Jade, l'apprentie humaine
Chapitre 20 : Trouver sa place
3972 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 02/12/2018 10:56
Chapitre 20 ; Trouver sa place
2 jours plus tard
Ariane et Néo étaient toujours sur le cheval, qui se faisait un chemin à travers une forêt de sapins, dans une nuit presque noire. Skrap marchait aux côtés de l’animal, une torche à la main, et je fermai la marche, à la fois pour surveiller leur arrière et garder un œil sur le Gobelin en qui je n’avais pas totalement confiance.
Nous avions miraculeusement réussi à échapper à la Reine des Archers qui semblait avoir été appelée ailleurs à la fin de notre combat. L’hôtel de ville était en train de tomber au moment où nous nous échappions de Thyrène. Le village était tombé sous les mains des Gobelins, et les villageois survivants ainsi que le Roi s‘étaient exilés dans la forêt en sortant par la porte Est. Ariane et moi étions sortie à la porte Sud et avions cherché pendant quelques minutes à la lisière de la forêt de voir sa sœur jumelle et le barbare qui l’accompagnait, sans succès. Nous avions donc continué notre chemin tout droit. Elle restait silencieuse, mais je sentais Ariane plus tendue que jamais.
— Arrêtons-nous ici, décida Skrap en montrant un petit espace entre les arbres.
Ariane descendit du cheval et aida Néo à descendre, tandis que le gobelin l’attachait à un arbre.
— Ce n’est pas normal, marmonna-t-il alors que je m’approchai de lui.
— De quoi ?
— Deux jours de marches sans aucun signe d’eux ?
Je jetai un rapide coup d’œil vers Ariane.
— Je ne sais pas... Continuons encore un peu et puis...
— Soit ils ont dévié, et dans ce cas ils se sont perdus, soit ils se sont faits capturés, soit tués. Soit les trois !
— Non, elle avait un barbare avec elle.
— Un barbare ne peut pas faire grand-chose contre une armée de Gobelins, répliqua-t-il avec un rictus. Je vous ai dit que la forêt au sud de Thyrène est gangrenée par nos villages !
C’était vrai. C’était d’ailleurs par-là que nous étions partis avec les troupes de Thyrène le jour de ma naissance, pour attaquer l’ennemi. J’avais pensé à l’éventualité que Skrap nous amenait sans que nous le sachions à un de ses villages comme captifs, mais jusque-là, nous avions gardé le cap que j’avais imposé.
— Je connais une grosse partie de cette forêt comme ma poche. Il y a pas mal de pièges, beaucoup d’animaux sauvages, mais aussi d’yeux qui dans l’obscurité suivent les âmes perdues comme nous avant de nous capturer dans notre sommeil.
— Je ne dormirai pas, comme pour la première nuit, tranchai-je, impassible. Combien de jours cela prend pour traverser la forêt.
— Encore deux jours, si on va vite. Genre, pas à une vitesse qu’une humaine peut égaler.
A nouveau, je jetai un coup d’œil à Ariane qui se faisait toute petite, quelques pas derrière Skrap.
— Eh bien...
— On a un cheval, m’interrompit Ariane d’une voix faible. On aura qu’à le solliciter un peu. Je pense qu’il y a des mûres ou des fraises dans le coin... Ça devrait pouvoir lui permettre de carburer demain.
Skrap la regarda un moment, avant de hausser les épaules en faisant la moue.
— Si tu le dis...
Ariane ramassa une branche épaisse au sol, avant de déchirer un autre bout de tissu de son costume de serviteur qu’elle avait volé au château, et de l’enrouler au bout. Elle prit ensuite un peu du feu de la torche de Skrap, et commença à s’éloigner.
— Néo, reste à côté de Jade.
— Où tu vas ? M'enquis-je.
— Chercher de quoi grignoter pour demain. Ne t’inquiète pas, je ne m’éloigne pas, tu verras la lueur de ma lampe d’ici.
— Tu ne veux pas que je vienne ?
— Non, c’est bon, répondit-elle un peu sèchement.
Je le laissai donc partir tandis que Skrap récoltait le nécessaire pour un feu. Nous avions capturé seulement deux lapins aujourd’hui que nous nous apprêtions à cuire. Je m’abstins de manger pour ce soir. Ma faim n'était pas encore bien développée [1], et mon estomac ne faisait que vibrer légèrement de temps à autre, mais je sentais que je supporterais difficilement un troisième jour de jeûne. Malgré le fait que je m’abstienne, les autres n’eurent pas de quoi remplir complètement leur estomac. Néo, qui au grand désarroi de mes oreilles s’était maintes fois plaint le premier jour, était de plus en plus calme, comme résigné. Il était systématiquement collé à Ariane, ce qui me rendait un peu jalouse.
La nuit fut agitée. Je fis des cauchemars, impliquant le Roi de Thyrène contre que je me battais, mais aussi la Reine des Archers qui le défendait. Je me réveillai en poussant un petit cri de surprise au moment où le Roi me poignardait à la gorge, et respira profondément dans le froid glacial et l’obscurité quasi-totale. Ariane trouvait glauque et angoissante cette atmosphère silencieuse, mais moi, cela me rassurait. Je pouvais entendre des bruits impossibles pour les humains, comme un écureuil écrasant une branche à plusieurs dizaines de mètres, donc ce n’était pas un vrai silence, mais plus la manifestation calme et paisible de la nature sans la pollution humaine et sonore.
*****
Lorsque je me réveillai, je me rendis rapidement compte qu’Ariane était déjà levée. Emmitouflée dans un petit drap bleu et léger, elle tenait ses genoux collés contre sa poitrine, regardant l’obscurité au loin.
— Ça va ? m'informai-je timidement.
Elle me fit un sourire, un peu forcé, je le sentais.
— Tu sais, quand tu m’avais dit de chercher mon nom ? continuai-je.
Elle acquiesça, l’air intéressé.
— J’en ai trouvé un pas mal, mais je ne t’ai pas demandé ta permission... Que penses-tu de Keller ?
Ariane entrouvrit la bouche comme pour laisser échapper un petit cri, mais aucun son ne sortit. Elle semblait choquée, et pendant un moment, je regrettai d’avoir pris ce choix sans leur en parler.
—Dans ce cas, répondit-elle lentement, cela veut dire que nous sommes sœurs, n’est-ce-pas ?
— Si tu le veux bien...
Son visage s’illumina.
— Si je veux bien ?
Et elle m’enlaça dans une étreinte chaleureuse, et je sentis au plus profond de mes entrailles un sentiment de bien-être. J’eus envie que ce moment dure pour toujours. Je n’aurais su expliquer ce qui s’est passé dans mon corps, mais je le sentais ; j’expérimentai quelque chose que seuls les humains peuvent expérimenter, et cela m’enchantait.
— Avec plaisir, finit-elle par glisser, me gratifiant de son sourire que j’aimais tant.
— Alors maintenant, on est trois !
— Ou deux seulement, si on ne retrouve pas Diane...
Elle détourna le regard, mais j’eus le temps de voir son regard s’humidifier et briller dans le noir, comme deux étoiles d’une lueur faible. Je ne comprenais pas encore à quoi était dû ce phénomène, mais avait perçu la tristesse et le désespoir dans sa voie. Aussi entrepris-je de la rassurer.
— Nous nous retrouverons, j’en suis certaine ! lui soufflai-je, plaçant avec hésitation ma main sur son épaule. Ne perds pas espoir. Elle est bien accompagnée !
Et en effet, nous la retrouvions le jour d’après ! Après une journée de marche dans la forêt de plus en plus sombre des Gobelins, tant la cime épaisse des arbres ne laissait filtrer aucun rayon de soleil, nous retrouvâmes Ariane, accompagné du Barbare, ainsi qu’une cinquantaine d’habitants de Thyrène qui avaient réussi à s’échapper ! Nous nous sautâmes dans les bras dans un concerts de cris surexcités, de soupirs de soulagement, et, pour les jumelles, de larmes, chose que je ne comprenais toujours pas. Étaient-elles tristes de se retrouver ? Une petite voix me disait le contraire. Cette eau qui sortait de leurs yeux, pouvait se manifester dans les moments de joie comme de bonheur, et cela se voyait sur leurs visages qu’elles étaient ravies d’être de nouveau ensembles.
Diane et les villageois avaient croisé quelques Gobelins égarés qu’ils avaient pu gérer sans difficulté, car ils avaient pris des armes en s’enfuyant du village : pelles, fourche, bâton de bois épais... Des familles entières tenaient dans des remorques en bois tiraient par de multiples chevaux, d’autres étaient dans de petits chars, et les plus riches étaient tirés par des veaux dans de petites maisons miniatures. Les plus pauvres marchaient ou chevauchaient maladroitement les vaches. Ils avaient aussi des rations de fruits, de légumes et d’herbes douces. Par contre, l’eau commençait à manquer, et cela se faisait ressentir sur les plus jeunes. Le groupe décida donc de continua sa route, Skrap menant la marche, pour qu’ils sortent de la forêt.
Les villageois ne furent pas effrayés de sa présence pour deux raisons : tout d’abord, ils étaient désormais au courant, tout comme Malphas, que les troupes qui les protégeaient, (Chevaucheur, Barbares, Géants, …) s’humanisaient au fur et à mesure des jours, à l’instar du Barbare qui les accompagnaient avec Diane, (et qu’ils avaient sobrement nommé Vagrun). Et puis, il l’avait vu accompagner les deux jumelles sans que ces dernières ne paniquent en sa présence, et avait donc jugé, non sans réticence, qu’il était fiable. Cependant, quelques irréductibles, forcés de le suivre, au risque de se perdre en territoire ennemi, lui lançait de multiples regards noirs.
Du coup, je n’avais plus à me cacher ! Les villageois étaient au courant de mon existence et de ce qu’elle signifiait sur le long terme, et je pus faire connaissance avec plusieurs d’entre eux. Ils me regardaient comme une bête curieuse, certes, mais au moins, j’étais accepté, et même, posée sur un piédestal ; il me considérait comme grande “Défendeuse” du groupe de rescapé que nous étions, et ce titre me donnait du baume au cœur.
Par la suite, ils firent aussi connaissance avec le fils du Roi, Néo, à qui ils donnèrent immédiatement le statut de nouveau Roi. Apparemment, ils avaient complètement oublié Richard, l'ancien, et avaient déjà perdus toute espoir de récupérer Thyrène aux mains des Gobelins. “Tant mieux”, me disais-je, “revenir là-bas ne pouvait nous attirer que des ennuis”. Nous sortîmes de la forêt le jour même, retrouvant la lumière du soleil couchant avec bonheur, sous un soleil teinté de rose et d’orange devant lequel nous restâmes scotchés. J’en vis la beauté, moi, la créature d’élixir créée pour combattre, et pour la première fois de ma vie, une larme coula de mon œil gauche, fila sur ma joue et perla de mon menton. Je voulus l’attraper pour vérifier si je ne rêvais pas, mais la goutte s’était déjà perdue dans l’étendu de gazon, et il ne restait de son passage qu’une fine pellicule d’eau sur mon visage que j’essuyai. Plus que la beauté du ciel, c’était le fait qu’on le regarde tous ensemble, en groupe, uni par sa magnificence, qui m’avait touché. Nous ne faisions qu’un devant ce crépuscule. J’avais trouvé ma place.
Le lendemain, nous marchâmes encore quelques heures avant de nous poser dans une petite vallée accueillante, prêt d’un champ de fleurs multicolore. Là, il fallut faire plusieurs décisions, et malgré le statut de Roi de Néo, et après de multiples débats, on décida que c’était trop de pression pour un enfant de prendre de tels décisions. Beaucoup voulurent élire le doyen, mais ce dernier objecta ; il n’était pas sûr de vouloir avoir une seule figure représentant le pouvoir. On mit donc en place un Grand Conseil, constitué du doyen, Paolo, d’un forgeron, d’un charpentier, de deux mères de familles, et de moi-même. Les jumelles avaient décliné mon invitation, faisant valoir que je serai la représentante de leur avis auprès des autres.
Nous décidâmes de construire un village ici. Il y avait de la place pour les champs, nous étions assez loin des Gobelins, et il y avait une grande rivière tout en bas de la vallée. On le ferait non loin de la lisière de la forêt. Ensuite, on établit plusieurs groupes. Un groupe chargé d’aller faire les cueillettes, majoritairement constitués de femmes, alors qu’un groupe majoritairement constitué d’hommes irait chasser le sanglier ou le cochon sauvage. Deux éleveurs s’occuperaient des chevaux, des vaches, des veaux, avec à leurs services des adolescents musculeux et habitués à la tâche. Vagrun se proposa aussi pour aider. On fit tous ensemble les plans du village, allâmes chercher le nécessaire, et nous mîmes au boulot.
Une semaine plus tard, une première maison était faite dans laquelle on faisait dormir les enfants, alors que les adultes dormaient autour, dans des tentes. Jade, Ariane, Néo et moi étions dans la même, et c’est cette nuit-là que nous prîmes le temps de nous raconter tout ce qu’il s’était passé pendant les affrontements à Thyrène. Moi et Ariana restâmes bloquées sur un passage en particulier de l’histoire de Diane, qui nous affirmait avoir utilisé des pouvoirs contre le Roi, alors qu’il essayait de la violer !
— De la glace, plus précisément... murmura-t-elle, un doigt fin sur sa lèvre supérieure, le regard dans le vide. Je me rappelle que l’atmosphère est soudain devenue très froide.
Pas plus avancée, je haussai les épaules en faisant la moue. Après tout, peut-être les humains avaient aussi des pouvoirs... ? J’eus alors cette drôle d’idée en tête. Et si les nés-humains grandissait en ayant petit à petit des pouvoirs, alors que les nés... ou plutôt, que les troupes créées artificiellement comme moi avec des pouvoirs s’humanisaient... de sorte à ce qu’on ne fasse un dans un futur proche ? C’était une possibilité. Nous nous endormîmes, et ne pensâmes plus jamais à cela.
Un an plus tard
Tout allait bien. Le village était petit, mais tout le nécessaire y était, et le fait d’être rapproché donnait une atmosphère plus chaleureuse que dans le grand village de Thyrène. Je n’entendis plus parler de Richard, de Reford, ou de la Reine des Archers, que du haut de ma cabine de vigile, j’avais peur de voir sortir de la lisière de la forêt. Je n’étais plus la seule Défendeuses désormais, à mon immense joie. En effet, durant plusieurs mois, j’avais forme mes sœurs à devenir de vraies combattantes. Je n’avais plus envie de m’inquiéter pour elle lorsqu’elles allaient faire la cueillette dans la forêt (et je compris rapidement que cela ne changerait jamais), mais elle avait évolué de manière surprenante et exponentielle. Leurs corps de jeunes femmes maigrichonnes et frêles à cause des jeunes systématiques que leur avaient imposés Malphas avaient été remplacés par des corps athlétiques aux muscles longs et bien nourris. Elles étaient encore plus pleines de vie, et leur sourire, si c’était possible, étaient encore plus contagieux. Elles étaient le rayon de soleil et nous étions les chouchous de tout le village.
Même les hommes, pères de familles, musclés mais non expérimentés pour se battre, avait remplacé la jalousie par l’admiration. Les jeunes hommes commençaient à leur faire des avances, grande nouveauté parmi d’autres dans cette vie, après l’esclavage permanent chez leur père adoptif.
Aidé de Vagrun et quelques autres, elles avaient mis en place une sorte de grande maison à une pièce dans laquelle l’entièreté du village se retrouvait à la fin de la journée pour discuter. Au début, il n’y avait que quelques tables, avec des jeux de sociétés et des Pâques et de cartes, mais aussi des figurines en bois pour les enfants. Mais au fur et à mesure du temps, l’atmosphère quelque peu silencieuse et timide était devenue chaleureuse, voire carrément tapageuse en fin de semaine. Le lieu était un véritable vecteur de rencontre et de joie, et s’était métamorphosé ; C’était maintenant un grand bar avec un long comptoir, une grande scène pour laisser les artistes s’exprimer, et une salle de jeux pour enfants.
C’est là que j’avais vidé ma première pinte d’alcool.
— Affreux ce truc ! avais-je marmonné, impassible, avant d’en reprendre une heure plus tard, un sourire béat aux lèvres, en regardant Diane danser avec un de ses prétendants.
Je pouvais aussi manger, ce qui signifiai aller aux toilettes, ce qui avait entraîné des situations assez cocasses les premières fois... !
C’est justement de là que je sortais de cet endroit, lorsque le forgeron dont je vous ai parlé et qui faisait partie du Grand Conseil, Cora, m’invectiva. Je m’assis à sa table. Désormais, j’avais des cheveux longs, et toujours rose, avec beaucoup de volume et que j’avais paresseusement attachés. J’aimai bien ma robe verte, mais je préférai encore plus déambuler dans un pantalon de cuir marron dont la coupe laissait voir mes chevilles, confortables, ainsi qu’une tunique rouge et ample, liés sur les côtés par des cordes de peau de vaches. Par contre, je haïssais toujours autant les chaussures, et restai pieds nus, au contact du sol. Quant à mon arc, il était toujours là, à mon dos, prêt à l’emploi. Je ne serai jamais assez confortable et assuré pour laisser ma bandoulière sous mon lit.
Je m’assis à sa table, et il poussa vers moi une chope d’hydromel. Je refusai d’un geste de la main, avec une grimace. Assez d’alcool pour aujourd’hui... ! J'avais déjà vidé l’entièreté de mes intestins derrière le bar, alors que je voulais tester mes limites à l’alcool, et ça m’avait calmé. Alors qu’il prenait une gorgée dans la sienne, je regardai autour de moi, avec un léger sourire. Dans le bar, l’atmosphère était toujours un joyeux bordel. Nous travaillions tellement dur la semaine pour subvenir à nos besoins et empêcher les attaques de Gobelins et de bandits solitaires de mettre à mal ce que nous avions construits.
— Toutes mes félicitations, en fait ! m'exclamai-je.
Sa femme était enceinte.
— Merci, sourit-il.
Je remarquai que c’était un sourire un peu crispé, et il avait détourné le regard. Quelque chose le chagrinai-t-il dans cette joyeuse nouvelle ? Je remarquai un nombre incroyable de choses qui passaient au-dessus de la tête des nés-humains maintenant. Nous restâmes un moment silencieux, à observer les gens danser sur la piste.
— Au fait, nos éclaireurs sont revenus.
Je ne répondis rien. Je sentais, appréhendai une nouvelle plus importante derrière, et n’avait pas envie de plomber la conversation d’un artificiel “Oh, super ! Et alors ?”. Il m’en cru peut-être capable, car il me fixa un instant en attendant que je parle, avant d’enchaîner.
— Ils sont plus loin qu’ils ne sont jamais allés. Au nord. Et... ils ont revu Richard... Tu sais... ? Ajouta-t-il après un petit silence.
— Oui, je vois.
Il n’y avait qu’un Richard que je connaissais, et longtemps que m’étais endormie en rêvant de lui trouer le crâne avec une de mes flèches.
— Eh bien ? m'enquis-je, voyant qu’il tardait à reprendre. C’est tout ?
Il détourna son regard rêveur de la piste.
— Il va venir ici, Jade. Et avec une sacrée armée !
J’eus l’impression que mon cœur remontait dans ma gorge, aussi aucun son n’en sortit, au détriment de ma bouche soudain entrouverte. Tous les souvenirs se déversèrent dans ma tête, comme mon vomi contre le mur derrière le bar la semaine dernière ; Thyrène et son Roi tyran, Malphas et sa famille dérangée, avec ses femmes effrayantes, Reford, l’attaque des Gobelins, la capture de Diane... Je croisai le regard de … à nouveau, et comprit pourquoi il avait eu autant de mal à me dire la chose ; Sa venue, c’était la fin de tout ce qu’on avait mis en place, la fin de ce petit village au maigres ressources défensives contre l’ennemi qu’il pouvait potentiellement être.
Plusieurs questions se bousculaient dans ma tête. Était-ce un projet, ou était-il déjà en route ? Connaissaient-ils leur présence ici, avait-il de mauvaises intentions, sinon, quels étaient-elles ? Mais je savais que comme moi, il n’avait aucune réponse, et les seuls mots qui sortirent de ma bouche furent ceux-ci :
— Il faut réunir le conseil. Le plus tôt sera le mieux.
Fin... ?
[1] : Jade est une archère créée avec de l’élixir, et, par conséquent, n’éprouve pas de besoins humains (manger, boire, déféquer). Mais au fil du temps, et grâce à un traitement que Malphas lui donnait, elle est devenue de plus en plus humaine. Elle ressent désormais la faim, mais pas aussi intensément qu’un humain, et peut tenir plusieurs jours sans manger ni boire.
Je suis content d’être arrivé à ce 20ième chapitre qui peut constituer une fin ouverte pour les aventures de Jade, l’apprentie humaine ! Maintenant, je peux reprendre d’autres projets, tout en gardant celui-ci dans un coin de ma tête. Si un jour, j’ai l’idée d’une suite et que je la poste, c’est que j’aurai écrit tous les chapitres en amont, donc vous serez sûrs de tout avoir ! Après tout, j’ai laissé des zones d’ombres, et il y a encore beaucoup de choses que je n’ai pas exploités. Donc si j’ai des projets pour l’avenir concernant cette histoire, c’est ici que je vous le ferai savoir ! => https://forums.fanfictions.fr/index.php?topic=2964.0
A bientôt sur le site (ou le forum) !