Jade, l'apprentie humaine
Chapitre 19 : Dopage à l’élixir
Au moment où Tante Maria empoigna les cheveux de Diana pour mettre sa tête dans le chaudron, plusieurs choses se passèrent en même temps.
Dans un grand fracas assourdissant, la porte du salon vola en éclat sur un coup de pied volé de ma part. Le battant s'écrasa sur le sol du salon, tordu en deux, tandis que les occupants de la maison tournaient le regard vers moi, abasourdis.
Sur ma gauche, le barbare et le gobelin que Diana avait sauvés finirent de monter l'escalier et découvrirent avec les même yeux ronds la scène devant leurs yeux. Le barbare hurla comme un dégénéré en levant sa petite mais lourde épée. Derrière lui, le gobelin envoya une lance dans la tête de tante Maria qui la traversa comme du beurre. La femme tomba en arrière, tête la première, le cerveau transpercé, sous le regard horrifié de la famille. Diana extirpa la tête hors du chaudron, frappée d'horreur parce qu'elle venait d’y voir, le cœur battant.
— Non ! Mère !!! hurla Eléonore en s'agenouillant aux côtés de cette dernière.
— Diana ! m'écriai-je à mon tour. Tu vas bien ?
— Qu'est-ce que vous faites là ? coupa tante Mélodie en direction du barbare et du gobelin avant qu'elle ne puisse répondre, hors d'elle. Vous étiez censés être à la cave ! Et toi... ! ajouta-t-elle, en me fixant, le visage déformé par la rage.
Folle de rage, Mélodie tendit son bras vers la cuisine. Un balai en sortit qui défonça la porte fermée et se logea à toute vitesse dans sa main. L'outil se déforma pour devenir une canne en argent, brillante et lourde, que la femme frappa deux fois au sol. Ses yeux devinrent alors blancs, et ses vêtements se métamorphosèrent en une robe longue et noire. Ses cheveux courts et blancs s'allongèrent et devinrent légèrement bouclés. Désormais, son sourire avait quelque chose de d’arrogant, et il émanait d'elle une sensation de malaise et de puissance qui faisait froid dans le dos.
Simultanément, je bandai mon arc et le barbare levait son épée tandis que le Gobelin reprenait une lance dans son carquois. Mélodie dirigea sa canne vers le Gobelin. Une étincelle rougeâtre en sortit et se dirigea à toute vitesse vers lui. Il l'esquiva sans mal mais la charge explosa derrière lui.
J'ouvrai grands les yeux vers Diana, en lui faisant de petits signes de têtes pour lui dire de venir vers moi, tandis que je tirai sur Mélodie. Cette dernière l'esquiva avec un réflexe qui semblait inhumain. Elle tendit ensuite ses mains vers moi et il en sortit des flammes rugissantes qui léchèrent le bout de ma robe alors que je reculai in extremis jusqu’à me cogner contre le mur de derrière. Diana se précipita alors vers moi, mais Mélodie lui fit un croche-patte avec sa canne et elle s’étala de tout son long avec un gémissement de douleur. Cette dernière fut déployée en l’air par son utilisatrice et devint une grande épée menaçante qu’elle abattit sans cérémonie sur la jumelle. Le barbare vint contrer le coup au dernier moment avec une facilité déconcertante, et désarma Mélodie du même coup d’une puissante impulsion vers le haut.
Dans le même temps, le Gobelin assommait Éléonore d’un coup de poing en plein milieu du nez. J’en profitai pour venir aider Diane à se relever et nous nous dirigeâmes le plus vite possible vers la sortie.
— On s'en va, ordonnai-je avec autorité.
Les gobelins et le barbare vinrent avec moi, tandis que je relevai Diana sur ses jambes. Elle semblait terriblement souffrante. Ses blessures n'étaient pas encore complètement guéries.
— Personne ne partira d'ici ! hurla Mélodie.
Sa voix, alors douce et mélodieuse étaient devenues inhumaine, comme une superposition de voix aigüe et grave qui donnait une intonation maléfique. Ses cheveux ondulaient silencieusement au-dessus de sa tête, et elle-même semblait léviter à quelques centimètres du sol. La porte d’entrée que j’avais défoncée se remit alors sur pied comme par magie, puis s’épaissit brusquement en changeant soudainement de matière, passant du bois marron clair au métal gris et froid. Je pivotai sur mes talons, piquée au vif, et bandit mon arc vers ma cible.
C’est le moment que choisit un gros boulet de canon vient se planter dans notre salon et écrabouiller complètement le chaudron qui faisait guise de portail. Une grosse bouffe de fumée et de débris emplit alors l’atmosphère qui constitua une diversion suffisante pour nous échapper. Nous débouchâmes sur la rue par pan défoncé du mur, alors que la porte de métal était restée droite et stoïque malgré la déflagration. Les villageois, aux côtés de diverses animaux de fermes, couraient dans tous les sens, alors que leurs maisons étaient détruites par des hordes de Gobelins déterminés. Ils étaient comme de multiples marées vertes, détruisant peu à peu l'entièreté du district avec une efficacité effrayante. Nous nous mîmes à courir droit devant nous.
— Où est Ariane ?
— Il va falloir prendre la sortie la plus proche... ! étais-je en train de réfléchir à voix haute.
— Jade ! Où est Ariane ?
— Heu, elle est retournée au centre retrouver quelqu'un ! Je t'expliquerai plus tard !
— Non, explique-moi maintenant... Jade !
La jumelle m'agrippa au bras pour me forcer à m'arrêter. Je dus faire face à sa mine anxieuse, alors qu'elle semblait me regarder comme si je pouvais apporter toutes les réponses à ses questions. Le barbare et le gobelin s'arrêtèrent à leur tour un peu plus loin en voyant que nous ne courrions plus. Je comprenais sa souffrance de savoir sa sœur loin d'elle, en plein combat, car moi aussi je la considérais comme tel.
— Elle m'a dit qu'on se rejoindrait dans la forêt... lui-dis- précipitamment. On a un plan, suivons-le !
— C'est ce que tu aurais dû lui dire quand elle t'a dit qu'elle retournait là-bas ! Rétorqua-t-elle en montrant le centre du village. Tu n'aurais pas dû la laisser, le Roi et la Reine des Archers reviennent forcément vers l'Hôtel de Ville maintenant que le village est attaqué !
— Je sais bien, mais...
Je regardai autour de moi, désespérée. La situation était déjà assez catastrophique ici, mais alors au district central... ! Toutes les troupes, tous les gardes avaient dû se replier pour défendre le Roi et la Reine des Archers devaient être en train de se battre à leurs côtés contre les gobelins, que j'avais vu sortir par centaines de la maison de Malphas. Plus j'y pensais, plus je me disais que Thyrène ne résisterait pas longtemps à cet assaut... Et j'avais laissé Ariane retourner dans ce bordel... !
— On ne peut pas abandonner ceux à qui on tient, derrière ! fit valoir Diana.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda le barbare qui était revenu.
— Tu as raison, avouai-je, honteuse. Je n'aurais pas dû la laisser derrière, ce n'est même pas une combattante ! Mais j'irai la chercher ! Toi et... monsieur le barbare, vous allez dans la forêt. Je prends le gobelin avec moi pour le surveiller.
— J'ai un nom, je m'appelle Skrap !
— Eh bien soit, je prends Skrap avec moi.
— Très bien, je pourrais régler la dette que j'ai envers vous, fit ce dernier, pas gêné le moins du monde que je décide pour lui.
— Protège-la bien, s'il te plaît, suppliai-je au Barbare. Elle est mal en point. Sortez par la sortie sud, elle t'indiquera.
— Fais attention, Jade... s'inquiéta Ariane. Et fais tout pour éviter la Reine des Archers !
J'acquiesçai de la tête, avant de courir dans l'autre direction, accompagné de Skrap. Il était légèrement plus rapide que moi, en dépit de son embonpoint. De plus, il prenait le luxe de se baisser de temps en temps pour ramasser des pièces d'or. Heureusement, notre vitesse à tous les deux étaient surhumaine, et nous arriverions rapidement à destination.
— Qu'elle est l'objectif ?
— Le canon qui tire, dans le district central... On peut le voir d'ici, en haut de la petite tour. C'est là qu'elle est allée.
— La porte est gardée par des soldats.
Je regardai loin devant. Les troupes refusaient de laisser passer les civils et étaient en train de fermer les portes. Sacrifier une partie des siens pour assurer sa survie... Les humains étaient vraiment des êtres détestables... !
— On fait quoi ? La porte se ferme !
— On va assez vite pour la défoncer, fis-je valoir sèchement.
La surprise leva ses sourcils une poignée de secondes, puis un sourire confiant apparu sur son visage.
— J'aime ta façon de voir les choses. Je suppose donc que notre stratégie est de sauter dans le tas ?
— T'as tout compris !
Son sourire s'élargit, et il sortit trois lances de son carquois, prêt au combat. Nous accélérâmes encore en arrivant près de l'objectif, et défonçâmes la porte, l'épaule devant, dans un craquement qui fit sursauter les passants. Nous atterrissages devant une flopée de soldats, lances à la main, qui se retournèrent, abasourdis.
Je continuai sur ma lancée et envoya deux coups de poing bien sentis sur les premiers que j'eus sous la main en sentant leur mâchoire craquer. Le gobelin transperça trois d'entre eux avec sa lance. D'un bond plein d'élan, nous passâmes au-dessus d'eux en avalant sans problème une dizaine de mètres et continuèrent notre course.
Alors que je poussai au maximum mes capacités physiques, mes sens sur-développés semblaient se réveillaient. J'entendais le sifflement des lances fendant l'air et pouvait les esquiver sans encombre en continuant ma course, au milieu des cris de villageois effrayés, et de tintement d'armes métalliques l'une contre l'autre. Au loin, je voyais déjà l'Hôtel de Ville, autour duquel s'amassaient des centaines de personnes. Avec une vivacité effrayante, j'alignai trois soldats en transperçant leur crâne et continuai ma route. Skrap n'était pas en reste. Si j'avais une précision hors du commun, lui était encore plus rapide que moi. C'était un véritable flash vert qui passait d'un ennemi à l'autre en laissant des dépouilles derrière lui.
— On tourne ici, on y est bientôt !
Nous nous engouffrâmes dans une petite allée dans un dérapage maîtrisé. La tour qui supportait le canon n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres. A peine arrivée, et avec mon élan, je fracassai la porte d’entrée de la tour et monta quatre à quatre les escaliers en colimaçon qui m’amenèrent en un rien de temps au sommet. Je me retrouvai alors devant une jeune femme deux fois plus grande que moi, avec des longs cheveux noirs tressés dans son dos, emmitouflée dans un costume noir un peu grand pour elle, avec des yeux d’habitude rieurs qui transpirait l’inquiétude et l’anxiété, qui portait dans ses bras un enfant humain aussi, roux et avec des tâches de rousseurs, et un sourire confiant sur ses lèvres.
— Oh ! T’es qui toi ? me demanda-t-il en me fixant.
— Ariane ! m’écriai-je en l’ignorant. Tu es arrivée avant nous !
— Jade ! C’est super que tu sois là !
— Tu es une amie d’Ariane ? s'exclama l’enfant, criant presque.
— Tu as récupérée Diana ? Elle va bien ?
— Oui, ne t’inquiète pas, elle doit déjà être à l’abri... me pressai-je de dire en regardant nerveusement autour de moi.
— Dépêche-toi, Jade, cria Skrap au pied de la tour. On va peut-être se faire repérer.
En effet, lorsque l’enfant était le seul à tirer dans le village, il avait attiré toute l’attention et provoqué le désordre. Mais maintenant que les Gobelins exécutaient une attaque sur le village, tous les canons tiraient en rafales sur la totalité du district sud, et quelques mortiers aidaient à la tâche, sans succès. Et le canon sur lequel ils étaient devenait le seul à ne pas tirer, et attirait encore plus les regards des curieux.
— Il ne faut pas qu’on reste là ! décidai-je. Après toi... et... cet... humain.
— C’est Néo, m’informa-t-elle en passant devant moi.
— Néo...
Je levai le regard vers le gamin. Il eut un grand sourire et me tira la langue, sans raison. En ces temps-là, je ne savais nullement ce que ça voulait dire, mais je sentais que je devais le prendre comme une insulte, alors je répondis de la même façon, ce qui provoqua chez lui un petit rire. Une poignée de secondes d’incrédulité plus tard, je descendis les escaliers après Ariane.
— On y va ? s'enquit impatiemment Skrap, sautant presque d’un pied sur l’autre.
— Pas si vite, jeune gens... !
Notre groupe s’arrêta dans un dérapage. Je pivotai sur mes talons et écarquilla les yeux de stupeur en voyant la silhouette qui venait de nous parler. Elle devait faire deux mètres de haut, et nous écrasait de son regard autoritaire et sévère, tenant entre ses deux bras pâles une arbalète géante. Sa longue robe aussi violette et sombre que ses yeux survolaient à peine le gazon sec, laissant voir ses pieds nus ; c’était la Reine des Archers.
— Par tous les Dieux... ! murmura Ariane sans le vouloir, les mots sortant de sa bouche avant qu’elle n’ait pu les arrêter.
— Posez l’enfant à terre et posez les genoux au sol, ordonna-t-elle d’une voix plutôt grave.
Personne ne bougea le petit doigt. Nous étions littéralement pétrifiés par son aura, et je n’arrivais pas à réfléchir à un moyen de nous sauver. C’est lorsqu’elle nous donna l’ordre une seconde fois, d’une voix au ton encore plus autoritaire si c’est possible, que mon cerveau se remit à doucement fonctionner. Je bandai mon arc et le pointai sur le bambin que portait Ariane.
— C’est lui que vous voulez ? hurlai-je. Faites un geste, et je lui troue le crâne !
Ariane me regarda les yeux exorbités de surprise, avant de peu à peu comprendre mon stratagème. La Reine, quant à elle, eut un sourire qui adoucissait son air glacial, mais qui ne le rendait pas moins arrogant pour autant.
— Je pense que je t’aurais troué le crâne avant que tu ne puisses trouer le sien, répliqua-t-elle en levant son arbalète.
— Vous voulez vraiment jouer à ce jeu-là ? s'enquit Skrap. SI vous la tuez, c’est moi qui me chargerai de tuer l’humain !
Elle laissa échapper une grimace de mécontentement auquel je répondis avec un petit sourire satisfait. Nous avions réussi à renverser le rapport de forces. Mais nos chances de sortir du village sains et saufs étaient quand même sérieusement compromises depuis son arrivée inopinée.
— Alors que fait-on ?
— Laisse la fille et l’enfant partir.
Elle éclata d’un grand rire sans chaleur, froid et faux qui eut l’effet d’une douche froide, levant son visage au ciel.
— Ok, je pense qu’on va trouver un autre arrangement, sourit-t-elle en sortant une deuxième flèche de son carquois.
Mes muscles se tendirent sous la pression ; elle allait passer à l’action. Paniquée, je jetai un regarda à Skrap, que j’eus tout juste le temps de voir sortir une lance de son carquois, avant de la lancer contre la Reine avec une force que je ne lui aurais jamais soupçonnée. La lance fendit l‘air en soulevant mes courts cheveux roses, et transperça le ventre de la Reine avant de s’écraser profondément dans le mur d’une maison derrière elle. Tout s’était passé si vite que personne n‘avait pu bouger.
La reine de archers pencha lentement la tête vers son ventre, et porta la main vers sa blessure, comme si elle ne s’était toujours pas rendu compte qu’elle avait été attaquée. Lorsqu’elle releva les yeux vers eux, elle avait l’air encore plus en colère, sublimés par son regard violet encore plus bruyants.
— Courrez ! ordonna Skrap.
Ariane me regarda, comme pour voir si j’étais d’accord avec lui.
— Sortie sud, ajoutai silencieusement, avant de lui faire signe de partir d’un signe de tête.
Elle n’aurait pas pu être plus désespérée. La jumelle me regarda comme s’il était sur le point de fondre en larmes, puis jeta un dernier regard à la Reine avant de prendre ses jambes à son cou.
— Jade !
Skrap me poussa au sol, juste à temps pour que j’évite la flèche qu’avait envoyé notre adversaire. Elle faisait ma taille et souleva des mottes de terres sur deux ou trois mètres en faisant voler ma robe et mes cheveux.
— Prends ça !
J’attrapai une petite fiole d’élixir, apercevant au passage ses veines de couleur violettes pulsant sous ses muscles soudain saillants et voyant. Il lança une nouvelle lance sur la Reine qui esquiva de justesse en se jetant sur le côté, abasourdie par la puissance du Gobelin. Je vidai la fiole d’un coup et jeta le contenant vide avant de me relever. Tous mon corps se raidit, me paralysant pendant une poignée de secondes pendant lequel l’entièreté de mes muscles hurlait au loup. Je gémissais de douleur à travers mes dents serrées, le souffle court, le corps de plus en plus brûlant. Alors que le supplice n’aurait pas de fin, tout mon corps se détendit et une intense mais brève vague de plaisir mêlé à de la puissance traversa tout mon corps. Je ne m’étais jamais senti aussi bien de toute ma vie, ni aussi confiante.
— Alors ?
J’hochai légèrement de la tête pour seule réponse et sortit une flèche de mon carquois.
— Allez, on la bute et on se barre d’ici, murmurai-je.
Ellipse de 30 minutes
— Vous esquivez bien, cela ne fait aucun doute, mais vos attaques s’avèrent bien faibles... !
Elle ponctua la fin de sa phrase d’une série de tirs qui abimèrent encore plus le terrain sur lequel nous nous battions. Le gain de forces que nous avait donné l’élixir marchait toujours, mais ce boost avait poussé la Reine des Archers à se montrer plus sérieuse, ce qui l’annulait. Sa rapidité déconcertante et sa cruelle précision desservait un tir à l’arbalète qui avait bien souvent pu être meurtrier. Si nous la laissions continuer, elle prendrait rapidement la main sur le combat.
Skrap et moi décidâmes de nous séparer dans un premier temps. La stratégie marcha dans les secondes qui suivirent. La Reine des Archers, un moment hésitant, choisit de viser mon compagnon dont la vitesse était encore plus effrayante que celle de la Reine, mais sans succès. Je profitai de cette ouverture pour bondir tel un boulet de canon sur elle, une flèche à la main. J’étais sur le point de planter cette dernière au niveau de son cou, mais sans même un regard pour moi, mon adversaire m’administra un coup de coude dans la poitrine qui me jeta contre terre. En se retournant, un mauvais sourire aux lèvres, elle m’écrasa de tout son poids et appuyant son pied contre moi, m’empêchant de me relever. Elle tendit la corde de son arbalète, mais avant qu’elle ne puisse tirer, Skrap lui envoya un violent coup de poing par derrière qui lui fit pousser un cri de rage.
Exaspérée, elle regarda aux alentours, non sans me garder à terre, histoire de ne pas nous perdre tout deux de vue. Ma respiration se fit haletante, puis sifflante, au fur et à mesure des secondes, alors que je voyais autour de moi un sillage vert tourner autour de la Reine comme une mouche autour de son repas, prêt à piquer. Dans une ultime tentative de défense, alors qu’elle avait le regard ailleurs, je pris un arc de mon carquois et la planta dans son mollet. Elle enleva son pied dans un hurlement de douleur. Skrap en profita pour foncer à l’arrière du genou de son autre, ce qui la fit tomber à genou sur le sol. A peine retombé sur ses pieds, il sauta de nouveau vers son visage, mais elle le balaya d’un swing de son arbalète.
Je lui envoyai de mon côté en coup de poing dans les dents et m’écartai de plusieurs bonds en arrière pour bander de nouveau mon arc, me sentant plus à l’aise pour le combat à distance.
— Bien joué, Jade... haleta le Gobelin.
— Toi... fulminait la Reine en retirant la flèche de sa jambe, espèce de dégénéré... Comment peux-tu te retourner contre ton Créateur ! Comment peux-tu te détourner de ta sainte mission ? Tu es censé respecter les ordres directs du Roi !
— Je ne respecte les ordres de personne, m’écriai-je en lançant une de mes flèches.
Le projectile tomba rapidement et transperça sa longue robe avant de se planter dans le sol. Une idée traversa alors mon esprit, et je lançai une nouvelle flèche à travers le long tissu violet. Skrap comprit mon idée : Tel des clous, mes flèches l’empêchaient de se lever. Alors qu’il prenait une lance dans son sac, j’entendis grâce à mon ouïe sur-développée, j’entendis des bruits de pas précipitée venir dans notre direction, sauf que cela ne ressemblait pas à la course d’un humain. En tournant la tête, je vis alors un cheval galoper vers nous, avec Ariane et Néo dessus.
— Monte ! hurla-t-elle dès que je croisai son regard.
— Mais... !
J’attrapai le bras de Skrap, puis celui d’Ariane qui nous aida tous deux à monter, tandis que le cheval nous ramenait vers la voie centrale.
— Pourquoi tu es revenu ?
— Je ne te laisserais pas derrière ! s'exclama-t-elle.
Je restai bouche bée devant sa réponse, et sentit soudain un sentiment chaud de bonheur m’envahir. J’étais revenue pour l’aider, et à son tour, malgré la peur totalement justifiée qu’elle éprouvait pour la Reine des Archers, elle était aussi revenue sur ses pas pour nous permettre de nous échapper. J’étais heureuse de savoir que dans ce vaste monde, deux personnes tenaient suffisamment à moi pour revenir m’aider, même dans des situations désespérées. Nous nous échappâmes donc tous ensemble du village, gangrené par l’ennemi.
La fin des affrontements m’a rappelé une phrase que j’ai entendu dans le dernier Star Wars...
“C’est comme ça qu’on gagnera. Pas en s’acharnant contre ceux qu’on déteste, mais en sauvant ceux qu’on aime”
Rose Tico, un de mes persos préférés ^^
J’ai eu une grosse absence, car mon ordinateur ne marchait plus et je viens à peine de recevoir le nouveau ! Désolé pour l’attente ! Je posterai le chapitre la semaine prochaine ! (Déjà écrit)