Chronicle 2 - Persécution
Chapitre 4 : Situations précaires et instabilité
1779 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 04:07
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Kaskinen, FinlandeSeptembre 2012
Il nage dans cet or émeraude qui l'enveloppe. Il ne vole pas vraiment. Il se laisse flotter, tout simplement. Est-ce qu'aucun humain n'a jamais l'expérience de ça? se demande Matt, subjugué.Il était près du rivage à observer les étoiles. Au début, il n'a même pas remarqué leurs présences absorbé qu'il était dans ses pensées. Elles se sont matérialisées subitement, par magie...Il a levé le regard, incrédule. C'est le plus beau spectacle qu'il lui est été donner de contempler.Il fusionne maintenant avec cette énergie fluide et mouvante. Il sent son coeur pulser au rythme de cet afflux. Il tournoie en ouvrant les bras, se laissant guider par le mouvement limpide des arcs luminescents. Les yeux fermés, il lâche prise. Jamais il n'a ressenti une telle émotion. Puissante, poignante, bouleversante. Sa gorge est nouée, il ne s'est jamais senti si...c'est indescriptible! Libre...c'est le seul qualificatif qui lui vient à l'esprit.Il aurait aimé partager ce moment avec Steve et Andrew. Ils auraient été aussi conquis que lui devant ces fabuleuses aurores boréales, c'est certain. Avec un pincement au coeur, il songe qu'il y a tellement de choses qui lui manquent. Son coeur s'assombrit. L'aurore scintille, vibre, puis disparaît aussi subitement qu'elle est apparue. Déçu, Matt regagne le sol et commence à monter la tente.Cette nuit-là, des hurlements déchirants retentissent au coeur des montagnes. Les cauchemars sont de plus en plus fréquent. Par chance, il est si isolé que personne ne peut l'entendre.
Papoua, Nouvelle-GuinéeOctobre 2012
Exténué, Matt doit faire de constantes escales pour se reposer. Le manque de sommeil et la faim qui le taraude le rendent maussade. Il se dit qu'il pourrait s'arrêter un moment et pêcher. Il commence à réunir le matériel pour fabriquer une canne à pêche de fortune. De pays en pays, il a appris beaucoup sur différentes cultures. Acquis quelques techniques qui lui ont permis de survivre jusqu'ici quand l'argent manquait. Il s'était néamoins fait la promesse de ne jamais voler. Son quotidien restait toutefois précaire. Il éprouvait la sensation d'être continuellement sur des montagnes russes. D'évoluer dans un présent qu'il ne pouvait jamais anticiper. Tout pouvait arriver, à tout moment.Pour gagner de l'argent, il effectuait divers travaux. N'importe lequel tant qu'il lui fournissait un moyen de subsister. De vivre encore une journée de plus. Outre l'effort physque et ses besoins primaires assouvis, il devait jongler avec une multitudes d'autres désagréments qui puisaient, petit à petit, ses forces vitales. Les devises changeantes, les langues étrangères, la difficulté de se faire comprendre, approcher les gens discrètement, les questions et les réponses qu'on voulait lui soutirer, des mensonges qu'il devait inventés, les territoires sauvages et hostiles. Ce n'était là que quelques exemples.Bien qu'il tentait de circonscrire ses excursions à l'intérieur de limites sauvages, isolées, avec peu d'accès à l'information et des médias, parfois on le reconnaissait.La réaction des gens était aussi variée que la gamme des sentiments le permet. Indifférence, peur, dégoût, curiosité, haine, agressivité...Très rarement, mais à l'occasion il avait perçu l'adulation, la jalousie. Entre-celles-ci, se dessinaient des contours indéfinis. Ainsi, la peur pouvait se définir par une simple crainte à son égard comme atteindre le paroxysme et déclencher une terreur aboslue.À Hawaii, il s'était retrouvé coincé provisoirement au milieu d'une cohue hystérique. Scandant sa fureur et lui exprimant violemment son animosité au visage. La rumeur de la foule avait continué d'enflé alors qu'il tentait par tous les moyens de leur échappé sans avoir recours à son pouvoir. Il commençait à angoissé, ne trouvant aucune issue, aucune brèche lui permettant de fuir. Il ne voulait pas être contraint d'en abuser. L'attroupement était trop près et le risque de blessures, trop élevées. L'apogée avait été atteint quelques minutes plus tard. Il avait reçu le premier projectile à la tempe droite. Il ne savait pas ce que c'était mais il a bien senti le sang chaud couler le long de sa joue tout comme la panique qui s'emparait de lui. Plus douloureuse que la blessure, la haine des gens à son endroit l'attristait davantage. La vue du sang sembla provoquée le déchaînement de la masse agglutinée autour de lui. Puis, comme si un signal muet avait été lançé, les dernières réticences de la foule s'étaient envolées. La frontière invisible qui les contenait s'évanouit et le déferlement qui s'ensuivit fût proche de la névrose. On lui lança une multitude d'objets, le poussa, il encaissa des coups, absorba les insultes.Tremblant de partout, terrorisé, il déclencha sans même en avoir conscience son bouclier. L'effet fut immédiat, la foule recula avec un cri d'effroi. L'espace engendré lui permit de prendre son envol sans danger. Après cette altercation, il lui fallut plusieurs heures avant de trouver le courage de redescendre sur la terre ferme. L'appréhension à l'approche d'un nouveau village est maintenant une émotion qu'il transporte partout, bagage maintenant aussi inséparable que son sac de voyage.L'imprudence l'avait conduit à faire un arrêt à Londres. Une erreur bête, stupide. Heureusement sans trop de conséquences. Pour la population du moins. Un cri avait retenti. Avant qu'il ne se rende compte qu'il était l'auteur de la provenance de ce cri, l'affolement avait fait fuir dans tous les sens toute âme vivante. Il ressentit pour la première fois l'ampleur de son isolation, de sa solitude permanente. Un instant, il laissa erré son regard sur cette panoplie de marchandises, abandonnées. À sa disposition. Rien ne l'empêchait de prendre ce qu'Il voulait et de s'en aller. La faim perpétuelle l'incitait impérieusement à combler son appétit. La tentation était forte, palpable. Il hocha la tête de dégoût envers lui-même et un rugissement griffant sa poitrine s'échappa pour se répercuter dans la rue déserte. Il s'envola brutalement dans un souffle d'air qui agita toute l'avenue.S'il avait quelqu'un à qui parler, des histoires il en aurait à raconter. Peut-être que s'il pouvait se confier, se soulager de cette lourdeur pesante, se décharger un peu de ce poids incessant...Ce n'était pas près d'arriver. Alors il continuait son chemin, sa valise affective s'alourdissant chaque jour un peu plus de cette charge étouffante.Dans tous les cas, l'invisibilité restait son meilleur moyen de défense.
Il creusa dans le sol à la recherche d'appâts qu'il enfila avec mal de ses mains tremblantes. Il lança la ligne improvisée et patienta. Les yeux posé au loin, étrangement vagues.''- Tu te souviens comme tu aimais pêcher Andrew? Tu étais en colère après moi car je n'arrivais pas à rester tranquille et que je faisais fuir tous les poissons...''Matt tressaute, pivote la tête vers la droite puis la gauche en la secouant nerveusement. Il faut que je dorme...et que je mange pense-t-il.
Le repas ne l'a pas rassasié mais il survivra pour l'instant. C'était quand la dernière qu'il avait mangé à sa faim? Sans devoir en garder au cas où, sans s'inquiéter du lendemain? Il se frotte les mains et se nettoie un peu. Il ajoute une bûche au feu allumé plus tôt et resserre la couverture autour de lui. Les braises dégagent une chaleur apaisante et réconfortante. Engourdi, il fixe les flammes dans leur farandole hypnotisante.''- Tu as assez manger Andrew? Il ne se rend même pas compte qu'il a parlé à voix haute. Dommage qu'on est pas de guimauve, tu aurais pu les faire flamber. Tu les as toujours fait brûler...'' dit-il d'une voix pâteuse. Il glisse légèrement sur le côté, les yeux lourds.''-On sera toujours amis?'' résonne une voix dans sa tête.''Pour la vie, chuchote-t-il. ....Andrew?...'' demande-t-il d'une voix presque éteinte.''-Oui?''''-Tu ne me quitteras jamais?''''-Jamais.''
Ils poussent les premiers cris quelques minutes plus tard. Il gémit, se recroqueville comme un enfant. Ses lamentations s'apparentent à ceux d'un chiot blessé. Ses bras s'agitent et ses jambes battent le vide. Comme s'il cherchait à s'évader du rêve. Mais il ne peut pas. Le cauchemar est en lui, vit en lui, se nourrit de lui...Il se réveille en sursaut, complètement trempé par la sueur. Il grelotte malgré la chaleur ambiante. Il ne réussira pas à s'endormir ce soir.