Quoi de neuf City Hunter ?

Accoudé à la barrière du toit, il observait les scènes qui se jouaient dans l’immeuble d’en face. L’homme chahutant avec sa partenaire, la provoquant sans cesse jusqu’à ce qu’elle ne dégaine sa massue… Ça aurait pu être lui.

Il n’avait pas pour habitude de tomber amoureux, il trouvait cet aspect répugnant, gnan-gnan et digne des plus gros clichés des films hollywoodiens. Pourtant, le premier regard échangé avec elle, le premier dialogue, la première attaque à la massue… Tout en elle l’avait subjugué. Il avait immédiatement compris qu’il ne pouvait pas affronter une femme comme les autres : son fort caractère, son physique harmonieux aux allures de garçon manqué et sa proximité avec Ryô Saeba lui paraissaient en tous points parfaits.

 Il était tombé amoureux, sa plus grosse erreur. Il n’avait pas su garder le contrôle de ses sentiments, de son cœur qui tambourinait à tout va dans sa poitrine, de cette chaleur qui envahissait son corps et son visage, de ce désir qui lui brûlait la chair. Bien qu’il fût en compétition directe avec son ami nettoyeur, il se savait perdant dans cette affaire. Ainsi, pour ne pas faire souffrir ni Ryô, ni la jeune femme, il avait décidé de rompre son contrat, au péril de sa propre vie. D’un autre côté, il n’avait pas pu s’empêcher de provoquer le japonais en embrassant volontairement sa partenaire. Ce baiser volé lui était apparu doux, léger, agréable. Il avait apposé sur ses lèvres toute sa passion et son amour pour cette jeune femme atypique, la première à le lui avoir véritablement kidnappé son cœur.

Elle était la clef de sa résurrection, elle était celle qui avait eu le pouvoir de le ramener à la raison, même s’il était sous l’emprise de l’Angel Dust. Il l’avait reconnu même s’il était possédé par un démon, elle l’avait sauvé de sa prison. Il avait senti son cœur se remettre à battre à tout rompre dans sa poitrine, avait susurré son nom avant de la projeter violemment vers son compagnon, sous hypnose. Mais elle lui avait donné la force et le courage pour lutter contre son bourreau, au péril de sa propre vie.

L’horloge tourna de nombreuses fois, les pages du calendrier s’arrachaient au fur et à mesure, et son refus de la voir était volontaire. Il devait non seulement se sevrer de l’Angel Dust mais il était primordial qu’il se sèvre de ses sentiments amoureux envers elle. Par chance, une nouvelle beauté s’était présentée à lui, dans le rôle de l’infirmière compréhensive et amusante. Kazue n’était pas elle mais elle faisait l’affaire. Des affinités se sont tissées, des liens se sont approfondis, et une volonté de se caser pour de bon naquit en lui. Kazue avait fait le premier pas, surprenant l’américain. Il ignorait quoi faire, avant de finir par accepter ses sentiments. Pourquoi pas ? Il n’avait plus rien à perdre. Leur relation s’est mise en place avec lenteur avant de se concrétiser. Pour son plus grand bonheur, sa convalescence et son sevrage étaient clos, il pouvait enfin se projeter à nouveau.

Tout en discutant avec Kazue, il exprima son envie de rester à Tokyo, pour elles, son besoin de reprendre un semblant de vie normale. Les premières disputes se mirent à éclater, la jeune scientifique refusant catégoriquement qu’il reprenne son travail de nettoyeur. Au détour d’une ruse, il parvint à lui faire accepter le fait qu’il était nettoyeur de métier, qu’il ne savait faire que ça et que tout allait bien se passer.

Tout le monde connaît la suite : il ne pouvait plus exercer correctement à cause de l’état de ses mains. Tenir une arme semblait impossible, même avec de la rééducation. Tout ce dont il était parvenu à faire, c’était à faire comprendre à Ryô qu’il avait des sentiments au-delà de l’amitié pour sa partenaire. Un pic au cœur, il jouait les Cupidon entre son ami et elle.

Les yeux toujours rivés sur leur appartement, une larme coula discrètement sur sa joue. Il était heureux avec Kazue, mais elle ne pouvait pas la remplacer. Pour elle, il avait pris la bonne décision : devant lui se déroulaient de nombreuses scènes de joie, de rires, de chamailleries entre les deux City Hunter. Kaori était heureuse dans sa vie avec Ryô, c’était là tout ce qui lui importait. Un frisson remonta jusqu’à l’arrière de sa tête lorsqu’un bras se mit à enrouler ses épaules. Il tourna brièvement la tête vers Kazue, uniquement vêtue de sa chemise à lui.

« Que fais-tu percher sur ce toit ? »

Il se mit à sourire, baisa le front de sa compagne et redirigea son regard vers l’immeuble d’en face.

« Oh, rien. J’observe les clowns qui font leur show en face. »

Un léger rire raisonna à ses oreilles : il était doux, tel le tintement d’une cloche. Nul doute qu’il aimait aussi la scientifique. C’était différent mais bien réel.