Et après ?
Le groupe s'était réuni chez Yumi comme prévu. Cette dernière avait réussi à se débarrasser de son petit frère en l'envoyant passer la nuit chez son meilleur ami. Quant à ses parents, elle savait qu'ils ne rentreraient que le lendemain en raison de leur travail. Elle leur avait bien sûr demandé la permission pour inviter ses amis et ils avaient accepté sans trop faire d'histoires, ayant totalement confiance en leur fille. Ils allaient pouvoir pleinement profiter seuls de ce vendredi soir.
Ils avaient décoré la maison avec quelques ballons et guirlandes par-ci par-là. Les filles s'étaient assurées de préparer quelques apéritifs et pâtisseries pour bien débuter la soirée, ainsi que le repas pour plus tard. Les garçons, de leur côté, s'occupaient de l'ambiance en créant une playlist sympathique et en prévoyant quelques jeux de cartes et autres.
Après cela, Ulrich alla se poser près de Jérémy, fixant au loin devant lui. Le jeune blond à lunettes dirigea son regard dans la même direction que son ami pour identifier la source de sa distraction.
— Tu te demandes encore ce qu'il fout là ?
— Franchement, ouais.
— On lui a pardonné, Ulrich. Tout ça, c'est du passé maintenant.
— Vous peut-être, mais pas moi, renchérit froidement Ulrich, mains dans les poches.
Jérémy soupira, hésitant un court moment, puis poursuivit :
— Ça n'a rien à voir avec Lyoko, hein. C'est par rapport à Yumi.
Ulrich s'étrangla presque tandis que ses joues devinrent rouges.
— Quoi ? Non, pas du tout !
Il dévisagea William qui ne se trouvait qu'à quelques mètres de lui, en train de débattre avec Odd sur les musiques à jouer.
— Si tu le dis.
Les filles les rejoignirent quelques minutes plus tard avec les plateaux d'apéritifs et ils s'installèrent tous ensemble dans le salon. Aelita et Yumi s'assirent côte à côte. Ulrich, Odd et Jérémy en firent de même, face à elles, tandis que Sissi et William se placèrent chacun aux extrémités. Odd lança la playlist, composée principalement de pop et de R&B.
— Vous avez intérêt à ne pas avoir choisi des musiques trop éclatées ! s'exclama Sissi en refaisant sa queue de cheval.
— Tu n'aurais pas fait mieux, ma belle, avec tes goûts éclatés, la tacla William.
Sissi grimaça à cette remarque. Leur petite querelle enfantine arracha un rire à la bande.
— Bon, allez. Je propose qu'on commence avec un petit Uno. Qui joue ?
— Sans moi. Les jeux de cartes, c'est débile.
Yumi relooka la brune de la tête aux pieds, sourcil haussé, exaspérée de ses mimiques de pourrie gâtée capricieuse. Elle devait prendre sur elle, la soirée ne faisait que commencer.
— Dis plutôt que ça demande trop de capacités intellectuelles pour toi, murmura-t-elle.
William se chargea de distribuer les cartes. La partie dura une bonne vingtaine de minutes : entre les coups de maîtres, les coups de traitres, les mauvais joueurs, les tricheries, toutes les émotions y passaient. Finalement, Aelita remporta la partie de loin, suivie de près par Odd, puis de Yumi. Ulrich perdit le jeu contre William, ce qui rendit sa défaite davantage amère.
— Il est nul en fait, ce jeu.
— C'est ce que je disais, affirma une nouvelle fois Sissi.
Yumi roula des yeux.
— Ça vous dit un autre jeu assez sympa cette fois ?
Odd ouvrit de grands yeux, un sourire en coin à la suite de sa proposition. Ses amis ne le sentaient pas, quelque chose se tramait : Odd était prêt à tout pour créer des histoires. Il adorait ça.
— Vas-y, accouche.
— Un petit « action ou vérité ».
Ils poussèrent tous un râle. Ce jeu. C'était clairement le pire pour semer la zizanie. Odd connaissait chacune des amourettes qui se tramait entre ses amis. Il était le seul plus ou moins épargné, il allait donc se faire un malin plaisir à les torturer en leur faisant avouer toutes les vérités possibles.
« Il est temps de tirer les vers du nez de certains. »
— Je m'autoproclame arbitre de ce jeu ! déclare-t-il fièrement en se levant d'un bond.
— En clair, tu ne joues pas et tu nous laisses nous mouiller ?
— T'as tout compris, mon cher William ! Vous verrez, ça va être marrant. En plus, pour celui ou celle qui refuse de jouer honnêtement...
À ces mots, il se dirigea vers un sac posé au sol. Le reste du groupe l'observa sans un mot, perplexe. Odd ressortit du sac une bouteille d'un litre environ avec un contenant assez écœurant visuellement. La bouteille abritait ce qui semblait être un mélange d'aliments en décomposition ayant résulté en un liquide vert et épais. Amusé de voir ses amis afficher des expressions de dégoût, Odd retira le bouchon de la bouteille. Une odeur immonde s'en dégagea.
— Odd, putain, c'est quoi ton truc ? s'écria Yumi.
— Des restes de chaque repas de la cantine depuis lundi, que j'ai pris soin de mélanger à d'autres trucs assez... crades.
— T'es vraiment qu'un gros porc ! se plaignit Sissi.
— Bon, on arrête de pleurnicher ? Celui qui ne joue pas, boit mon super cocktail !
Personne allait le boire. Le jeu s'annonçait intéressant pour beaucoup qui, au fond d'eux, espéraient obtenir les réponses à leurs questions.
— Ulrich, action ou vérité ?
— Pourquoi moi en premier ?
— Choisis mon pote.
La réflexion fut courte. Ulrich lança un regard noir à son camarade de chambre.
— Vérité.
— Humh...
— Fais attention à ce que tu vas dire toi ! menaça-t-il d'entrée.
— Quelle fille présente ici te plaît le plus ?
Évidemment. La question était inévitable. Ulrich le savait, il l'avait crainte. Mais il ne pouvait pas prendre le risque de choisir « action », Odd était capable de lui demander d'embrasser Yumi en bon ami qu'il était ! Il en mourait d'envie, mais ce n'était pas dans ces conditions qu'il désirait obtenir son premier baiser avec elle.
Sissi se mit un peu plus dans le cadre de vision d'Ulrich à l'entente de la question, réajustant son haut et se raclant constamment la gorge, un petit sourire aux lèvres.
Yumi baissa la tête, fixant le sol, attendant avec impatience la réponse de celui qui faisait battre son cœur. Elle en retenait presque son souffle, tentant de dissimuler le fait qu'elle était très heureuse de la question. Pour une fois, Odd ne l'avait pas déçue.
Ulrich prit son inspiration. Il était temps d'assumer comme un homme. Ses yeux se posèrent sur Yumi qu'il admira longuement. Il la trouvait incroyablement belle.
— La fille qui me plaît le plus, c'est...