Vérités secrètes

Chris était plus renfermé que jamais maintenant que Piper l’avait lâché. Léo ignorait si c’était dû à l’étreinte même dispensée par Piper ou au souvenir qu’ils venaient de voir. Une combinaison des deux sans doute. Le fondateur avait bien vu que le jeune homme était aussi chamboulé par le souvenir que par l’action de Piper. Ce qui n’avait fait que renforcer la conviction de Léo. Ils avaient fais une erreur en lançant ce sort. Voir ces souvenirs n’avait fait que confirmer une chose qu’ils savaient déjà tous, en vérité. A savoir que Chris était bon et qu’il était là pour les protéger, pour protéger Wyatt. Ils avaient été obnubilés par leurs craintes. Ils avaient préféré voir les points négatifs, oubliant, par la même occasion, ce que l’être de lumières avait ait pour eux. Et Léo était le premier en cause.

Et, maintenant, Chris souffrait à cause d’eux. Chris devait revivre des évènements douloureux. Voir ses plus intimes souvenirs dévoiler à des personnes qui avaient trahi sa confiance.

Léo lança un rapide vers Piper et ses sœurs. Il les connaissait bien. Il savait les décrypter mieux que personne. Il savait qu’elles étaient perturbées parce que ces souvenirs révélaient de la vie de Chris, de Chris lui-même. Tout comme il devinait qu’elles se sentaient coupables d’avoir envahi l’esprit de l’être de lumières.

Cependant, malgré ses sentiments, Léo ne put s’empêcher de se tourner vers les souvenirs lorsque celui-ci s’anima.

Cette fois, c’était à proximité d’un terrain de baseball que la scène avait eu lieu. Ils repèrent, bien vite, le jeune Chris de douze ans. Il rangeait une batte de baseball en saluant joyeusement les membres de son équipe qui partaient rejoindre leurs parents. La scène était joyeuse et ordinaire.Du moins, jusqu’à l’arrivée du démon…

Le démon ou, plus exactement, l’être des ténèbres avait attendu que l’enfant soit seul. Il était clair que l’attaque était planifiée. C’était assez évident que Chris était la bonne cible.

Le démon était un noir, vêtu de cuir. Il avait une longue cicatrice qui partait d’œil droit et finissait au coin de ses lèvres.

Piper laissa échapper un petit cri d’alarme lorsque le jeune Chris se retourna d’un geste brusque vers le nouvel arrivant.

Avant que l’enfant n’ai pas pu faire un geste, l’être des ténèbres fit un rapide geste de la main, appelant son arbalète, la souleva et tira. Sans doute le Chris actuel aurait-il réussit à s’enfuir ou à parer le tire mais, à cette époque, il n’était qu’un enfant. Il reçut la flèche à l’épaule.

Le Chris près d’eux tressaillit et se frotta, inconsciemment, le point d’impact. Léo pouvait le comprendre. Même en tant qu’adulte, l’expérience était si éprouvante qu’elle restait gravée dans l’esprit. Aussi, il ne préférait pas imaginé ce que cela pouvait représenter pour un enfant.

Les sœurs se sentirent au bord de la nausée lorsqu’elles virent la version plus jeune de Chris s’écrouler sous l’impact du projectile et de la douleur. Elles se méfiaient peut-être du jeune homme mais il n’empêche qu’elles l’appréciaient. De plus, elles ne souhaitaient à personne de passer par cette expérience. Paige, d’autant plus qu’elle savait la douleur que le poison des êtres entrainait. Elle espérait que quelqu’un était rapidement venu l’aider, le soigner.

L’être des ténèbres ne resta pas longtemps sur place après que Chris se soit effondré. Malheureusement, il fut bientôt évident que le poison était beaucoup plus rapide chez les enfants. Le jeune Chris eut rapidement la respiration erratique. Il était clair, qu’en quelques minutes, il mourrait.

« Papa… »

La voix du jeune Chris était faible déjà. Il réitéra son appel mais, à l’horreur et à l’indignation des observateurs, celui qu’il appelait (son propre père !) ne vint jamais. Enfin, le jeune Chris sembla se résigner et, dans un râle, appela Wyatt qui, contrairement au père du blessé, arriva au premier appel.

« Chris ! »

L’adolescent se précipita vers son ami et analysa rapidement la scène. Il réagit, rapidement, et retira sa veste et s’en servit pour retirer, sans danger, la flèche. A la suite de quoi, il jeta la flèche loin d’eux et entreprit de soigner Chris. Bientôt, le garçon fut hors de danger mais l’évènement avait laissé des marques. Wyatt ne cessait de trembler. Chris se redressa rapidement et essuya, vivement, ses larmes. Comme s’il ne voulait pas montrer de faiblesse devant Wyatt.

« Pourquoi tu as attendu aussi longtemps avant de m’appeler ! » S’exclama Wyatt avec colère.

Le jeune Chris lui jeta un bref regard vers l’adolescent  blond et marmonna :

« J’ai appelé papa… »

La voix du garçon était frêle, vulnérable. Le visage s’assombrit mais il était hésitant.

« Tu devrais arrêter de l’appeler ! Tu devrais m’appeler ou appeler tante Paige. Il ne vient jamais. Il n’a jamais le temps… »

Cette dernière phrase était pleine de sarcasme. Le futur Wyatt remarqua la tristesse qui passa sur le visage de Chris.

Les sœurs et Léo lancèrent un bref regard vers leur Chris et virent cette même souffrance qu’il tâchait de cacher.

« Chris… »

L’interpellé sursauta à la voix de Phoebe et se tourna vers le groupe qui l’accompagnait.

« Est-ce que ton père est vraiment… »

La jeune femme n’acheva pas sa phrase. Ce ne fut pas nécessaire. Chris la comprit très bien.