Copains Et Puis C'est Tout ?

Chapitre 5 : « Willumi »

1969 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 5 ans

« WILLUMI »



— Yumi ? Yumi ! Réveille-toi, bon sang ! On va finir par être en retard !


Yumi marmonna, n'ayant aucune envie de se lever malgré ces avertissements. Elle fit cependant l'effort d'ouvrir les yeux, d'une part car les rayons du soleil pénétrant dans sa chambre l'empêchaient de faire autrement, avant d'empoigner son téléphone sur sa table de chevet et de constater qu'il lui restait effectivement que seize petites minutes pour arriver à l'heure à Kadic, celui-ci affichant « 7h44 ».


— Génial ! grogna-t-elle.

— Yumi !


Cette petite voix qui continuait de s'écrier derrière sa porte eut l'effet de l'agacer davantage. Ce n'était autre qu'Hiroki, son petit frère. Ne supportant pas que quiconque lui mette la pression et encore moins de si bon matin, elle rétorqua d'une voix encore plus forte :


— Fiche-moi la paix, Hiroki !


Étudier dans le même établissement que son frère cadet pouvait parfois être insupportable et s'accompagner tous les matins pour s'y rendre n'était une partie de plaisir pour aucun des deux.


— Tant pis, je pars sans toi ! grommela Hiroki, visiblement agacé lui aussi. Et je vais le dire à maman et papa !


Elle n'entendit ensuite que le bruit de ses pas qui descendaient les escaliers puis plus rien.


— C'est ça, vas-y ! C'est tout ce que tu sais faire de toute façon !


Après le premier soupir de la journée, elle se leva finalement et prit sa serviette. Elle devait se dépêcher si elle ne voulait pas arriver en retard au collège comme le lui avait averti son frère. Elle prit donc un bain à la va-vite, retourna dans sa chambre, enfila ses habits et ses bottines noirs, récupéra son sac de cours et dévala à son tour les escaliers.


— J'y vais ! cria-t-elle depuis la porte d'entrée.

— Tu ferais bien oui, Hiroki est déjà parti.

— Je sais, Maman, elle leva les yeux au ciel et partit.


Durant le trajet, Yumi s'immergea dans ses pensées qui ne se résumaient qu'en un seul mot, ou plutôt en un seul prénom. Elle eut un pincement au cœur en se disant qu'au final, Ulrich l'avait toujours considérée comme une simple amie, alors qu'elle, elle l'aimait éperdument. Leur histoire n'était-elle qu'« une banale amourette d'ados » qui finirait dans les oubliettes au fil des années ? Non, Yumi refusait de voir les choses ainsi. Ulrich était et resterait son premier et véritable amour. Mais qu'en était-il pour lui ?

Tant d'autres questions sans réponses lui tourmentaient l'esprit, elle préféra donc les laisser de côté afin de se concentrer sur la journée qui l'attendait.

Après quelques pas de plus, la japonaise parvint à arriver à l'heure à Kadic. À peine eut-elle le temps de franchir le portail du parc que la sonnerie annonçant le début des cours se fit entendre. Et c'était reparti pour une journée de souffrance !

Yumi se dirigea vers sa salle où elle ne manqua pas d'apercevoir William qui avait déjà un grand sourire à la vue de la nipponne.


— Salut, Yumi, la salua-t-il une fois qu'elle arriva près de lui.

— Salut.


Le beau ténébreux comprit qu'elle ne voulait pas lui parler face au ton neutre qu'elle dégageait. Il s'entêta tout de même à poursuivre la discussion.


— C'est toujours un plaisir de te voir !


Yumi laissa d'abord s'exprimer un regard perplexe sur son visage, mais finit par décrocher un sourire.


— Tu devrais sourire plus souvent, tu sais, ça te rend encore plus belle !


Elle répondit à sa remarque par une expression faussement touchée. Yumi supportait de moins en moins les techniques de drague de son prétendant qu'elle qualifiait de « à deux balles ». Ne pouvant soutenir le regard de William plus longtemps, elle détourna le sien et croisa ses bras sur sa poitrine.

Il n'eurent pas le temps de parler plus longtemps – heureusement pour la jeune asiatique. Mme Kensington, leur professeure d'anglais, fit son apparition. Les élèves s'installèrent calmement une fois dans la salle.


— Pour commencer, débuta la femme anglaise, je vais ramasser les devoirs que je vous ai demandés de faire pour aujourd'hui.


Surprise, Yumi se tourna vers son voisin habituel.


— De quel devoir elle parle ?


William la regarda à son tour, étonné de sa question.


— Le devoir qu'elle nous a donné avant-hier. Tu t'en souviens pas ? Je te l'avais même redit à la fin du cours comme t'avais l'air de pas écouter.


Yumi se rappela de cette fameuse heure où elle n'avait fait que penser à Ulrich au lieu d'écouter son cours. À cette pensée, son visage se décomposa.


— Et je rappelle que ce sera deux points en moins pour ceux qui ne me le rendent pas aujourd'hui, ajouta Mme Kensington qui faisait déjà le tour de la classe pour ramasser les copies.

— Super, soupira Yumi. C'est vraiment mon jour aujourd'hui !


Arrivée à leur table, seul William rendit la sienne.


— Ishiyama, où est votre devoir ?

— Euh..., bafouilla nerveusement l'adolescente, je ne l'ai pas.


Sa professeure leva un sourcil.


— Vous l'avez fait, au moins ?

— C'est-à-dire que... je n'ai pas eu le temps...

— D'accord, vous viendrez me voir à la fin du cours.


Yumi, agacée de nouveau, acquiesça d'un hochement de tête.


— Venant de toi, ça m'étonne !

— Je t'ai pas demandé ton avis, William !


Elle garda ensuite le silence durant tout le reste de l'heure et porta toute son attention au cours. Quand celui-ci se termina enfin, elle rangea calmement ses affaires et attendit d'être la seule qui restait dans la salle pour aller voir sa professeure.


— Vous vouliez me voir ?


L'enseignante stoppa son effaçage avant de s'intéresser à la jeune lycéenne.


— Oui.

— Si c'est pour le devoir, je suis désolée, je me rattraperai, s'empressa-t-elle de déclarer.

— Pour tout vous dire, Ishiyama, il ne s'agit pas que de ça. J'ai remarqué que ces dernières semaines vous n'êtes pas très attentive en cours. Alors s'il y a quoi que ce soit que vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à me poser vos questions.


Si peu, voire rares, étaient les étudiants qui parvenaient à obtenir 18 à 20 de moyenne, Yumi n'en restait pas moins une élève non studieuse, bien au contraire, ce qui lui valait énormément d'estime de la part de ses professeurs. Une absence non justifiée ou une mauvaise attention en cours suffisaient donc pour impacter – bien que faiblement – cette appréciation globale plutôt positive.


— Non, ça va, jusqu'ici aucun des sujets que nous avons traités ne m'a posé un problème.

— C'est sûr ?

— Oui, assura la japonaise. Mais pour le devoir...

— Concernant le devoir, vous êtes la seule à ne pas me l'avoir rendu, j'ai donc décidé de ne pas vous pénaliser. De plus, je sais que vous êtes une élève sérieuse et que vous devez probablement avoir une bonne raison de ne pas l'avoir fait.


Yumi approuva, son rire nerveux résonnant quelques secondes dans la salle. Elle ne trouva pas nécessaire de préciser que sa bonne raison était qu'elle était bien trop occupée à penser à Ulrich Stern !


— Je vous laisse jusqu'à cet après-midi pour le faire et me le rendre. Nous sommes d'accord ?

— Oui, Madame.


Leur petit entretien prit fin et la japonaise quitta la pièce. Elle soupira de soulagement quand elle fut à l'extérieur avant d'entamer son chemin pour se rendre à son prochain cours.


••


Yumi s'installa au bout de la table, dans un coin où elle pouvait être tranquille, et déposa une feuille ainsi que quelques stylos sur celle-ci.

Il n'y avait quasiment personne dans la bibliothèque à l'heure qu'il était, soit 16h, le silence complet régnait, ce qui l'arrangeait parfaitement.


— Qu'est-ce que je vais encore inventer ? râla-t-elle. Si seulement j'avais écouté William la dernière fois, j'en serai pas là !


La japonaise commença à griffonner quelques mots sur sa feuille quand elle sentit une présence par dessus son épaule.


— Je peux t'aider ?


Décidément, cette voix la poursuivait depuis le début de la journée.

William, évidemment. Il prit place à côté de Yumi, un sourire dragueur collé aux lèvres.


— Si tu pouvais aller loin de moi, oui, ça m'aiderait beaucoup ! s'emporta-t-elle légèrement.


Mais le beau ténébreux ne parut pas prêter attention aux propos de la jeune adolescente. Son sourire s'accentua.


— C'est quand même pas de ma faute si tu te retrouves ici.


Sur ce point il n'avait pas tort et Yumi le savait. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.


— En même temps... si tu arrêtais deux secondes de penser à cet imbécile de Stern...


La réaction de la jeune fille ne se fit pas attendre. Elle rougit, de gêne mais aussi de colère. Elle lança un regard mauvais à William, cherchant quoi lui cracher à la figure.


— Je peux savoir de quoi tu te mêles ?

— Désolé, je voulais pas te vexer, prétendit-il. Mais vois un peu la réalité, Yumi ! Ulrich et toi vous vous connaissez depuis un, deux ans ? Et est-ce qu'il t'a déjà dit qu'il avait des sentiments pour toi ?


À ces mots, de nombreux souvenirs firent surface dans la mémoire de Yumi. Elle réalisait douloureusement qu'Ulrich lui avait fait comprendre à plusieurs reprises qu'elle comptait à ses yeux, par ses gestes et ses actes : le jour de la Saint-Valentin, lorsqu'il était resté à ses côtés durant la violente tempête de neige, sans oublier leur « presque baiser » sur Lyoko, et bien d'autres encore. Il lui était même arrivé de le lui avouer ouvertement, suite à une mauvaise blague que lui avait faite Sissi. Mais elle, stupidement, l'avait repoussé, au lieu de lui dire en retour ce qu'elle avait véritablement sur le cœur.

Yumi se sentit encore plus mal qu'elle ne l'était déjà. Au final, c'était elle qui avait tout gâché. Elle l'avait trop fait attendre, et il était désormais trop tard car il avait fini par tourner la page.


— Ce qui se passe entre Ulrich et moi ne te regarde pas, William.

— Je sais, encore désolé. Mais, Yumi, je ne dis pas tout ça pour te blesser, je veux simplement que t'arrêtes de te faire du mal en espérant quelque chose qui ne risque pas d'arriver. Si Ulrich t'aimait vraiment, il te l'aurait dit depuis longtemps.


Elle ne chercha pas à contredire le jeune homme à côté d'elle et se contenta de l'écouter tout en faisant de vagues dessins sur son brouillon.


— Moi, par exemple, dès la seconde où je t'ai vue, je n'ai pas hésité à te faire comprendre que tu me plaisais.


La jeune asiatique posa alors son crayon et le détailla longuement, à la fois en colère et triste. En colère car elle s'en voulait et triste car William avait d'une certaine façon raison.


— Ça va, j'ai compris... Laisse-moi maintenant, s'il te plaît. J'ai un devoir à faire, insista-t-elle d'une voix brisée.


Mais au lieu de se retirer, William l'attira doucement vers lui pour la prendre dans ses bras. Étrangement, Yumi ne le repoussa pas. À quoi bon, de toute façon ? Elle le laissa faire, silencieuse. Après tout, il n'y avait pas de mal à recevoir un peu de réconfort, même si William était loin d'être la personne qu'elle aurait préféré pour cela.

Ce dernier cessa son étreinte pour plonger son regard dans celui de Yumi.


— Ça va mieux ? lui sourit-il.


Elle lui rendit son sourire, cachant comme elle le pouvait son mal-être.


— Ouais, merci.

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