Ramène-moi ! (version 2.0)

Chapitre 15 : Sortir du noir

3328 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/06/2024 11:57

Peu à peu, ses pensées étaient sorties de l'ombre ; peu à peu, les couleurs étaient revenues ; peu à peu, la douleur s'était estompée ; peu à peu, le jeune Ryo avait repris des forces même s'il n'arrivait toujours pas à se lever seul. Il passait ses journées couché dans son lit de camp, au fond de la vieille tente militaire qui faisait office d'hôpital au Pueblo.


Le Vieux, que tout le monde sauf lui appelait Le Doc, était souvent venu le voir. Il prenait le temps de lui parler après l'avoir salué de petites tapes sur la tête, un geste tout paternel qui avait réchauffé le cœur meurtri et solitaire de Ryo autant qu'il l'avait empli de tristesse. Un autre que le vieux médecin l'avait fait quelque temps auparavant mais il était désormais sorti de sa vie. Cependant, jamais le jeune orphelin n'avait demandé au Vieux d'arrêter de le faire. Ça faisait aussi du bien de ne pas se sentir seul.


Un soir, Ryo, immobile dans le noir, alors que les douleurs revenaient en force, lui avait demandé :

— Toujours là, le Vieux ?

— Toujours là, BabyFace.

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi venez-vous me voir ? Après tout le mal que j'ai fait...

— Parce que c'est mon travail. Et aussi parce que tu n'es qu'un gamin, Gamin... Allez, dors.


Et il s'était endormi.



Peu à peu, ses pensées sortirent de l'ombre ; peu à peu, les couleurs revinrent ; peu à peu, la douleur s'estompa ; peu à peu, Ryo reprit des forces même s'il n'arrivait toujours pas à bouger ou à ouvrir les yeux. À un moment, il sentit la main de Kaori dans la sienne et parvint à lui demander d'une voix faible :

— Toujours là, Kaori ?

— Toujours là, Ryo.

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi tu restes avec moi ? Après tout ce que j'ai fait ... Et tout ce que je t'ai fait ...

— Je ...

— Pourquoi ?


Comme elle était seule avec lui à cet instant, elle osa lui répondre à voix basse :

— Parce que je t'aime. Depuis toujours. Malgré ce que tu as fait et parce que je sais qui tu es… Parce que je ne te laisserai pas tomber, parce que City Hunter, c'est toi et moi et parce que je t'aime.

Il se rendormit.



Une nuit, il avait été réveillé en sursaut par une douleur affreuse irradiant depuis sa gorge. Il n'arrivait plus à respirer. Il lui avait fallu quelques secondes pour réaliser qu'il était à la verticale, ses pieds ne touchant plus le sol. Des mains puissantes s'enroulaient autour de son cou, le plaquant contre un pilier en bois de la tente et le soulevant de terre. 


Dans la pénombre, il avait alors reconnu le géant. Celui dont il avait détruit les yeux qui restaient dissimulés derrière des lunettes sombres. Ryo avait alors perçu une voix grave souffler près de son oreille :

— Je vais te tuer, sale chien. Tu ne mérites que ça.


Ryo s'était d'abord accroché aux mains qui entouraient sa gorge, cherchant désespérément de l'air, par pur réflexe. Il avait réalisé ce qui était en train de se passer, et avait rapidement cessé de se débattre, attendant l'inéluctable comme une libération : tout ça allait enfin s'arrêter. Quelqu'un allait mettre fin à ses souffrances. Enfin. Sa vision s'était peu à peu troublée, les contours étaient devenus flous... 

— Hayato, arrête-ça tout de suite ! avait-il soudain entendu. 


La voix grave était douce mais le ton sec et tranchant avait été sans appel.

— Repose-le. Tu connais les principes qui font loi ici. Vous n'êtes plus des soldats mais des hommes comme les autres et surtout, mes patients. Donc, pas de règlement de compte sous ma tente.


C'était le Vieux. Une nouvelle fois, le médecin venait sauver la vie de Ryo. Les pieds du convalescent avaient lentement retrouvé le sol mais ils n'avaient pu le porter et il était tombé face contre terre. Contre sa volonté, sa bouche s'était ouverte, ses poumons s'étaient à nouveau remplis d'air, le faisant tousser. 

— C'est lui qui m'a fait ça. Je l'ai tout de suite reconnu, avait déclaré le géant nommé Hayato d'une voix de baryton. C'est lui qui a massacré mon bataillon. Je croyais l'avoir tué mais apparemment, j'ai raté mon coup. J'aurais dû l'achever. Il mérite de crever. 

— Si tel est ton avis, alors, soit... Mais je te prie de ne pas le punir ici, avait répliqué le Doc.


Le géant lui avait répondu par un grognement de mécontentement et le vieux médecin avait poursuivi :

— Hayato, ce n'est qu'un gosse. Il ne sait même pas quel âge il a. D'après mes examens, je dirais qu'il a entre quatorze et dix-sept ans. En plus, il affirme avoir été drogué par Kaïbara contre sa volonté avec cette saloperie d'Angel-dust. Et les symptômes de manque correspondent parfaitement. T'es-tu demandé s'il était dans son état normal quand il t'a attaqué ?

— Hmmm... avait à nouveau grogné Hayato.

— Et tu connais la réputation de son chef... Ce ne serait pas une surprise que Kaïbara soit passé à la vitesse supérieure avec des tests sur ses propres hommes. Ce gosse mérite qu'on lui laisse une chance, tu ne crois pas ? 


Nouveau grognement en guise de réponse. 


Ryo, lui, n'avait pas osé bouger d'un centimètre. N'ayant même pas levé les yeux pour observer les deux hommes, il regardait toujours la terre battue tout en cherchant encore l'air qui lui avait tant manqué. 

— OK. Alors, on va faire un marché, tu veux bien, Hayato ? Si tu lui laisses une chance, je considérerais ta dette comme effacée.


Après un long silence, le géant avait grommelé :

— Mmmm... OK. Mais uniquement parce que vous avez réparé mes yeux.


L'homme gigantesque avait courbé le dos pour ramasser Ryo. Il l'avait soulevé par le col de sa chemise et l'avait menacé : 

— Tu as de la chance, Minus. Je pars aujourd'hui, je quitte cette jungle de merde et ce pays de merde parce que cette guerre de merde est enfin terminée. Mais, un jour, je te retrouverai et je te promets que je t'abattrai comme le chien que tu es, si tu ne fais pas quelque chose de bien de cette vie que je te laisse... Tu as compris ? 


Ryo avait hoché la tête. Il n'avait pas eu besoin de voir les yeux du géant derrière ses lunettes noires pour savoir qu'il était sincère. Pour la première fois de sa vie, Ryo avait craint un autre que son père.

— Quel est ton nom, Minus ? lui avait grondé Hayato.

— Saeba. Saeba Ryo.

— Hmmm, japonais, toi aussi ?

— Faut croire. Je ne me rappelle pas de mon pays natal. J'ai grandi ici, dans la jungle.

— Hmmm, chacun sa casserole, mon gars.


Il avait affermi sa prise sur le col de Ryo et avait approché son visage du sien :

— Je ne t'oublierai pas, compte là-dessus, Saeba... Moi, c'est Ijuin Hayato. On m'appelle aussi Falcon. Tu as bien compris le deal ? Tu as bien compris ce qu'il se passera quand je te retrouverai ?


Ryo n'avait pas répondu tout de suite et il s'était fait secouer sans ménagement : 

— Tu as compris, Minus ?

— Hayato ! était intervenu le Doc. Ça suffit. Il a compris, je pense.

— Je veux juste être sûr, Doc.


Puis, Hayato s'était à nouveau adressé à Ryo : 

— Quand on se croisera, tu auras intérêt à savoir te conduire correctement et à avoir appris à te battre selon les règles. Comme un homme, et un vrai. Pas comme le chien de Kaïbara que tu es maintenant.

— Reçu cinq sur cinq, Monsieur Ijuin, avait balbutié Ryo avant de se retrouver assis par terre.


Pétrifié, le cœur battant à tout rompre, il avait regardé avec soulagement la silhouette massive et gigantesque se diriger vers la porte en toile. 


Falcon. Ce type avait bien dit qu'il s'appelait Falcon ? Alors c'était lui ? Bien sûr qu'il connaissait son nom. Quel guérillero ne le connaissait pas ? Kaïbara s'était juré qu'il le détruirait, lui et son escadron. Ryo réalisa alors qu'il avait été manipulé... tel une simple marionnette, un banal outil, sacrifié pour éliminer l'ennemi que son père craignait et détestait le plus. Il n'avait rien été de plus qu’un  pion négligeable entre les mains de son père.  Un putain  de pion !  Alors qu'il était sa seule famille !


Il avait donc décimé le régiment de Falcon et l'avait blessé aux yeux... Ryo en avait eu envie de vomir. 



Le lendemain matin, Falcon entra dans la chambre. Manifestement un peu gêné de trouver Kaori toujours agrippée à la main de Ryo, il lui grommela d'un ton bourru qu'elle devait filer se reposer et qu'il allait prendre son tour de garde. Épuisée, la jeune femme ne tenta même pas de discuter et s'éclipsa pour s'écrouler sur le lit dans la chambre adjacente.


Le géant s'assit en tailleur aux abords du futon et se pencha vers Ryo qui gardait les yeux fermés:

— Elle est partie. 


Rien ne bougea.

— Je suis venu te dire un truc, Saeba.


Il s'éclaircit la gorge, mal à l'aise : 

— Tu te rappelles de notre deal, Minus ?


Pas de réponse.

— Alors écoute bien parce que j'le répéterai pas. En ce qui me concerne, notre duel est terminé. Nous ne nous affronterons plus, du moins pas pour ça ! Tu n'étais pas responsable de ce qu'il s'est passé.  Je voulais te le dire. J'ai l'impression que ça pourrait être important pour toi. 


Falcon toussa à nouveau avant de chuchoter : 

— Tu pourrais m'répondre un truc quand même.


Le malade resta immobile et Falcon fulmina :

— Fais pas le mariole. Ton aura a changé, je sais que t'es là, quelque part.


Sans bouger, les yeux toujours clos, Ryo murmura :

— Je te demande pardon, Hayato. C'est de ma faute si tu es... si tu as perdu la vue aujourd'hui. J'aurais dû refuser de prendre cette drogue.


Un fin sourire retroussa la moustache de Falcon.

— J’imagine que tu n’as pas eu le choix. En plus, toi ou un autre, ça aurait peut-être été pareil. C'est Kaïbara, le vrai coupable et il a été puni aujourd'hui, par ta main. Ça me suffit. Sache-le... Minus…


Ryo ouvrit les yeux mais ne tourna pas la tête vers son ami, le géant assis à ses côtés : 

— Non... Hayato... J'aurais pu faire autrement. J'aurais dû le tuer bien avant... J'avais bien vu qu'il devenait dingue. On le voyait tous. Mais j'avais trop peur de lui.

— Tu n'étais qu'un gosse. Tu le considérais comme ton père.

— Ça n'excuse rien.

— Hmmm. Moi, je t'ai pardonné et ça fait déjà un moment. Maintenant, c'est à ton tour de te pardonner si tu veux avancer.


Falcon se leva : 

— Repose-toi.


Et Ijuin Hayato sortit de la chambre. 

Ryo sourit et referma les yeux pour s'endormir pour de bon.



Quelques semaines plus tard, Ryo avait retrouvé assez de forces pour se promener seul dans le camp. Parfois, il poussait même jusqu'à la cascade où il piquait une tête avec les autres jeunes. Chaque soir, il allait retrouver le Vieux. Ils en profitaient pour discuter de choses et d'autres et surtout de la vie en dehors de la jungle. De plus en plus, la perspective de partir loin de l'Amérique Centrale, dans cet autre monde sans guérilla, avait empli les rêves du jeune Ryo. 


Un soir, ça avait été le Vieux qui était venu le trouver au bord de l'eau pour lui annoncer : 

— Moon vient de m'envoyer un message radio. Il te cherche partout. Il a appris que Kaïbara t'avait banni.


Ryo s'était crispé, avait senti son cœur se serrer, s'imaginant déjà devoir fuir le Pueblo en crapahutant seul dans la jungle. Le Doc l'avait immédiatement rassuré, posant une main paternelle sur son épaule : 

— Ne te méprends pas sur ses intentions. Moon aimerait t'emmener avec lui et Rosemary aux États-Unis. Il paraît qu'il te doit un service.


Devant le regard interrogateur de Ryo, le Vieux avait ajouté : 

— Je crois que tu devrais saisir ta chance et partir de ce trou. C'est l'occasion pour toi de changer de vie, Gamin.


Ryo était resté silencieux. Comprenant les angoisses muettes du jeune garçon, le médecin l'avait rassuré :

— Ça sera dur, tu auras des douleurs persistantes pendant encore quelque temps, peut-être encore des crises de rage, mais tu es jeune, tu peux t'en sortir. Si tu ne touches plus jamais à aucune drogue, évidemment. Tu as le temps d'y réfléchir sérieusement. Il me rappellera demain soir pour avoir ta réponse.


Ryo lui avait souri avant de plonger dans l'eau pour calmer son cœur et trouver une réponse. Le Doc, lui, s'en était retourné vers ses malades. Plus tard, cette nuit-là, Ryo s'était endormi paisiblement et pour une fois, il avait fait un rêve. 

Oui. 

Un rêve. 

Et pas de cauchemar. 

Et c'était la première fois depuis longtemps qu'il faisait un très très très joli rêve...



Trois jours. 

Trois jours qu'il dormait d'un sommeil paisible et sans cauchemar.

Trois jours.

Cela faisait trois jours que le film de sa vie repassait devant ses paupières closes, trois jours que son esprit se réappropriait son passé : ses réussites, ses erreurs, ses échecs, ses choix, avisés ou non, ses joies, ses peines... ses envies. 

Trois jours qu'il sentait sa présence près de lui, son aura chaude et douce, réconfortante. Elle était là, tout près de lui, rien que pour lui. Elle veillait sur lui, il le savait. Elle attendait qu'il soit prêt.


Trois jours.

Trois jours qu'elle attendait, nerveuse et impatiente.

Trois jours.

Ça faisait soixante-douze heures et c'était long.

Trois jours qu'elle essayait de tromper le temps qui passe ou plutôt qui ne passait pas.


Elle se promenait un peu dans les environs mais jamais très loin, histoire de pouvoir aller rapidement le retrouver s'il venait à se réveiller. Elle profitait des sources chaudes pour laisser ses pensées divaguer. Elle faisait les cent pas autour du ryokan. Elle l'observait dormir. Comment pouvait-on dormir autant d'ailleurs ? 


Elle s'inquiétait, se rassurait, s'interrogeait, prenait une décision pour en changer tout de suite après. Elle le savait, le Doc lui l'avait expliqué des dizaines de fois : il avait besoin de temps, il avait besoin de repos, il avait besoin de sommeil. 

— C'est en dormant qu'on construit son cerveau quand on est enfant, c'est en dormant qu'on le répare et qu'on apprivoise ses émotions.


Oui, mais c'était une chose de se l'entendre dire, l'accepter, en était une autre. 


Il ne lui restait plus qu'à attendre. 

Attendre.

Ça faisait des années qu'elle attendait une concrétisation des sentiments qu'elle éprouvait pour Ryo et pourtant, ces années semblaient bien courtes face à ces trois jours qui avaient pris maintenant un goût d'éternité.


Elle avait bien sûr téléphoné à Mick et Kazue pour les tenir informés des avancées. L'Américain avait été soulagé mais n'avait pas laissé transparaître son enthousiasme :

— Quand il sera réveillé, dis-lui que finalement, le Kabuki-Cho sans lui, c'est sympa aussi... Aïeuuu, ça fait mal, ça, Kazue-darling !


Kaori avait levé les yeux au ciel, songeant que, décidément, les hommes ne changeraient jamais, avant de passer le combiné au Doc qui souhaitait s'entretenir avec son assistante.


Kaori avait bien sûr appelé Miki deux ou trois fois pour tromper son ennui, parler d'autre chose et aussi pour lui décrire l'endroit. Elle n'avait pas manqué de lui dire ouvertement ce qu'elle pensait de son choix pour une lune de miel :

— Franchement, Miki, des randos, on n'a pas idée ... Quoi ? Comment ça les sources chaudes à deux ? ... Meuuuu, non, pourquoi j'aurais fait ça ? Mikiiiiiiii ! ... Non, non, non, j'veux pas savoir ! 


Suite à cette discussion, elle avait repensé à la technique de dernier recours proposée par le Doc quelque temps auparavant. Elle y avait longuement réfléchi alors qu'elle se baignait encore dans l'eau chaude. Tellement réfléchi que ses doigts en étaient devenus tout fripés. 


Le lendemain matin, pendant son tour de garde, elle avait attendu que le Doc et Falcon prennent leur petit déjeuner dans la salle commune pour passer à l'action. Elle se déshabilla lentement, tremblante d'excitation et d'appréhension. Elle hésita un instant avant de finalement garder sa culotte et son soutien-gorge. 


Elle s'agenouilla à sa place habituelle, réfléchissant à la suite de la manœuvre. Le plus simple était bien évidemment de se glisser dans ses draps, de se coller contre lui. Elle avança à quatre pattes sur le futon, s'imaginant déjà allongée à ses côtés, si proche de lui  qu'elle percevait bientôt sa chaleur, peut-être même pourrait-elle le caresser... mais oserait-elle passer sa main sous son t-shirt ? Elle pourrait ainsi enfin découvrir le grain de sa peau, elle passerait ses mains sur sa nuque, son dos, ses épaules... Elle rougit en pensant à la suite. 


Elle se redressa brusquement, se disant que non, elle ne pouvait pas faire ça. Ce n'était pas ... enfin... c'était... 


Et puis ensuite ? Ensuite, il se passerait quoi s'il se réveillait ? Oh là là... Non, elle ne pouvait pas faire ça ! Elle ne pouvait pas ! 


Mais si ! Il faudrait bien que ce "ensuite" arrive un jour ou l'autre, non ? Elle n'aurait qu'à improviser. Elle pourrait tout simplement continuer à le caresser. Elle réussirait  peut-être même enfin à l'embrasser… comme l'autre soir sous la pluie ! Oh oui, ça avait été si bon !


Elle se pencha à nouveau, déterminée à prendre place au côté de l'endormi, se convainquant mentalement que, de toute façon, cette suite était inévitable et franchement très attendue. Elle se répétait que Ryo ne se contenterait pas longtemps de gentils petits bisous sages et romantiques. Il voudrait autre chose. Et là... Là... Oh oui, elle en avait déjà tant rêvé ! Elle se mordit la lèvre d'impatience, tout en soulevant délicatement la couverture.


Mais saurait-elle ? Ryo serait-il impatient de recevoir ses caresses ? Ou au contraire déçu de ses attouchements qu'il jugerait maladroits ? 


Oh Mon Dieu ! Elle sentit ses joues devenir brûlantes, son estomac papillonner et son cœur bondir dans sa poitrine. Non, non, elle ne pouvait pas faire ça ! Définitivement non !


Elle rabattit la couverture jusqu'au menton de Ryo et se remit vivement à genoux. Elle observa son prince assoupi le temps de reprendre son souffle. Bon Dieu, qu'est-ce qu'elle avait chaud ! Elle devrait peut-être le laisser roupiller tranquillement, non ? Elle pouvait bien attendre un peu. Trois jours de plus, trois jours de moins, après tout...


Oui mais... ça faisait trois jours ! Trois jours !!! C'était bon, il avait assez dormi pour toute une semaine, là ! Elle tendit la main pour repousser à nouveau la couverture mais la replaça. Elle hésita encore, avança, recula. Elle tergiversa... Soudain, elle sursauta en entendant :

— Tu te lances dans les visites nocturnes en plein jour, maintenant ?


Elle n'en crut pas ses oreilles. Pétrifiée, elle le regardait, les yeux écarquillés, incapable de bouger et peut-être même de respirer alors qu'il ajoutait, ironique :

— C'est moche, Kaori, d'essayer d'abuser d'un homme affaibli, franchement. 



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