Copains et puis c'est tout

Chapitre 21 : De mal en pis

1700 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/05/2022 13:47

Aelita balayait la cour des yeux, à la recherche de Jérémy qui, de son côté, en faisait de même. L'un comme l'autre ne voyait pas la personne qui arrivait en face d'eux et ils se rentrèrent dedans involontairement. Après une seconde à se masser le front, ils levèrent la tête.

 

— Je te cherchais, déclarèrent-ils en même temps.

 

Leurs joues s'empourprèrent. Tandis que Jérémy cherchait ses mots, Aelita se décida à ouvrir la conversation.

 

— Je voudrais m'excuser pour l'autre jour, à la cafèt'...

— Moi aussi je te demande pardon, Aelita. Si j'avais cherché à te comprendre bien avant, nous en serions même pas là.

 

Ils se couvèrent des yeux, un sourire accroché à leurs lèvres.

 

— Ce n'est pas ta faute, l'assura-t-elle.

— La tienne encore moins.

 

Jérémy la prit, avec hésitation, dans ses bras. Une petite lueur de surprise se refléta dans les yeux d'Aelita. Elle se laissa rapidement bercer par la chaleur qui lui parcourait le corps. Mais son instant de plénitude prit fin lorsqu'elle se rappela de la principale raison qui l'avait menée au jeune homme.

 

— Euh, Jérémy, y'a autre chose que je dois te dire.

— Dis-moi, je t'écoute.

— C'est au sujet de Tania.

 

Le regard de Jérémy se plissa à l'entente du prénom de celle qui était devenue, en quelques sortes, son amie. Il laissa s'échapper un soupir, sous la mine perplexe d'Aelita.

 

— Aelita, je sais déjà ce que tu vas me dire, mais c'est pas ce que tu crois ! Tania et moi, on est juste...

— Quoi ? grimaça la jeune fille. Il s'agit pas de ça, Jérémy. Ce qui se passe entre vous ne me regarde pas, de toute façon ! Ce que je veux te dire, c'est que cette fille...

— Ça parle de moi ?

 

Tania se posta en face du jeune couple, un sourire innocent au visage.

 

— Salut, Aelita, lança-t-elle joyeusement. Tu deviens un peu plus belle chaque jour ! Jérémy doit en avoir de la chance !

 

Les regards des deux concernés se croisèrent. Aelita se mit à dévisager Tania avec répulsion alors que Jérémy avait les joues rouges, loin de se douter du véritable fond de la pensée de la belle rousse.

 

— Aelita et moi, on... on n'est pas... ensemble, bégaya-t-il, gêné.

— Ah, dommage ! Vous feriez un si beau couple !

 

Aelita dirigea son regard au loin en roulant des yeux, les bras croisés sur sa poitrine.

 

— Je te le prends une heure ou deux, Jérémy et moi devons aller travailler maintenant ! annonça ensuite Tania qui saisit ce dernier par le bras gauche.

— Mais...

 

Aelita empoigna aussitôt son bras droit, l'empêchant de faire un pas de plus.

 

— Au cas où tu l'aurais pas remarqué, Jérémy et moi étions en pleine conversation et j'ai encore deux, trois choses à lui dire !

— Les filles, enfin... Calmez-vous !

 

Voyant qu'aucune d'elles ne prêtait attention à ce qu'il disait, il prit l'initiative de se défaire de leur emprise et de prendre Aelita par la main afin qu'ils s'éloignent.

 

— Deux secondes, Tania.

 

La jeune rousse les observa s'éloigner, l'envie de savoir ce que comptait divulguer Aelita à son sujet déformant les traits de son visage.

 

— Aelita, tu m'expliques pourquoi t'as réagi comme ça ?

— Peut-être que si tu me laissais parler, tu comprendrais pourquoi...

— D'accord, désolé. Promis, je t'écoute jusqu'à la fin.

 

Elle jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule de Jérémy pour apercevoir Tania qui les fixait toujours, visiblement décidée à ne pas la laisser seule avec lui.

 

— Je vais faire court, je veux surtout pas faire attendre ta copine !

 

Jérémy ne put réprimer un soupir d'exaspération en perçant le ton ironique de son amie.

 

— Je sais que tu penses le contraire, mais Tania n'est pas aussi sympa qu'elle te le fait croire. Quand elle est avec toi, elle joue les gentilles, mais derrière, c'est une vraie... Une vraie peste ! Elle est horrible avec moi et...

— Aelita...

— Jérémy, t'avais promis !

— Je te croyais plus mature que ça, quand même.

— C... comment ça ?

— Tu la connais pas et tu dis déjà de méchantes choses sur elle.

 

Aelita le dévisagea avec colère, une pincée de déception dans les yeux.

 

— Attends, t'es en train de me traiter de menteuse ?

— Non, je... Enfin... C'est pas ce que j'ai voulu di...

— Je pensais que tu me connaissais ! le coupa-t-elle, blessée. Va la rejoindre et amusez-vous bien surtout ! On se voit tout à l'heure !

— Non, Aelita, reste !

 

Trop tard. Elle avait déjà tourné les talons. La confusion et la culpabilité s'emparèrent rapidement de l'adolescent qui se maudissait d'avoir, encore une fois, tout gâché. Il fut retiré de ses pensées en sentant une main se poser sur son épaule.

 

— Allez, oublie-la un moment ! D'ici quelques heures, elle se sera calmée.

 

Jérémy fronça légèrement les sourcils, douteux. Tania ne lui laissa pas le temps de placer un mot qu'elle l'entraîna avec elle vers la bibliothèque. 

Une fois leur destination atteinte, ils s'installèrent dans un coin tranquille, face à face. Ils déballèrent silencieusement leurs affaires de leurs sacs à dos.

 

— Faut dire qu'on a pas mal bossé. Notre exposé sera sans aucun doute le meilleur ! se réjouit Tania en faisant ressortir toutes ses dents blanches.

 

Sa joie s'estompa lorsqu'elle remarqua l'air préoccupé et ailleurs de son binôme. Il avait le regard baissé vers ses cahiers.

 

— Sérieusement ? Tu vas laisser les caprices de cette gami... Je veux dire, te laisse pas déstabiliser par une simple dispute. Ça arrive, tu sais.

 

Il leva machinalement son regard vers elle.

 

— Mais... ce qu'elle a dit sur toi, c'est vrai ? que t'es pas sympa avec elle ?

 

Tania baissa les yeux à son tour, l'air de réfléchir à la manière de faire retourner la situation.

 

— Jérémy, je te l'ai pas dit tout de suite parce que j'ai vu comment t'as l'air de tenir à cette fille et j'avais vraiment aucune envie de gâcher votre amitié, mais... je crois bien qu'Aelita ne m'apprécie pas trop. Et encore, je suis gentille, détester serait le mot juste ! Elle me hait !

 

Jérémy resta muet comme une carpe, une expression des plus neutres se peignant sur son visage. Tania eut du mal à décrypter s'il la croyait ou non mais elle s'encouragea à poursuivre sa petite comédie.

 

— Chaque fois qu'on se croise et que t'es pas là, elle en profite pour me rabaisser, elle me dit que tu lui appartiens et que j'ai pas intérêt à trop m'approcher de toi ! Je t'avoue que ça me surprend venant d'elle, on la voit tellement mal dire ce genre de choses !

 

Un énième soupir s'échappa des lèvres du jeune blond qui maintint sa tête entre ses mains.

 

— Franchement, je comprends pas pourquoi elle est comme ça, ça ne lui ressemble tellement pas !

— Tu sais ce qu'on dit : les apparences sont trompeuses !

 

Il l'examina un long moment, l'air perdu, tandis qu'elle lui accorda un petit sourire.



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Aelita retourna au foyer et partit se rasseoir auprès de Yumi et Odd en dissimulant tant bien que mal sa peine.

 

— T'en fais une tête ! Ça s'est si mal passé que ça ?

— Il ne me croit pas, il pense que je suis... jalouse.

 

Après tout, la jalousie était un trait de caractère qui lui correspondait si peu, l'égoïsme encore moins, et Jérémy était censé être le mieux placé pour le savoir.

 

— Au moins maintenant c'est sûr, Jérémy est un gros con !

— Odd !

— Quoi ?

 

Yumi lui fit un hochement de tête négatif en guise de réponse avant de reprendre :

 

— Bon, bah... Moi, je vais devoir vous laisser. Ça va bientôt sonner et j'ai cours, alors on se dit à plus tard.

— À plus tard, Yu'.



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Au même moment, Ulrich entendit son téléphone émettre un son aigu dans sa poche. Il y aventura sa main jusqu'à saisir l'objet, son instant de paix intérieure prenant fin, et poussa un râle en découvrant qu'il s'agissait seulement d'un message.

 

 {Hey, salut ! Ça va toi ?}

 

Il ignorait l'auteur de ce message car le numéro n'était pas enregistré dans ses contacts.

 

 {Salut, ça va. Mais c’est qui au juste ?}


Il n'eut pas à patienter longtemps, la mystérieuse personne ne mit que quelques secondes avant de lui donner une réponse.

 

 {Je vais bien aussi, c’est gentil de demander !}

 {Désolé, ça me stresse de parler à des inconnus !}

 {Pourtant on se croise tous les jours !}


Cela ne fit que renforcer la curiosité du beau brun qui commençait à se demandait si ce n'était autre qu'une mauvaise blague. 

Sissi ? Non, elle avait l'air de trop lui en vouloir depuis plusieurs jours.

Odd ? Non plus, ses messages étaient toujours bourrés de fautes et en matière de blagues, il était nul. Du moins, du point de vue de son meilleur ami.

Yumi ? Qui cherchait peut-être à tester la fidélité de son copain ? Ulrich secoua la tête à cette pensée. Yumi était plus mature que ça, ce n'était pas son genre.

 

 {On fait connaissance si tu veux ? Tu finiras peut-être par savoir qui je suis !}


Il avait comme le pressentiment de prendre un risque, mais il ne voyait pas le mal à se faire de nouveaux amis.

 

 {Je veux bien, oui.}

 

Prochain chapitre : Trois pour le prix d'un

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