Partenaire
Alice et Bastien Moreau restèrent dans l'appartement pour éplucher tous les dossiers d'Évelyne Poisson pendant que leurs capitaines retournaient au SRPJ pour convoquer Benoît et éclairer son rôle dans cette affaire. Sur le chemin, le capitaine Ousbir contacta l'un de ses aspirants et Borel pour leur demander d'éplucher la vie d' Évelyne Poisson et de leur dégoter tous les endroits où elle pourrait se terrer.
La première journée passa à une vitesse ahurissante sans qu'ils semblent faire le moindre progrès. Stéphane Benoît n'avait absolument rien dit. Dès qu'il avait compris que leur dossier sur sa fille était sérieux et qu'ils avaient des preuves, il s'était tut. Rien de ce qu'ils avaient pu dire ne l'avait fait changer d'avis, il était resté muet comme une carpe.
De son côté Évelyne Poisson avait une longueur d'avance sur eux. Elle avait soigneusement préparée son coup en sachant bien qu'ils ne seraient pas sur sa piste avant la deuxième ou la troisième victime. Ils avaient tous ses brouillons et assistaient à la genèse de la tueuse via ses notes. Bien sûr il ne restait aucune information quand à ce qui allait arriver. C'eut été trop facile.
Ils avaient l'impression de pédaler dans la semoule. Ils étaient maintenant sûrs d'arriver affaire à une tueuse en série dont ils connaissaient jusqu'à l'identité et pourtant toutes leurs forces n'étaient pas assez pour parvenir jusqu'à elle. Ses notes laissaient suggérer qu'elle suivrait jusqu'au bout son rythme d'un mort par semaine. Il ne leur restait plus que 6 jours.
- Si on ne l'a pas coincé d'ici mardi j'enferme Lucie toute la journée dans un sous-sol et je monte la garde devant la porte, annonça Alice à Caïn, très sérieuse.
- Peut-être a-t-elle changé d'avis et va-t-elle laisser Delambre tranquille, tenta Caïn.
- Son unique but est clairement de te faire du mal. Il n'y a donc aucune chance qu'elle laisse Lucie tranquille. Et arrête de l'appeler Delambre, c'est ridicule.
- Capitaine Alice, ce serait un plaisir que de me battre avec toi au sujet des affections de notre commandante mais je préférerais le faire une fois que cette tarée sera sous les verrous.
Alice n'entendait que trop bien la tension dans la voix de Fred et décida de ne pas poursuivre sur le sujet. La journée se terminait et ils n'avaient toujours aucun indice sur la localisation d'Évelyne Poisson. Aucun d'eux ne voulait rentrer, ils occupèrent donc tour à tour le canapé en dormant par tranches d'une heure et demi chacun. Lucie les appela le soir pour prendre de leurs nouvelles. Elle téléphona à Alice. Elles restèrent longtemps en ligne ensemble alors que Caïn n'échangea que quelques mots avec elle via haut-parleur.
La lieutenante savait que Caïn restait distant uniquement par l'inquiétude dans ses yeux. Elle voyait que ses dents étaient serrées, ses yeux ne s'arrêtaient jamais. Elle le comprenait, elle se sentait exactement pareil. Elle avait peur pour Lucie à un point où toutes autres pensées lui paraissaient superflues. Sauf que, contrairement à Caïn, elle n'hésitait pas à le dire. Elle posa une main sur l'épaule de Caïn.
- Il ne lui arrivera rien.
- C'est le genre de promesse que l'on ne peut pas tenir.
- Tu n'es pas le seul à aimer Lucie ici, d'accord ? On va faire notre boulot, mettre le méchant sous les verrous et tout rentrera dans l'ordre. Et puis si Lucie est si importante pour toi tu n'as qu'à le lui dire. Cela ne prendrait que trois petits mots.
- Tais-toi donc.
- La communication c'est ce qu'il y a de plus important.
Alors qu'elle rabâchait encore une fois très subtilement son point de vue, Caïn s'éloigna. Peut-être savait-il qu'au fond, elle avait raison. Il fut content que leur nuit s'organise de telle manière à ce qu'il n'ait pas le temps de rêver. Le voir appeler Lucie dans son sommeil n'était certainement pas le genre de spectacle auquel il voulait qu'Alice assiste. Il la laissa prendre le premier quart et partit se coucher.
À leur grand désarroi, la nuit ne fut pas plus productive que le jour. Ils ne savaient tellement pas où chercher qu'ils finissaient par retourner ciel et terre. Elle avait commis le premier et le second meurtre de ses mains mais avait laissé son petit-ami abattre la troisième victime en prison. Lorsqu'ils allèrent lui rendre une visite il resta très calme et avoua le meurtre sans un mot superflu. Il nia toute implication d'Évelyne dans son acte et retomba dans un silence. Les policiers enrageaient.
Comme pour couronner le tout, à 14 heure c'est Stéphane Benoît qui se présenta au poste. Il avoua à son tour le meurtre de Louise Belavre et de Legerec. Pour le premier crime il donna évidement tous les détails qu'il avait pu voir et pour le second ne dit presque rien.
- Vous avez dû trouver tout un tas de notes étranges chez ma fille.
- Laissez-nous deviner … elles sont aussi de vous ?
- Non, mais je me suis inspiré de ce qu'elle disait pour assassiner ces gens.
- Et pour Jeanne Mistral ?
Il ne savait rien à ce sujet alors il se tut. Il était évident que ce n'était pas lui mais ses aveux, comme ceux du petit-ami, allaient ralentir l'enquête. Caïn en était malade. Ainsi le deuxième jour eurent-ils l'impression de faire un grand pas en arrière.