Copains Et Puis C'est Tout ?

Chapitre 6 : La rumeur

1075 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 5 ans

LA RUMEUR



Ulrich ne pouvait refouler le sentiment de tristesse qui le consumait dès qu'il pensait à elle. Même quand il était convaincu d'avoir fait le bon choix, il se sentait toujours aussi mal. Il en était arrivé à se surprendre lui-même d'être aussi épris d'une fille. Si on lui avait dit un jour qu'il tomberait amoureux, il ne l'aurait sans doute jamais cru.

Yumi lui semblait soudainement distante depuis leur dernier tête à tête, et pour Ulrich, c'était dur à supporter. Il avait cette habitude de la voir tous les matins avant d'aller en cours, de ces petits regards intimidés et de ces sourires maladroits qu'ils s'échangeaient de temps à autre...

Ses pensées furent interrompues par la voix de Jérémy qui, assis sur un banc à côté d'Aelita et Odd en face d'eux, lui demanda :


— Et toi, Ulrich, t'en penses quoi ?


Ulrich les fixa et afficha une expression perdue. Il n'avait pas écouté un mot de ce que racontaient ses amis. Il haussa les épaules, feignant de donner une réponse.


— Qu'est-ce que je te disais ? s'exclama Odd. Il est complètement ailleurs, sûrement encore en train de penser à sa Yumi !

— T'as pas un peu fini avec ça ? commença à s'énerver le concerné.

— Et toi, t'as pas un peu fini de tout le temps nier ?

— T'es bien gentil mais fiche-moi un peu la paix ! Et puis je t'ai déjà dit que Yumi et moi, c'est copains et puis c'est tout !


Odd ignora ces dernières paroles et n'accorda pas un regard de plus à Ulrich. Aelita et Jérémy évitèrent un quelconque commentaire, sentant qu'une légère tension commençait à peser entre les deux amis.


— Et après ils vont se faire la gueule et il restera plus que nous deux, soupira Aelita.

— T'en fais pas pour ça, ils vont vite s'en lasser. Et puis... s'il reste que nous deux, ça m'arrangerait bien.


Le rouge monta aux joues du petit génie. Aelita le scruta amoureusement, un sourire s'accrochant à ses lèvres.

Le silence s'installa au sein du groupe. Même Odd, qui sortait toujours une blague dans ce genre de situation, était silencieux.

Ce fut à cet instant que deux jeunes filles, qui étaient en classe de seconde, passèrent près de la bande. La première avait les cheveux courts et noirs, nommée Priscilla, et la seconde avait une chevelure brune s'écrasant dans le bas de son dos, Caroline.


— Je les ai trouvés trop mignons tout à l'heure ! Je trouve qu'ils forment un beau couple Yumi et William ! s'exclama la brune.

— Je savais qu'ils finiraient ensemble ces deux-là !


Les quatre amis se communiquèrent des regards pantois.

Ces échanges avaient été loin d'échapper à leurs oreilles, et particulièrement de celles d'Ulrich. Il en fut presque choqué, se demandant si ce qu'il avait entendu était réel ou non, et surtout si c'était vrai. Il ressentit un pincement au cœur. Yumi et William, en couple ? Non, il refusait d'y croire, ces filles racontaient n'importe quoi ou alors elles avaient tout simplement dû se tromper de personne. Pour Ulrich, il ne pouvait pas s'agir de Yumi. Pas sa Yumi.

Il était conscient des sentiments que William éprouvait pour la japonaise, ce qui avait entraîné une certaine rivalité entre les deux adolescents, mais elle l'avait toujours assuré qu'elle ne s'intéressait pas à lui.


— Sûrement des filles qui cherchent encore à créer des rumeurs pour les échos de Kadic, supposa Odd, ce qui brisa finalement le lourd silence qui s'était invité.


Personne ne pouvait, ou plutôt ne voulait croire que Yumi sortait avec William. Aelita prit à son tour la parole :


— Sûrement, oui... Connaissant Yumi, elle nous l'aurait dit si elle sortait avec Will...

— N'empêche que depuis ce matin on l'a pas vue ! coupa soudainement Ulrich, son regard s'assombrit de colère. Et on sait pourquoi maintenant ! Elle préfère aller le retrouver plutôt qu'être avec ses amis ! Du moins si on l'a déjà été, parce qu'à ce que je sache, entre amis y'a pas de cachotteries !


Jérémy, Aelita et Odd furent à leur tour choqués de ce que venait de dire le beau brun. Ils savaient que c'était sous le coup de la colère et de sa jalousie légendaire, il ne pensait pas ce qu'il disait.


— Non mais t'as vraiment un problème, Ulrich ! Tu t'entends pas parler, l'engueula Odd.

— Si c'est un problème de demander à ses amis d'être francs, alors oui, j'ai un gros problème !

— Moi, je crois surtout que t'es qu'un gros jaloux !

— Ça doit être un malentendu, rien ne prouve que c'est vrai, s'imposa Aelita pour les calmer.

— Laisse, Aelita, il ne t'écoutera pas de toute façon, la stoppa aussitôt Jérémy. Au lieu d'être là à se prendre la tête pour si peu, attendons de voir Yumi pour lui poser directement la question et savoir si c'est vrai ou pas ! s'adressa-t-il ensuite au reste du groupe.


Ils acquiescèrent mais la colère d'Ulrich ne s'estompait pas, la jalousie commençait à le ronger intérieurement. Il ne voulait pas y croire, mais au fond de son cœur, il savait que ce n'était pas non plus impossible. Après tout, Yumi n'avait-elle pas la liberté de sortir avec qui elle désirait ?

Elle ne lui appartenait pas.


••


— Me dis pas que tu crois à cette histoire ?


Ulrich tourna ses yeux fatigués vers Odd puis se mit de nouveau à regarder le plafond, allongé sur son lit, essayant de mettre un peu d'ordre dans ses pensées.


— Boff, finit-il par lâcher, c'est sa vie, qu'elle sorte avec qui elle veut.

— T'es vraiment un crétin, Ulrich, répliqua le blondinet. T'es en train de perdre Yumi avec tes conneries.


Plus ou moins touché par ces mots, le jeune collégien ne prit pas la peine de répondre ; il en avait déjà trop dit. Il jeta un coup d'œil vers son meilleur ami et ne tarda pas à constater que ce dernier s'était déjà abandonné dans les bras de Morphée. Un long soupir se fit entendre dans la pièce.


— Je l'ai déjà perdue de toute façon.


Il demeura dans ses réflexions durant de longues minutes avant de sombrer à son tour dans un léger sommeil.

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