Si j'avais

Chapitre 8

3507 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/04/2019 21:33

Immeuble de Ryô Saeba,

Quartier de Shinjuku, Tokyo,



La chambre était baignée dans la douce clarté d'une journée printanière. Soulevant dans un mouvement régulier le rideau vaporeux de la fenêtre entrouverte, une légère brise apportait une fraîcheur agréable pour un mois de mai décidément trop chaud pour l'époque.


Le silence, qui régnait dans tout l'appartement, emplissait la pièce d'une atmosphère apaisante. A la fois protectrice et paisible.


Allongée sur son lit, Kaori dormait. Les traits reposés et un timide sourire aux lèvres, la jeune femme semblait avoir retrouvé le chemin du sommeil et savourait avec un délice non dissimulé ce moment de repos et de sérénité tant mérité.


Le cadre qui trônait sur la table de nuit, près de l'écrin qui contenait cette bague si chère à son cœur, paraissait veiller sur son sommeil. Dès son retour, Kaori avait remis la photo de son frère à cette même place, aux centimètres près, espérant intérieurement que ce simple geste puisse effacer de sa mémoire et de son cœur ces longues semaines d'angoisse et de solitude qu'elle avait passées loin de chez elle et surtout loin de Ryô.


La porte de la chambre s'ouvrit et une ombre furtive traversa la pièce sans faire le moindre bruit. Doucement, le matelas s'affaissa sous le poids d'un second corps. Une main masculine caressa alors le bras nu de la jeune femme et se posa nonchalamment sur sa hanche.


" Kaori ? " Le nom de la jeune femme résonna plusieurs fois dans la pièce avant de se fondre dans un profond silence. La voix était douce et pleine de tendresse. De l'autre main, l'homme repoussa avec délicatesse une petite mèche rebelle qui barrait le front de la dormeuse.


" Kaori ?... Kaori, réveille-toi, ma douce ". La jeune femme remua doucement sur son lit et émit un petit gémissement plaintif. " Allez ma toute belle, il est temps de se lever. ". Mais Kaori ne voulait pas bouger. Elle se sentait tellement bien ici. Tellement sereine. Elle se sentait enfin libérée de sa souffrance et de ses angoisses les plus profondes.


Des mains fermes et puissantes se posèrent en douceur sur ses épaules pour la secouer un peu. " Noonn... Je veux dormir encore un peu !", murmura-t-elle les paupières tellement lourdes qu'elle n'arrivait pas à les soulever.


Tout en grognant contre cet invité inopportun, Kaori tenta d'ouvrir les yeux. Les quelques secondes durant lesquelles ses yeux rencontrèrent la lumière du jour lui suffirent pour distinguer des épais cheveux noirs et des yeux sombres reflétant l'acier. " Cinq petites minutes... Juste cinq minutes ", lança-t-elle, la voix ensommeillée et un petit sourire aux lèvres.


Mais l'homme n'était pas de cet avis. Alors, les mains toujours sur ces épaules, il la secoua de nouveau, de manière un peu plus brutale et plus impatiente ." Oh non ! Pas question ! Ouvre les yeux ma belle sinon tu risques de le regretter...", la voix délicieuse et tranquille prit tout à coup une intonation arrogante et cruelle.


A ces mots, Kaori ressentit un froid inimaginable envahir son corps. Son cœur manqua un battement lorsqu'elle sentit un objet glacé glisser lentement sur son cou. " Oh mon dieu, non... Ce n'est pas possible ! Noonnnn ", les mots difficilement articulés tremblaient dans la bouche de la jeune femme.


" Mais si ma beauté, je suis revenu rien que pour toi ", lui répondit calmement cette même voix qui l'avait plongée en enfer deux mois plus tôt.


Épouvantée, Kaori ouvrit brusquement les yeux et rencontra avec effroi ce regard d'un noir métallique qu'elle avait tant essayé d'oublier. " Oh mon dieu ! No... Nooooon ! " Dans un sursaut de lucidité, la jeune femme poussa violemment son assaillant et tenta de sortir de la chambre. Mais l'homme, aussi rapide qu'un animal, l'attrapa par le bras et la rejeta sans concession sur le lit. Complètement affolée, la jeune femme n'avait qu'un nom aux bords des lèvres " Lâchez-moi ! Vous entendez ? Lâchez-moi !... Ryôooo !... Ryôooo !", hurla-t-elle en proie à une terreur indescriptible .


Le regard de l'homme était empli de pitié et d'indulgence. "Ryô ?! ", lança l'homme dans un haussement de sourcils. " Tu veux voir ton cher Ryô ? "


D'un rire sadique, l'homme se leva et se planta au milieu de la pièce. Il balaya du regard cette chambre impeccable de propreté, et d'un sourire sadique sur les lèvres ouvrit les bras . " Ryô ?... Mais ma belle, ton sauveur n'est pas là... Oh, non... il est bien trop occupé à draguer les filles en ville et à s'amuser pour penser à toi et venir à ton secours "


Un rictus malsain sur les lèvres, l'homme s'approcha d'elle et lui empoigna les bras. D'un geste brusque, il l'amena jusqu'à la fenêtre et la força à regarder au pied de l'immeuble. " Observe bien, mon ange et tu comprendras ce que j'ai voulu dire ", lui susurra-t-il à l'oreille.


Réprimant un sanglot, Kaori baissa les yeux et contempla avec incrédulité et désespoir l'homme brun qui s'évertuait à draguer une jolie femme brune devant l'entrée de leur immeuble. La rue était plongée dans un silence mortel si bien que la jeune femme pouvait entendre les moindres paroles échangées par les protagonistes de cette saynète d'une cruauté sans nom.


" Non ! espèce d'obsédé ! Lâchez-moi ! Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas prendre de café avec vous !..." La voix de la femme était stridente à vous broyer les tympans.


" Excellent ! Allons directement à l'hôtel dans ce cas ! " répondit cette voix rauque que Kaori connaissait par cœur


Les mains serrées l'une contre l'autre et la gorge asséchée, Kaori n'arrivait plus à parler.


" Je vous dis non! Nonnnnn !... Bon sang, vous ne comprenez pas ou vous faites exprès de ne pas comprendre ? ", s'exclama la femme avec exaspération.


" Une p'tit café, rien qu'un p'tit café !" Un nouveau cri retentit. La jeune femme était affolée et énervée de ne pas réussir à se débarrasser de cet homme. " Nooooon ! Alors maintenant dégagez et laissez moi tranquille, vieux fou !"


D'un geste rapide, Ryô attrapa la main de la femme brune, la ramena vers lui et tenta une fois de plus de l'embrasser. Un nouveau cri retentit puis le bruit assourdissant d'une claque résonna dans la rue.


" Non ! Je vous ai déjà dit non !... Laissez-moi tranquille, espèce de pervers !", s'époumona une nouvelle fois la jeune femme visiblement dépassée par la virulence de l'homme.


" Mais si ma beauté, je suis sûre que je te plais !", Ryô criait haut et fort pour que la jeune femme comprenne bien ce qu'il désirait faire.


Interdite, Kaori suivait d'un regard affolé la nouvelle égérie de son partenaire se mettre à courir, exaspérée, vers la porte de l'immeuble d'en face. Cette dernière esquiva avec une certaine maladresse le nouvel assaut de l'homme qui s'écrasa comme un vulgaire insecte sur le sol. Sans en demander son reste, elle franchit le seuil de la porte trop contente d'échapper à la folie de cette obsédé.


" Bon sang, j'ai l'impression d'être trop vieux pour ce genre de sport", ricana Ryô tout en se massant le bas du dos d'un air facétieux. " Pff... il va falloir que j'en trouve une autre avant la fin de la journée !"


Ryô se releva, dépoussiéra rapidement ses vêtements et, les mains dans les poches, engagea le pas.


Les mots résonnèrent dans la tête de Kaori avec une telle violence que la jeune femme ferma les yeux


" Non ! Ryôôoooooooo !", hurla Kaori, horrifiée de voir que Ryô s'apprêtait à quitter le quartier sans se douter un seul instant de la situation dans laquelle elle se trouvait. " Ryôoooooo ! Je t'en prie aide-moi ! Ryôoooooo ! "


Comme piqué au vif, Ryô s'arrêta dans sa course et se retourna lentement. Les sourcils froncés, il mit sa main en visière pour pas être ébloui par le soleil et leva les yeux vers elle.


Comme dans un rêve, Kaori crut qu'elle était sauvée.


Mais c'est dans une vision d'horreur qu'elle surprit Ryô haussant les épaules d'indifférence et disparaissant au coin de la rue en sifflotant gaiement.


Le choc l'empêcha de réagir et de dire quoi que ce soit. Les larmes coulant silencieusement sur ses joues d'un pâleur effroyable, Kaori serra ses poings. Si fort que ses jointures étaient devenues blanches et que ces ongles rentraient cruellement dans sa peau. " Alors, Kaori ? ", la voix de l'homme lui parvint une nouvelle fois jusqu'aux oreilles la faisant frémir de dégoût.


" Ryô ne viendra pas te sauver cette fois-ci encore... Comment le pourrait-il alors que tu n'as même pas eu le courage de lui avouer la vérité ? " Mais Kaori n'écoutait plus. Complètement anéantie, la jeune femme s'était réfugié dans un mutisme effrayant. Elle ne s'opposa même pas lorsque l'homme la ramena sur le lit et plongea son regard imprégné de folie et de perversité dans le sien.

"Mais ne t'inquiète pas trésor, moi je suis là et je vais prendre soin de toi "


Les joues noyées de larmes, la jeune femme se recroquevilla au coin du lit, les bras désespérément levés pour se protéger de cet agresseur. Prise de tremblements convulsifs, elle le vit s'approcher dans un silence terrifiant et sentit son regard monstrueux se posait sur ses bras tendus. " On va bien s'amuser ! Tu vas voir "


Son rire diabolique couvrant les sanglots de la jeune femme, il l'attrapa brutalement par le poignet et la plaqua sans concession contre son corps. " Tu sais mon ange, tu auras beau tout faire et tout essayer pour m'oublier mais tu n'y arriveras jamais ! Tu entends ? Tu ne pourras jamais m'effacer de ta mémoire ! " , expliqua-t-il la bouche près de l'oreille de la jeune femme.


" Compris, mon trésor ?", lâcha-t-il dans un dernier sourire avant de la pousser sans ménagement sur le lit et de se jeter sur elle.


" NONNNNNNNN! NONNNNNNN! ", hurla-t-elle dans un dernier cri de désespoir.


BANG ! BANG ! Une porte claqua bruyamment.


" NONNNNNNN! NONNNNNNN! RYO ! ". Assise sur son séant et trempée de sueur, la jeune femme ouvrit ses yeux dans un dernier sursaut de terreur et lança un regard complètement affolé sur la porte du salon. Les joues mouillées de larmes et le corps secoué de spasmes, la jeune femme se couvrit le visage de ses mains et souffla désespérément pour retrouver un semblant de calme.


Elle était seule. Et elle était chez elle, dans son appartement.


Elle venait de faire un cauchemar. Un simple cauchemar.


Une voix d'homme emplissait faiblement la pièce. Paniquée, Kaori balaya la pièce du regard et poussa un petit cri de soulagement lorsque ses yeux se posèrent sur la télévision allumée.


C'était l'heure des informations et le présentateur télé débitait avec une professionnalisme et une élocution parfaite les dernières nouvelles de la journée.


Les jambes ramenées sous ses bras, la jeune femme posa son menton sur ses genoux et attendit patiemment que son cœur et son esprit veuille bien s'apaiser. D'un geste rageur, elle essuya violemment les dernières larmes qui menaçaient de couler et se mit à répéter plusieurs fois les mêmes paroles. " Ce n'était qu'un cauchemar... Un simple cauchemar... Il faut que tu oublies et que tu penses à autre chose. "


Kaori ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieure.


Oublier ? Comment le pourrait-elle ? C'était comme si son viol était imprimé dans sa mémoire à l'encre indélébile. Kaori savait pertinemment qu'elle ne pourrait jamais purifier complètement son corps et son âme de ce sentiment de terreur et d'angoisse qui la paralysait à tout moment.


Les images revenaient régulièrement avec cette même force dévastatrice.


Dans ces moments là, Kaori se surprenait à paniquer et à angoisser au moment où elle s'y attendait le moins. Son cœur s'emballait, son esprit s'embrumait, son corps tremblait et une terreur indéfinissable la tétanisait complètement.


Il suffisait de peu. Le frôlement d'une main sur son épaule. Le regard insistant d'un homme sur son corps. Une voix rauque et métallique. Tout était prétexte à sursauter et à revivre pendant d'infimes secondes ce qu'elle croyait avoir réussi à chasser de sa mémoire et de son esprit.


Mais comment oublier lorsque l'inconscient vous ramène droit en enfer dès que vous fermer les yeux et que vous chercher un semblant de repos ? Comment ?


Peut-être devait-elle tout simplement tolérer et accepter cet état de fait ? Car même si le temps n'avait pas le pouvoir d'effacer et de cicatriser les blessures les plus profondes et les plus douloureuses, il avait au moins la vertu de les rendre plus supportables et moins destructrices aux yeux de l'être meurtri.


Le générique de fin du journal ramena Kaori à la réalité. La jeune femme eut une grimace amère. Elle n'y arriverait pas comme ça. Sûrement pas. Sa manie de tout analyser et de tout peser avait pour seule et unique conséquence de l'enfoncer un peu plus dans la tristesse et la mélancolie alors, que tout ce qu'elle recherchait ,c'était un peu plus de calme et de sérénité.


Un peu perdue, Kaori se leva du canapé, éteignit le poste de télévision et sortit du salon. Machinalement, elle déambula dans chaque pièce de l'appartement à la recherche d'une activité qui la divertirait un peu et se rendit compte, avec une certaine ironie d'ailleurs, de la propreté quasi mystique du lieu


Les meubles avaient été époussetés à la perfection, le bois brillant comme au premier jour. Les moutons avaient désertés les dessous de lit et les bibelots avaient retrouvé leur éclat d'origine après avoir pris un bon bain d'alcool à brûler. Et le linge, lavé et repassé, avait retrouvé sa place sur les étagères et sur les cintres achetés à cet effet.


Tout était net, purifié et assaini.


Tout était propre, clair et transparent.


Elle aimerait tant qu'il en soit ainsi de sa propre vie.


Sans savoir pourquoi, la jeune femme s'arrêta devant la chambre de son partenaire et ouvrit lentement la porte. Hésitante, Kaori examina avec avidité et appréhension cette grande pièce qui renfermaient les secrets et les pensées les plus intimes de Ryô. Une de ces chemises traînait sur le bord de son lit et mue par une envie soudaine de sentir la présence de l'homme, Kaori s'assit au bord du lit et prit le bout de tissu dans ses mains.


Étrangement, son cauchemar lui revint en mémoire. Un rêve terrifiant et violent mais qui résumait à la perfection son état d'esprit, ses peurs et ses doutes du moment.


" J'aimerai tellement avoir la force et le courage de t'avouer la vérité Ryô ", murmura la jeune femme dans un souffle. " Mais ai-je droit de te faire souffrir encore une fois ? "


Kaori se laissa tomber sur le lit et observa le plafond comme si la réponse à toutes ses questions se dissimulaient dans les quelques tâches d'humidité qui ornait le revêtement blanc. Elle était fatiguée de réfléchir à tout ça et sans s'en rendre compte la jeune femme ferma les yeux.


Le souvenir de leur retrouvaille lui arracha un petit sourire triste.


Ryô et Kaori s'étaient séparés et s'étaient retrouvés dans la douleur et la confusion la plus totale. Leurs sentiments, exacerbés et amplifiés par la solitude et la souffrance, s'étaient brutalement imposés à eux comme une évidence flagrante et une éclatante vérité.


Sur le moment, la jeune femme s'était sentie prête à tout lui dire. A tout lui confesser. A tout partager avec lui.


Mais c'était sans compter sur la cruauté du destin et l'ironie du sort.


Le lendemain de leur retrouvaille, Ryô avait été la victime de ce que les médecins appelaient "amnésie sélective". Cette perte soudaine de mémoire était due sûrement à la trop grande quantité d'alcool qu'il avait ingurgité pendant le nuit.


Et le résultat était affligeant. Ryô avait tout oublié de ce qui s'était passé la nuit dernière. Il avait effacé de son esprit leur étreinte passionnée. Leur amour partagé. Son pardon. Et sa confession.

L'alcool avait rayé ces évènements avec une efficacité redoutable et sans le moindre bruit.


Et depuis les mots tant attendus et tant redoutés restaient bloqués dans la gorge de la jeune femme. Ils restaient là. Pesant sur son cœur et sur son esprit. Et Kaori savait malheureusement pourquoi.


Kaori étendit ses bras sur le dessus de lit et respira profondément. Même si revivre avec Ryô lui avait permis de retrouver son équilibre et le goût de la vie, la jeune femme se sentait incapable, pour le moment, de s'investir dans une relation amoureuse et de gérer harmonieusement une vie de couple. Elle se sentait encore tellement fragile. Et les cauchemars qu'elle faisait encore si régulièrement la confortaient dans sa décision.


Elle aimait Ryô d'un amour pur et sincère mais elle voulait être sûre d'être assez forte psychologiquement et émotionnellement avant de s'engager réellement avec lui. Il n'avait que trop souffert par le passé et elle ne souhaitait pas lui faire encore plus de mal.


Les yeux grands ouverts, la jeune femme poussa un soupir à fendre l'âme. La situation était d'une complexité extrême et déstabilisante pour les nerfs.


A vrai dire, la jeune femme avait l'étrange impression que les rôles s'étaient inversés.


Kaori, se satisfaisait de cette relation platonique mais tellement essentielle à son bonheur et à son équilibre. Elle trouvait toute la sécurité et la tendresse qu'elle avait besoin. Ryô, lui, n'attendait qu'un signe de la part de la jeune femme pour lui montrer pleinement son amour.


Car Ryô l'aimait. Elle en était persuadée maintenant Il le lui avait dit. Et il le lui démontrait fréquemment.


De plus en plus souvent, la jeune femme sentait le regard ardent de Ryô glisser sur elle, provocant en elle des frémissements empreints de panique mêlé de plaisir. Régulièrement, elle sentait son regard à la fois tendre et inquiet se poser sur elle lorsqu'elle tentait de maîtriser toutes ses émotions qui échappaient quelquefois à son contrôle.


Il était d'une patience d'ange et l'amour que Kaori lui portait grandissait de jour en jour. Elle avait une confiance aveugle en cet homme et elle savait à présent qu'elle ne pourrait plus jamais vivre sans lui.

Mais combien de temps allait-il accepter cette situation ? Combien de temps avant qu'il ne se lasse de ce petit jeu du chat et de la souris ?


Le bruit d'une clef qu'on introduisait dans la serrure obligea Kaori à couper court à ses interminables réflexions. Rapidement, elle jeta un coup d'œil à sa montre et grimaça en s'apercevant qu'il était déjà 18h00. Ryô était de retour et le repas n'était pas prêt.


Un sourire plaqué sur les lèvres, la jeune femme descendit les escalier et rejoignit son partenaire dans le salon. Les sourcils froncés, elle remarqua immédiatement les papiers éparpillés sur la table basse et ne mit que quelques instants à comprendre de que Saeko s'était encore manifesté.


Plongé dans la lecture de documents, Ryô ne s'aperçut pas tout de suite de la présence de la jeune femme. "Alors Ryô ? A quoi avons nous droit cette fois-ci ? Trafic de drogue ? Trafic d'influence ? Trafic d'armes ? ", questionna Kaori d'un ton qu'elle voulait réprobateur.


Au son de la voix de Kaori, Ryô se décida à lever la tête. Les mains sur les hanches et l'esprit en éveil, la jeune femme attendait impatiemment sa réponse, prête à s'opposer fermement à la demande de Saeko même si, pour cela, elle devait inventer des excuses débiles et insensées. " J'attends Ryô ", lâcha Kaori le pied battant la mesure sur le sol.


Le visage de Ryô était impassible ce qui déstabilisa grandement la jeune femme. Il ne répondit pas mais lui tendit tranquillement le dossier. " Regarde par toi-même, Kaori ", lança-t-il sur un ton mi-sérieux mi-moqueur.


Intriguée, Kaori attrapa la chemise en carton, l'ouvrit rapidement et sentit ses jambes se dérobaient sous elle alors qu'elle découvrait, le cœur battant, le contenu de l'affaire.


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