Partenaire

• On a une nouvelle victime.
• Et Benoît ?, s'enquit Caïn.
• Il s'est débrouillé pour échapper toute la journée à l'équipe de surveillance.
• Et la victime ?
• Là ça ne va pas te plaire. Il s'agit de Jeanne Mistral, autrement connue sous le nom de Golden Jane. Égorgée en prison.
• Le message ?
• « Toujours plus près », répondit Moreau.
• Caïn … je suis désolée mais on commence à être obligé d'y songer …, commença Alice.
• Songer à quoi ?, demanda Ousbir.
• La première victime était une camarade de classe du capitaine. La seconde a joué le rôle de négociateur pendant sa prise d'otage. Et la troisième a été suspecte dans une affaire de Caïn avant qu'il la prouve coupable mais il avait aussi couché avec elle.
• Comment tu sais ça ?, interrogea le concerné.
• Pendant qu'elle était suspecte ! , s'indigna Ousbir.
• Là n'est pas la question. Le capitaine Caïn connaissait les 3 victimes et elles ont été tué dans l'ordre exacte de celle qui le connaissait le moins à celle qui le connaissait le plus. Et si c'était toi la cible ? Il faut protéger Lucie.

S'en était suivi un long débat. Caïn était d'accord pour mettre Lucie sous protection mais trouvait qu'il était bien trop tôt pour conclure qu'il était forcément la cible. Les trois autres, eux, étaient de plus en plus convaincu de ce qu'ils avançaient. Toujours était-il que si le tueur gardait un intervalle de 7 jours entre ses meurtres, le temps leur était compté.

Stéphane Benoît était à nouveau, et plus que jamais, un suspect de choix. Il avait encore échappé à ses surveillants le jour du meurtre mais avait passé la journée avec un ami. Ils avaient même pris quelques photos. Pourtant selon la théorie de Caïn qu'il n'y avait que les coupables pour avoir des alibis, cela le rendait encore plus suspect. C'est à peu près à ce moment là qu'un bleu vint les voir.

• J'ai peut-être du nouveau. Comme monsieur Benoît n'avait pas de casier on n'avait pas fait de recherches ADN plus poussées mais au vu des événements on a relancé la procédure. Rien ne change, son ADN à lui n'est pas dans nos dossiers. En revanche pour chaque analyse ADN les fichiers recherchent aussi des génomes parents. Et ce monsieur Benoît avait oublié de nous dire qu'il avait une fille. Évelyne Poisson. Leur lien de parenté n'est inscrit nul part mais elle a un casier. Violences. Outrage à agent. Elle a même été suivi pour des tendances psychopathes. Plus important encore elle était enceinte lorsque vous avez écroué son petit-ami pour meurtre. Elle en a perdu son bébé.
• Reste à savoir quel degré de hasard que le père se trouve sur la scène de crime et qu'il demande à vous voir vous.
• Vous avez sûrement déniché notre coupable Einstein mais avez-vous une adresse ?
• Euh … oui.
• Et bien nous allons rendre une visite à cette Évelyne Poisson.

Sans plus de concertation Ousbir et Moreau prirent la tête du cortège alors que Caïn et Alice les suivaient avec la Saab. Ils n'eurent aucun mal à trouver l'adresse et n'éprouvèrent pas non plus plus de difficultés. Le gardien de l'immeuble était très heureux de pouvoir s'exprimer sur cette locataire étrange.

• Ça fait presque un mois qu'elle n'est pas venue. Elle ne parle jamais à personne et il n'y a que son père qui vient la voir. Évelyne est quelqu'un de bizarre, de malsain presque. Elle ne dit rien, ne fait rien de foncièrement mauvais mais elle vous lance parfois de ces regards à glacer le sang. J'en ai des frissons rien que de l'évoquer.
• Merci monsieur Normand.
• De quoi est-elle soupçonnée ?
• Nous ne sommes encore sûrs de rien mais nous vous tiendrons au courant de l'avancement de l'enquête, lui répondit aimablement le lieutenant Moreau.

La curiosité du concierge sembla satisfaite et il ne poussa pas la bravoure jusqu'à entrer dans l'appartement. Le vestibule était vide, les murs couverts de papier peint uni. Le salon et la cuisine furent de même, chaque pièce semblait meublée du minimum nécessaire à leur fonction. Une table, deux chaises. Pour une fois Caïn n'avait aucun mal à se déplacer en intérieur. Ce n'est qu'une fois dans la chambre que leur enquête reprit.

La pièce disposait d'un lit et d'un bureau. Le minimalisme global attira tout de suite leur attention sur la table croulant sous les papiers. Alice fut la première à s'approcher et vit tout de suite la photo de Caïn qui trônait en bonne place. Elle réajusta ses gants alors que Moreau prenait des photos. Ils n'eurent pas besoin de beaucoup d'autres observations pour confirmer qu'ils avaient trouvé leur tueur.

Ils trouvèrent l'emploi du temps complet du capitaine mais aussi d'innombrables renseignements sur Lucie. À la première photo Caïn avait saisi son téléphone pour appeler la concernée alors qu'Alice joignait l'agent responsable de sa protection. Elle allait bien. Ils renforcèrent tout de même les mesures de sécurité autour d'elle. Lucie ne protesta pas de cette soudaineté mais promit qu'ils auraient une discussion à ce sujet. Pour l'instant ni Caïn, ni Alice ne se souciaient de devoir l'affronter plus tard. Ils voulaient simplement la savoir en sécurité.