Vérités secrètes
Cette fois, la scène qui se révéla à leurs yeux avait lieu dans un endroit familier à tous. Ils reconnurent, sans mal, le salon du manoir. En dépit des quelques modifications qui s’y trouvaient.
Ils repérèrent aussi, immédiatement, Chris, emmitouflé dans une couverture. Il était à peine plus âgé que dans le précédent souvenir. Il devait, en effet, avoir à peine dix ans. Le jeune garçon se trouvait devant la télévision, bien réveillé. Ce qui était difficile à déterminer puisque sa tête était à peine visible.
Piper tourna vers le grand Chris, un peu inquiète. Il n’était pas normal que le garçon soit ainsi couché. D’après la lumière du jour qui s’infiltrait dans le salon, il devait au moins être midi. Chris, ayant capté le regard de sa mère, eut un léger sourire et expliqua :
« Pas d’inquiétude, Piper. La varicelle… »
Piper hocha la tête et revint au souvenir à l’instant même où son double futuriste pénétrait dans la pièce. C’était vraiment étrange de ce voir plus âgé d’au moins dix ans. Elle comprenait mieux le choc de Paige tout à l’heure.
« Tu es toujours aussi belle, Piper. » Laissa échapper Léo.
Piper rougit violemment mais adressa un sourire tendre à celui qui était toujours l’amour de sa vie malgré tous les derniers évènements survenus dans sa vie.
Paige et Phoebe s’entre-regardèrent à la suite de l’échange du couple. Elles étaient heureuses de découvrir que ces deux là ressentaient encore quelques choses l’un pour l’autre. Elles étaient ravies de voir qu’ils existaient encore quelque chose entre eux. Peut-être y avait-il une chance pour qu’il se remette ensemble.
Chris ne pouvaient pas regarder ses parents. Il ne pouvait pas. Ils ne les avaient jamais vus heureux. Ils s’étaient séparés avant qu’il puisse emmagasiner de souvenirs de leur couple uni et heureux. Les voir tendre l’un pour l’autre dans cette trame du temps était déchirant. Il était heureux pour sa mère mais, en même temps, il souffrait de voir quelque chose qu’il n’avait jamais connu. Mais, c’était quelque chose auquel il s’était habitué depuis son arrivée dans le passé. Ce déchirement. Il connaissait bien ce sentiment. Car, en dépit du détachement, du recul, qu’il s’obstinait à maintenir entre lui et sa famille : il arrivait que ses sentiments prennent le dessus. Il avait été blessé par certaines de leurs remarques, il ressentait de la nostalgie vis-à-vis des réunions, des discussions familiales dont il avait été témoin au manoir.
Lorsque la Piper-souvenir s’avança, un plateau à la main, les témoins des souvenirs regardèrent Chris curieux. Bien sûr, ils avaient, tous, notés que le jeune homme les connaissait bien. Toutefois, ils n’avaient pas pensé qu’il puisse avoir été aussi proche de leur famille.
« Eh, bonhomme, ça va mieux? » Demanda la Piper du futur.
« Oui. J’ai super faim ! »
La vieille Piper rit et ébouriffa les cheveux du garçon qui s’était redressé pour s’emparer du plateau, très garni, apporté par Piper. Le garçon adressa un sourire joyeux à la femme et entreprit de manger en discutant de tout et de rien.
Alors que ce souvenir s’estompait déjà sur la scène où la future Piper écoutait tendrement le garçon, les contemporains du temps présents regardèrent Chris, stupéfait.
« Pourquoi ne nous as-tu pas dit que tu étais si proche de notre famille ? » S’exclama Piper.
« Ce n’était pas important. »
« Pas important ! Mais… »
« Ecoute Piper…C’était mon choix de ne rien vous dire. Que j’aie été proche de vous dans mon temps n’a pas d’importance pour vous. Techniquement, je ne suis pas né. »
A cette nouvelle information, les sœurs et Léo écarquillèrent les yeux. Chris, lui, se renfrogna, mécontent d’avoir laissé échapper cette information. Léo se demanda qui pouvait bien être les parents du visiteur temporel. Il était évident que Chris viendrait au monde bientôt. D’après les souvenirs, il était à peine plus jeune que Wyatt. Deux ans, tout au plus. Or, Léo n’était au courant d’aucun couple sorcier-être de lumières, autre que celui qu’il formait avec Piper. C’était étrange et un peu inquiétant.
Un autre souvenir s’éclaira. Ils étaient dans un parc, cette fois. Il pleuvait averse et, pourtant, un Chris de treize ans était assis sur un banc, une feuille chiffonnée à la main.
Les trois sorcières et le fondateur se tendirent en découvrant l’expression hostile et dévastée du garçon. Ils sursautèrent presque lorsque le son caractéristique de quelqu’un qui s’éclipse retentit. Le jeune Chris ne releva pas la tête mais, apparemment, il n’en avait pas besoin pour savoir l’identité du nouvel arrivant.
« Je veux être seul, Wyatt. »
L’adolescent blond ne se laissa pas décourager par le ton de son ami. Il s’approcha et lorsqu’il fut assez près, il enclencha son bouclier qui les mit, tous les deux, à l’abri de la pluie. Le jeune Chris n’eut aucune réaction et ne regarda pas un seul instant le nouveau venu. Wyatt posa, un instant, les yeux sur la feuille que Chris n’avait pas lâchée et reprit.
« Tout le monde était inquiet. Tante Phoebe et maman voulaient même un sortilège d’invocation. Mais tante Paige les a raisonnées et m’a envoyé. J’ai un quart d’heure pour te faire rentrer. »
« Je ne veux pas aller à la fête, Wy »
« Tu ne devrais le laisser cacher ta fête, Chris. »
Le brun leva, finalement, la tête pour regarder son interlocuteur.
« Pourquoi il se fiche de moi, Wy. Pourquoi il ne m’aime pas.