Jade, l'apprentie humaine

Chapitre 18 : Portail vers l'enfer

3836 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/10/2018 17:43

Chapitre 18 : Portail vers l'enfer 

 

— Malphas, le coup de canon !  s'écria inutilement Tante Maria. Malphas, qu'est-ce qu'il t'arrive ? 

 

La famille Lisidious était toujours dans la cuisine, en train de prendre son petit-déjeuner. Le vieil homme était penché sur la table, grimaçant horriblement, les mains collées sur son ventre. Béatrix quant à elle était plus raide qu'une planche de bois, le nez froncé comme si elle était sur le point d'éternuer, et les dents serrées.  

 

— Qu'est-ce qu'il vous arrive tous les deux ? s'enquit Hermine de sa voix nasillarde en se levant. C'est le signal !? 

— Oui, gémit difficilement Malphas. Mais... j'ai une drôle d'envie de dormir... et aussi... d'aller aux toilettes... ! 

— Moi la première ! haleta Béatrix en frappant sèchement la table de la paume sous l'effort qu'elle devait déployer pour se retenir.  

— Mais... je ne comprends pas... bredouilla Tante Maria devant leurs visage, déformés sous l’effort qu’il devait faire pour retenir leurs intestins de faire le ménage immédiatement. 

— J'ai... j'ai été drogué, murmura Malphas dont la tête commençait déjà à dodeliner. Avec du somnifère... et du laxatif... !  

 

Comme pour lui répondre, Béatrix lâcha une grosse série de pets humides qui arrachèrent une grimace de dégoût mémorable à Hermine. Soudain, la porte de la cuisine s'ouvrit à la volée sur une autre femme, au cheveux courts, évasés et dorés. Elle avait le teint aussi lumineux que ses cheveux, les yeux grands ouverts comme ceux d'un chat sur ses gardes, et une silhouette élancée. C'était tante Mélodie. 

 

— Ben alors, vous dormez ou quoi... ? s'exclama-t-elle. Vous n'avez pas entendu le signal... ! Pouah, c'est quoi cette odeur ?! 

— A... Apportez-moi un seau... ! gémit Beatrix avant de s'effondrer par terre.   

— Sortons d'ici immédiatement, décréta Tante Maria qui tentait de retrouver sa contenance. Et ma petite Éléonore qui ne revient pas des toilettes... Aurait-elle été empoisonnée, elle aussi ? 

— Je ne comprends rien à rien ! Que doit-on faire ? 

— Tiens-t-en au plan. Hermine, réveille tes sœurs et tes tantes. Je vais aller voir si ma fille va bien.  

 

Alors que tante Maria prenait les escaliers, suivie de proche par Hermine, un troisième coup de canon fit vibrer les murs fins de la maison, provoquant de nouveaux cris hystériques dans les rues.  

 

 

****** 

 

 

Mais que s'était-il passé pour moi ? Eh bien, j'étais toujours dans ma cage avant que la débandade ne commence, essayant en vain de m'extirper de ma cage et de mes chaînes.  

 

J'étais caché au fond d'un char royal qui entrait maintenant dans le district sud du village de Thyrène, se dirigeant tranquillement vers la sortie. Sur les côtés, des gens que je ne voyais pas sonnaient des coups de trompettes, envoyaient de confettis, des lettres et souhaitaient un bon voyage à leur Roi. C'était un brouhaha absolument horrible pour mes oreilles. Je l'avais remarqué lors de ma première sortie à Thyrène avec Reford, lorsque nous étions allés chercher les filles de Malphas : J'avais une ouïe bien plus développée que les autres. Mais en fait, ce n'était pas seulement l'ouïe, mais tous les sens. 

Je pouvais sentir les odeurs mélangées de parfums d'hommes et de femmes qui s'étaient fait beau pour le Roi, mais aussi l'odeur de la sueur, ainsi que des effluves de senteur qui devait correspondre à l'odeur du gazon chauffant sous le soleil. Ça, c'était pour mon odorat. Quant au toucher, j'avais pu l'expérimenter dès ma naissance, lors de l’attaque surprise des Gobelins, dans la forêt contiguë à Thyrène. 

 

J’essayai de briser avec ma force les menottes et chaînes qui me retenaient, mais je n'arrivais à aucun résultat concret. Je me mis donc à provoquer les Valkyries à mes côtés, sans grand succès. Je me tournai vers le Roi avec l'intention d'essayer sur lui, lorsque je pus intercepter le dialogue que ce dernier avait avec Reford. Il était suffisamment intéressant pour que je repousse la provocation à plus tard.  

 

— Malphas savait que je méfierai de lui, hein ? disait le Roi en se grattant sa grosse barbe noire. C'est pour cela qu'il m'a offert cette archère et l'esclave ? 

— Exact. En sacrifiant ces deux éléments, vous auriez arrêté de le surveiller, et il aurait pu mettre à bien son plan. Ou du moins, son vrai plan : c'est-à-dire, rassembler le plus de troupes possibles sous ses ordres afin de renverser le pouvoir en place, en l'occurrence, vous, et prendre votre place.  

— Donc il a embobiné les troupes qu'ils récupéraient, toi y compris, en leur disant qu'ils voulaient les sauver alors qu'ils voulaient juste vous utiliser ? 

— Exactement. Et le signal pour le début de son plan devait être un coup de canon lancé par moi-même. Mais comme vous voyez, j'ai décidé de le trahir pour suivre mes propres intérêts. Il n'y aura pas de coup de canons, et Malphas attendra dans son fauteuil pendant toute la matinée en vain.  

 

Je restai figée, frappée d'horreur par ce que je venais d'entendre. Malphas ne voulait pas sauver les troupes : il les utilisait pour satisfaire ses propres désirs de pouvoirs ! En plus de la trahir en la vendant au Roi, il lui avait menti sur toute la ligne ! La seule satisfaction dans l'histoire était que le vieux malappris de Malphas ne verrait jamais ses objectifs réalisés grâce à la trahison de Reford... J'avais l'impression que le monde autour de moi était factice, construit de toute pièces pour me faire faire ce que les autres jugeaient bon... ! Finalement, à quel moment avais-je eux vraiment le choix ? J'avais toujours été manipulée, depuis le début... ! Mais cela n'arriverait plus ! 

 

— Gros tas de cochon, cracha-je au Roi. Petit goujat de cochon ! Saleté de nouille ! 

— Ces insultes n'existent pas, me répondit dédaigneusement sa Majestée. 

— Qu'avez-vous fait de Diane ? 

— Qui ça ? 

— L'esclave dont vous parlez ! beuglai-je pour surpasser le bruit des trompettes et des cris des passants. Qu'en avez-vous fait ?  

— Je l'ai tué. Je voulais la violer, mais même pour ça elle était inutile... ! 

 

Je hurlai de rage si fort que certains habitants de Thyrène durent regarder le char royal d'un air circonspect. Ils ne pouvaient pas me voir, mais avaient certainement entendu de cri. Je cognai maintes fois ma tête contre les barreaux si fort que ces derniers commencèrent à se tordre tandis que je continuais de beugler ma colère dans des insultes incompréhensibles.  

Le Roi Richard et Reford se regardèrent d'un air alarmé.  

 

— Il faut la faire taire ! Valkyrie, faites quelque chose !  

— Je vais m'en charger, répondit une voix qui n’appartenait pas à la Valkyrie. 

 

La voix venait du siège devant les deux hommes. Ils se retournèrent et virent alors la Reine des Archers qui s'était levée. C'était une grande femme à l'air austère, d'un peu plus de deux mètres. Elle avait un regard perçant et bleu foncée qui semblait vous transpercer avec presque autant de violence que l'arbalète qu'elle avait en main. Au lieu d'une robe rose comme les autres archères, elle en avait une plus longue et verte foncée. Un bandeau violet, comme ses longs cheveux sortant de la couronne sur sa tête était attaché à sa hanche. Elle allait aussi nu pieds, comme toutes les autres archères.  

J'avais déjà croisé son regard, et j'avais déjà prié pour ne jamais l'avoir comme ennemi. En vain. Elle se tenait de nouveau devant moi, l'arbalète en joue, le regard froncé et la mine insondable, prête à tuer. Se rappelait-elle de moi ? Aucune importance, j'allais mourir.  

 

— Allez-y, tirez ! lui lançai-je, voyant qu'elle hésitait.  

 

Pour la première fois, je la vis écarquiller les yeux de surprise. Sûrement ne s'attendait-elle pas à tant d'audace de la part d'une troupe sans propre volonté.  

J'entendis alors la détonation, en même temps que tout le monde. Je tordis brusquement le cou pour regarder derrière moi. J'eux à peine le temps de voir un gros point noir dans mon champ de vision, avant que je ne sois propulsé à une vingtaine de mètres de ma position initiale, dans une explosion de douleur et de cris. Le boulet de canons atterrit à côté de moi. Ma cage avait été détruite par l'impact, et mes chaînes aussi. Je ne voyais que du flou, de couleur verte à mes pieds. Je me relevai avec peine, la tête encore un peu vacillante, et reprit peu à peu mes esprits.  

La Reine des Archers avait sauté au dernier moment du char avec Reford et se trouvait sur le toit d'une maison contigüe. C'est alors que j'entendis une seconde détonation. Un second boulet de canon s'écrasa sur ledit toit. La Reine des Archers du se remettre à terre, tandis que les quatre géants se mirent à faire paresseusement barrage. Je vis alors d'où vint le canon, et me demanda si ce n'était pas Diane qui faisait le coup pour me sauver... ! Elle était toujours en vie ! 

 

— Jaaaaaade ! beugla une petite voix sur ma gauche.  

 

Je me retournai, alors que les habitants courraient dans tous les sens, paniqués. Derrière eux, je voyais un char de course qui venait à toute allure avec une femme portant un pantalon trop large et une veste du même acabit.  

 

— Diane ?!  

 

Mais La Reine des Archers l'avait entendu aussi. Elle se retourna en visant le char, banda son arbalète, et sauta en l'air avant de tirer pour éviter les habitants. La flèche s'écrasa sur le dos d'un des chevaux si vite que je n'eus pas le temps de voir la flèche, et le char ainsi que Diane furent catapultés en l'air, en faisant une parabole. A la main, elle avait un sac enveloppé autour d'un objet longiligne. Je l'attrapai sans difficulté, tandis qu'elle me collait nerveusement le sac dans les mains.  

 

— Ton arc... bredouilla-t-elle.  

— Merci. Comment as-tu fait pour t'échapper ? 

 

Avant même que je ne finisse de poser ma question, j'entendis la corde de l'arbalète de la Reine des Archers se tendre. J'enserrai Diane à la taille et me jeta sur le côté. La flèche, plus grande que moi par ailleurs, s'écrasa brutalement juste là où nous étions, si bien qu'il souleva d'énormes mottes de terre, faisant passer le sol pour un vulgaire paillasson dérangé. J'emmenai Diane à l'abri entre deux maisons et déchira le sac.  

 

— Je vais enfin pouvoir me défendre... Mais attends, qui a tiré au canon ? 

— Le prince. 

— Le prince ? m'enquis-je en jetant un coup d'œil dans la rue bondée de gens effrayés. C'est quoi le prince ? 

— Le fils du Roi. Il s'appelle Néo. Il faut que j'aille le récupérer, je lui ai promis ! 

— Et Ariane ? renchéri-je, me demandant pourquoi elle l'avait appelé "leprince" si son nom était Néo. 

— Je compte sur toi pour aller la chercher ! Et puis, elle sera avec ce barbare de toute façon, non ? 

 

Un troisième coup de canon retentit qui fit vibrer mes tympans.  

 

— Retrouvons-nous dans la forêt qui entoure Thyrène, côté ouest, d'accord ? 

 

Diane me serra alors brièvement dans ses bras. Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentis étrangement bien dans ses bras.  

 

— Bonne chance !  

— Toi aussi !  lui répondis-je alors qu'elle partait déjà. Attends ! 

 

Je saisi une dizaine de flèches dans ma main, et les lui tendit. 

 

— Au cas où. J'espère que tu n'auras pas à t'en servir... ! 

 

 

***** 

 

 

Alors qu'Ariane et Éléonore continuait de lutter au sol, l'ascenseur s'ouvrit. Cette dernière s'extirpa de l'emprise de sa sœur et y entra. Ariane l'y suivit en entrant in extremis, son balai toujours à la main, exténuée et blessée.  

 

— Tu me fais vraiment de la peine, soupira-t-elle. Regarde-toi, c'est déjà insensé que tu tiennes debout, et maintenant tu essayes de me battre ? 

— Non, juste de t'arrêter ! Et je n'ai pas besoin de ta pitié !  

 

Elle enfonça le balai dans son ventre, puis frappa sa mâchoire avec. Le troisième coup s'arrêta dans la main de la jeune fille à la frange noire qui était arrivé à parer le coup. Elle ramena le balai vers elle, ramenant du même coup la jumelle qu'elle frappa à la poitrine. Ariane passa alors derrière elle, et attrapa l'autre bout du balai pour l'étrangler avec . Elle était désormais en position de force. Il lui fallait tenir jusqu'à ce que le barbare et le gobelin ne revienne... 

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent de nouveau sur la petite pièce circulaire et vide qui menait au corridor, à l'étage juste en dessous du salon. Enfin... la pièce n'était pas vraiment vide. Une grande femme brune au chignon parfait et à l'air sévère attendait, mains sur les hanches. Son visage d'habitude inexpressif se tordit de surprise, lorsqu'elle vit sa fille se faire étrangler. 

 

— Lâche immédiatement ma fille, sale monstre ! hurla-t-elle. 

— C'était juste pour l'immobiliser tante Maria... je...  

 

Elle lui arracha le balai des bras et recueillit sa jeune fille dans les bras. Elle attrapa ensuite Ariane par le cou et la balança sur le parquet.  

 

— Que faisais-tu au sous-sol, Ariane ? s'enquit-elle, les yeux exorbités de rage.

— Mère, elle était en train de fomenter un plan pour nous trahir ! s'écria Éléonore d'un ton implorant. 

 

Les portes de l'ascenseur se fermèrent.  

 

— C'est faux, ma tante, je nettoyais les pièces de notre sous-sol ! 

 

Tante Maria se baissa vers elle, un rictus malsain aux lèvres : 

 

— Tu n'es qu'une petite menteuse... Et je vais te montrer ce que je fais aux gens de ton espèce.  

— Non... je ne me laisserais plus faire ! 

— Tant pis ! cracha-t-elle dédaigneusement. L'avis des faibles dans ton genre n'a de toute façon aucun impact... 

 

Eléonore lui arracha le balai des mains, maigre et fébrile arme, tandis que sa tante la remettait sur pieds de force. Elle la serra au cou avec un de ses bras et se dirigea vers le corridor. Cela ne la dérangeait apparemment pas de devoir étrangler sa nièce pour l'emmener au salon. Ariane tenta de se retenir avec les murs autour d'elle, mais cela ne lui valut que de se faire frapper par sa sœur. Elle se sentait de plus en plus faible. Son estomac semblait se tordre sur lui-même, et une de ses blessures au bras s'était rouverte. Sa tante la traîna tel une serpillière dans les escaliers en colimaçon. 

Cette dernière la balança finalement sur le tapis du salon. Ariane avait la tête qui tournait, et n'entendait les éclats de voix qu'en écho dans sa tête.  

 

— Qu'est-ce qu'elle fait là ? entendit-elle alors comme si elle était au bout d'un tunnel. 

— T'occupe, rétorqua Maria de son ton sec habituel. La solution est prête ? 

— Bientôt.  

 

Ariane reconnut la voix de la deuxième personne : c'était Mélodie, une des femmes de Malphas 

 

— Où sont Malphas et Béatrix ? 

— Ils ont été empoisonnés. Ils sont toujours en vie, ne t'inquiète pas, mais on les a isolés pour l'instant. 

 

Les deux femmes se tournèrent vers leur nièce au sol, le regard noir. Celle-ci se relevait avec difficulté, refusant de rester à leurs pieds plus longtemps. Une fois debout, elle vit une scène surréaliste dans le salon : Hermine, et sa mère biologique, Mélodie, était autour d'un gros chaudron noir et luisant dont le contenu violet et visqueux bouillait allègrement. Il était posé sur un tas de bois en train de brûler, sur la table basse du salon, juste devant la cheminée. La fumée emplissait l'atmosphère de la pièce, la rendant suffocante et augmentant drastiquement la température de la pièce.   

 

— Mais qu'est-ce que... ? 

— C'est un portail vers un village de Gobelins, répondit immédiatement Mélodie avec un sourire narquois.  

— Un... portail... ? 

— C'est par là que je vais te faire passer, la prévint Maria d'un ton menaçant.  

 

Ariane n'y comprenait rien. C'était la première fois de sa vie qu'elle voyait un chaudron dans cette maison, et l'idée qu'il puisse servir de portail sur plusieurs dizaines de kilomètres la rendait bouche bée.  

 

— Mais enfin... ! 

 

C'est alors que Mélodie fit basculer le chaudron en position couchée, le tenant de ses bras. Un bras vert sortit alors du liquide violet, si vite qu'il arracha un cri de surprise à Ariane. Puis il fut suivi d'un torse et d'un visage parfaitement reconnaissable, avant que les jambes ne s'extirpent elle aussi du chaudron et se réceptionne au sol. Un Gobelin d'un peu moins d'un mètre se tenait devant elle, avec un sac vide dans son dos, un simple pantalon noir, et des yeux jaunes pernicieux. Il regarda à peine Ariane en parcourant l'assemblée, pour s'arrêter sur Mélodie.  

 

— Vous pouvez y aller, dit-elle simplement en leur montrant la porte.  

 

Le Gobelin hocha la tête avec un sourire qui mit Ariane terriblement mal à l'aise, et sortit en trombe de la maison. Il fut suivi par un flot ininterrompu de ses congénères qui sortirent du chaudron comme par magie, la tête ou les pieds les premiers. Le flot vert de Gobelin traçait une ligne rectiligne du milieu du salon jusqu'à la porte. Petit à petit, on pouvait entendre les cris d'épouvante des habitants de Thyrène au dehors. Ariane elle-même était absolument terrifiée. Toute sa vie, on lui avait appris à craindre cet ennemi mortel et vicieux, s'attaquant aux villages pour les ressources, les femmes et les enfants. Soudain, elle comprit ce que Mélodie voulait dire par portail. Elle regarda sa tante, absolument horrifiée par ce qu'elle venait de faire : en préparant ce passage pour l'ennemi, elle orchestrait la mort de milliers de villageois !  

 

— Arrêtez ! 

 

Ariane eut à peine le temps de faire un pas en avant qu'Eléonore l'immobilisa par derrière.  

— Pas touche, sœurette. Le plan de Malphas se déroulera sans accroc... ! 

— Son plan était de profiter de la cérémonie de départ du Roi pour libérer des troupes ! rétorqua l'intéressée. Des archers, des barbares, des Valkyries ! Pas mettre Thyrène à feu et à sang ! 

— Il vous as menti ! Tu penses qu'une simple esclave dans ton genre pouvait être au courant de son plan merveilleux ! Tu aurais pu le colporter dans tout le quartier ! 

— Malphas veut prendre le trône du village et renverser le Roi depuis le début, dévoila alors Mélodie, les yeux écarquillés d'excitation. Il ne vous a jamais dit la vérité, à toi et ta sœur, pas plus qu'à Jade ou Reford ! S'il veut plus de troupes, ce n'est pas pour les libérer, mais pour les mettre sous ses ordres ! 

 

Les Gobelins cessèrent alors de passer par le portail, laissant un silence éloquent après le discours de Mélodie. Ariane savait que son père adoptif n'était pas un exemple, mais à ce point... elle avait l'impression d'avoir été trompée toute sa vie, même si elle avait appris à ne jamais rien attendre de cet homme vicieux et sadique. Le désespoir emplit son cœur tandis que ses pensées allaient vers sa sœur. S'en sortirait-elle ? Était-elle avec Jade ? La situation avait déjà dégénérée avec les boulets de canon, et à cause de la cérémonie, le village ne pouvait se défendre contre cette attaque surprise. Thyrène ne serait que ruines dans moins d'une heure, et tous les villageois capturés. 

 

— Tu t'inquiètes sûrement pour toi, égoïste que tu es ! cracha Maria. Ce n'est pas grave, tu n'auras pas à souffrir de la situation !  

 

Éléonore commença alors à la pousser doucement vers le chaudron.  

 

— Non... Non ! S'il vous plaît ! 

— Je me demande ce que les Gobelins te feront lorsqu'ils te verront... énonça Mélodie qui pensait à haute voix. Peut-être aiment-ils la chair humaine... ! 

 

 

[1] : Cela se passe au tout début de l’histoire, alors que Jade, archère parmi tant d’autres, a été créée pour piller un village de Gobelins, et que ces derniers créent une embuscade dans les bois. 

 

 

 

 

 

 


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