Copains et puis c'est tout

Chapitre 36 : Un choix de fait ?

1243 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2022 11:32

Yumi souffla un bon coup alors qu'elle se tenait debout devant la porte de la chambre d'Ulrich et Odd. Les deux tourtereaux avaient décidé d'attendre l'heure du dîner pour avoir une dernière discussion afin d'éviter un maximum d'être dérangés.

 

— Tu peux entrer.

 

Ce fut avec le cœur lourd qu'elle pénétra dans la pièce. Ulrich était posé sur son lit avec son air navré toujours collé à son visage. Yumi s'assit alors en face de lui, un peu plus renfermée sur elle-même.

 

— Ulrich, fais pas cette tête, lui dit-elle en gardant un ton posé. C'est toi qui as cherché tout ça. Tu aurais dû tout me dire depuis le début. J'allais pas mal le prendre, tu sais.

 

Le jeune homme en question leva les yeux tout en soupirant légèrement. Il secoua légèrement la tête comme pour confirmer sa bêtise et donner raison à Yumi.

 

— Je sais..., soupira-t-il. Je... Tu m'en veux ?

— Bah... un petit peu quand même. Tu m'en aurais sûrement voulu aussi si t'étais à ma place.

 

Ils restèrent silencieux, le temps de se détailler du regard. S'y lisaient la culpabilité et les regrets dans celui d'Ulrich, tandis que Yumi n'exprimait que perplexité et fermeté dans le sien, ainsi qu'une pincée de déception.

 

— J'avais pas envie de tout gâcher avec toi...

 

Elle se montra à la fois touchée et confuse. Les mots lui restèrent un instant coincés dans la gorge, l'envie de faire sentir à Ulrich qu'il était pardonné ne pointant toujours pas le bout de son nez.

 

— Tu t'y es pris de la mauvaise façon, dans ce cas, reprit-elle, parce que là, tu sais ce que je me dis ? Que si même pour si peu tu n'as pas osé m'en parler, qu'est-ce que ça donnera quand il s'agira de sujets plus sérieux ?

— Mais j'ai compris mon erreur maintenant, tu n'as pas à t'en faire pour ça ! chercha à convaincre Ulrich.

 

La jeune asiatique demeura dubitative face à ces paroles. Elle libéra un long souffle, réfléchissant longuement.

 

— Écoute, Ulrich...

 

Yumi déglutit et, tout en maintenant le contact visuel entre eux, déclara d'une traite :

 

— Je t'aime beaucoup, et je suppose que toi aussi tu m'aimes beaucoup. Et j'ai vraiment envie de construire quelque chose avec toi, tu comprends ?

— Moi aussi je t'aime, Yumi, et j'ai envie d'aller loin avec toi. Tout ça, tu le sais déjà !

— Le vouloir c'est une chose, mais être prêt c'en est une autre.

 

Les traits d'Ulrich se froissèrent pour traduire son incompréhension. Son cœur se mit à battre plus vite, une sensation désagréable lui nouant le ventre.

 

— Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Ce que je veux dire c'est que je ne pense pas que tu sois vraiment prêt à t'engager avec moi.

 

Un énorme blanc s'abattit dans la pièce. Tous deux se sentaient au plus mal et réalisaient que leur relation prenait une tournure à laquelle ils ne s'étaient pas préparés émotionnellement.

 

— Yumi, comment tu peux dire ça ? s'indigna Ulrich, les yeux plissés. Combien de fois je t'ai répété que j'étais sûr de mon choix ?!

— C'est bien ça le problème ! Tu le dis mais tu ne le montres pas tant que ça ! rétorqua aussitôt la japonaise.

 

Le ton commençait à monter entre les deux adolescents, alors Ulrich reprit son calme. La situation était déjà assez compliquée et tendue comme ça.

 

— Du coup ?

 

Yumi hésita dans un premier temps, mais finit par répondre clairement :

 

— Du coup, je pense qu'on devrait d'abord arrêter là et juste... laisser le temps faire les choses.

— Tu veux rompre avec moi ?!

 

Ulrich se sentit tomber de haut. Son cœur venait de prendre un gros coup et face au silence déstabilisant de Yumi, la douleur fut encore plus intense. Il ne pensait pas en arriver jusque là pour « si peu ».

 

— Yumi ?!

— Non, enfin si ! Enfin non, je ne romps pas vraiment, juste... Oh, Ulrich !

 

Yumi se perdait de plus en plus, toujours hésitante dans son choix. Elle l'aimait, oui, mais plus le temps passait et plus elle trouvait leur relation précipitée.

 

— Juste quoi ?! Pourquoi, Yumi ?! Je sais que j'ai fait une erreur, mais c'est quand même pas ça qui va nous séparer... Si ?!

 

Le jeune homme ne sut quoi penser. Sa vision commençait à devenir floue.

 

— Ce n'est pas pour cette raison que je demande à ce qu'on arrête, je dis juste que je te sens pas prêt et qu'on devrait encore prendre notre temps pour mieux y réfléchir.

— Prendre notre temps ?! Pendant deux ans on s'est aimés sans pouvoir se le dire et maintenant qu'on peut enfin vivre notre histoire d'amour, tu veux tout arrêter ?!

 

Yumi se braqua, cette fois sûre d'elle. Elle ne comptait pas revenir sur sa décision et était certaine de bien faire.

 

— J'ai fait mon choix, Ulrich.

— Eh bah ton choix il est vachement égoïste ! Tu as pris la décision seule de ton côté, alors que nous sommes deux dans cette histoire !

 

Elle se tut. Jusqu'ici, Ulrich avait un peu raison sur tout, mais elle avait trop de fierté pour l'admettre. Les yeux de ce dernier baignaient presque dans les larmes.

 

— Yumi, j'ai besoin de toi dans ma vie.

 

Poussés par la tentation brûlante en eux, ils rapprochèrent leurs visages l'un de l'autre et unirent tendrement leurs lèvres. Des frissons les envahirent de la tête aux pieds, comme à chaque fois. La passion et la douceur qui s'écoulaient de leur baiser prouvaient l'amour si fort qu'ils ressentaient l'un envers l'autre et qui, malgré les bas et les obstacles, ne s'éteindrait sans doute jamais. 

Ils durent malgré eux mettre fin à leur échange. Remettant à nouveau tout en question, Yumi baissa la tête et se mordit la lèvre.

 

— Te perdre c'est vraiment la dernière chose que je veux, avoua Ulrich en prenant sa main.

— Je sais, Ulrich.

— Alors fais-moi confiance et me laisse pas tomber.

 

Malgré les promesses et les gestes d'amour, le regard de la japonaise face à la situation ne paraissait pas pour autant changer. S'effritant, Ulrich prit conscience que rien ne pouvait la faire changer d'avis de sitôt.

 

— Bon... On va faire comme t'as dit. On se laisse, on se donne le temps et on verra... Même si je n'en ai pas envie car je sais parfaitement que c'est toi que je veux à vie, mais je le fais pour toi si vraiment tu penses que c'est ce qu'il y a de mieux pour nous.

 

Yumi esquissa un faible sourire, émue qu'Ulrich fasse l'effort d'accepter son choix. Elle se blottit dans ses bras un dernier moment avant de commencer à récupérer doucement ses affaires. 

Elle se leva et, en se positionnant dans l'encadrement de la porte, lança le dernier regard de la soirée à celui qui lui avait volé son cœur.

 

— Je t'aime.

— Moi aussi, je t'aime.


 

 

Prochain chapitre : « Copains et puis c'est tout »

Laisser un commentaire ?