Code Alpha 1.0 : 25 ans plus tard

Chapitre 9 : Chapitre 8 - L'impossible contre l'irréel

3515 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:39

Chapitre Huit - L'impossible contre l'irréel

Ombre

Ton rire. Un rire qui autrefois était agréable. C'était même mon objectif: réussir à l'entendre, ne serait-ce qu'une seule fois par jour. J'étais là pour toi, rien que pour toi. Je luttais pour te voir sourire. Pour que tu sois heureuse.

Tu n'as plus besoin de moi ? Tu penses que tes "amis" que tu ne connais que de depuis quelques jours vont suffire à faire de toi une adolescente normale ? A te rendre indépendante ? La vérité, Ambre, c'est que tu ne seras jamais ni une adolescente normale, ni indépendante. Oh, bravo, tu as réussi à terrasser Steve toute seule. Tu veux une médaille peut-être ?

Tu m'as chassé. Dans un sens, c'était compréhensible, avec ce que j'avais fait. Sauf que ce que tu ignorais, Ambre, c'est que tu ne pouvais pas me débarrasser de moi. J'étais là le jour de ta naissance, j'ai fait mes premiers pas avec toi, j'ai pleuré avec toi, j'ai ris avec toi.

J'ai dû prendre sur moi, accepter de te guetter dans les ténèbres. Une Ombre parmi les ombres, attendant que le moment vienne. Car je savais que le moment viendrais. Tu es faible, tu as toujours été faible. Être obligé de t'observer profiter de ton bonheur éphémère n'a pas été tâche aisée, mais je savais que la situation finirait pas changer. Et je n'avais pas été déçue ! Encore une fois, dans l'adversité, tu t'es montrée incapable de te débrouiller toute seule, petite Ambre.

La vérité, Ambre, c'est que tu ne peux pas te passer de moi.

Mais moi, je peux me passer de toi.

J'ouvrais les yeux. J'avais eu tellement peur de disparaître... à jamais. Mais j'étais finalement de retour ! J'avais le contrôle, quel sentiment divin ! Même la douleur que je ressentais parcourir ce corps dont j'avais rêvé était une sensation agréable. Souffrir, c'était prouver qu'on existe. En face de moi, mon adversaire me regardait, et malgré son absence d'expression faciale, je pouvais deviner qu'il était surpris de voir cet élan de vitalité gagner la personne frêle et fragile qu'il pensait avoir mit hors-jeu. Mon pauvre Melvin, si c'était bien toi. Tu ignorais que tu n'avais plus à faire à la petite fille innocente et incapable de faire du mal à une mouche. Désormais, c'était moi que tu affrontais. Ombre, celle qui avait la rage de vivre !

Il n'attendit pas une seconde de plus, et tenta de me frapper avec ses éclairs comme il l'avait fait avec Ambre. Contrairement à elle, je savais à quoi m'attendre, et même si ma présence dans notre corps lui donnait un nouveau souffle de vie, je doutais pouvoir endurer une autre de ces attaques. Je roulais rapidement sur la droite, évitant la foudre violette, et me relevant par la même occasion. Melvin ne se laissa pas abattre et recommença à me viser. Si je ne passais mon temps qu'à éviter ses coups, je n'allais pas faire long feu ! Après tout, ne disait-on pas que la meilleure défense, c'était l'attaque ?

Tout en continuant à courir pour sauver ma peau, je ramassais une brique au passage et lui la lançais un en pleine figure, y mettant toute ma force. Je n'allais pas laisser ce monstre gâchait une de mes meilleures opportunités de refaire surface ! Contre toute attente, il la rattrapa au vol. Un étrange sourire se dessina sur son visage. D'accord, ce gars là n'était définitivement pas humain !

Avant que je n'ai eu le temps de réagir, il relança la brique dans ma direction. J'avais beau être rapide, ce n'était pas suffisant, je me bris l'objet dans le bras gauche. Une nouvelle douleur, mais je ne pus pas dire que celle là fut agréable. L'euphorie de mon retour avait disparut, et je rangeai rapidement cette sensation dans la catégorie désagréable. Mon bras était sans doute cassé, je n'arrivais plus à le bouger sans devoir en payer un prix physique qui n'était pas pour le moment surmontable... Lorsque je vis qu'il comptait relancer des éclairs, je me mis à courir derrière un pilier. Ce combat était plus rude que prévu... Mais ça ne pouvait pas se terminer, pas maintenant ! Alors que j'avais enfin pu revenir, que Ambre m'avait d'elle-même laissé prendre la tête.... Non, ça ne pouvait pas se terminer !

"Ombre..." fit une petite voix à mes côtés.

C'était elle, évidemment, qui d'autre ?

"Tu... Tu crois qu'on va s'en sortir ?"

"Honnêtement ? Je n'en sais rien." lui répondis-je, en essayant d'essuyer le sang sur mon bras.

"Je... Je suis désolée pour l'autre soir."

J'avais envie de la regarder, de lui dire à quel point je la haïssais, que j'avais rêvé de la réduire à néant, de la chasser comme elle m'avait chassée. De la briser, de la voir disparaître. Mais quel était l'intérêt ? Ambre, malgré sa faiblesse psychologique, était la plus forte mentalement. Elle me l'avait prouvé l'autre jour sous la douche, et si on s'en sortait, elle reprendrait sans doute notre corps. Ce n'était pas par la manière brutale que je gagnerais cette bataille là.

"Ce n'est pas grave." fis-je simplement, en essayant de lui sourire.

Elle me tendit la main, implorante. Si c'était bien la fin... Après tout... Je l'attrapais.

"Allons-y, ensemble cette fois."

Il n'y avait aucun moyen de s'échapper. Aucune sortie. Pour une fois, pour la première fois, je me mettais à douter. Merde quoi... C'était tellement idiot d'en finir maintenant... J'avais attendu ce moment pendant si longtemps, j'avais enduré tant de choses, seule et invisible...

Un bruit sourd retentit soudainement. Un coup de feu. Je passais la tête hors de ma cachette. Jean était arrivé, un revolver à la main. Il avait tiré en l'air pour attirer l'attention de Melvin. Ce dernier s'était retourné pour faire face au nouveau venu.

"Je suis là Ambre ! "

Le rouquin commença à s'avancer vers lui.

"Bouge pas !" hurla Jean en pointant son arme dans la direction du rouquin. "J'hésiterai pas à tirer !"

Mais qu'attendait t-il ? Face à cet être inhumain, il n'y avait pas le temps de parlementer ! Melvin continua d'avancer, et Jean ne tira pas. Ou peut-être qu'il comptait le faire, mais il n'eut pas le temps. Les éclairs furent plus rapide.

Ulrich

Le blondinet marchait derrière le vieux guerrier qui le guidait à travers l'usine, mal à l'aise. C'était ce gamin qui lui faisait froid dans le dos. Quand il avait commencé à parler au groupe d'adolescents, il était persuadé que ça allait être simple, qu'ils allaient descendre au scanner et que l'attaque allait être rapidement réglée. Et honnêtement, ça aurait pu marcher, si Antoine Belpois n'avait pas posé autant de questions et n'avait pas mis tant d'ardeur à le discréditer.

Et alors qu'Alpha lui avait promis que ça allait être « simple », la situation était rapidement devenue critique. Sur trois lyoko-guerriers potentiels, il n'en avait plus qu'un. Les deux autres courraient désormais un danger mortel, dont il doutait sérieusement de leur chance d'en réchapper. Certes, lui même dans sa jeunesse avait dû surmonter des obstacles assez similaire mais... Mais les jeunes d'aujourd'hui n'avait plus rien à voir avec ceux de son époque. Et puis vers la fin, Ulrich avait possédé une certaine expérience, alors que les deux ados n'avaient sans doute jamais rien vécu d'aussi difficile et dangereux. Sans s'en rendre compte, il était devenu comme les adultes qu'il méprisait autrefois, à sans cesse sous-estimer la jeunesse.

Et alors que le stress et les interrogations s'accumulaient dans sa tête, Antoine s'exclama soudainement :

« Je comprends que nous soyons dans l'urgence, mais quand tout ça sera réglé, j'aurais pas mal de questions à vous poser. »

L'adulte soupira. Qu'est-ce que ce petit con là l'agaçait... Il aurait bien aimé lui donner une grosse baffe pour lui apprendre sa place, mais vu le mal qu'il avait eu pour gagner un semblant de confiance, ça n'arrangerait sans doute rien. Il se força à sourire et répondit :

« Et ben je me ferais un plaisir de te répondre, hein. » fit-il sur un ton peu convainquant.

Ils arrivèrent devant les scanners. Ulrich se retourna vers le blondinet et le jaugea du regard. Désactiver une tour à tous les deux n'allait pas être tâche aisée... Pourquoi n'était-ce pas l'autre garçon qui était venu ? Antoine était semblable à son père, et ferait mieux de rester dans le laboratoire en retrait. Bon, fallait bien faire avec !

« Toi et moi, on va aller sur Lyoko. Des monstres vont tenter de nous bloquer le chemin jusqu'à la tour. Je me charge d'eux, toi tu fonces ! »

« Et une fois que je suis à la tour, qu'est-ce que je suis censé faire ? »

« Euh... Ce sera instinctif. »

L'ado hocha la tête, toujours avec un sourire rempli d'arrogance.

« J'aurais définitivement beaucoup de question. »

Et il ricana. Les deux individus rentrèrent chacun dans un scanner. Les portes se refermèrent derrière eux. Alpha allait lancer la virtualisation. C'était un sentiment étrange de revenir ici. Comme si cette dernière décennie n'était jamais arrivée. Comme si l'ancien guerrier était toujours avec son groupe d'ami, en train de combattre XANA. Mais si l'adversaire n'avait pas vraiment changé, tout le reste était différent.

Ils furent virtualisé dans le territoire de la montagne. La vague de nostalgie s'accentua. Ulrich s'attendit presque à voir Odd ou Yumi à côté de lui. Sauf que... non. Ce n'était qu'Antoine, semblable à un schtroumpf avec une épée. La tour, entourée d'un halo rouge était juste devant eux. L'intelligence artificielle était plus précise que feu son créateur. Bon... il n'y avait plus qu'à escorter l'ado là-bas, et ça serait fini. Aussi simple que ça...

Sauf que le comité d'accueil était déjà là. Et XANA, même s'il n'était plus qu'un fragment de ce qu'il avait été, n'avait pas fait les choses à moitié...

« J'espère que tu sais ce que tu fais Alpha... » murmura Ulrich.

Ombre

Jean fut propulsé à terre, lâchant son arme au passage. Une grimace de douleur déformait son visage. La créature au visage de Melvin se tenait au centre, entre le pistolet et moi. Pour l'instant, son attention était rivée sur sa nouvelle victime. Si je ne faisais rien, nous allions tous les deux mourir... Enfin... tous les trois, si je comptais l'autre. Je ramassais une nouvelle arme improvisée : une autre brique. Ça n'avait pas marché la première fois, mais peut-être que cette fois...

Je la lançais à nouveau, mais cette fois, elle atteint son objectif, frappant Melvin dans le dos. Il se pencha en avant dans un grognement et se releva lentement en me regardant avec ses yeux haineux. N'y avait-il aucun moyen de s'échapper de ce cauchemar ?! Bon, au moins j'avais appris qu'il n'était pas invincible ! Je pouvais apercevoir Jean qui se relevait, il fallait que j'arrive à retenir notre adversaire le temps qu'il puisse reprendre ses esprits et son pistolet !

« Eh Melvin ! C'est par ici que ça se passe ! » criai-je pour que ce dernier ne regarde que moi.

Je me remettais soudainement à courir, mais cette fois dans la direction du rouquin, évitant ses éclairs de justesse. Pour répondre à une situation critique, il fallait réagir de manière critique !

Ulrich

Six bloks fonçaient sur les deux lyoko-guerriers. Ulrich dégaina ses katanas. Même si dans la réalité, il avait vieilli, son avatar était resté exactement le même. Il avait vite reprit la main. Il attaqua un des monstres et l'acheva immédiatement. A côté de lui, Antoine avait aussi sorti son épée et avait défié une des créatures qu'il affrontait. Il se débrouillait... étonnement bien, ce qui était plutôt surprenant. A le regarder, on aurait plutôt dit le contraire.

« Où est-ce que tu as appris à te battre comme ça ? » lui lança Ulrich.

Le blondinet désormais bleuté l'ignora totalement, et se téléporta derrière un de ses adversaires. Il maîtrisait déjà les pouvoirs de son avatar !

« C'est presque jouissif... » murmura Antoine.

Ombre

L'attaque rata. Melvin était plus rapide. Beaucoup trop rapide. Qu'espérais-je, avec mon bras cassé ? Encore un coup. Encore une douleur. Je sentais mes forces diminuer.

C'était pas juste. C'était tellement pas juste... 

Ulrich

« Arrête de prendre ton temps, et fonce à la tour ! » hurla Ulrich.

Ça se passait bien. Tellement bien qu'il pouvait gérer les monstres tout seul, Antoine pouvait facilement se faufiler jusqu'à leur objectif. Cependant, ce dernier s'amusait à se téléporter tout autour d'un blok pour le faire tirer dans tous les sens, et semblait ne même pas écouter le samouraï.

Il se croyait vraiment dans un jeu, et ne prenait pas du tout cette affaire au sérieux. Ne réalisait-il pas que ses amis allaient probablement mourir s'il ne se dépêchait pas ? En y pensant, Ulrich doutait que les deux ados aient pu survivre jusque là... Ce qui était encore pire. Cela signifiait que plus rien n'empêchait XANA d'atteindre le laboratoire, et une fois là-haut...

« Mais grouille toi ! »

Ombre

A terre, à nouveau. Trop fatiguée pour me relever. Trop fatiguée pour me défendre. Je ne suis même pas triste. Ces sentiments, même si ce sont les derniers que j'aurais, sont précieux. Ils m'ont prouvé une chose. Une chose essentielle : je suis réelle. Je ne suis pas une simple fantaisie d'Ambre. J'ai des idées qu'elle n'a jamais eu, des réflexions qui ne proviennent pas d'elle. C'est un peu dommage de m'en rendre compte uniquement maintenant. Sous la douche, je n'aurais pas pu gagner, parce que je n'y croyais pas. Au fond de moi, j'étais déjà persuadé de la futilité de ma pseudo-révolte. Parce que je pensais qu'Ambre avait raison, que je n'étais qu'une amie imaginaire, qui se battait contre la fatalité. Mais maintenant, ça aurait été différent.

Melvin me laissa. De toute façon, cette fois, j'étais vraiment au tapis. Il se retourna vers Jean, qui n'osait toujours pas tirer.

Ulrich

Finalement, Antoine se désintéressa enfin des monstres. Ulrich chargea sur eux, tout en faisant attention à ce que le blondinet puisse se rendre à la tour sans danger. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit que l'adolescent marchait tranquillement !

« Il ne se rend pas compte de la situation... » bredouilla l'homme.

Il en fut tellement consterné qu'il n'eut pas le temps de parer les attaques des monstres, et se fit immédiatement dévirtualisé. De nouveau dans la salle des scanners, il frappa contre le mur, laissant éclater sa rage. Tout était désormais entre les mains de ce petit con !

Ombre

Impuissante, j'observais cette... chose se rapprocher de Jean. Ce dernier tremblait. Il n'avait plus rien du « beau gosse » qui draguait Ambre, c'était devenu un petit garçon apeuré. Il tira une fois, mais manqua sa cible alors qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui. Melvin bondit sur lui et lui arracha le pistolet des mains avec une facilité déconcertante. Jean était en larmes. Il se laissa tomber à genoux devant le rouquin.

« Je... Je suis désolé Ambre. Franchement... Franchement désolé. Je pouvais pas...»

« Ce n'est pas grave. » lui répondis-je faiblement.

Le rouquin posa sa main sur la tête du jeune homme. Allait-il l'électrocuter ? J'essayais de me relever, mais rien à faire. Toute ma vie, je n'avais été qu'une observatrice, pourquoi est-ce que ça changerait maintenant ? Je gardais les yeux ouvert cependant. Je n'allais pas être lâche. J'allais regarder la mort en face.

Et puis... rien. Melvin ne fit rien. Même Jean rouvrit les yeux. Les secondes s'écoulaient, sans que quoique ce soit se passe. L'adolescent possédé fini par s'effondrer. Le chevalier servant d'Ambre se releva immédiatement et courut vers moi, sans même vérifier si nous étions en sécurité désormais.

« Ambre... Ambre, tu vas bien ? »

J'allais répondre. C'était mon droit, mon privilège de répondre, après tout ce que je venais de vivre. Mais la vie est injuste, n'est-ce pas ? Le combat était terminé, et le danger avait disparu d'une manière inconnue. Plus aucune raison pour qu'Ombre reste là. Après tout, il s'inquiétait pour Ambre, pas pour moi.

Je fus expulsée de mon corps. L'autre avait repris le contrôle, et Jean la serra dans ses bras.

« Jean... j'ai eu tellement peur ! » fondit Ambre.

Et ils restèrent là, tous les deux à pleurer, tandis que je les observais, bouillonnante de colère. 

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