C.H.C.H. ou Courtes Histoires de City Hunter
Chapitre 7 : Lumbago vs Mokkori, Premier round
2163 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 09/01/2023 13:44
- "Ahhhh rrrrgrrr gnaaa !"
Une douleur terrible naquit depuis le creux de sa hanche jusqu'au bas de son dos. Il eut la sensation qu'on lui enfonçait une aiguille brûlante sous la peau, transperçant le muscle, se plantant résolument dans ses chairs jusqu'à sa colonne vertébrale. Un frisson le parcourut jusqu'à la racine des cheveux. Le pauvre ne put retenir un cri alors qu'il se figeait. Il en lâcha l'aspirateur qui heurta le sol dans un son métallique sans pour autant cesser de tourner.
Tétanisé alors qu'il était penché en avant, Ryo tenta de se redresser. Une nouvelle aiguille le transperça et il cria à nouveau. Il avança un pied. Ce fut pire encore. Il posa ses mains sur le bas de son dos mais ça ne changea bien évidemment rien à sa douleur. Il ne lui restait plus qu'à trouver de l'aide. Il prit une grande inspiration et hurla pour tenter de couvrir le vrombissement de l'aspirateur :
- "Kaori ! Kaoriii !"
Rien ne se passa. Il cria plus fort :
- "KAAAAAORIIIIIIII !!!"
- "Quoi ?" Demanda la jeune femme en passant la tête par la porte de la cuisine.
- "Aide-mouaaaaa ! J'ai maaal !!!"
- "Quoi ? J'entends rien." Dit-elle en s'approchant. "Tu pourrais éteindre l'aspi au lieu de hurler, ça serait plus simple !"
- "J'peux paaas !"
- "Tu te fous de moi ?" Répliqua Kaori, fâchée, en éteignant l'aspirateur d'un coup de talon. "C'est quand même pas compliqué d'appuyer sur un bouton, si ?"
Le moteur ralentit peu à peu, le vacarme s'arrêta doucement et le silence se fit. Enfin, presque. La jeune femme, contrariée, lorgnait Ryo d'un oeil furibard, les bras croisés, les sourcils froncés et le pied tapotant le sol à un rythme signifiant clairement : tu vas t'en prendre une, flemmard ...
- "T'es gonflé quand même, Ryo. Pour une fois que je te demande de mettre un peu la main à la pâte ... Ça faisait partie de notre arrangement, tu te rappelles ? Moins de massues pour plus de participation aux tâches ménagères."
- "Mouais ... bah, j'préfère encore les massues !"
- "Ah ouais ? T'en veux une ?" S’enquit Kaori, goguenarde.
- "Mais tu ne vois donc pas que j'ai mal ?!?"
- "Je vois que tu te tiens les fesses et que tu es penché en avant ... Comme ça ressemble à ta position numéro sept, celle que tu prends quand tu mates par les trous de serrure. Je ne vois rien de bien inquiétant."
- "Pfff ... et tu vois une ... une serrure dans le coin, peut-être ?" Haleta Ryo, le souffle coupé par la douleur.
- "Non, c'est vrai." Concéda Kaori, toujours moqueuse. "Ah j'ai compris ... ton corps te rappelle que tu n'as plus vingt ans ... à vue de nez ..." Elle l'observa ostensiblement de la tête aux pieds et ajouta : "Je dirais : soixante dix ans, voire un peu plus. Tu veux une canne, peut-être ?"
- "Raaa ... Je me doutais bien que tu ne louperais pas l'occasion d'en rajouter." Grommela Ryo en tentant d'avancer un pied, ce qui lui arracha une grimace de douleur.
Kaori éclata de rire et passa son bras sous celui de Ryo :
- "Bon, reconnais que c'était tentant ... Allez, papi-Ryo, on va aller t'installer sur le canapé. Tu as dû faire un faux mouvement. Preuve que tu manques de pratique avec l'aspirateur."
Ryo inspira à pleins poumons et avança le pied droit de quelques centimètres, le faisant glisser lentement sur le sol. Petit à petit, ils se rapprochaient de l'objectif : le canapé.
- "Tu s’rais pas en train d'essayer d'échapper à ta part de ménage ?" Demanda Kaori.
Ryo secoua la tête pour toute réponse avant de se laisser couler sur le canapé avec force grognements. Couché à moitié sur le ventre, il défit rapidement sa ceinture et releva l'arrière de son t-shirt
- "Le mieux, c'est de faire un petit massage le plus rapidement possible." Ajouta-t-il en descendant le haut de son caleçon, révélant complétement le bas de son dos.
Kaori devint écarlate et occulta ses yeux avec ses doigts :
- "Hééé, mais ça va pas ! Je veux pas voir ça, moi !"
- "Kaori, il s'agit de maSSer un blessé, pas de maTer quoique ce soit !"
Kaori se retourna :
- "Non, non, non. Je masse rien du tout, moi ! Je me rappelle de tout ce cirque avec ces suppos débiles, là, quand tu t'étais blessé au ... hum, hum, hum ... Bref ... c'est hors de question, Je Ne Tripote Pas De PoPoTin !" Conclut-elle en détachant chaque syllabe.
- "M'enfin .. Kaori ... C'est mon dos, pas mes fesses ..." Insista-t-il
- "Hors de question !"
- "Kaori ... Allez ..."
Ryo sourit, de son petit sourire en coin qui les faisait toutes fondre, toutes ... ou presque :
- "Je ne vois vraiment pas ce qui te dérange, Kaori. Je n'ai pas l'esprit mal tourné à ce point."
- "Heuuu ... Permets-moi d'en douter."
- "Tu crois que je serais assez tordu pour faire semblant et jouer une telle comédie pour gagner un de tes massages ?"
- "Peut-être pas ... mais pour échapper au ménage, oui."
- "Tu préfères que j'appelle Reïka ou Saeko ? Je suis sûr qu'au moins une des deux sera ravie de palper ce beau ..." Il se caressa la fesse : "Aïeuuu !"
Il s'était redressé trop brusquement et son dos l'avait douloureusement rappelé à l'ordre. Kaori le dévisagea soudain, les sourcils froncés :
- "Oh, je te vois venir, espèce de pervers de service. Tu vas en profiter pour te faire peloter les fesses par toutes les jolies filles du quartier ! Hors de question ! Tu ne m'auras pas comme ça, ça, je te le garantis, Ryo !"
- "Ah ... Voilà ! Tu viens me masser, alors ?" Demanda-t-il triomphant, un joli sourire se dessinant sur ses lèvres.
- "Non."
Ryo se figea, sidéré et il regarda, impuissant, Kaori se diriger d'un pas vif vers le téléphone, décrocher et composer rapidement un numéro. Elle attendit un moment, Ryo perçut le bip d'un répondeur avant de prononcer poliment :
- "Bonjour. Ici Kaori Makimura de Shinjuku. Navrée de vous déranger mais mon colocataire s'est fait un méchant tour de rein, est-ce que vous pourriez passer le voir ? Il est vraiment dans un sale état. Pas la peine de nous rappeler, on ne bouge pas de la maison. Merci et à bientôt j'espère."
- "A qui as-tu téléphoné ? Une jolie infirmière en blouse blanche ?" S’enquit Ryo, les yeux pétillants de joie. "Mais bon, je persiste à dire que c'est mieux si c'est toi qui me masses tout de suite."
- "Non. J'ai dit non et quand c'est non, c'est non. Point."
Ryo la nargua, tentant le tout pour le tout :
- "Tu sais ce qu'il va se passer avec une jolie infirmière ? Aucune ne résiste à mon charme ! Ça ne va pas te plaire ..."
Kaori éclata franchement de rire :
- "Non. Ce n'est pas une jolie une infirmière qui va venir mais mon ostéopathe."
- "Oh ! Elle est jolie ?" Demanda Ryo, très intéressé.
- "IL. Monsieur Tanaka est très compétent. Et oui, on peut dire qu'il est pas mal du tout." Ajouta-t-elle, en se plantant devant Ryo, les mains sur les hanches, le regard soudain rêveur et les joues roses.
Ryo écarquilla les yeux, horrifié :
- "Ah non, non, non, non, non, non, non, non ... Kaori, s'il-te-plait, je t'en supplie, ne me laisse pas me faire masser par un ... un meeec ... Pitié ... Masse-moi. Je ferai tout ce que tu veux ..."
- "Tout ce que je veux ? Vraiment ?" Demanda-t-elle, narquoise.
- "Quand j'irai mieux, je ferai tout, le ménage, les courses ... Je pourrai même te masser en retour ... pas besoin d'avoir mal quelque part pour apprécier le contact charnel et relaxant de mes mains délicates."
Il sourit en découvrant que les joues de Kaori prenaient une jolie teinte rosée. Il savourait déjà sa victoire quand elle répliqua, froide et déterminée :
- "Non. Je vais aller terminer la vaisselle. Toi, tu restes là et tu attends."
Elle alluma la télévision, déposa la télécommande devant le nez de Ryo, aussi décontenancé que s'il venait de passer sous une douche glacée et lui lança, mi-amère, mi-narquoise :
- "Tiens, comme ça, ça ne te changera pas de d'habitude ..."
Une heure et demie plus tard, on toqua à la porte.
- "Ahhh !" S'exclama Kaori en sortant de la cuisine où elle s'était réfugiée pour échapper aux questions indiscrètes de son partenaire sur son ostéopathe. "Je savais que Monsieur Tanaka ne manquerait pas de venir rapidement."
- "Allez, avoue, Kaori ! Tu en pinces pour lui !" Cria Ryo depuis le canapé sur lequel il gisait toujours.
La jeune femme se contenta de hausser les épaules en soufflant de lassitude.
- "Ce que tu peux être lourd, franchement, Ryo !" Maugréa-t-elle en ouvrant la porte. "Heuuu ..."
Ce n'était pas son ostéopathe qui se tenait sur le pas de la porte mais ... une très (trop) jolie jeune fille, grande, mince, brune, ses cheveux lisses et brillants tombant (trop) gracieusement sur ses épaules. Sa tenue décontractée, jeans, baskets et chemise ne dissimulaient que (trop) peu sa jolie silhouette (trop) élancée mais aux formes féminines (trop) parfaites. Kaori sentit tout de suite sa jalousie maladive naître en elle. Il faut dire qu'elle savait (trop) bien ce qui allait se passer.
- "Bonjour. Je suis bien chez Mademoiselle Kaori Makimura ?" Demanda la jeune femme.
- "Oui."
- "Je suis Miyoshi Akino, la nouvelle associée de Monsieur Tanaka. Il est débordé aujourd'hui, alors, comme ça avait l'air urgent, il m'a demandé de venir. Il parait qu'il y a un vilain lumbago par ici ?"
Kaori n'eut pas le temps de démentir pour ne pas refermer la porte sans être impolie, afin d'éviter ce qui allait suivre. Mais, elle ne fut pas assez rapide. Il faut dire que Ryo avait déjà entendu le timbre clair et limpide de la voix d'Akino. Il ne lui en fallait pas plus pour réagir au quart de tour. Lumbago ou pas ...
Kaori venait à peine de se retourner que son partenaire volait déjà dans les airs, à moitié nu, les yeux exorbités de joie et le sourire lubrique aux lèvres, tout en poussant son cri de guerre :
- "Moookkoriiii !"
Ryo n'alla cependant pas très loin puisqu'il rencontra violemment une massue des plus volumineuses sur laquelle il s'écrasa misérablement. Kaori ne dénia pas lui adresser un regard quand il glissa au sol, flasque et ratatiné.
La jolie Akino les regarda, épouvantée et fit rapidement volte-face, préférant fuir au plus vite cette maison de fous.
- "C'est pas possible des tarés pareils ! Tanaka m'avait bien dit qu'ils étaient un peu bizarres, mais, là, ça frôle la démence. La prochaine fois, c'est lui qui s'y colle !"
Kaori la regarda s’en aller sans demander son reste, croisant les bras :
- "Encore une que son "charme" aura fait partir en courant ... Pas plus mal. Ça évite les problèmes." Puis elle se tourna vers son partenaire qui gisait encore au sol et ajouta en riant, moqueuse : "Bah, tu vois ... j'avais vraiment pas besoin de te masser le popotin pour que tu sois à nouveau sur pied."
- "Tu appelles ça : être sur pied, peut-être ?" Gronda Ryo, lamentablement allongé sur le sol :"Tout ça parce que tu as refusé de me masser ..."
- "Et bien, je suis contente de ne pas l'avoir fait ! Tu ne le méritais pas !"
- "Je demandais juste un petit massage du dos, un petit massage de rien du tout !" Chouina-t-il.
- "Tu as demandé un massage des fesses, pas un petit massage de rien du tout !" Hurla-t-elle, rouge de colère.
Il se redressa, lui sourit de son sourire en coin indéchiffrable et énigmatique puis ajouta d'une voix douce :
- "J'ai bien droit à du réconfort, non ? Je suis gravement blessé ... et il faut bien mêler l'utile à l'agréable, non ? "
Kaori rougit de plus belle, ne sachant trop ce qui était l'utile et ce qui était l'agréable. Écarlate, elle préféra tourner les talons en lui lançant, amère d'avoir cru en l'honnêteté de son partenaire quelques heures auparavant :
- "Espèce de vieil obsédé !"
Ryo soupira, levant les yeux au ciel :
- "Je suis un incompris dans ma propre maison ..."
Ignorant sa remarque, Kaori fit volte-face pour venir le pousser du bout du pied :
- "Allez, debout fainéant ! Tu as l'aspirateur à passer et la baignoire à briquer. Et, crois-moi, tu as intérêt à ce qu'elle brille !"