Chronicle 2 - Persécution

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Arendal, NorvègeAoût 2012

Le lac gelé s'étend à perte de vue. Il n'y a pas âme qui vive. Seul le bruit du vent interfère avec la caméra. Pur, inacessible. Intact. L'endroit est magnifique.Des crissements de pas dans la neige se font entendre. La caméra fait un tour complet.On peut discerner Matt qui contemple avec concentration le paysage. Il a maigri...je crois. On ne saurait le dire nettement sous les couches de manteaux. Il respire avec difficulté à cette altitude et le froid est saisissant. Pourtant, Matt reste là de longues heures, immobile.

Plus tard, en retournant vers le village pour s'approvisionner en nourriture il aperçoit une barque qui s'est aventurée sur la portion du lac qui n'est pas gelé. Tout à coup, elle chavire sur le côté et les occupants plongent dans l'eau polaire.Matt vole rapidement à leur secours et les ramènent sain et sauf sur la berge. Le temps que les hommes reprennent leurs esprits, Matt a disparu.

Allmenalp, SuisseAoût 2012

Le soleil est réconfortant après les températures nordiques des dernières contrées visitées.Après la Norvège, il a erré longtemps dans le froid, complètement trempé, avant de réussir à trouver un endroit où loger. L'homme a écarquillé les yeux mais n'a pas posé de question. Il lui a même offert de nouveaux vêtements.Dans sa chambre, Matt a accroché son manteau pour le faire sécher. Ses mouvements sont saccadés et ses dents s'entre-choquent, hors de son contrôle. Après une douche chaude, il s'enroule dans une couverture et s'assoit près du feu déjà allumé dans le foyer. Il a l'impression qu'il n'arrivera jamais à se réchauffer, il est transi jusqu'aux os.Mais il ne regrette rien. Si c'était à refaire, il agirait de la même façon.Même si cela devait lui coûter la vie.

SuisseAoût 2012

Il n'avait pas prévu de rester si longtemps.Il n'a pas eu le choix, il devait se soigner.Il termine d'empaqueter son sac à dos et remet de l'ordre dans sa chambre. Puis il passe à la salle de bain et attrape le flacon sur la tablette de la pharmacie. Il avale une pilulle qu'elle contient et la fait passer avec de l'eau. Il se rince la bouche, puis éteint.Il s'assit un moment sur le lit, tirant nerveusement les manches de son chandail.Il ne se rappelle pas grand chose sinon qu'il a dormi. Beaucoup. Et des cauchemars.Son corps était agité de spasmes incontrôlables et la fièvre le consummait. Affaibli, il a titubé vers la salle de bain. Il ne l'a jamais atteint. Il est tombé en renversant la table du salon dans sa chute.Déjà soucieux par le silence inquiétant de son pensionnaire depuis 3 jours, le propriétaire a foncé vers la chambre en entendant le bruit assourdissant. Il ne se remémorait que trop bien l'état préoccupant dans lequel le jeune garçon était arrivé.Il avait fait venir discrètement le médecin du village. Il n'avait encore une fois posé aucune question. À une seule condition. De rester ici, tranquille, jusqu'à son rétablissement.Maintenant il devait partir.