Shanshu - La suite des aventures d'Angel et Buffy
Chapitre 7 : Episode 7 - Escapade nocturne
6599 mots, Catégorie: G
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EPISODE 7 : ESCAPADE NOCTURNE
Cela faisait un certain temps que le ténébreux et son fantôme avaient quitté la cité des anges dans la Plymouth GTX noire de 1967. Le vacarme de la ville avait laissé place à la sérénité des grands espaces inhabités. Le ciel, constellé d'étoiles éclatantes, était si proche en cette saison, que les astres semblaient presque accessibles au commun des mortels. A l’horizon, les paysages défilaient, révélant une beauté sauvage et intacte. Pourtant, au milieu de cette immensité, un point singulier venait troubler la quiétude des lieux.
Angel conduisait depuis des heures et s'impatientait de ne pas arriver à destination. Lui et Wesley évoluaient au milieu de nulle part, et le carburant allait commencer à manquer, aussi craignait-il une panne imminente. En pareil cas de figure, la station-service la plus proche se trouvait à une centaine de miles. Les nuits dans la région avaient la réputation d'être courtes, de ce fait, le vampire, peu adepte des bains de soleil, ne comptait pas s'éterniser dans ces zones désertiques. Wesley, décelant l'inquiétude sur le visage du ténébreux, prit soin de le rassurer.
─ Nous arrivons bientôt. Prends à gauche maintenant.
Angel s’exécuta aussitôt. Le véhicule arpenta un petit chemin de terre mal tracé bifurquant en direction d'une immense forêt. La route, à peine praticable, mettait les amortisseurs de la voiture à rude épreuve. Ils passèrent sous un petit pont de pierre plutôt ancien qui, à la vue de la topographie environnante, n'avait aucune raison pratique de se trouver là. A proximité du bocage, la brume s'intensifia, réduisant considérablement leur visibilité. Le vampire affichait un scepticisme exacerbé, face à cette frontière d'arbres naturels qui marquait la fin de leur long périple. Le moteur se fit silencieux. Angel mit pied à terre, tandis que Wesley ne prit pas même la peine d'ouvrir la portière pour sortir du véhicule.
─ Alors c'est ici que tes visions nous ont menées ! se désespéra le vampire. Tu sais, si tu voulais faire une balade en forêt, il y en avait une à quelques minutes de L.A.
─ Oui, sauf que tu n'aurais pas pu profiter de la pureté de l’environnement. Blague mise à part, tu ne ressens pas quelque chose d'étrange, comme un pouvoir mystique qui émane de cet endroit ?
─ Le seule chose étrange et mystique qui émane de cet endroit, c'est toi Wes, lui fit remarquer le vampire en guise de reproche.
─ Concentres-toi, observe. Tu n'as rien remarqué depuis qu'on a passé le pont ?
Le vampire inspira nonchalamment, persuadé de perdre son temps. Il avait envisagé tous les scénarios possibles, et celui ou Wolfram et Hart se jouaient de lui pour lui faire perdre son temps primait sur tous les autres. Après tout, il ignorait les raisons de sa présence en ces lieux, ni même si tout ceci avait un sens. Il avait suivi Wesley par culpabilité, se sentant responsable de son sort, mais certainement pas par conviction.
─ Bon, soupira Angel. Puisque je suis là…
Le vampire scrutait l’environnement, en quête du moindre indice ou fait étrange susceptible d'attirer son attention. C'est alors qu'il réalisa. Rien de ce qui l'entourait n'était ancré dans la réalité. Cet endroit, bien que splendide à première vue, révélait une perfection trompeuse, un tableau artificiel où la nature s’étendait sans vie. Aucun son ne s’échappait de cet antre lugubre, pas même le murmure d’un animal ou le bourdonnement d'un insecte. Mais le plus intriguant ne se trouvait pas sur la terre ferme.
En levant les yeux, le vampire contempla un ciel d'une noirceur abyssale, dépourvu de nuages et d’étoiles, comme si l'obscurité avait absorbé la lumière des astres. L'air semblait lourdement imprégné d'une énergie mystique, de toute évidence à l'origine de ce marasme. Angel, au départ nonchalant, ressentit une détermination croissante à percer le mystère de cette forêt luxuriante. Alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans le bois, il fut retenu par Wesley, visiblement réticent à le suivre.
─ Qu'est-ce que tu fais Wes ? C'est le moment d'y aller.
─ Nos chemins se séparent ici, affirma l'ex observateur. Je ne peux pas aller plus loin.
─ Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
─ Ma présence n'est pas désirée ici. Il y a des forces mystiques qui n’empêchent de franchir le seuil de cette forêt. Je crains que tu ne doives continuer seul.
Le ténébreux ne s’attarda pas à convaincre son compagnon, préférant se préparer mentalement pour les échéances à venir.
─ OK Wes, souhaites-moi bonne chance, dit-il avant de marquer le pas et de franchir le seuil de ce monde inconnu.
Une fois de l'autre côté, l'air se fit plus dense et oppressant. Une légère nausée l'assaillit, accompagné d’un trouble de la vision qui le fit vaciller. Il secoua la tête à plusieurs reprises pour se remettre d'aplomb. L'effet de mal-être fut bref mais intense. Heureusement, le vampire recouvra progressivement la maîtrise de ses sens.
A bien y regarder, tout paraissait être revenu à la normale. La vie émanait de toute part, avec le bruissement des insectes, et le murmure du vent dans les cimes des arbres. Le ciel, bien que partiellement dissimulé par les séquoias aux hauteurs infinies, dévoilait une voûte étoilée d’une magnificence saisissante.
Angel se rassura. Le champ mystique n'opérait plus, une fois le seuil franchi. Les réjouissances s’avéraient toutefois prohibées. Des racines et des arbres se dessinaient à perte de vue, et aucun indice quant au chemin à suivre. Le vampire devait se fier à son seul instinct pour avancer. Il progressa néanmoins en prenant soin d'éviter les pièges de la nature que représentait cet environnement labyrinthique. Des signes tribaux apparaissaient ici et là, gravés et incrustés dans les troncs. Des dizaines d'animaux dépecés jonchaient le sol, délibérément placés à l'intérieur d'un immense pentagramme peint à l'encre de sang. Des ossements de crânes pendaient, suspendus aux branches des arbres.
Angel redoubla de prudence. Les indices récoltés, à mesure de sa marche, penchaient clairement vers des sacrifices rituels. Il en était convaincu : ces lieux étaient habités, et on y pratiquait la magie noire, ce qui ne le rassurait guère. Lorsqu'il s'agissait des forces occultes, Angel possédait une sorte de sixième sens. Lui-même l’avait expérimentée à de rares occasions, et à chaque fois, il y avait eu un prix à payer. Ce type de pratique exigeait de son utilisateur un sacrifice en contrepartie, aussi évitait-il d’y recourir. Wesley avait toujours été le plus doué en matière de sorcellerie, grâce à la formation rigoureuse inculquée à l'école des observateurs, en Angleterre. Malheureusement, il n'était pas là pour lui prêter main forte.
─ Où sont les fantômes quand on a besoin d'eux, rumina le vampire, aux aguets.
Dans la pénombre, un croassement captiva son intérêt. Un corbeau, d’une splendeur inquiétante, se posa sur la branche chancelante d'un arbre. Le ténébreux eut la désagréable impression que l'oiseau de mauvais augure l'observait de sa hauteur, tel un chasseur guettant sa proie. Le volatile était imposant. De souvenir, c'était la première fois qu'Angel contemplait un corvidé aussi majestueux.
Le vampire poursuivit son chemin en se désespérant d'y trouver une issue favorable. La solitude ne le gagna pas longtemps. Ou qu’il s'enlisât, l'oiseau noir le harcelait de sa présence. Angel prit conscience qu'il ne pouvait plus continuer de la sorte, à errer indéfiniment comme une âme perdue aux hasards des sentiers.
─ Bon j'ai compris, montres-moi le chemin, cria-t-il en sondant l'animal perché sur son trône. Une chance que je sois seul.
La réaction ne se fit pas attendre. Le corbeau déploya ses grandes ailes d’un noir d’ébène, et s’élança majestueusement à travers les bosquets. L'oiseau virevoltait dans les airs avec une souplesse et une agilité forçant l'admiration. Angel se lança alors dans une course effrénée, s’efforçant de maintenir la distance et de ne pas perdre de vue la créature indifférente à son poursuivant. Les vampires possédaient certes des aptitudes remarquables, dont une vitesse hors du commun, toutefois, cela ne leur permettait pas toujours de rivaliser avec les forces de la nature. Le ténébreux ne sortit pas indemne de sa course frénétique, et fut lacéré à plusieurs endroits par les ronces et les branchages qui entravaient son chemin. Heureusement, ses efforts allaient porter leurs fruits.
Le sentier qu’il suivait déboucha sur une vaste clairière, couverte d'une brume épaisse, semblable à celle aperçue plus tôt à la lisière de la forêt. La silhouette du corbeau se dissipa lentement dans le brouillard. Sous les pas du vampire, l'écran vaporeux se dispersa pour dévoiler une gigantesque bâtisse qui, en ces lieux, paraissait irréelle.
*
Angel demeurait pantois face à cet immense manoir à l'architecture victorienne, parsemé de grandes fenêtres vitrées. La structure s’élevait sur trois étages, soutenue à ses extrémités par deux piliers ornés de gravures mystiques. La façade présentait un petit porche au rez-de-chaussée, prolongé à l'étage par une terrasse encadrée de balustrades, dont les barreaux en croissants de lune délimitaient la structure. Une grande mansarde dominait la façade en son centre, avec, en guise de vitrail, une magnifique rosace représentant un cadran solaire. La porte d'entrée, surmontée d'une imposte arrondie, était taillée dans du bois brut, finement gravée de motifs ésotériques.
Subjugué par cette vision nocturne, que la lune éclairait d’une lumière presque diurne, le vampire arpenta les quelques marches menant à la porte. Il tambourina d'un poing ferme. Sans résultat. Il réitéra plusieurs fois la manœuvre, mais la porte resta obstinément close. Une profonde lassitude imprégna ses traits. Épuisé mentalement par cette quête insensée, il ne rebrousserait pas chemin avant d'avoir obtenu des réponses.
─ Tu me sembles bien loin de chez toi, jeune homme.
Le vampire, surpris par la voix éraillée, fit volte-face, et se retrouva nez à nez avec une vieille dame à l'allure inquiétante. De petite stature, vêtue d'une robe terne, le dos recroquevillé comme s'il accusait le poids des années, celle-ci se tenait debout à l'aide d'une canne en bois. Son visage ridé, ses petits yeux cernés et voilés, son nez long et difforme ponctué par une verrue proéminente : sa silhouette évoquait les sorcières des contes pour enfants. Ses cheveux grisonnants s’échappaient en mèches éparses sous son foulard de soie noir.
N'ayant pas senti sa présence, le vampire parut quelque peu déconcerté.
─ Comment avez-vous fait pour... ?
Il marqua un temps d'arrêt avant de se rétracter.
… Peu importe. Vous devez vous demander ce que je fais ici à cette heure de la nuit ?
─ Tu es Angel, le vampire avec une âme, affirma la vieille dame... et tu es là pour trouver des réponses.
─ Mais qui êtes-vous ? insista-t-il intrigué.
─ Allons jeune homme, il n'y a rien qui presse, et ce n'est pas à moi de te donner les réponses que tu attends. Ici, je ne suis rien de plus qu'une vieille folle au service de la confrérie des sorcières. Du moins, c'est comme ça qu'elles me considèrent. La personne que tu dois rencontrer t'attend. Je vais te la présenter. Je suis persuadée qu'elle répondra à tes questions.
La vielle dame s’avança à pas saccadés et, du bout de sa canne, tapa trois fois sur le montant de la grande porte.
─ Nous vivons en communauté, aussi, ne sois pas étonné d'y trouver un peu de raffut. Les personnes qui vivent en ces lieux ne sont pas toutes âgées comme je le suis.
La porte de bois émit un grincement sinistre en s'ouvrant lentement, dévoilant une salle majestueuse baignée de lumière. Dominant la pièce, un lustre de cristal étincelant, d'une splendeur inouïe, diffusait des éclats irisés sur le parquet brillant. Des fauteuils richement ornés étaient disposés avec soin, de façon à occuper l'espace vacant. Au centre de la pièce, un petit escalier, sculpté avec une élégance raffinée, menait à une porte en vitrail, d’où transparaissait une lueur mystérieuse teintée d'un vert émeraude. L'escalier se divisait en deux ailes symétriques de chaque côté de la porte, pour rejoindre les étages supérieurs.
Lorsqu’Angel fut invité à entrer, il attira l'attention d'une dizaine de magiciennes à l'aspect singulier. Chacune affichait un style distinctif, reflétant une diversité qui semblait ignorer toute convention vestimentaire, dans cet établissement élitiste aux mœurs particulières. Certaines se pavanaient en robes d'époque, d'autres adoptaient un style contemporain avec jean et basket assortis, et quelques-unes se trouvaient fort peu vêtues. En ces lieux, ne s'y présentaient que des femmes.
La vielle dame, traînassant sa maigre silhouette, s'arrêta soudainement pour reprendre son souffle en se tenant le bas du dos. Elle haletait en murmurant des petits gémissements à peine audibles, pareils à des jurons étouffés. Angel prit l'initiative de la soutenir et l'aida à s'installer sur le fauteuil le plus proche.
─ Est ce que vous allez bien ?
─ Oui, oui, ne t'inquiètes pas. Mon dos me fait atrocement souffrir, j'ai besoin de me reposer un instant.
Au même moment, une jeune fille aux cheveux d’argent, coiffée de nattes délicates, accourut vers la vieille dame. Les autres habitantes, indifférentes à la situation, poursuivaient leurs activités sans manifester la moindre inquiétude.
''Certainement par habitude ou lassitude'', pensa-t-il.
─ Tiens, ma belle petite Chiara, souffla la vielle dame. Ne t'en fais pas, je vais bien. Tu veux bien présenter cet homme à Djézabelle ? Il est attendu dans sa chambre.
La jeune fille scruta, de son regard espiègle, le vampire de la tête au pied. Elle donnait l'impression de n’avoir jamais vu d'homme auparavant.
─ Si tu fais du mal à grand-mère Lilin, ou à Djézabelle, je te transformerai en crapaud, ou en grenouille, ou bien encore en ver de terre ambulant et je t'écraserai, rouspéta la jeune fille acariâtre.
─ Je t'assure que je ne veux de mal à personne, se justifia Angel d'un air affectueux.
─ Allons Chiara, j'ai l'impression que Djézabelle déteint un peu trop sur toi, la gronda Lilin avant de se tourner vers le vampire. Veuillez l'excuser, elle est encore jeune et impétueuse mais c'est une bonne fille.
─ Je connais, répondit Angel en souriant.
─ Bon qu'est-ce que vous attendez ? reprit la jeune impatiente qui affichait son mécontentement. J'ai pas toute la nuit moi. Djézabelle déteste qu'on la fasse attendre.
Le vampire lui embraya le pas en empruntant le grand escalier. Une étrange sensation s'immisça en lui lorsqu'il passa à proximité de la porte mystique, de laquelle émanait une lueur envoutante. Il ne trouvait aucune explication à son état, mais il se sentait irrésistiblement attiré par le secret que renfermait cette entrée. La jeune fille, ayant remarqué l'état du ténébreux, l'interpella pour le sortir de son magnétisme.
─ Hé oh, Monsieur ! cria -t-elle. C'est pas le moment de rêvasser. Aller dépêchez-vous un peu. !
─ Qu'est-ce qu'il y a là derrière ? demanda-t-il en indiquant la porte d'un mouvement de tête.
─ Je ne sais pas, et je ne veux pas le savoir. Seules les grandes prêtresses sont admises de l’autre côté. Moi, je n'y ai jamais mis les pieds. De toute façon, personne ne peut y accéder sans réciter la bonne incantation, ce n'est pas une porte ordinaire.
Angel demeurait intrigué. Cette sensation, il l'avait déjà éprouvée par le passé, dans les locaux de Wolfram et Hart, lorsque le rouleau contenant la prophétie Shanshu l'avait irrésistiblement attiré. Parvenu à la conclusion qu’il ne s’agissait là, que d'une coïncidence fortuite, et ne souhaitant pas heurter la jeune fille impatiente, il fit l'impasse sur sa curiosité et continua son chemin.
Angel et la fillette traversèrent un long couloir desservant une multitude de pièces, probablement des chambres visant à héberger tout ce joli monde. Chiara ne fit pas mine de s'y attarder et continua son chemin jusqu'à emprunter un autre escalier en colimaçon. Celui-ci les mena dans un étroit corridor, au fond duquel une grande porte entrouverte exhalait un doux parfum de lilas. La jeune fille retrouva son sourire à mesure qu'elle s'approchait de la pièce, éveillant la curiosité du vampire. Il se demandait qui pouvait inspirer une telle admiration chez une enfant de son âge, et surtout ce que cette Djézabelle attendait de lui. Il n'allait pas tarder à le découvrir.
Chiara pénétra dans la chambre en lui faisant signe de patienter devant le palier.
─ Djéza, Djéza, chantonna la jeune demoiselle à l'air enjoué. L'homme que tu attends est là. Tu veux que je le fasse entrer ?
─ Oui Chiara, s'il te plaît, et profites-en pour aller au lit. répondit une voix ferme, douce et remplie de bienveillance. A cette heure-ci, tu devrais être en train de dormir. Tu as des cours demain, ne l'oublie pas.
Chiara soupira avant de se retourner vers le vampire, le front plissé et la mine contrariée.
─ J'te laisse avec Djéza, mais je garde un œil sur toi. Si j'apprends que tu lui as fait du mal, et bien....
─ Tu me transformeras en crapaud, puis en grenouille et en ver de terre, et tu m'écraseras, l’interrompit le vampire en usant d'ironie.
La fillette, quelque peu surprise, se contenta de cette réponse et arbora un grand sourire.
─ Oui, voilà tout ça, et plus encore. Bon je vous laisse. Demain j'ai une grosse journée, enfin tout à l'heure, dit-elle désespérément en observant sa montre lui indiquant les quelques heures de sommeil en sursis.
La jeune fille s'empressa de rejoindre sa chambre, laissant le vampire devant cette porte entrouverte, légèrement embarrassé.
─ Euh, je ne peux pas entrer si vous ne m'invitez pas, mon côté...vampire.
─ Ah oui c'est vrai, j'oubliais cette règle idiote, reprit la voix désinvolte. Il est vrai que j'y ai installé une protection efficace contre les cadavres ambulants, à tout hasard. Au moins, vous êtes la preuve que mon sort fonctionne à merveille.
L'enchanteresse claqua des doigts, et la porte s'ouvrit subitement, dévoilant toute sa splendeur au regard du ténébreux.
─ Je vous en prie, entrez, faites comme chez vous.
Angel se retrouva face à une femme d'une beauté sublime, empreinte d’une impétueuse sensualité. Sa peau, d’une blancheur nacrée, ainsi que ses traits délicats laissaient deviner une femme d'une trentaine d'année, tout au plus. De longs cheveux noirs, ondulés, tombaient en cascade de chaque côté de ses épaules. Ses yeux, bleu océan, d'une profondeur à la limite de l’envoûtement, illuminaient un visage en tout point harmonieux.
A son cou pendait un talisman en forme de pentacle, attaché à un collier de ruban violacé. Sa robe de satin noire, fournie d'un décolleté aguicheur, soulignait sa silhouette svelte et élancé. Le haut de ses cuisses n'était que partiellement dissimulé par un serre-taille brodé, en guise de ceinturon, tandis que de longues bottes de cuir, parsemées de clous, couvraient ses genoux.
La magicienne se présentait nonchalamment adossée à un fauteuil en velours, le dos recroquevillé sur l'accoudoir de gauche, et une jambe posée sur celui de droite, adoptant une posture des plus affriolante. Sur son épaule reposait le fameux corbeau d’ébène. Arborant un verre de vin d'une main, et un recueil de l'autre, elle jaugea avec dédain le vampire perplexe.
─ C'est donc vous, le fameux vampire avec une âme. Vous êtes plutôt pas mal, quoique je vous imaginais un tantinet plus grand et un poil plus expressif.
─ Quant à moi, je dois bien avouer que je ne vous imaginais pas du tout.
Djézabelle humecta ses lèvres dans le liquide qu'elle prenait plaisir à savourer.
─ Excellent millésime. Vous en voulez ? lui proposa-t-elle de son trône. Non, bien sûr que non. Vous ne buvez pas ce genre de choses. Vous les vampires, vous êtes d'un conformisme désespérant. Ne pas pouvoir se délecter d'un tel plaisir.
─ En fait, vous êtes victime de préjugés, répliqua Angel. Les vampires peuvent boire de tout, mais il se trouve que j'ai un penchant pour le Whisky Irlandais.
─ Je suis déçue. Quel manque de raffinement pour une personne de votre âge.
La belle semblait prendre un malin plaisir à le provoquer de la sorte. Le vampire, loin d'en être déstabilisé, répondit du tac au tac.
─ Que voulez-vous, on ne se refait pas. Mais je ne suis pas venu ici pour me soûler, d'autant que ma constitution m'en empêcherait. Alors si on pouvait aller droit au but.
L'enchanteresse se redressa légèrement en adoptant une posture plus équilibrée. Elle croisa ses jambes et le fixa d'un regard acéré, annonçant qu'elle allait entrer dans le vif du sujet. Elle balança le livre qu'elle tenait en main sans se soucier de l'endroit où il retomberait.
─ Bien, j'imagine que vous avez beaucoup de questions à me poser. Je suis toute à vous, enfin en partie, prit-elle la peine d'ajouter avec un sous-entendu certain.
─ J'aimerai savoir ce que je fais ici ? Qui vous êtes ? Et pourquoi tout le monde semble me connaître alors que je ne sais absolument rien de vous ?
─ Je vois. Vous êtes du genre direct. Je dois avouer que je préférerai quelques préliminaires mais soit, le raffinement, glissa-t-elle subtilement en posant son verre de vin sur une table basse. Je suis Djézabelle, l'enchanteresse suprême de ces lieux, et comme vous l'avez remarqué, vous êtes ici dans une sororité de sorcières. Si l'on vous connaît, c'est tout simplement parce qu'on garde un œil sur vous disons...depuis toujours.
Interpellé par ce non-sens, Angel lui suggéra, d'un regard insistant, d'en dévoiler davantage.
─ Le vampire avec une âme, celui qui fera pencher la balance dans l'apocalypse. Il détruira le monde ou le sauvera. J’imagine que cette histoire vous est familière.
─ Je ne voudrais pas vous décevoir mais les prophéties sont fausses. Elles le sont toutes, accentua le ténébreux. Ce ne sont que des plans mis en place par des Forces dont vous n'avez même pas idée, pour parvenir à leurs fins. Je ne vais pas vous le cacher, leur but n'est pas de faire de ce monde un paradis.
─ Les prophéties, que vous y croyez ou pas, ce n'est pas vraiment un problème. D'ailleurs, vous y avez renoncé n'est-ce pas ? Après tout, vous n'êtes plus le seul vampire avec une âme, le nargua-t-elle
─ Vous pensez que c'est Spike, le vampire de la prophétie ? demanda-t-il en redoutant malgré lui la réponse qui allait survenir.
─ Détrompez-vous, je ne crois rien. C'est vous qui le pensez. Peut-être est-ce même ce que vous espérez au plus profond de vous-même ? Mais comme je vous l'ai dit, tout ceci n'a aucune importance. La seule chose qui nous intéresse, ce sont les faits, toujours les faits et rien que les faits.
Angel devait bien finir par l'admettre. Même s'il avait renoncé à la prophétie, cette rivalité l'opposant à Spike le hantait malgré lui. Il n'avait jamais considéré le peroxydé comme un rival, avant que celui-ci regagne son âme et entame une relation avec la tueuse. A ses yeux, Spike s'était accaparé tout ce qui le définissait, tout ce qui le rendait unique : Son âme, son ex, et désormais son destin. Il le considérait comme une meilleure version de lui-même, et cette idée lui était particulièrement difficile à l'accepter.
─ Alors ? se hâta-t-il. Vous allez finir par me dire ce que je fais ici ?
─ Si vous êtes là, ce n'est pas de notre fait, avoua l'enchanteresse. Nous ne vous y avons pas invités. Néanmoins, nous avons lu les signes, et votre présence ici n'est pas dû au hasard. Nous vous attendions.
─ En fait, si je suis ici, c'est parce que mes pires ennemis m'y ont convié. Et généralement, quand ça va dans leur sens, je finis fatalement par en payer le prix.
Djézabelle se leva de sa chaise en le dévisageant froidement.
─ Je vois, répondit-elle avec une pointe d'agacement dans la voix. Si votre question est « travaille-t-on pour Wolfram et Hart », cessez de tourner autour du pot. Çà nous éviterait de perdre du temps et ça nous permettrait de clarifier la situation.
─ Très bien, acquiesça-t-il sans se défiler. Est-ce que vous travaillez pour Wolfram et Hart ?
Le vampire, aguerri à l’art de déchiffrer le langage corporel et de percevoir les mensonges à des lieues de distance, prit un soin particulier à examiner les moindres faits et gestes de la belle.
─ Nous sommes autonomes ! affirma-t-elle sans sourciller. Nous ne dépendons de personne et nous suivons nos propres intérêts. D'ailleurs, votre ami fantôme n'a pas été convié, voyez-y comme une preuve de notre bonne foi.
─ J'ai bien peur que cela ne suffise pas.
La sorcière s'approcha du ténébreux et le fixa d'un regard noir
─ Je vais être plus claire : Le bien, le mal, toutes ces notions ne m’intéressent pas. J'ai dit que nous ne travaillons pas pour les associés principaux, mais s'il s'avérait utile de faire une alliance avec eux pour protéger nos intérêts, alors je n'hésiterais pas une seule seconde. Je ne suis pas une sainte et je me fou de vos états d'âme.
Sur ses mots, elle s'éloigna et alla reprendre son verre de vin qu'elle bût d'une traite, dévoilant malgré elle un état de stress que le vampire décela sur le fait.
─ Il me semble que vous ne comprenez pas la situation dans laquelle nous sommes, alors croyez-moi sur parole quand je vous dis que ce qui nous attend est bien pire que votre misérable lutte contre Wolfram et Hart.
Angel, de nature pessimiste, ne trouvait aucun réconfort dans ce qu’il entendait. Il ne concevait pas une menace plus grande que celle des associés principaux. Il resta néanmoins stoïque, ne souhaitant pas dévoiler ses états d'âme.
─ Pourquoi moi ?
L'enchanteresse lui renvoya un sourire, comme si le ténébreux venait de soulever son intérêt.
─ Parce que, contrairement à vous, moi je crois au destin, et je suis persuadée que vous et moi allons accomplir de grandes choses. Mais inutile d'en dire plus, on a assez parlé. On se racontera nos vies plus tard. Pour le moment, j'ai besoin que l'on soit sur la même longueur d'onde. Laissez-moi approcher et ne faites pas un geste, ou je pourrai par inadvertance vous griller le cerveau et faire de vous un légume.
Le vampire, loin d'être rassuré, hésita quant à la conduite à tenir. Tout juste sorti d'un état catatonique, il n'avait aucune intention de réitérer l’expérience.
Djézabelle s'approcha, se délestant de ses gants qu'elle laissa tomber négligemment sur le plancher. Leurs deux corps se faisaient face, si proches qu'ils semblaient se toucher. Angel sentit les douces mains de la magicienne se poser délicatement sur son visage. Un frisson parcourut tout son être. Paralysé par une force insondable, il se trouva incapable de raisonner correctement. Il plongea son regard dans le sien, hypnotisé, submergé par ce bleu l’entraînant dans des abysses inconnus.
A la merci de sa propre impuissance, il se sentit désarmé de toute envie, hormis celle de se laisser aller à cette douce tentation. L'enchanteresse chuchota quelques mots d'un dialecte inconnu qui résonnèrent à ses oreilles, tel un écho. Les murmures se transformèrent en un hurlement assourdissant, détonnant dans tous les recoins de son crâne, à la manière d'une bombe sur le point d'exploser. Le rythme s'intensifia jusqu'à en devenir insupportable. Angel laissa échapper un gémissement, puis vint le silence.
**
La douleur s'estompa, et Angel se retrouva dans une sorte de bulle d’énergie, plongé au cœur d'un monde spirituel dominé par son omniscience. Le vampire, porté par un courant évanescent, se déplaçait à sa guise, dans cet univers intangible. Il flottait dans un espace rayonnant de milles couleurs, chaque teinte se succédant à une vitesse faramineuse : du blanc au bleu, du bleu au vert, puis du vert au noir, dans une boucle indéterminée qui s'estompa sur une teinte de rouge.
La bulle d’énergie oscillait et se distordait dans tous les sens, en totale perte de maîtrise et d'équilibre, à la limite du point de rupture. Subitement, Angel se sentit happé par une force gravitationnelle, l'attirant dans un gouffre béant. Avalé inexorablement dans les profondeurs d'un monde souterrain, il erra parmi des milliers de petits points grouillant de toute part. C'est alors que ces points prirent forme, annonçant sous ses yeux terrifiés, les prémisses d'un chaos en devenir. Des milliers de Turoks Han, vampires des âges anciens, et d’innombrables démons antiques, s'apprêtaient à se libérer de leur chaîne pour déferler sur la terre, dans un grondement de terreur, annonciateur d'anéantissement de toute vie.
Une silhouette émergea de ce chaos pour apparaître sous les traits d'une personne qu'il connaissait si bien : la tueuse. Cependant, elle paraissait n'être qu'une coquille vide, dépourvue d’âme et habitée par les ténèbres.
─ Tu n'es pas Buffy, assura le vampire
─ Evidemment que non, je suis tellement plus que ça, dit-elle d'un sourire narquois. Mais rappelles-toi, nous nous sommes déjà rencontrés.
L'apparence de Buffy se métamorphosa en celle de Jenny Calendar, une ancienne victime d’Angelus.
─ Dire que tu étais à deux doigts d'en finir avec ta vie si misérable à l'époque.
Le vampire venait de comprendre l’allusion en se remémorant ce fameux jour où il avait miraculeusement neigé à Sunnydale. Pourtant, malgré l’évidence, il refusait d’y croire.
─ Non, c'est impossible. Buffy vous a vaincu en détruisant la bouche de l'enfer de Sunnydale.
Un rire effroyable émana de l'entité, qui apparaissait désormais sous les traits de Darla, son ancienne compagne et mère de Connor.
─ Tu ne comprends décidément jamais rien, dit-elle d'un ton méprisant. On ne peut pas me vaincre. J'étais présent au début de la création, je suis dans le cœur de chaque chose. Je suis éternel. La tueuse a commis une erreur qui la mènera, elle et tout son petit monde, à sa perte. En arrêtant mon armée, elle a joué avec des forces dont elle n’a pas idée. Cette fois-ci, rien ne pourra m'arrêter. Mais toi, mon amour, tu peux encore prendre notre fils et t'enfuir loin d'ici, dans une autre dimension. Pense à son avenir, à notre héritage. La seule chose de bien que nous ayons fait en ce monde.
Angel se sentait démuni. Bien que ce ne soit qu'une apparence, une tromperie, tout avait l'air si réel lorsque la force prenait son rôle à cœur. Son cœur vacilla dès lors qu'elle apparut sous les traits de son ami défunt, le premier combattant à s'être sacrifié pour la cause.
─ Doyle, murmura le ténébreux, comme un aveu de son impuissance à discerner la réalité de l’illusion.
La force savait habilement jouer sur la corde sensible. Heureusement, dans un éclair de lucidité, le vampire parvint à se ressaisir.
… Ça suffit. Montre-toi sous ta véritable apparence. Mais peut être, en es-tu dépourvu ? Tu ne possèdes ni corps ni personnalité. Finalement tu n'es qu'un enquiquineur, tu n'es rien du tout.
Angel fut envahi par une colère noire. Voir cette entité démoniaque prendre ainsi l'apparence de ses amis défunts était pour lui une insulte à leur mémoire. Bien sûr, provoquer l’entité de la sorte s’avérait dangereux, mais c'était sa façon de ne pas se laisser submerger par les émotions.
─ C'est pourtant de ta faute si je suis mort en donnant mes visions à Cordelia, persista l'entité usurpatrice. Tu savais ce que je ressentais pour elle et tu l'as laissé tomber, comme nous tous.
Le vampire baissa l'échine, en proie aux remords. L'illusion, la réalité. Il ne savait plus.
─ Il est temps pour moi de te laisser. J'ai une fin du monde sur le feu, et je ne voudrais manquer ça pour rien au monde.
Le visage de Doyle se décomposa pour revêtir sa véritable apparence, celle d'une colossale créature démoniaque.
─ VOTRE TEMPS EST COMPTE, hurla la Force, dans un grondement assourdissant, avant de disparaître dans le néant.
Angel, perdu dans le vide absolu, fut happé par la même source d’énergie qui l’avait conduit en ces lieux. Autour de lui résonnait l'écho d'une voix, dont il ne parvenait pas à décrypter le contenu. Celle-ci semblait prendre racine dans un univers lointain, inaccessible. La tonalité se fit de plus en plus criarde, jusqu'à ce qu'un halo de lumière ne l'aspire pour le ramener à sa destination d'origine, dans cette pièce du manoir perdu en plein cœur de la forêt. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Angel fut saisi par un vertige et tomba à genoux, aux pieds de Djézabelle. L'enchanteresse l'observa avec dédain.
─ Et bien ! J'ai eu un mal de chien à vous ramener parmi nous. Un peu plus et votre esprit aurait erré pour l'éternité dans le néant. Enfin, c'était un risque à prendre, assura-elle sur le tard.
Angel redressa la tête, un peu dans le vague, fort de cette expérience inopinée et pour le moins traumatisante.
─ Qu'est-ce que vous m'avez fait ? interrogea-t-il d'une voix chevrotante.
─ Je n'ai rien fais d'autre que de vous enlever le voile qui vous empêchait de prendre conscience de la réalité. Ne me remerciez surtout pas, répliqua-t-elle avec une forme de sarcasme.
─ Je commence vraiment à en avoir ma claque de toute cette magie, protesta le ténébreux en proie à la colère.
C'en était trop. Tout d’abord le sang d'Hamilton, ensuite les nausées dues à la barrière mystique, et maintenant ce saut en plein cœur de l'enfer. Cela confirmait son aversion pour la magie, même s'il devait bien admettre que, sur l’instant, elle était un mal nécessaire. Ce voyage dans les abysses avait au moins eu pour mérite de lui ouvrir les yeux sur le danger imminent de la situation. Le vampire se releva précautionneusement et toisa la belle d'un air sévère.
─ Si ce que j'ai vu est réel, alors on a effectivement un gros problème sur les bras.
L'enchanteresse amorça un léger sourire, mettant en évidence une petite fossette qui accentuait son charme indéniable. Forte de sa persuasion, elle s'en alla remplir un verre de vin qu'elle proposa à son invité.
─ Tenez, fit-elle avenante, buvez ! Ça vous requinquera un petit peu.
Angel ne rechigna pas cette fois-ci. Il se délecta d'une gorgée salvatrice, trouvant dans ce nectar une réconfortante évasion après les épreuves qu’il venait de traverser.
─ Il y a une guerre en préparation qui décidera du sort de l'humanité, annonça-t-il. Si nous voulons la gagner, il faudra contacter la tueuse. Elle est peut-être déjà au courant. Elle a déjà réussi à repousser cette menace une fois. Et puis, il y a une puissante sorcière qui fait partie de son entourage. Aux dernières nouvelles, elle avait une sorte d'armée sous ses ordres
─ Je vous arrête tout de suite, l'interrompit Djézabelle. La tueuse et sa bande d'inconscients n'ont jamais fait partie de la solution, mais du problème. Croyez bien que si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas fait appel à vos services, mais aux siens.
─ Vous ne la connaissez pas ! s’entêta le vampire. Elle est forte et en cas d'apocalypse, elle finit toujours par trouver une solution. J'ai vu ce qui nous attendait et il n'y aura pas assez de nous deux pour arrêter ça. Si nous formons une alliance, nous aurons beaucoup plus de chance de notre côté.
─ Ah oui, s'étouffa l'enchanteresse. Vous semblez avoir la mémoire courte. Mais ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ? Dans votre cas, il vous rend également stupide. A votre avis, qui a fait en sorte de libérer la force, lors des événements de Sunnydale ? Je vous rappelle que la résurrection de la tueuse a perturbé les puissances mystiques qui protégeaient la terre, ce qui a, par conséquent, libéré la source du mal. Et qu'a-t-elle fait pour repousser la menace ?
Un silence lourd imprégna la pièce.
… Je vois qu'on se comprend. D'ailleurs, n'oubliez pas que si Wolfram et Hart n'avait pas été de la partie pour donner un coup de main, il y a fort à parier que nous ne serions plus là pour en parler.
─ Le médaillon ! murmura Angel en prenant conscience de l'absurdité de la situation.
Buffy avait sauvé le monde un nombre incalculable de fois, et aujourd'hui, elle se retrouvait à être la cause de son anéantissement. Mais le plus grotesque consistait à penser que Wolfram et Hart avait fait pencher la balance. Dans l'esprit du vampire, tout semblait désordonné et incohérent. Le ténébreux n'avait jamais perçu le monde de manière manichéenne, séparant le bien d’un côté, et le mal de l’autre. Toutes ses expériences passées lui avaient toujours apporté une nuance sur les événements. Pourtant, il ne doutait pas du mal absolu que représentait la firme maléfique. Sur le fait, il se haïssait de penser qu'ils auraient pu être un mal nécessaire.
─ Croyez-moi, continua Djézabelle. Nous sommes actuellement le seul espoir en ce bas monde. Si vous êtes ici, c'est parce que vous allez m'aider à mettre la main sur ce qui nous garantira la victoire finale. Comme je vous l'ai dit, je ne crois pas au hasard, et les signes ont été formels sur le sujet. Il existe une multitude de futurs possibles, et il y en a qu'un qui se termine avec un bon verre de château Cantemerle. Tchin.