Choco, qui es-tu ?
Chapitre 6 : La première fois
Lorsque Choco arriva à Nagano, elle fut accueillie à la gare par sa mère. Dès qu’elle descendit du train, Choco lui sauta dans les bras.
-OkÄsan, comme je suis heureuse de te revoir !
-Et moi donc ! Si tu savais à quel point tu m’as manqué, ma fille chérie. J’en veux un peu à mon fils de t’avoir pour lui tout seul.
-Maintenant qu’il est avec Kanrinin-san, je pourrai venir plus souvent. Tu veux bien ?
-Tu le demandes ? Bien sûr, Chérie, viens quand tu veux et aussi longtemps que tu veux. Je suppose que Chitose-san est au petit soin pour lui, non ?
-Oh oui ! Et sa cuisine est vraiment délicieuse.
Sans parler de ses autres talents !
-Je suis soulagée qu’il ait enfin une petite amie. Je n’ai donc plus de souci à me faire pour lui. Aussi, je suis toute à toi, ma fille !
-Merci, OkÄsan. Ça me fait très plaisir.
Comme la fois précédente, Yumiko et Choco ne se quittèrent plus. Elles allaient ensemble faire les magasins, dîner dans les meilleurs restaurants, assister aux spectacles variés que leur offrait la ville et parfois, faire de longues promenades dans les magnifiques parcs de Nagano. Yumiko était follement heureuse. Souvent seule à cause du travail de son mari, sa vie était une longue succession de jours sans joie. Une perpétuelle grisaille que Choco venait ensoleiller. Elle aimait tendrement cette fille tombée du ciel, qui lui faisait oublier la douleur de n’avoir pu mettre au monde la sœur d’Haruma.
Quand à Choco, l’amour de cette femme qui l’avait accueillie comme sa fille était un baume sur son cœur meurtri. Le soir, elles prenaient leur bain ensemble, et Yumiko put constater que Choco devenait de plus en plus jolie. Lorsque son mari était absent, elle demandait à Choco de dormir dans sa chambre, ce que cette dernière acceptait volontiers, étant habituée à dormir dans la même pièce qu’Haruma. Une nuit, Yumiko entendit des pleurs venant du lit de Choco. Elle s’en approcha et vit que Choco pleurait dans son sommeil.
Quelque chose rend ma fille malheureuse. Je voudrais bien savoir quoi afin de la consoler, mais je n’oserai jamais l’interroger. Le lien qui nous unit est encore si récent et fragile que je ne peux risquer de le rompre en me montrant maladroite. Mais j’aimerais tant qu’elle se confie à moi, comme une fille avec sa mère !
Le lendemain, Choco se montra aussi souriante et joyeuse que d’habitude. Mais Yumiko savait à présent que cette façade de gaité cachait un profond désarroi. Elle ne l’en aima que d’avantage et se montra encore plus tendre avec elle. La présence et l’affection de sa mère permirent à Choco d’oublier un peu sa peine et de se changer les idées. Ce n’était que dans ses rêves que la souffrance réapparaissait.
Pendant ce temps, à la pension, Chitose avait l’impression de vivre une lune de miel. Haruma se montrait très attentionné et amoureux avec elle. Quant à leurs rapports intimes, ils étaient toujours aussi intenses et satisfaisants. Ce qu’elle ne pouvait voir, tant l’amour rend aveugle, c’est qu’à mesure que le temps passait, l’absence de Choco lui pesait de plus en plus. Il n’y avait aucun doute, elle lui manquait. Mais ce qui lui manquait, était-ce sa jolie petite sœur ou la jolie fille dont il avait secrètement envie. Il ne voulait même pas se poser la question. Pour lui, ça faisait trop longtemps qu’elle était partie, et il attendait avec impatience qu’elle revienne. Pourtant, cela ne faisait que dix jours qu’elle l’avait quitté.
Yurika avait parfaitement planifié les choses. Tout d’abord, donner à Kakeru l’envie d’aller plus loin. C’était la partie la plus facile de son plan. Il suffisait qu’il la prenne dans ses bras pour que cette envie apparaisse presqu‘aussitôt. Le chauffer à blanc ne présentait aucune difficulté, même si c’était un peu gênant, du fait qu’elle en éprouverait elle aussi l’envie. Ensuite, lui faire accepter de l’accompagner dans sa résidence secondaire. Là, les choses étaient plus délicates, et elle regretta que Choco ne soit pas là pour l’aider. Mais elle trouverait un moyen. Une fois qu’ils seraient seuls dans une maison déserte pour toute une nuit, si ce n’est plus, les choses se feraient naturellement.
Elle appliqua donc la première partie de son plan aux rendez-vous suivants. Ses baisers se firent de plus en plus passionnés, ses étreintes de plus en plus longues et sensuelles, et elle commença à lui permettre certaines caresses qui le mettaient dans tous ses états. Le pauvre garçon n’en pouvait plus tant il était sur le point d’exploser. De son côté, Yurika n’était pas dans un meilleur état, mais tint bon. Enfin, elle jugea qu’il était assez chauffé pour passer à la seconde partie de son plan.
-Kakeru chéri, ça te dirait que nous essayions d’approfondir notre relation ?
Kakeru n’osait croire ce qu’il venait d’entendre. Lui proposait-elle de… Non, impossible !
-Tu veux dire… toi et moi… seuls et… (soupir) enfin… euh, comment dire…
-Je suis sûre que tu as bien compris. Il n’y a pas trente six façons de le dire, et je sais que tu en as envie. Et puis… j’en ai envie moi aussi.
Elle avait violemment rougi en disant ces derniers mots, mais il était nécessaire qu’elle le fît. Cela seul pouvait le décider pour la suite.
-Mais… nous sommes si jeunes… et puis, où et quand aurions-nous l’occasion de le faire ? Ce sont des obstacles…
-D’abord, nous ne sommes plus des enfants. Ensuite, j’ai à ma disposition une maison où nous serons sûrs d’être seuls. Je peux en disposer durant les vacances scolaires. Tu vois donc qu’il n’y a aucun obstacle.
Kakeru sentait la tête lui tourner. Une telle opportunité ne pouvait pas se refuser, d’autant que son attirance pour Yurika était arrivée à son paroxysme. Il la prit dans ses bras et le baiser qu’ils échangèrent lui fit comprendre que la seconde partie de son plan était un succès. Restait à mettre au point les derniers détails.
-Est-ce que tu pourras t’absenter de chez toi pendant les prochaines vacances ?
-Pas évident. Mes parents comptent sur moi pour les aider au bain. Mais pas impossible. Je trouverai un moyen.
-Bien. J’irai dans la résidence le premier lundi des vacances. Tu m’y rejoindras dès que tu pourras. Ensuite… nous aurons tout le reste de la semaine pour… pour nous deux.
-D’accord. Mais, Chérie, es-tu bien sûre de toi ? C’est une grave décision que tu as prise.
-Te l’aurais-je proposée sinon ? Sois tranquille, je ne ferai pas machine arrière.
Ils se séparèrent après une étreinte incendiaire et un baiser ravageur.
Lorsque Yurika arriva chez elle, Bara vit tout de suite que les choses avaient évolué. L’expression de bonheur de la fille ne laissait aucun doute. Elle passerait à l’acte très prochainement.
La camériste, bien que n’étant pas censée connaître les projets de Yurika, se devait toutefois de la mettre en garde, comme l’aurait fait sa mère si elle avait vécu.
-Ojô-sama, puis-je vous parler de cette chose dont je ne suis pas au courant ?
-B-Bien sûr, Bara. J’écouterai volontiers tes… conseils.
Elle a compris de quoi je vais lui parler. Elle devient vraiment fine. L’amour fait des miracles, dit-on !
-Ojô-sama, il vous faudra prendre certaines précautions. Tomber enceinte à votre âge et dans votre situation serait une véritable catastrophe. J’espère que vous en avez conscience.
-Bien sûr, j’y ai aussi pensé, mais comment faire ? Je me vois mal acheter à la pharmacie des…
-Il y a plusieurs moyens contraceptifs. Dans votre cas, le plus indiqué et le plus sûr serait le médical.
-Tu veux dire… la pilule ? Mais il faut une ordonnance pour ça, non ?
-Eh bien, votre docteur vous la fera. Ne vous inquiétez pas, il est tenu au secret professionnel, ainsi que le pharmacien, d’ailleurs. Pour éviter tout soupçon, c’est moi qui irai les chercher.
-Bara, toi qui es si sévère d’habitude, pourquoi te montres-tu si gentille, surtout pour cette chose dont tu n’es pas au courant ?
Bara rougit légèrement. Elle savait que cette question serait posée.
-Peut-être parce que… je vous aime, Ojô-sama.
Yurika lui saute au cou comme la fois précédente.
-Moi aussi, Bara, je t’adore !
De son côté, Kakeru se demandait comment il allait s’y prendre pour être libre pendant les vacances. Soudain, une idée géniale ! Faire du camping à la montagne où les portables ne fonctionnent pas, donc impossible à vérifier. S’il était invité par des amis, ses parents n’oseraient pas refuser. Il savait déjà à qui demander de le couvrir. Tous les obstacles étaient donc levés.
Lorsque les vacances arrivèrent, Yurika se fit conduire à sa résidence secondaire le lundi, puis renvoya son chauffeur avec consigne de revenir la cherche le dimanche. Ensuite, elle chargea une domestique d’approvisionner le réfrigérateur et le congélateur pour au moins deux semaines. Après quoi, elle passa le reste de la journée à se promener dans le village, impatiente qu’arrive le soir. Kakeru devait la rejoindre à la nuit tombée, une fois que tout le personnel aurait quitté les lieux. Ils auraient alors presqu’une semaine pour être entièrement seuls et pouvoir s’aimer librement. Elle rentra en fin d’après-midi, dîna de bon appétit, puis pris un long et voluptueux bain. En ce voyant nue dans son miroir, elle fut assez satisfaite de son image. Certes, ses seins étaient plus petits que ceux de Choco, mais le reste était bien proportionné. Kakeru ne perdrait pas au change. À mesure que le temps passait, son appréhension augmentait. Elle n’avait aucune expérience des rapports amoureux, et avait peur de ne pas être à la hauteur. Elle se mit à la fenêtre pour guetter l’arrivée de Kakeru.
Celui-ci n’avait lui non plus aucune expérience dans ce domaine, mais il en avait acquis la théorie à l’aide des revues pornos que son père avait soigneusement cachées et qu’il avait découvertes par hasard. C’est ainsi qu’il avait expérimenté le « french kiss » avec Yurika, ce qui avait été pour lui la même révélation que pour elle. Allait-il être capable de passer à la pratique et de ne pas la décevoir ? Il se promit en tout cas de faire de son mieux. Enfin, il arriva à la résidence et s’engagea prudemment sur l’allée centrale. Yurika, qui l’avait vu, lui ouvrit la porte avant même qu’il ne frappe et se précipita dans ses bras. Le baiser qu’ils échangèrent alors avait un goût particulier. Celui du fruit défendu. Enfin, ils se séparèrent et elle lui demanda :
-Tu as déjà mangé, Chéri ? J’ai un excellent curry si tu as faim.
-Oh, merci. C’est vrai que je n’ai pas pu manger dans le train.
-Alors, viens avec moi à la cuisine.
Ils faisaient tous les deux exprès de retarder l’inévitable moment où ils devraient se découvrir dans leur intimité. Il mangea lui aussi de bon appétit, tout en échangeant des banalités avec elle.
L’instant crucial allait arriver et il comprit que c’était à lui de prendre l’initiative. Il la prend dans ses bras et lui dit :
-Yurika, je… tu veux bien… que nous allions plus loin ?
-Oui, Kakeru, viens, suis-moi.
Elle l’amena dans la chambre où se trouvait un lit à deux places et où la lumière était fortement tamisée. Un reste de pudeur, sans doute, faisait qu’elle avait honte d’être vue nue pour la première fois par un garçon. Avec douceur, et une certaine maladresse, il commença à la déshabiller. Elle se laissa faire, à la fois rougissante et excitée. Une fois entièrement nue, elle entreprit de le déshabiller, avec la même gaucherie. Puis ils allèrent s’allonger sur le lit. Ils commencèrent par des baisers et des caresses timides, qui petit à petit se firent plus osés et plus intimes. Ils découvrirent ensemble quelles parties de leurs corps étaient les plus réceptives et leur excitation ne cessait de croître, jusqu’au point de non-retour. Le premier assaut ne fit pas long feu. L’excitation était si intense que Kakeru ne put se contrôler.
-Je suis désolé, Chérie, je n’ai pas réussi à me retenir.
Yurika, qui n’avait pas encore été déflorée, avait tout de même éprouvé des sensations qui pour la suite présageaient quelque chose de fabuleux.
-Ce n’est pas grave, mon chéri. Je savais que cela arriverait. Ne t’inquiète pas, la seconde fois sera sans doute réussie.
Effectivement, elle le fut. Et Yurika éprouva cette fois ce qu’elle avait pressenti. Un plaisir intense et tout nouveau pour elle. Elle se blottit dans les bras de Kakeru et l’embrassa longuement.
-Merci, Chéri. Tu m’as donné plus de plaisir que je n’en ai jamais éprouvé de toute ma vie. C’était vraiment extraordinaire. Maintenant, je suis une femme.
-C’est moi qui devrais te remercier. Tu m’as offert ton bien le plus précieux. Je ne l’oublierai jamais. Yurika, je… je t’aime…
Yurika le serra encore plus, les larmes aux yeux. Il les avait enfin dits, ces mots qu’elle attendait et espérait depuis si longtemps. Son bonheur était complet.
-Moi aussi, Kakeru, je t’aime, je t’aime tant…
Ils firent encore l’amour plusieurs fois, puis, épuisés, ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre. Le lendemain, après s’être baignés ensemble et avoir pris leur petit déjeuner, ils firent une longue promenade dans la forêt. Les jours passèrent trop vite à leur goût, tant était grande leur soif d’amour. Le dimanche matin, Kakeru quitta la résidence avant l’arrivée du chauffeur. Comme ils étaient venus, ils retournèrent chez eux chacun de son côté. Kakeru, qui avait souvent fantasmé sur Choco, fut surpris de constater que pas une seule fois, il n’avait pensé à elle. Peut-être était-ce un signe que la page était définitivement tournée. Le lendemain de leur retour, Choco revint de Nagano.
Journal se Choco :
« J’ai quitté OkÄsan avec beaucoup de peine. Elle a été si douce et si tendre avec moi ! Elle m’a fait jurer de revenir souvent la voir. Je le ferai, car je l’aime beaucoup moi aussi. Un jour, je lui dirai peut-être ce qui me fait souffrir. Je vais essayer de me rapprocher d’OnÄ“chan. Après tout, elle ne mérite pas que je lui en veuille, puisque c’est moi qui l’ai aidée à séduire OnÄ«chan. Je vais le revoir, et je vais encore souffrir plus de ne pouvoir rien lui dire et de lui jouer la comédie d’être joyeuse. OnÄ«chan, si tu savais à quel point je t’aime… »