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Chapitre 7 : Chapitre 6 - Miss Marple rentre en scène
4981 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 08/11/2016 22:36
Chapitre Six - Miss Marple rentre en scène
*???*
Nicolas Poliakoff, directeur adjoint du célèbre ensemble scolaire privé Kadic, réputé pour remettre le moindre enfant délinquant dans le "droit chemin", était songeur. Plusieurs choses lui avait échappé. Déjà, comment avait-il pu pendant autant d'années négliger la présence du fils de Jérémie dans son établissement ? Bon, comme justification, il se disait qu'il avait quand même beaucoup d'élèves à gérer et que Belpois était assez courant comme nom. Il avait dû en avoir deux ou trois depuis qu'il avait eu son poste. Bref, ce n'était pas de sa faute.
Pourtant, l'ambiance était devenue pesante depuis peu. Le Directeur avait annoncé par message que son assistante personnelle allait bientôt arriver pour aider à remettre de "l'ordre" à Kadic.
"Mais il y a déjà de l'ordre..." soupira t-il. Mais bon, il ne pouvait pas refuser les instructions de celui qui l'avait installé sur ce fauteuil confortable. C'était étrange tout de même. Les rares fois où ils avaient communiquer, c'était par la voie orale, et tout à coup il lui envoyait des ordres par email. Il avait dû être trop pressé pour lui téléphoner, c'était un homme chargé après tout
Quelqu'un toqua à sa porte. Il n'eut pas le temps de dire "entrez" que la porte s'ouvrit déjà. Son sanctuaire qu'il avait mis temps de temps à bâtir. Le lieu craint par tous les ados et tous les membres du staffs de l'établissement, violé en quelques instants. Par une jeune blonde en plus. Elle devait être tout juste majeure. Cependant, sa veste longue noire lui donnait un air sérieux et strict. En la voyant, Nicolas ressentit ce qu'il espérait que les élèves ressentaient en le voyant.
"Bonjour, puis-je vous..." commença t-il.
"Bonjour. Vous devez savoir qui je suis, et qui je représente." le coupa t-elle séchement.
Malgré sa jeunesse, elle n'était décidément pas très commode... En restant sur ses gardes, il lui tendit la main en s'exclamant :
"Nicolas Poliakoff, à votre service."
Elle la contempla quelques instants et déclara froidement :
"Mélissa Marple."
Marple ? Ce n'était pas le nom de l'héroïne dans une série de roman d'Agatha Christie ? Se pouvait-il que ce soit un faux nom ? Son esprit réfléchissait déjà à un grand nombre de théories plus invraisemblable les unes que les autres. Le Directeur baignait dans des affaires louches, il en était conscient, mais tant que ça ne concernait pas Kadic, il ne tenait pas à en savoir plus. Le problème était qu'avec la venue de cette mademoiselle Marple, ça n'allait plus être le cas. La liberté dont il avait pu profiter jusque là allait s'évaporer, et à présent il allait devoir rendre des comptes. A une gamine en plus...
"Je vais être directe, je suis ici pour des raisons qui ne regardent que ZETA, et je n'ai aucune intention à vous en dire plus."
ZETA ? Pourquoi ce nom lui était familier ? N'était-ce pas l'une des nombreuses organisations dirigées par le Directeur ? Sans doute la plus secrète en tout cas, si bien que s'il était persuadé d'avoir déjà entendu les quatre lettres ensembles, il n'avait aucune idée de leur signification.
"Et je vous conseille vivement de ne pas à en cherche à en savoir plus." rajouta t-elle en le fixant directement dans les yeux.
Nicolas eut un frisson et se mit à penser qu'il n'avait jamais demandé à en savoir plus, ni à ce que "ZETA" vienne dans sa vie. La jeune femme lui tendit quelques feuilles.
"Mes papiers pour l'administration."
"Pour l'administration... ? Comment ça ?"
"J'occuperai dorénavant le poste de CPE. Et je resterai ici quelques temps.
Le directeur adjoint laissa tomber sa bouche grande ouverte. Mais pourquoi venait-elle dans son établissement ?
"Ne cherchez pas à comprendre, je vous l'ai déjà dit. Je ne vous dérangerais pas, mais j'aurais parfois besoin de votre aide. Et dans les cas là, je vous demanderai votre complète coopération."
"Mais... mais vous l'avez !" dit-il, pendant que des gouttes de sueurs perlaient de son front.
A ses mots, Mélissa Marple se mit tout de suite plus à son aise. Elle croisa les jambes et eut l'air beaucoup plus décontractée. Elle avait toujours un air aussi sévère et... effrayant.
"Très bien. Commençons dès maintenant ! Dites-moi tout ce que vous savez au sujet d'Ambre Delmas."
"Ambre Delmas ?"
Il eut un frisson. Il se rappela de l'appel téléphonique de Sissi quelques jours auparavant, de la voix qui n'avait plus rien à voir avec celle de la jeune fille qu'il avait connu et de son étrange demande d'accepter à Kadic sa fille dont il n'avait jamais entendu parler.
"C'est la fille d'Elizabeth Delmas."
Il y eut un grand silence. Il comprit subitement qu'elle attendait qu'il continue. N'ayant plus rien à dire, il chercha quelque chose dans sa tête à bredouiller, en vain. Il dû se résoudre à affronter le regard sévère de la jeune femme.
"On m'avait prévenu de votre incompétence; après tout vous avez mis un temps étrangement long pour signaler la présence de Belpois ici, mais j'étais assez gentille pour vous donner le bénéfice du doute. Je n'aurais pas dû il semblerait. Elizabeth Delmas n'a jamais eu de fille."
Elle se leva d'un bon, et lui parla avec un dédain tel que le pauvre directeur adjoint eut l'horrible impression de n'être qu'un simple insecte qu'elle s'apprêtait d'écraser avec sa chaussure.
"De toute évidence, il n'y a rien que je ne pourrais apprendre d'utile ici. Ne vous en faites pas, je reste dans le coin." fit elle en quittant la pièce.
Elle claqua la porte, laissant le pauvre homme seul dans son incompréhension et dans son angoisse qui n'allait pas le quitter de si tôt. Bon, au final cette entrevue n'avait servi à rien. Mélissa avait eu espoir de gagner ne serait-ce que des bribes d'information sur Ambre... Après tout, elle savait déjà tout ce qu'il y avait à savoir sur Jean et sur cet Antoine qui inquiétait son patron (même si ça aussi, elle ne le comprenait pas vraiment). Mais cette jeune fille... Il n'y avait aucune trace d'elle, peu importe où elle cherchait. C'était comme ci elle n'existait pas. Ce qui n'était pas possible.
Mince, elle était si proche de son but, et voilà qu'elle était à nouveau bloqué. Une seule solution s'offrait à elle : se rendre dans cette mystérieuse usine pour découvrir ce qui s'y cachait.
*Melvin*
Melvin, d'humeur maussade, marchait sur le chemin du lycée Kadic. La veille au soir, il avait attendu toute la soirée qu'Antoine se connecte sur son ordinateur pour qu'ils puissent jouer ensemble et finir le donjon. Et son ami intello n'était pas venu. C'était la première fois qu'il ne venait pas, mais le rouquin avait déjà vécu ce genre de situation : il savait ce que ça annonçait.
Depuis le début du collège, il n'avait toujours été qu'un ami de substitution. Celui avec qui on acceptait de traîner quand personne d'autre n'était disponible. Mais tôt ou tard, tout le monde s'en allait. Qui voudrait rester avec lui après tout ? Physiquement repoussant, mentalement inintéressant... Pourtant, il avait eu espoir avec Antoine. Il avait cru s'être fait un ami. Un vrai. Le blondinet avait beau être d'une arrogance sans limites, il était sympa au fond, connaissait de bonne astuces dans beaucoup de jeu et pouvait craquer n'importe quel logiciel, ce qui était vraiment pratique.
Ce n'était pas la première fois que Melvin se faisait un "camarade de misère". Et cette fois là, il croyait que c'était pour de bon. Mais bon. Une fois de plus, la roue avait tourné. Sans lui.
"Eh gros lard." fit une voix qui lui glaça le sang.
Lentement, "Ron" se retourna pour faire face au redoutable Steve et à deux de ses compères. Le rouquin ne lui avait jamais parlé, mais tout le monde le connaissait, ne serait-ce que par réputation. C'était la terreur du lycée. Le Al Capone de Kadic, celui qu'ils essayaient depuis toujours de faire renvoyer mais n'avait jamais réussit, faute de le prendre sur le fait. Enfin... jusqu'à hier. La rumeur s'était glissé dans toutes les oreilles : le grand Steve était définitivement exclu. Et ça, grâce à une nouvelle.
Mais s'il n'était plus élève à Kadic, se demanda Melvin, que faisait-il là ?
"B-bonjour les gars... C-comment v-vous allez ?" bégaya l'adolescent.
"Mais très bien. Dis moi, ton petit ami Antoine là... Il est ami avec Jean et Ambre, pas vrai ? Je les ai vu ensemble avant-hier."
Antoine ?! Avec Jean et Ambre ? C'était la douche froide, il l'avait bel et bien abandonné pour d'autres... Mais il n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort maintenant, car il avait d'autres problèmes bien plus importants. Les rumeurs qui couraient sur Steve étaient vraiment pas jolies à entendre... Et ceux qui le contrariait le payer très cher ! Dans quoi est-ce qu'Antoine avait bien pu se fourrer ? Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avait entrainé Melvin avec lui, alors que ce dernier n'avait rien fait ! Il avait toujours prit soin d'éviter la brute épaisse, allant parfois jusqu'à faire des détours entiers dans Kadic pour ne pas le croiser. Comme tous les adolescents de son genre, Steve aimait bien s'en prendre à tout ce qui était déjà fragile, et les gros ça le faisait bien rire.
"J'crois qu'il t'as posé une question l'porcinet." fit un des acolytes de Steve en attrapant leur victime par les cheveux.
"Laisse moi faire." ordonna le chef de gang d'une voix délicieuse. Il sortit un canif de sa poche et le pointa vers le ventre de Melvin. "Alors maintenant mon coco, tu vas rapidement me dire où sont tous ces fils de putes, sinon je t'égorge comme le cochon que tu es."
Le rouquin tremblait. Il n'avait aucune idée de où pouvait bien se trouver Antoine et les autres... Mais s'il leur répondait ça, n'importe quoi pouvait arriver ! C'était surréaliste de se dire qu'aussi près d'un établissement scolaire, ce genre d'agression pouvait avoir lieu... Et pourtant il n'y avait personne aux environs. Il se mit à pleurer à chaudes larmes, à trembler de tout son long. Immédiatement, Steve le gifla avec violence.
"Bon ben on va utiliser la méthode brutale, mon cochon."
Steve n'eut pas le temps d'utiliser sa méthode brutale. Il était tellement préoccupé par Melvin qu'il ne vit pas les étranges crépitements d'éléctricité sortant du lampadaire à côté d'eux. Par conséquent, il fut totalement prit par surprise quand le rouquin en fut frappé de plein fouet. Ce dernier hurla. De douleur. Ou de rage peut-être même des deux à la fois. Quand il rouvrit les yeux, il n'était plus le même. Sa personnalité toute entière avait été remplacé par une colère noire, incompréhensible pour l'esprit humain.
Le chef de gang avait trouvé la scène étrange, voir terrifiante, mais il se devait de garder la face devant ses acolytes. Ce gros lard essayait de s'en sortir en mimant une scène de l'exorciste, il allait pas s'en tirer comme ça. Il leva son arme et voulu frapper sa victime avec. Cependant, plus rapide qu'il ne l'avait jamais été, Melvin lui attrapa le bras et le tordit aussi facilement que s'il avait été en carton. La terreur de Kadic voulut riposter. Il ne le fit pas. C'est à cet instant qu'il vit la lueur étrange dans les yeux de "Ron", et qu'il prit la sage décision de partir en courant.
Melvin, si on pouvait encore le nommer de cette manière, renifla. Ce n'était pas ses cibles de toute manière. Aucun intérêt à les poursuivre. Non, les adolescents qu'il devait éliminer s'appelaient Ambre, Antoine et Jean.
*Ambre*
J'ouvrais doucement les yeux. J'étais allongée sur un tapis et une couverture me recouvrait intégralement. Ce n'était pas très confortable, je n'avais jamais connu que mon lit douillet, mais ça ne me dérangeait finalement pas trop. Hier soir avait été... Génial. Oui, il n'y avait pas dautres mots, je crois que je ne m'étais jamais autant amusé de ma vie. La première partie où nous avions continué d'enquéter sur cet étrange laboratoire avait été intriguante, la seconde où nous avions regardé des films tous ensemble avait été plus qu'agréable. On aurait vraiment dit une bande d'amis se connaissant depuis des lustres. Entre les commentaires sarcastiques d'Antoine qui se moquait du moindre détail et Jean qui était tellement impliqué dans l'histoire qu'il criait à chaque scène d'action un peu épique... J'avais vraiment beaucoup ri.
Je ne me souvenais même pas m'être assoupie. C'était dommage que ça se soit déroulé aussi rapidement, j'espérais sincérement qu'on allait refaire ce genre de choses. Enfin, ça allait sans doute être le cas vu qu'on allait aujourd'hui explorer l'usine une nouvelle fois pour répondre à l'invitation de ce Alpha. Ca aussi c'était incroyable ! Je n'arrivais pas à croire comment ma vie était devenue aussi excitante.
"Vous êtes réveillée ?" fit une petite voix. C'était la petite soeur de Jean, m'observant depuis le canapée. Cela me mettait un peu mal à l'aise, j'avais l'impression d'être une bête de foire. Par terre, entre elle et moi dormait encore Antoine. Ses yeux fermés lui donnaient un air étrangement innocent qu'il n'avait pas d'habitude.
"Il semblerait, oui !" lui répondis-je à la petite fille avec un grand sourire.
Je regardais ma montre et m'apercevais qu'il était dix heure trente. N'avais-je pas cours en ce moment ? Je vérifiais dans mon sac l'emploi du temps que monsieur Jim m'avait donné et... Si, c'était bien le cas. Deux jours de cours ét j'étais déjà en train de sécher. Cette fois, c'était sûr, j'allais être renvoyée. Maman allait dire qu'elle avait eu raison, et je n'allais plus jamais pouvoir sortir.
"Antoine !" m'écriais-je en direction du blondinet qui ne me répondit que par un gros reniflement. Il fallait bien qu'il se réveille, la situation était grave ! Après tout, lui aussi risquait beaucoup !
"Tenez." me dit Léa en me tendant un verre d'eau. "J'utilise ça quand Jean veut pas sortir du lit." Elle était toute gênée en me faisant cette confession, comme si elle venait de me révéler un immense secret.
"Ah ? Et bien merci !"
Je m'emparais de ma nouvelle arme et hésitai un instant. Vu le caractère de mon ami, n'était-ce pas un peu risqué ? Mais d'un autre côté, les méthodes conventionnelles avaient échoué, et il fallait bien qu'il se lève vu la situation. Bon, j'étais prête à assumer intégralement les conséquences de mes actes. D'un coup sec, je déversais l'eau sur sa tête blonde. Il se leva brutalement, nous sursauter, Léa et moi. Rien qu'en le regardant, on pouvait voir qu'il n'était pas très content. Son premier réflexe fut de regarder sa montre, et à ce moment il devint tout rouge. Il devait s'être rendu compte que nous étions en train de manquer des cours, et que cela allait impacter de manière significative nos avenirs respectifs !
"On a plus le droit de dormir tranquilement maintenant ? J'ignorais qu'on était à l'armée et qu'on devait tous se lever aux aurores !" grogna t-il.
"Mais... On doit se dépécher d'aller au lycée, on est déjà en retard !" commencai-je à expliquer.
"Oh oui. Va à Kadic si ça te chante, ça me fera des vacances. Toi, la naine, tu sais s'il y a de quoi prendre un petit dej ici ?"
Antoine n'était vraiment pas du matin, mais j'aurais dû m'y attendre. Léa allait répondre à sa demande, mais je l'interrompais, je ne comprenais toujours pas pourquoi le blondinet n'était pas inquiet de ne pas être présent au lycée.
"Mais Antoine... Si on sèche..."
"On ne sèche rien, Kadic est fermé à cause des grêves." dit-il sans câcher son agacement. "Maintenant que je suis sorti de mes songes de la manière la plus brutale qui soit, j'aimerai bien si on peut au moins manger."
Oh. J'avais tout à coup l'impression d'être une idiote. Il l'avait dit comme si c'était une évidence mais... Je n'avais pas eu cette information moi ! Enfin, monsieur Jim m'avait donné tout un tas de papier et je n'avais pas encore pris le loisir de les lire. Il était fort probable qu'il s'y trouvait un bulletin annonçant cette journée spéciale. Léa conduit Antoine jusqu'à la cuisine en tremblant. Je m'étais toujours considérée comme timide, mais en réalité je n'étais rien à côté de cette enfant ! Aussi, je décidai de voler à son secours en les accompagnant. La cuisine était dans le même état que le reste de l'appartement. Personne ne semblait vraiment porter le moindre soin aux lieux, un nombre impressionnant de plats sales attendaient d'être lavé dans lévier et un nombre incalculable de boite de conserves étaient étalés un peu partout.
"C'est crade." lança simplement le blondinet avec mépris.
"N'importe quoi !" s'écria alors la petite fille. "Jean il a rangé il y a pas longtemps !"
Le génie la jaugea des yeux, de bas en haut et renifla avec dédain avant de déclarer en quittant la pièce :
"N'empêche que c'est crade. Reste pas là, Ambre, on va attraper des maladies inconnues."
Je ne le suivais pas, et restais avec Léa. Elle était au bord des larmes, les paroles d'Antoine l'avait véritablement offensée.
"Vous n'avez pas des parents pour vous aider à faire le ménage ?" demandais-je doucement. Chez moi, je devais aider dans toutes les taches ménagères, mais ma mère se chargeait de passer derrière moi pour que tout soit impécable. Les enfants devaient faire leur part, mais les parents aussi.
"Papa... est plus là. Maman... est jamais là." bredouilla t-elle.
Je savais qu'il devait s'occuper de sa petite soeur, mais j'ignorais qu'il était orphelin de père et que sa mère manquait à ses devoirs... Cela expliquait beaucoup de choses. Moi aussi je n'avais qu'une mère, mais elle était l'opposée de celle de Jean. Elle était trop présente, trop étouffante.
"Mais t'as un grand frère excpetionnel qui veille sur toi !" lui murmurai-je pour la consoler.
Elle ne répondit pas et baissa simplement la tête. Mon argument n'avait pas fonctionné.
"Hey tous le monde !" fit une voix masculine, un peu plus loin. C'était Jean, il venait de rentrer, on entendit la porte claquer derrière lui.
Nous nous réunissâmes dans le salon. Il été sorti acheté des croissants.
"Il y a plus rien à grailler ici, et il est hors de question que mes invités meurent de faim." dit-il en me faisant un clin d'oeil.
Je rougissais et attrapais ma viennoiserie. L'effet étrange qui se produisait en sa présence était toujours là, si bien qu'il m'était difficile de le regarder en face. Ca devenait gênant. Heureusement, ça n'arrivait pas avec Antoine, ni avec qui que ce soit d'autre.
"Bon. On va à l'usine maintenant ?" marmona le génie du groupe, la bouche pleine.
"Antoine, Alpha nous a donné rendez-vous l'après-midi" lui rappelai-je.
"Oui, mais rien n'empêche d'y aller ce matin pour se préparer."
"Se préparer de quoi ?" demanda Jean après avoir fini son croissant.
Antoine lui répondit sur un ton lent, comme s'il devait expliquer quelque chose à un débile.
"On ne sait jamais. Un programme informatique nous demande de venir tous seuls dans un laboratoire, c'est déjà un peu louche. Si on est déjà sur place, on pourra aviser."
Je voyais où il voulait en venir, et c'était cohérent.
"Jean... Tu sors aujourd'hui ?" fit une petite voix. Bien évidemment, c'était celle de Léa.
"Ouais, mais pas longtemps t'inquiète."
Elle baissa les yeux, et ne répondit rien. Antoine s'exclama rapidement :
"Bon, on y va alors ? Je tiens pas à rester dans cette porcherie plus longtemps que je ne le dois."
Le jeune homme choisit de ne pas relever. Nous arrageâmes un peu, et quittâmes les lieux, laissant Léa toute seule. Il semblerait qu'elle et son frère devait passer la journée à jouer à des jeux de société. Jean nous assura que c'était sans importance et qu'ils feraient ça un autre jour. J'avais cependant la nette impression que c'était quelque chose d'important aux yeux de sa soeur.
Il faisait beau dehors. Le soleil brillait, et il y avait un petit vent frais qui était loin d'être désagréable. Notre petit groupe commença à parcourir les rues désertes de la ville. Ce n'était pas une cité peu peuplée, simplementque nous étions dans un quartier vraiment tranquille, sans histoire, d'après ce que j'avais compris en tout cas. J'étais impatiente de savoir ce qui nous attendait à l'usine cette fois. Le blondinet aussi, quant à Jean... Il n'avait pas l'air de vraiment s'intéresser à ça. Au final, j'ignorais la raison qui l'avait poussé à abandonner sa soeur pour la journée et à nous accompagner. Sans doute simplement par pure sympathie. Personne ne parla vraiment sur le trajet, nous étions tous encore un peu dans les vappes.
Finalement, nous arrivâmes au point de rendez-vous sans encombre. L'endroit était beaucoup moins effrayant de jour, que ce soit de l'extérieur que de l'intérieur. Le côté ancien ressortait davantage à la lumière du jour, et l'ambiance mystérieuse qui y reignait dans l'obscurité était désormais remplacée par une atmosphère poussièreuse et mélancolique. Cet endroit respirait le passé. C'était quand, la dernière fois que l'usine avait véritablement été en activité ? Cela se comptait en décénnies, il n'y avait pas de doutes. L'entreprise avait dû faire faillite et avait laissé là tout son bric-à-brac.
"On y va ?" me demanda Jean, me tirant ainsi de mes pensées. Antoine était déjà sur le départ et n'allait pas nous attendre. Nous prîmes le monte-charges et accédèrent au laboratoire. Il était exactement comme nous l'avions laissé, à quelques détails prêt. Premièrement, une puissante odeur de tabac y reignait.
"Vous êtes qui ?" s'écria Antoine avant même de quitter l'ascenseur.
Deuxièmement, quelqu'un était assit sur le fauteuil au centre de la pièce. Un homme adulte d'ailleurs. Il n'était pas forcément vieux, l'adjectif qui le qualifierait le mieux était fatigué. Sans avoir de cheveux gris, il avait déjà un bon nombre de rides sur le front. Même sa veste en cuir était abimée a de nombreux endroit.
"C'est Alpha qui vous a envoyé ?" rajoutai-je, hésitante.
Il eut un petit sourire qui ne me sembla pas sincère et nous répondit lentement :
"Oui. Et pour répondre à votre première question, je m'appelle Ulrich. Ulrich Schtern. Maintenant, dépêchez vous de venir, on a pas mal de choses à se dire et très peu de temps."