Ramène-moi ! (version 2.0)

Chapitre 12 : Zones douloureuses

3405 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/06/2024 12:33


Après une bonne douche, Ryo s'était assis dehors, dans la douce chaleur de cette fin d'après-midi, sirotant un verre de bière avec le propriétaire du ryokan, Monsieur Hojo. C'était un type un peu étrange, les cheveux longs attachés en queue de cheval, les yeux dissimulés en permanence derrière de grandes lunettes de soleil. 

— Brûlés par la neige, avait-il dit en guise d'excuses lors de leur première rencontre. 


Il habitait la région depuis toujours et racontait volontiers des anecdotes distrayantes et ses exploits des cimes. Ryo ne s'en lassait pas, s'imaginant déjà à sa place dans quelques années.

— Où est passée votre femme ? demanda Monsieur Hojo.


Ryo ne put s'empêcher de rire en répliquant : 

— Elle essaie de se dissoudre dans l'eau chaude de vos bains ! Quand je l'ai quittée, elle envisageait sérieusement d'y dormir. Elle est persuadée que ça enlèvera ses courbatures !

— Elle n'a pas tort. Ça aide mais ça ne règle pas tout, dit l'homme en se relevant. 


Il s'éclipsa quelques secondes et revint avec un petit pot entre les mains 

— Tenez, dites-lui de masser délicatement les zones douloureuses avec ça. C'est un onguent que Sokura fabrique. Il est assez doué pour reproduire les recettes traditionnelles.

— Sokura ? C'est le jeune homme que nous avons rencontré ce matin, c'est ça ? Votre fils ?

— Presque ... mon fils spirituel, plutôt. Il était le meilleur ami de mon fils.

— Oh, 'était' ? Votre fils est mort ?


Le montagnard se laissa glisser dans la chaise longue et répondit d'une voix calme :

— Oui. C'était il y a presque dix ans déjà.

— Pardon, je l'ignorais. 

— Pas de problème. Je n'en parle guère, il faut bien l'avouer.

— Je comprends.


Un petit silence s'installa puis Hojo lâcha : 

— La  montagne ne pardonne pas. Quand elle prend, elle garde.

— Votre fils a eu un accident ?

— Oui. Pourtant, il était un bon alpiniste. Un très bon même. Trop bon, peut-être…


Devant le regard intrigué de Ryo, l'homme expliqua : 

— Il aimait les défis. Toujours plus haut, toujours plus loin. Il a fait l'ascension de son premier six mille à dix-neuf ans et ensuite il a toujours cherché à être le meilleur, à repousser ses propres limites. Je pense que c'est ce qui lui a lui a joué des tours. Il revenait tout juste d'un séjour dans l'Himalaya où il a fait l'ascension de l'Everest et du K2. Mais il s'est planté ici, dans les Alpes japonaises, juste par imprudence.. Une erreur de débutant parce qu'il voulait faire trop vite et a donc sous-estimé la météo. Il avait trop confiance en lui. Tôt ou tard, c'est fatal en montagne.


Ryo laissa échapper, soudain songeur :

— Pas que dans la montagne, Monsieur Hojo, pas que dans la montagne...


Le silence s'installa à nouveau entre les deux hommes jusqu'à ce que l'homme se lève en soupirant : 

— Je vous laisse, Monsieur Ijuin. Je vais aider mon épouse à préparer le repas. Apparemment, vous avez besoin de méditer...


En effet, les propos de l'ancien alpiniste sur l'excès de confiance et la précipitation avaient éveillé quelque chose en Ryo. Mais comme toujours, il n'arrivait pas à déterminer quoi exactement. Ça commençait à devenir agaçant à la longue. C'était comme avoir un mot sur le bout de la langue qui ne venait jamais. Plus de deux semaines qu'il avait cette sensation en permanence : dans l'appartement, à la Clinique, au Cat's Eye et surtout devant ce tableau noir, à la gare de Shinjuku. C'était vraiment agaçant ! Voire frustrant. Oui, frustrant.... C'était ça le mot... Très frustrant !


Pendant ce temps, allongée dans l'eau chaude des sources situées à l'arrière du ryokan, Kaori s'était laissée aller à la douce torpeur qui l'enveloppait. Sa conscience la retenait cependant éveillée comme si dormir allait l'éloigner de la solution à ses problèmes. Et ces derniers n'arrêtaient pas de tourner en boucle dans sa tête.


Elle et Ryo étaient les seuls clients du modeste établissement, ce qui facilitait un peu les choses. Ils n'avaient pas besoin d'expliquer à d'autres touristes pourquoi ils n'allaient pas profiter du bain réservé aux personnes mariées. Et elle, elle pouvait savourer la solitude du bain des femmes de son côté. 


Par contre, puisqu'ils se faisaient passer pour Miki et Hayato Ijuin, il était impossible de ne pas faire chambre commune, quoiqu'elle ait insisté pour qu'ils gardent une certaine distance. Se faire passer pour un couple était une chose, dormir ensemble dans le même lit en était une autre. Et elle refusait de se laisser aller de nouveau, comme dans l'entrée du parking, quelques jours auparavant, alors que l'orage grondait. 


Oh, elle aurait volontiers craqué, ce n'était vraiment pas une question de manque d'envie, ça non ! C'était si tentant de sentir à nouveau le corps de Ryo contre le sien, cela aurait été si agréable de concrétiser enfin ce qu'elle ressentait pour lui depuis des années. Elle rêvait depuis tellement longtemps de sentir ses mains sur son corps, de presser ses lèvres sur les siennes encore et encore, de plonger dans son regard ... Oh, oui, c'est tellement... tellement ... Elle en avait tellement envie !


Mais, si le baiser qu'ils avaient échangé l'autre jour avait était d'une douceur absolue, il lui avait laissé une sorte d'arrière goût amer. Depuis, un tourbillon de questions déferlait dans sa tête et elle ne trouvait aucune réponse. 


Qui était aux commandes à ce moment-là ? Ce Ryo-ci ou ce Ryo-là ? Était-il vraiment un autre ou garderait-il des souvenirs de ce qu'ils étaient en train de vivre maintenant ? 


Et puis aussi... s’il retrouvait la mémoire, voudrait-il encore d'elle ? Que ferait-elle si ce n'était pas le cas ? Ou pire, s'il saisissait alors ce prétexte pour revenir à leur situation d'avant ? Non, il lui avait dit qu'il avait l'intention de changer ses habitudes la concernant. Les concernant... Mais, s'il ne se souvenait pas de ce baiser, est-ce que cela voudrait dire qu'elle l'aurait "trompé" ? 


Elle retira la serviette qu'elle gardait enroulée autour des cheveux, soupira profondément et se laissa finalement glisser tout entière dans l'eau chaude. Les yeux grand ouverts, elle observait la surface onduler au-dessus d'elle. Elle pensait réussir à se calmer mais ses pensées s'agitaient de plus belle.


Et s'il ne retrouvait jamais la mémoire ? Arriverait-elle alors à vivre avec cet autre homme ? Et s'il ne voulait pas être ramené, comme le Doc l'avait laissé entendre ? Après tout, s'il se construisait une nouvelle vie confortable, s'il parvenait à faire tourner un petit ryokan dans la région comme il avait l'air d'en avoir envie, si elle acceptait de le suivre, pourquoi vouloir retrouver la mémoire ? C'est vrai, non ? Pourquoi souhaiter redevenir un homme qui avait vécu tant de choses cruelles, dures et inavouables ? Quel intérêt pour lui, franchement ? Et si, en acceptant ses avances, elle le confortait dans son idée de rester comme ça ?


Pourrait-elle tourner la page des sept années qu'elle avait passées à ses côtés ? En serait-elle seulement capable ? Pourrait-elle oublier et laisser tous ses souvenirs derrière elle ? Derrière eux ? Pourrait-elle arrêter City Hunter, abandonner la tombe de Hideyuki, ne plus aider Saeko dans ses enquêtes, renoncer à son amitié avec Miki et au café de Falcon... et Reïka, Kazue, Mick ? Devraient-ils tenir leurs amis à distance pour les protéger ? Comment serait-ce envisageable ? 


Et pourtant, ça serait une éventualité pour lui. Ryo en avait parlé de façon si détachée, comme une évidence. Mais pour elle... Ça serait nier tout ce qu'elle avait toujours été !

 

Mais bon Dieu, que faire ? Elle laissa échapper l'air de ses poumons et une myriade de bulles dansantes se précipita vers la surface. Kaori émergea alors brusquement, reprenant bruyamment son souffle. Son cœur s'était un peu calmé mais pas ses inquiétudes. 


Se trouverait-elle un jour face à ce choix impossible : renoncer complètement à l'ancien Ryo ou essayer encore et encore de le ramener ? Car il lui avait demandé de le ramener, c'était ce qu'il avait dit. Il lui avait dit de le sortir de la boîte noire ... Quelle boîte ? Merde ! Mais de quelle boîte pouvait-il bien parler ? 


Elle soupira et sortit du bain. Se prélasser dans l'eau chaude avait soulagé ses muscles douloureux mais pas son esprit qui restait sans cesse focalisé sur les mêmes interrogations. Elle n'avait jamais autant douté de ce qu'il convenait de faire. Être aussi peu sûre de ses choix et de son avenir ne lui correspondait guère, elle en avait conscience et cela commençait à lui peser, ajoutant à sa mélancolie.


Cet imbécile de Ryo lui manquait tellement. Son imbécile de tête à claques... Elle aurait tant donné pour retrouver sa tronche à massues exaspérante et insupportable... Elle s'enroula dans sa serviette et repartit vers la chambre nuptiale, le cœur gros.



De son côté, Ryo n'avait aucune idée du bouillonnement qui occupait en permanence le cerveau de la jolie rousse. Il avait envie de la prendre dans ses bras, de profiter de ces moments d'intimité pour se rapprocher d'elle. Même si elle ne semblait pas insensible à son charme, elle s'obstinait à maintenir la distance entre eux. Malgré tous ses efforts pour être agréable et prévenante, elle restait fuyante... comme tout à l'heure sur la montagne. 


Il avait été plutôt franc et direct cette fois-ci, se disant qu'il jouait le tout pour le tout. Après tout, qu'avait-il à y perdre ? Il avait été sincère quand il lui avait proposé un avenir à deux, une nouvelle chance, un autre départ. Tous les deux, ensemble. Il est vrai que l'idée de construire quelque chose ici ou dans les environs, surtout avec elle à ses côtés l'enthousiasmait profondément.


Mais, une fois encore, il était tombé à côté. Il avait beau tourner joliment ses demandes, elle l'envoyait toujours sur les roses. Il devait bien admettre que ce n'était pas du tout comme ça qu'il avait imaginé leur séjour. Oh, non, pas du tout. Entre ça et sa mémoire qui le chatouillait à des moments étranges, ça devenait vraiment, vraiment, vraiment frustrant. Très frustrant. C'est ainsi qu'il résumerait son séjour ici, d'ailleurs. Ces trois jours et ces quatre nuits n'avaient été que frustrations accumulées, surtout les nuits passées dans la même chambre que Kaori. Et ce soir ne ferait pas exception, ajoutant un peu plus à sa mauvaise humeur. 


En effet, s’ils dormaient sur des futons séparés, ils étaient cependant assez proches pour qu’il entende sa respiration. Il pouvait imaginer ses mouvements endormis, il percevait ses soupirs, il assistait à ses rêves. Elle avait, à plusieurs reprises, parlé de boîtes noires dans son sommeil. Elle s'était agitée, avait gémit, grommelé mais, à chaque fois où il s'était enfin décidé à la réveiller, son cauchemar avait brusquement pris fin. 


En plus, il était soumis à la douce torture de savoir le corps de Kaori si proche et en même temps de la sentir si loin de lui. Tout un dilemme qui ne manquait pas de le travailler toute la nuit, dans l'obscurité, quand tout prenait des proportions différentes. Souvent, il parvenait enfin à s'assoupir vers le matin, quand les rayons du soleil commençaient à percer à travers les volets et qu'il aurait enfin pu l'observer dormir. Avec tout ça, autant dire qu'il dormait peu. 


Oui, et ce soir ne ferait certainement pas exception. Ça serait frustrant. Il se leva et se dirigea vers leur chambre, faisant sauter nonchalamment le petit pot d'onguent dans sa main. Il devait lui l'amener avant qu'elle ne s'habille... Et il allait pouvoir lui masser les épaules et les... 

— Les quoi ? Ah, oui, les zones douloureuses ... Ah ah ah, et ça va jusqu'où, les zones douloureuses ? se surprit-il à penser.


Il se mit alors à imaginer les épaules dénudées de Kaori, sa nuque légèrement penchée en avant, ses soupirs de satisfaction sous ses mains alors qu'il lui masserait le dos. Ses cuisses seraient alors à portée de caresses, à peine couvertes par une serviette, son corps encore chaud de son bain sans fin. Peut-être même que sa peau serait encore légèrement perlée d'humidité ?


Il ne put s'empêcher de rire bêtement, alors qu'il ouvrait la porte, se réjouissant de cette douce perspective. Mais quand il entra dans la chambre, il se figea et son esprit aussi. 


Sur le lit, elle avait laissé ses vêtements de rechange. Un pantalon de toile beige, un pull en coton, une paire de chaussettes et ... un slip et... un soutien-gorge... laissés bien en vue... à portée de main... juste là, posés comme ça... 


D'un coup, le minuscule morceau de coton rose pâle à taille bordée de dentelle et l'assemblage de tulle beige retenue par un délicat petit nœud furent les seules et uniques choses qui occupèrent son esprit. Enfin, la personne à qui elles appartenait était bien évidemment de la partie mais le reste de ses pensée se remplit de noir... Obscurité totale... La lumière ne se fit que quand il entendit derrière lui :

— Kyyyyyyaaaa ! Mais, enfin ... Ryoooooooooooo ! Ohhhhh, espèce de sale obsédé !


Il prit alors conscience qu'il se trouvait à genoux devant le lit. Surpris, il découvrit Kaori dans l'encadrement de la porte, raide comme la justice, les bras croisés. Il eut à peine le temps de s'émerveiller du fait qu'elle était simplement enroulée dans une serviette blanche qu'il se pétrifia devant ses yeux sombres et furieux. Sourcils froncés, lèvres pincées et joues pâles, tout indiquait qu'une explosion était imminente. 


Il suivit alors le regard noir de Kaori et découvrit qu'elle fixait, courroucée, son entre-jambe. Avec horreur, il constata qu'une bosse significative se formait là. Terriblement gêné, il se leva brusquement et s'en alla vers le fond de la chambre, tournant le dos à la jeune femme, la tête basse.

— Oh, pardon, je ne me suis pas rendu compte... Je ne sais pas ce qu'il... Enfin, j'ai eu comme... Je ne me rappelle pas... Roooo, mais comme c'est embarrassant ! Je suis tellement désolé... Ah non, je n'ai plus le droit de le dire ça...


Kaori respira fortement pour dominer sa colère et ne pas écrabouiller le crâne de cet éternel obsédé qui continuait de se justifier : 

— Je ne comprends pas. J'ai eu comme un blanc, enfin non, plutôt, c'était noir... tout autour de moi... Et puis... Oh, zut !


Kaori écarquilla les yeux et se précipita vers lui, enroulée dans sa serviette de bain.

— Tu t'es rappelé de quelque chose ? Ryo, c'est Toi ? Tu es revenu ?


Ryo se retourna brusquement, mokkori en berne, le regard triste, visiblement blessé et en colère : 

— Non, je ne me rappelle pas. Toujours pas. Et non, je ne suis pas redevenu Moi. Le Moi que tu attends tellement. Désolé que tu ne retrouves pas ce que tu cherches tant... Je ne suis encore que Moi, ce Moi que tu ne veux pas voir, ni connaître...


Elle le dévisagea, à la fois décontenancée et navrée. Comme elle restait muette, il soupira en se dirigeant vers la porte. Avant de la franchir, il se retourna et lui lança le pot d'onguent qui atterrit entre ses mains : 

— Tiens, notre hôte m'a donné ça pour tes courbatures. Il a dit de masser les zones douloureuses. Tu n'auras qu'à te débrouiller toute seule pour tes épaules, vu que le nouveau Moi n'est certainement pas assez bien à tes yeux pour t'aider !


Il ouvrit entièrement le panneau coulissant avec force, le faisant volontairement rebondir en bout de course. Il lui adressa alors d'un ton sec, lui tournant le dos : 

— Je t'attendrai dans la salle commune. Surtout, prends ton temps. J'ai besoin d'être seul.


Et Kaori resta pétrifiée , regardant bêtement partir.


Environ une demi-heure plus tard, quand elle arriva enfin dans la pièce centrale, elle le trouva assis à même le parquet, entre la terrasse et l'intérieur de la pièce, le dos appuyé contre le pourtour de la porte coulissante. Il avait terminé de lire le journal local de bout en bout mais il fit mine d'être très intéressé par sa lecture et ne bougea pas d'un pouce.


Elle soupira. C'était de bonne guerre, elle avait été maladroite avec lui, elle devait bien l'admettre. Surtout que ce n'était pas la première fois qu'il lui faisait ce genre de remarque mais elle était tellement inquiète de ne pas retrouver Ryo, tellement impatiente, tellement agacée de ne pas parvenir à le ramener de sa boîte noire... Elle se sentait si impuissante, si coupable, si inutile... qu'elle finissait par faire n'importe quoi.


Elle se mit à genoux à ses côtés, cherchant son regard mais il garda le visage dissimulé derrière son rempart de papier. Elle murmura dans un souffle : 

— Je suis désolée. S'il y a bien une chose que je ne voulais pas faire, c'est de te blesser. Je suis ta partenaire. Je suis là pour te protéger. Je ... J'ai mal réagi, je te demande pardon, Ryo. 


Il referma son journal et soupira. Il n'arrivait pas à être longtemps en colère contre elle. 

— Je comprends que ça soit difficile pour toi. Surtout que tu étais amoureuse de l'autre... et que je suis apparemment très différent de lui. Mais saches que j'en ai marre de ce fantôme qui plane toujours entre nous.


Il se tourna enfin vers elle et plongea son regard dans le sien : 

— C'est pour ça que tout ça doit s'arrêter. Dès demain, on reprend les séances. J'ai appelé Falcon. Il était très surpris mais il sera là avec le Doc, demain en fin d'après-midi.

— Oh ! s'étonna Kaori. Je... 


Dans tous les plans qu'elle tentait d'échaffauder et toutes les questions qu'elle se posait, elle n'avait pas envisagé que Ryo puisse avoir envie de reprendre son "traitement". 

— Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? s'enquit-elle, désarçonnée. Je ne voudrais pas que tu te forces, tu sais.

— Je sais. Mais oui, je suis sûr de moi. Même si je t'avoue que je n'ai pas vraiment envie de retrouver la mémoire, je sens au fond de moi que j'ai envie de te retrouver toi. Envie et besoin. Et comme c'est le passage obligé... Je te promets que je ferai tout pour redevenir celui que j'étais.


Kaori en eut les larmes aux yeux. Elle prit alors ses mains dans les siennes, légèrement tremblantes, et se pencha pour lui donner un délicat baiser sur la joue, un baiser léger comme l'air mais qui redonna le sourire à Ryo : 

— Rien que pour ça, ça valait le coup d'appeler Falcon ! s'exclama-t-il en se levant. Allez, je crois que Monsieur Hojo nous attend pour dîner… 


Rayonnant, il ajouta tout en pliant son journal : 

— Il m'a parlé d'une super balade pour demain matin. Autant en profiter avant l'arrivée de nos amis ! Il y a seulement six cents cinquante mètres de dénivelé positif, ça sera fait en deux heures...

— Quoi ? Encore ! Tu ne voudrais pas qu'on se repose un peu ? s'exclama Kaori, désespérée à l'idée d'aller à nouveau crapahuter.


Ryo ne l'entendit pas et continua, tout à son enthousiasme, la jeune femme lui emboîtant le pas d'un air abattu :

— Il paraît qu'on traverse une cascade. Tu te rends compte ? Ça doit être fantastique. On pourra même se baigner s'il fait beau…


Elle grimaça dans son dos, levant les yeux au ciel et maugréant :

— Dans l'eau glacée d'une cascade ? Wahou ! Super... Je m'en réjouis d'avance, tiens !



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