Quoi de neuf City Hunter ?
Chapitre 6 : Quand le passé refait surface
2022 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 24/01/2024 21:07
/!\ Bonjour, je tiens à mettre ce petit message pour vous prévenir que cette fanfiction peut choquer les plus sensibles.
Pour les autres, bonne lecture ! /!\
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La voûte céleste au-dessus de ma tête est d'un bleu azur profond. Le soleil brille sans discontinuer, réchauffant mon corps telles des caresses agréables dont on ne se passe jamais. Pieds nus, portant mon petit panier en osier fermement dans mes mains, j'aide papa à ramasser quelques légumes pour que maman puisse cuisiner. Il me raconte des histoires drôles, me taquinant comme il a l'habitude de le faire. Ses lunettes glissent sur le bout de son nez à cause des gouttes de sueurs, ses cheveux noirs de jais semblent scintiller avec les rayons du soleil. J'adore ces moments avec lui, parce qu'ils sont rares : la semaine, il part travailler dans une autre ville, alors je reste toute seule avec maman en attendant impatiemment le week-end.
Une brise vient soulever mes cheveux, les balançant dans les airs l'espace d'un instant. Je ferme les yeux, appréciant ce courant d'air tiède qui annonce que la journée va encore une fois être chaude. Papa dépose quelques aliments dans mon panier, me ramenant à la réalité. Il tapote mon nez de son index, l'autre main posée sur sa cuisse pliée. Ses iris vertes cherchent les miennes, un sourire faisant apparaître une fossette creusée dans sa joue gauche.
« Dis-donc, Miki, tu ne serais pas un petit peu dans la lune ? »
Je sens le rouge monter à mes joues. Par réflexe, je rentre ma tête dans mes épaules, tirant le bout de ma langue. Me traitant de chipie, il me saisit par la taille et me soulève dans les airs. J'éclate d'un rire cristallin, pleinement heureuse de cette journée idyllique lorsqu'une voix apaisée nous interpelle. Penchée sur balustrade en pierre de notre terrasse, maman nous salue de la main. Ses cheveux châtains ondulés volent au gré du vent tandis que ses yeux marrons nous observent amoureusement.
« Lorsque vous aurez fini de vous amuser, pourriez-vous m'apporter mes légumes ? » dit-elle, rieuse.
Papa lève la tête vers elle, malicieux. Je le regarde faire alors que ses mains ne me lâchent pas, me maintenant fermement prisonnière de ses bras musclés. Il s'adresse à maman avec un clin d'œil :
« Chérie ! Regarde qui j'ai attrapé ? Une petite voleuse de légumes ! Je lui règle son compte et j'arrive sans traîner ! »
« Oh ! Mais alors je te laisse t'occuper de cette petite fille qui est, paraît-il, tout affamée ! »
Maman laisse un rire qui résonne comme une douce mélodie dans mes oreilles avant de quitter la plateforme et regagner l'intérieur de notre maison. Les yeux de mon père se remplissent d'espièglerie puis ses doigts se mettent à la charge. Je rigole tellement sous ses chatouilles que mon ventre se crispe et que des larmes se frayent un chemin jusque devant mes yeux. Je le supplie de s'arrêter, ce qu'il finit par faire abruptement. Je ne comprends pas tout de suite son changement soudain de comportement avant qu'il ne se place face à moi, les mains serrant mes bras avec force. Son regard n'est plus le même : même s'il tente de le cacher, il est inquiet. Nos sourires n'existent plus, sa main se balade dans ma chevelure noire.
« Qu'est-ce qu'il y a, papa ? »
Il ne répond pas. Ses yeux se baladent sur mon visage, cherchant à garder en mémoire chaque détail qui m'appartient. Sa respiration, lourde, s'accélère peu à peu.
« Ecoute ma puce, ma Miki, rentre vite à la maison et dit à maman qu'il faut que vous vous cachiez. »
« Mais, et toi ? »
« Je vous rejoins le plus vite possible, je te le promets. »
Il dépose un long baiser sur mon front puis une tape dans mon dos me donne l'ordre de rentrer. Je déglutis avant de me mettre à courir vers l'escalier menant à la terrasse. J'entends des hommes : combien sont-ils ? Cachée, j'observe ce qu'il se passe. Deux hommes avec des armes s'arrêtent face à mon père, commencent à discuter avec lui. Le ton monte pour l'un d'entre eux, papa reste calme. Un des soldats se munie d'une machette et sans crier gare, assène un premier coup à mon père. Mes yeux se ferment automatiquement devant la scène, je lâche mon panier, attirant l'attention de l'autre homme. Je réalise ma bêtise alors je fonce à l'intérieur de la maison, maman me saisit immédiatement par le bras et pose sa main devant ma bouche. La couleur de ses yeux est brouillée par l'eau salée qui attend patiemment le moment où ses paupières la libèrera. Pas un mot n'est dit, je comprends tout. La porte du placard est ouverte, elle m'intime d'entrer à l'intérieur et de ne pas en bouger.
« Maman ! Vient avec moi ! Je t'en supplie ! Sinon les méchants vont te faire du mal ! »
« Miki… Oh Miki… Ma chérie, ma princesse. Je t'aimerais toujours, ne l'oublie pas. Alors ne me fais pas souffrir, d'accord ? Reste ici jusqu'à ce que quelqu'un vienne te chercher, jusqu'à ce que tu sois sûre que tu es en sécurité. »
« Maman ! »
C'est fini. Elle éclate en sanglots, ses mains caressent mes joues blanches, ses doigts s'emparent de quelques-unes de mes mèches. Son regard, le même que papa avant elle, souhaite imprimer mon visage à tout jamais dans sa tête. Elle a le temps de me donner une petite boîte, baise une dernière fois mes joues en me susurrant un « je t'aime » douloureux à son cœur. Puis c'est le noir complet. La porte close devant moi me coupe de toute vision du monde extérieur. Ma position, inconfortable, me donne rapidement des crampes insupportables. Ma respiration est si rapide que je crois manquer d'oxygène, mes oreilles captent tous les sons qui viennent de dehors. Les pas des hommes sont lourds, ils cherchent ma mère, cassent des objets sur leur passage. Puis je le perçois, ce cri perçant qui signifie que maman a été trouvée. Je pose une de mes mains sur ma bouche, désireuse de réduire le bruit de ma respiration alors que je ne peux pas baisser celui de mon cœur.
Le temps est infini, les bruits de dehors étouffés, probablement transportés dans une autre pièce. Je serre la boîte contre moi, cherchant à me rassurer autant que je le peux. Au loin, des gémissements, des rires, des insultes, des supplications, des coups de feu puis le silence. Plus une seule miette de bruit. Mes lèvres entr'ouvertes cherchent de l'air, mes yeux me brûlent au fur et à mesure que mes larmes s'échappent. La peur m'envahit pour de bon, mon ventre me fait mal. Mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine que je peux le sentir battre jusque dans mes tempes. Les chaussures des hommes font craquer le parquet, je les entends discuter avec aisance, rire de ce qu'ils viennent de faire puis partir comme s'ils avaient fini leur travail.
Le temps s'arrête. Pétrifiée à l'intérieur de mon placard, j'attends qu'on vienne me chercher, comme maman me l'a ordonné. Mais je commence à avoir faim, soif, j'en ai marre d'être dans le noir. Je dois désobéir puis je vais aller m'excuser auprès de papa et de maman d'avoir été une mauvaise petite fille. Mes bras engourdis peinent à pousser la porte en bois dans le plus grand de tous les silences. Elle grince, je serre les dents. La lumière attaque mes yeux habitués à l'obscurité. Je reste un moment assise sur le sol, observant le coucher du soleil au loin. J'ouvre délicatement la petite boîte, y trouvant les boucles d'oreilles en diamants blancs de maman et une photo de famille. Un énorme sourire élève mes lèvres face à ce cadeau, retrouvant la force de trouver ma mère. Je cherche dans chacune des pièces de la maison, appelant mes parents avec un espoir impossible.
« Maman ? Papa ? Les méchants hommes sont partis ! Vous pouvez sortir de votre cachette ! »
Seul le silence me répond. La mine déconfite, le corps saisit de tremblements, j'avance avec peine dans la maison. Passant devant la porte de la chambre parentale, je suis surprise de voir la robe que maman portait par terre, déchirée. La crainte s'empare de moi lors de mon avancée. Ses pieds dépassent de derrière le lit, elle ne réagit pas.
« Ma-maman ? »
Mon cœur cesse de battre l'espace d'un instant. Allongée par terre, sur le ventre et complètement dévêtue, elle baigne dans une mare de sang. Je n'ai pas le temps de réagir que je cherche à fuir cette vision d'horreur, m'extirpant de cette maison en allant vers le jardin. Papa est lui aussi sur le sol. Je n'ose pas m'approcher, pourtant mes pieds me guident vers lui. Je perds tout espoir en voyant son corps qui gît, sa tête à moitié décrochée de son buste. Une envie de vomir me soulève l'estomac, quand mon seul réflexe est de courir, qu'importe les risques. Je cours à en perdre haleine, m'enfonçant en plein cœur de la forêt, me perdant, réalisant que j'allais devoir avancer seule.
J'ouvre les yeux, la poitrine compressée et douloureuse. Mon corps ne cesse de se secouer au rythme de ma respiration haletante. Il me faut plusieurs minutes avant de réaliser que Falcon dort à côté de moi, que c'était encore ce terrible cauchemar, qui n'est que le reflet de mes souvenirs d'enfance. Je soulève ma main droite sur mon front couvert de sueur, j'aimerais pouvoir prendre une douche mais cela signifierait de prendre le risque de réveiller mon mari.
Ma déglutition est difficile, j'étouffe dans ce noir complet semblable à celui de l'enfer du placard. J'hésite avant de me redresser et de m'asseoir sur le bord du lit. J'inspire profondément puis j'expire lentement, plusieurs fois d'affilée, dans l'objectif de me calmer. Rien n'y fait. La main forte et si douce de Falcon se pose dans mon dos, créant un frisson de peur et de bonheur en même temps avant qu'il ne prenne place à mes côtés. Il cherche l'interrupteur de la lampe de chevet, pour me permettre de quitter cette bulle de noirceur qui m'enveloppe. La lumière attaque mes pupilles, que je sens devenir fines et petites avant de reprendre leur taille initiale. Il ne me dit rien, sa main se balade simplement dans mon dos. C'en est trop : la cruche qui était jusqu'alors fêlée explose à cause de la pression de l'eau. Mes sanglots contenus depuis le début deviennent redoutables, impossibles à calmer.
Ma détresse attriste Falcon qui se hâte d'enrouler ses bras musclés autour de mes épaules, désireux d'attirer ma tête dans le creux de son cou. Blottie contre son corps que je sais protecteur, j'essaie de me concentrer sur tous les souvenirs des bons moments passés, de ne plus songer à cette terrible épreuve de ma vie. Lorsqu'une de ses mains vient caresser ma nuque et mes cheveux, je ressens une forme d'apaisement, me remémorant ce geste si fréquent de mes parents. Mes lèvres se soulèvent légèrement, formant un sourire timide et mouillé. Nous ne disons rien, nul besoin de parler lorsque les actes parlent d'eux-mêmes. Je sens sa tête se poser sur la mienne, son corps se mettre à me bercer naturellement. Mes larmes s'effacent progressivement et mon esprit prend le temps de savourer pleinement cet instant. Mes paupières se closent, cachant mes yeux rouges d'avoir trop déversé de larmes. Si ce cauchemar n'avait jamais eu lieu, ma vie ne serait pas celle qu'elle est aujourd'hui. Dans l'horreur, j'ai trouvé le bonheur.