal au crâne, la conversation lui échappait et même dans son état normal, il doutait pouvoir exactement comprendre ce qu’elle racontait. Cependant, un détail le gênait.

« Si tu es son bras droit maintenant, pourquoi tu le tues pas simplement ? T’as dû avoir tout pleins d’opportunités... »

Elle éclata de rire et lui resservit un verre de jus de fruit.

« J’aurais peut-être plutôt dû te faire un café ! »

« Réponds moi. »

« Je pensais que tu le savais, et que c’était pour ça que tu t’étais crée ta petite équipe d’Ulrich-guerriers. »

Elle le regardait d’un air amusé. Il devait avoir l’air pathétique. Mélissa avait probablement comprit qu’il ne pigeait rien à la situation dans laquelle il était, qu’il n’avait que subit et réagit sans réfléchir.

« Ce n’est pas le directeur notre cible principale. C’est celui qui l’a mit dans cette position. »

Et soudainement, Ulrich se rappela. Un mot, simple mot refit un bond dans sa mémoire, coupant son chemin à travers ses souvenirs, aussi tranchant qu’un couteau.

« Hannibal. » déclara simplement Ulrich.

« Hannibal. » confirma Mélissa.

Ce nom fit frissonner l’ivrogne. Il ne l’avait entendu qu’une seule fois, de la bouche de Camille. L’ancien directeur de ZETA, qui avait pourtant beaucoup de bouteille et semblait tout connaître à la vie avait eut l’air effrayé, rien qu’en le prononçant. Ulrich ne pouvait pas oublier cet air de terreur qui s’était dessiné sur le visage du vieil homme.

« C’est lui notre vrai adversaire. Si on bloque l’autre encore et encore sur Lyoko, il va demander de l’aide. Ça le forcera à sortir de l’ombre, et là on frappera. »

Globalement, le plan de Mélissa était semblable au sien. Enfin, celui qu’il avait réussit à imaginer quand il était sobre. Utiliser ces gamins pour désactiver les tours et forcer leur adversaire à utiliser les « grands moyens ». Sauf qu’avec elle, tout prenait forme. Alpha devait avoir globalement le même but, même s’il ne pouvait pas faire confiance à un ordinateur. Après tout, XANA aussi était une intelligence artificielle. Un brin de culpabilité surgit dans sa tête quand il songea à utiliser de pauvres gamins innocents et à les mettre dans des situations plus que périlleuses. Ce sentiment disparut dès que le visage d’Antoine lui revint en tête. Après tout, ce n’était pas lui qui les avait emmené là dedans. Ils s’étaient foutus dans la merde tous seuls. Dans un sens, il allait les aider, tandis qu’eux allaient l’aider inconsciemment. Une relation équitable, dans un sens.

« Je te préviens par contre. Ces ados sont plutôt durs à gérer. »

Surtout Antoine. Et à cause de cette tête de cochon d’Alpha, on va être obligé de se le coltiner, voulut rajouter Ulrich. Évidement, Ambre pouvait faire l’affaire, mais vu l’état dans lequel elle avait quitté l’usine, il doutait qu’elle soit un choix plus judicieux. Celui qui aurait été parfait, c’était Melvin. Un peu con, posait pas trop de questions : exactement ce qui lui fallait. Mais encore une fois, Alpha refusait de coopérer…

« Mon pauvre Ulrich, en même temps t’es un vieux ! Avec moi, ça devrait beaucoup mieux passer ? »

« Tu crois ? » demanda t-il, peu convaincu. Il ne la voyait pas vraiment s’entendre avec Belpois fils, ni même avec Belpois fille.

« En plus, je peux m’introduire dans leur lycée quand je veux ! Encore un avantage de ma position ! »

Dans un sens, il était vrai qu’elle était plutôt jeune. Tout juste la vingtaine. Elle pourrait peut-être réussir à tisser des liens avec eux. C’était décidé, il allait lui laisser le relationnel. Et cette fois, c’était définitif. Avec elle, il était persuadé que tout était possible. Qu’ils allaient rétablir la justice. Et même que tout redeviendrais… normal. Que sa vie aurait à nouveau un sens. Dans ses fantaisies les plus honteuses, il se voyait même avec elle. Après tout, il n’était pas si vieux que ça. C’était possible. Tout était possible.

Tout était possible. Il sourit à cette pensée. Il sourit en la voyant sourire. Tout allait s’arranger, car désormais, il en était persuadé : tout était possible !

Comme il se trompait. 

 

 

 

 

 

 

 

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