When in Rome

Chapitre 83 : A contretemps

4268 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/01/2024 17:12

Chapitre 83 A contretemps

 

Londres, 24 juillet 2046

Deux sorcières du Haut Coven d’Angleterre, étaient assises en tailleur au sol, au milieu du salon de l’ex-demeure de Giles et sous la supervision de ce dernier. Opportunément recyclées, des bougies de Noël rouge et argent se dressaient entre elles entourant la carte de Grande Bretagne. Quand leur flamme s'intensifia en brillant plus fort, les deux wiccanes ouvrirent leurs yeux pâles. L’une d’elle envoya un sort de localisation qui fit tournoyer le pendule suspendu dans les airs et puis sans prévenir, il fonça comme une flèche s’écraser loin du tapis où elles étaient installées, contre un gros pot de sauge médicinale.

— Excusez-nous, dit la plus jeune en rougissant de confusion, nous n'étions sans doute pas assez concentrées.

— Ou bien, corrigea son aînée, la carte est trop petite et le pendule indique en réalité une terre à l'Ouest.

— Oui, c’est ça, acquiesça Giles. Mais, diantre, comment la faux a-t-elle pu atterrir là-bas si vite ? Vous êtes sûres que c’est la bonne que vous recherchez et pas celle de Rhonda ?

Elles opinèrent fermement, et s’aidèrent l’une et l’autre à se relever. L’Observateur réserviste les remercia pour leur aide et leur servit des scones avec du thé pour les revigorer un peu. Pendant que l'eau chauffait, il envoya un message à Robin avant de faire de même pour Willow qui ne décrocha pas.

.°.

Rupert Giles

Robin, après vérification, la Faux de Faith n’est pas ici mais déjà chez vous. J’imagine qu’elle a dû voyager par des canaux astraux

Wood

Sa propriétaire vient la récupérer ou on s’en charge nous-mêmes ?

Rupert Giles

Pas tout de suite. Ils doivent croire qu’ils ont entre les mains ce qu’ils étaient venus chercher. Ça va les occuper un petit moment

Wood

Entendu. On vous tient au jus

Giles plissa les yeux en regardant l’écran de son appareil. « Au jus » ? La fréquentation des jeunes filles n’améliorait pas le vocabulaire de l’ancien proviseur de Sunnydale.

 

.°.

Cleaveland, même jour

Rutgir ferma le clapet du communicateur qu’il venait d’utiliser et le serra dans son poing. L’objet pourtant solide se brisa en morceaux qu’il fit tomber aux pieds de son prisonnier. Ligoté sur une chaise sous une ampoule de faible intensité, le grand noir toujours aussi chauve et athlétique bien qu’il ne fût pas de la première jeunesse, clôt les paupières. Les rodomontades démonstratives d’un aspirant maître vampire l’indifféraient.

Par contre, il était plus préoccupé par la santé des deux Tueuses en cage face à lui. Elles n’avaient pas peur. Ou pas trop. Pour les faire se tenir tranquilles, leur ravisseur leur avait administré un très ancien cocktail incapacitant comportant une dose de cheval de décontractant musculaire. Comment avait-il pu obtenir la formule de ce sérum ? D’après les registres, Buffy avait été la dernière à en avoir fait les frais lors de son dix-huitième anniversaire, et ensuite Giles avait éliminé toute mention y faisant allusion dans tous les registres du Conseil qui restaient, après l’explosion de leur QG…

— Je vais te le demander gentiment : où est l’autre faux ?

Le prisonnier ne cilla pas. L’un de ses yeux était boursouflé et sa joue maculée de sang. Un filet continuait à se frayer un chemin sinueux depuis son arcade sourcilière jusque dans son cou.

Quelle autre faux ?

Rutgir s’approcha en soupirant. Son visage ingrat, à la large mâchoire et au nez busqué, se retrouva tout près quand il lui attrapa le visage en pince, enfonçant ses doigts dans les joues glabres de l’Observateur, pour l’obliger à le regarder dans les yeux.

— Tss, tss, tu sais Wood, je n’ai pas de temps à perdre. Si toi tu ne me le dis pas, ces filles le feront. Elles ne sont pas au mieux de leur forme et ne tiendront pas longtemps.

L’une des jeunes filles, brune, les cheveux en brosse partiellement violets, secoua les barreaux de la cage, la pupille étrécie et furieuse, mais en vain.

— Ne t’en fais pas fillette, j’arrive, promit Rutgir en réponse. Je laisse juste une autre chance à ton Observateur de t’éviter la torture… Alors ? J’attends.

Robin pencha la tête vers son maillot blanc taché et le vampire donna un coup de pied violent sur le pied de la chaise métallique pour réobtenir son attention.

— Attends tant que tu veux, je n’en ai aucune idée… C’est volontairement qu’on ne nous tient pas “au jus”. On ne peut pas dire ce qu’on ne sait pas.

— Ok. Je veux bien te croire. Alors, ce sera torture gratuite pour tout le monde ? Juste pour me passer les nerfs car mon patron ne va pas aimer cette réponse. Je peux lui ramener tes yeux et ta langue mais ça ne comptera pas beaucoup puisque ce n’est pas ce qu’il m’a demandé. Par contre, si tu me livres au moins une info utile, je peux te promettre de tuer tes gamines un peu plus vite. Ou… attends, non. Je peux me montrer magnanime ! Je les laisse en vie. Je me suis toujours demandé ce que ça pourrait donner si une Tueuse était transformée en vampire. Pas toi ?

— Oh, ça c’est pas dur à deviner, lança la plus jeune des patrouilleuses.

— Tiens donc, tu parles enfin ? Vas-y, éclaire-moi. J’ai bien encore deux minutes à vous consacrer.

— Si tu me transformes en vampire, tu finiras en poussière. Et je te garantis que moi je ne serais pas du tout « magnanime ».

— Ha, mais non. Tu ne comprends pas bien la situation. Toi vampire, ta copine ici présente devra te tuer la première. La conversion te montera à la tête et tu te figurerais que tu peux devenir la Reine des vampires ou je ne sais pas quoi et puis surtout, tu auras faim. Ta copine mauve est ramollo, tu voudras en profiter. Et pendant que tu t’occuperas d’elle, j’aurai tout le temps de vider les lieux. Il n’y a pas de scénario gagnant pour vous. Faites vos prières, recommanda-t-il en changeant de visage.

Trois coups sonores furent frappés à la porte ouverte en l’interrompant. Une fine silhouette apparut, s’encadrant entre les montants. C’était une jeune femme brune vêtue de noir, avec une queue de cheval mi-longue qui dégageait son joli visage grave aux yeux foncés. En s’avançant, elle se révéla dans le halo jaune qui éclairait la pièce en sous-sol.

— Hey ! C’est pas toi qui cherchais la Faux ? Tiens, regarde, elle est là. Par contre, si tu la touches, ça va un peu piquer quand ta chair fondra...

Les yeux jaunes de Rutgir brillèrent de convoitise et ceux d’Alexandra Dole aussi, mais plutôt en raison d’une incantation magique silencieuse qui libéra le cadenas de la cage retenant ses consœurs. Celles-ci allèrent aussitôt aider Robin en le délivrant des cordes qui l’enserraient, faisant de leur mieux pour le soutenir et l'entraîner au-dehors.

Le premier lieutenant de l’Oryx attaqua. Contrairement à d’autres Tueuses, Alexa ne souriait pas en se battant. Son entraînement lui permettait de réagir physiquement de façon adéquate mais elle se devait d’être plus concentrée si elle voulait utiliser consciemment des sorts. Dès qu’elle le put, elle esquiva un coup de poing massue et parvint à se placer dans le dos de son adversaire. Elle n’eut besoin que de mimer une pichenette pour le faire tituber et tomber sur les rotules. D’un coup sec, elle enfonça le bout pointu de la hache dans son dos exposé mais… rien ne se passa : le sort de renforcement « Pachyderme » mis au point par Amy fonctionnait bien. Au premier contact, la peau du vampire s’était durcie comme une corne très épaisse. Pas impossible à traverser mais il aurait fallu anticiper un coup plus puissant.

En Alexandra, la sorcière qu’elle était aussi se contenta d’une légère moue trahissant qu’elle reconnaissait que c’était bien joué. Enhardi, Rutgir se dégagea et se remit sur pied sans attendre. Le sourire plein de crocs aux lèvres, les mains ouvertes, il la narguait avec son pectoral renforcé en bombant le torse, sans plus craindre qu’elle le transperce avec un deuxième coup. Il crut qu’elle allait faire une nouvelle tentative naïve mais pas du tout. Au dernier moment, elle fit seulement pirouetter l’arme du côté hache et lui trancha la tête. Séparée du reste du corps, elle affichait une expression surprise avant de tomber en poussière.

Avec un sourire appréciateur, la fille de Kennedy observa la faux que lui avait prêté Rhonda sous toutes les coutures en opinant du chef.

— C’est quand même bien pratique, ce truc !

Alertée par son sixième sens, elle balaya des yeux la grande remise où était retenu l’Observateur de Cleveland depuis trois heures et qu’elle venait de réussir à retrouver grâce à un bête traceur sous-cutané. Aucun bruit, ni rien de suspect de prime abord, mais du coin de l’œil par-dessus son épaule, elle entraperçut un petit mouvement flou qui ondula près d’un mur. Cela n’avait pas duré plus de trois secondes, suffisamment pour qu’elle en tire la conclusion qui s’imposait : un espion se trouvait dans la pièce en même temps qu’eux et il venait de s’évaporer.

.°.

Rome, même jour

Maya ne savait pas ce qui l’impatientait le plus : attendre la réponse de Willow plantée dans son salon dévasté par la bagarre, ou constater combien elle était pâle et plus cernée qu’à l’ordinaire. La sorcière rousse rempocha son communicateur, une expression indéchiffrable sur le visage.

— Alors, qu’est-ce qu’il y a ?

— Ils continuent les attaques coordonnées sur tous les fronts. Le premier message était de Giles, l’autre d’Alexa. Bon, comme prévu, un groupe non identifié supposément envoyé par Warren a volé la faux de Faith, et on va pouvoir trouver leur repaire comme ça. Mais Thisbé a failli être enlevée par un vampire présent pendant l’attaque et elle a été mordue, mais elle va bien. Et à Cleveland, Alexa a retrouvé Robin. Il a dit que son ravisseur s’est fait passer pour lui en échangeant avec Giles. Alexa lui a réglé son compte mais elle est persuadée que quelqu’un d’autre était dissimulé dans la pièce et a tout entendu. On peut compter qu’ils vont savoir très vite que ce n’est pas la bonne faux.

— Combien de temps selon toi ?

— Très peu. Je ne sais pas ce qu’ils veulent faire avec. Peut-être qu’Amy la veut pour se recharger ? Il y a gros à parier que Warren lui fasse ensorceler toutes les créatures qui bossent pour eux, et il y en a beaucoup. Notre combat à Rio l’a laissé certainement aussi épuisée que moi. Si elle veut la hache pour la siphonner, elle se rendra vite compte qu’il n’y a presque rien dedans. Cela nous gagne le temps de faire rentrer ta mère. Va la chercher tout de suite, je veux le faire pendant que le boost offert par la conjonction de Jupiter est à son maximum.

Maya baissa la tête, faisant mine de considérer ses bottes en daim, où le sang du loup-garou tué par Spike avait laissé des taches noirâtres indélébiles… Tueuse, c’était un métier salissant, Spike avait raison. Mais quand elle releva le menton, elle pinçait les lèvres comme quand elle était ado et qu’elle acquiesçait à contrecœur.

— Et si la permutation n’avait pas lieu et que Maman ne revenait pas, tu y as pensé ?

— Oui, et alors on essaiera de la ramener plus tard. Je suis persuadée qu’elle tentera de nous faire passer un message pour nous dire où elle est. Mais Dawn jeune ne peut pas rester ici…

— Je sais, je sais, si elle meurt, je n’existe pas, toute l’histoire sera réécrite, blablabla.

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Dawn s’était sentie gênée quand Spike l’avait prise à part dans la cuisine. Avec la scène qu’il avait faite à Pietro, elle se disait qu’elle devait quitter cet endroit sans plus attendre. Tant pis si elle avait été là pour une mission cosmique, il aurait fallu que le cosmos soit plus clair.

Il fourra les poings dans ses poches avant de prendre la parole.

— Poussin, avant que tu t’en ailles, je voulais m’excuser pour ma réaction quand tu es, euh… arrivée.

— C’est oublié, répondit-elle un peu vite.

— Non, j’ai pas été sympa avec toi et je le regrette.

C’était bien rare que le Spike qu’elle connaissait veuille s’excuser. Cela devait faire partie de « son nouveau lui ». Ou alors, il n’avait pas tant changé que cela et il poursuivait un autre but.

— Tu penses que si je suis en pétard contre toi, dans le futur, Vieille-Dawn t’enverra bouler quand tu vas arriver pour la draguer avec ton sourire « Oh regarde-moi comme je suis trop cool, bébé ! », spécula-t-elle, un peu moqueuse.

— Hey, déjà, je ne l’ai pas draguée. Pour ton info, c’est elle qui s’est jetée dans mes bras et m’a embrassé à la première occasion. Tiens, demande à Maya, elle était là… C’est vrai que tu me trouves cool ?

Cette dernière adressa une mimique agacée à son parrain et attrapa le bras de Dawn pour l’attirer dans le salon parce que « c’était maintenant » et que ça urgeait. Au fond contrarié par cette séparation brusque, Spike recula pourtant de quelques pas et la laissa aller, hochant la tête pour encourager la jeune fille qu’il sentait partagée. Elle avait toujours voulu lui parler, il avait toujours refusé.

— Allez, poussin, vas-y. Tu me reverras bientôt, va.

Elle opina sans rien dire. Il n’avait pas dit quand. Personne ne parlait de lui depuis l’effondrement.

Un bouquin à la main, Willow psalmodiait en faisant tinter des bols tibétains, ce qui fit bientôt naître un modeste tourbillon gris vertical conique, dilaté sur un petit espace miroitant. Face à l’étonnement des autres, en raison de sa petite dimension, elle bougonna :

— Désolée, c’est un mini-trou de ver, j’ai dû réviser mes sciences pour y arriver et je ne peux pas risquer quelque chose de plus grand. Glisse-toi là-dedans Dawn et croise les doigts. Tu devrais émerger debout, mais fais attention quand même… Au revoir, prends soin de toi, et ne t’inquiète pas, moi aussi tu vas me revoir… Maintenant file, j’ai du mal à maintenir le passage ouvert !

La jeune fille fit un pas vers le portail riquiqui, son regard passant de Will à Spike et de Spike à Maya qui semblait émue. Derrière celle-ci, la petite Joy arriva et agita sa « nounou » redevenue peluche pour lui dire au revoir. Une larme roula sur la joue de Maya qu’elle essuya d’un revers de main embarrassé, et Joy lui enserra la jambe tendrement.

— Pleure pas, maman.

Dawn franchit la surface brillante qui émit un petit « plop » aussitôt que le talon de la chaussure eut disparu. Willow poussa un long soupir, cherchant vite un fauteuil pour s’asseoir en raison de l’effort exténuant que ça avait été, même pendant moins d’une minute. Puis Joy, vint tirer sur sa jupe en demandant avec curiosité :

— Est-ce qu’elle peut revenir Mamie, maintenant ?

 

.°.

 

Oakland, Université de Californie, 3 octobre 2003

Par réflexe, Dawn avait fermé les yeux une seconde pour franchir le miroitement avec précaution et elle se retrouva nez à nez avec ce qui ressemblait bien à la porte de sa chambre d’université. Pour être précis, c’était précis ! Elle voulut se retourner pour leur faire signe que tout allait bien mais derrière elle, il n’y avait plus rien du tout, seulement le couloir qui menait aux autres chambres.

Selon toute apparence, elle était revenue au bon endroit et avec un peu de chance à la même date, mais mieux valait vérifier. Prudemment, elle toqua, pour voir si quelqu’un lui ouvrait et ce fut une Janice toute pomponnée et coiffée dans une robe un peu trop moulante d’un bleu électrique.

— Ah bah t’es enfin revenue ? C’était long. J’espère que t’es plus contagieuse.

— Contagieuse. Euh non, je pense que c’est fini maintenant, improvisa-t-elle.

— Cool. On sort fêter ça ? Je suis invitée à une fête à la fraternité Beta Khi Mu. Grouille-toi, tout le monde y est déjà.

— Non, non, ça ne me dit rien. Je suis… claquée, dit-elle en pensant plutôt « définitivement vaccinée ». Et il faut que je révise.

— Oh ouais, c’est bon là ! Tu peux te lâcher. T’as vu la note que t’as eue dans ton truc d’Histoire de l’art ? Jamais j’aurais cru que ce vieux ronchon était capable de mettre une note au-dessus de D+. 

Dawn suivit du regard le pouce de Janice qui pointait vers le mur, par-dessus son épaule. On aurait dit qu’une copie était encadrée. Et ce qui était très bizarre, c’était l’énorme A+ qui ornait le coin gauche… le devoir littérature et histoire qu’elle s’efforçait de préparer avant d’avoir été zappée dans le futur ?

— Prends une tenue dans mon placard, si t’as envie. On se voit là-bas !

— Ok, salut ! répondit-elle d’un ton distrait sans se soucier d’où était ce « là-bas ».

Janice partie en coup de vent, Dawn s’approcha du mur. Sa dernière visite à la bibliothèque datait du vendredi après cette fête maudite où Kenny ne s’était jamais montré. Le devoir était daté du mardi suivant. En cherchant la date sur son radio-réveil posé de travers, elle remarqua qu’il lui manquait une vis et que le cadre photo avec toute la bande de Sunnydale était fêlé et réparé avec du scotch. Apparemment, elle avait manqué douze jours. Presque le même temps que celui qu’elle avait passé dans le futur.

Elle s’approcha de son lit, fait et impeccable. Son bureau était rangé, ses vêtements étaient toujours dans l’armoire. En se penchant sous son bureau, elle trouva son sac d’étudiante qu’elle sortit pour en vérifier le contenu : rien ne manquait, sauf son porte-monnaie et son téléphone. Il était possible que Janice ait oublié de fermer un jour et que son sac à la vue de tous ait attiré des convoitises… Elle finit son tour d’inspection par la salle de bains, où rien ne manquait non plus, mais un détail attira son attention. Sous sa trousse de toilette, il y avait une grosse boîte de tampons, ce qui l’étonna car elle n’en utilisait pas. Elle supposa que c’était Janice qui l’avait mise là et la prit pour regarder son contenu. C’est là qu’elle retrouva son porte-monnaie bien garni et son téléphone avec un mot qui disait :


« Salut Mini-me,

La prochaine fois, trouve une meilleure cachette pour tes affaires précieuses. Je t’ai laissé trente dollars pour ce que j’ai cassé et couvrir les frais des appels internationaux. Pour me faire pardonner, j’ai passé ton examen à ta place. Je ne me souvenais plus que le prof était complètement gâteux, il n’a même pas vu la différence, et les autres s’en foutaient un peu. A ceux qui sont venus me voir, j’ai dit que j’étais ta tante et que je me faisais passer pour toi parce que tu étais malade comme un chien. Je crois qu’ils te trouvent plus cool parce que tu as triché...

J’ai assez bon espoir que Willow parvienne à faire quelque chose pour toi. J’espère que tu trouveras ce mot bientôt, avant Janice en tous cas. Si tu veux qu’on se voie, appelle-moi au numéro que j’ai préenregistré dans ton téléphone, ça ne causera pas une rupture dans le continuum espace-temps.


Dawn

PS : Nick ne t’embêtera plus. Je me suis occupée de son cas. »

 

Les mains tremblant un peu, Dawn se demanda honnêtement ce qu’elle devait faire. Elle ne pouvait pas imaginer Willow abandonner Vieille-Dawn, elle allait trouver une solution pour lui faire regagner son époque elle aussi. Il ne pouvait en être autrement. Alors dans ces conditions fallait-il seulement que cette rencontre ait lieu ?

Si Vieille-Dawn retournait chez elle, ses proches lui diraient eux-mêmes combien elle leur avait manqué. L’idée lui piqua les yeux. Est-ce qu’elle manquait à ses proches, elle ? Non.

Elle ouvrit le clapet de son téléphone et consulta le journal d’appels, avec l’agréable surprise de découvrir qu’Alex y figurait plusieurs fois. Elle sourit alors, rassérénée de réaliser qu’il restait au moins un ami qui avait cherché à prendre de ses nouvelles.

Elle s’allongea tout habillée sur son lit, caressant du pouce la coque de son téléphone. Elle rêvassa à Pietro le Magnifique auprès duquel elle s’était ridiculisée, à cette enfant qu’elle était censée avoir avec le type le plus débile au monde, à la petite Joy si pleine de vie, à la fille venue des étoiles à laquelle elle aurait pu s’attacher. Elle songea à Giles et Faith âgés, à Willow sans un seul cheveu blanc, à Angel, redevenu humain… Et à Spike.

Elle n’avait pas trop l’habitude de réfléchir de cette façon, mais l’idée qu’elle s’était amourachée de Pietro pour éviter de repenser à Spike faisait son chemin. A l’unique moment où elle l’avait senti se lover contre son dos, quand sa main un peu calleuse avait serpenté autour de sa taille et qu’il embrassait le haut de son épaule, en murmurant des choses d’amoureux. Oh… bien sûr que ça lui avait collé une frousse de tous les diables, parce qu’elle ne s’y attendait pas, qu’elle ne savait pas où elle était, et puis surtout parce que c’était Spike, quoi. Spike qui appartenait corps et âme à Buffy.

Ne pas penser à Spike.

Ne pas penser à Spike…

Ne pas penser à Spi…

Oh bon sang ! Mais c’était ça qu’il fallait faire ! Prévenir Buffy qu’il était en vie quelque part !* D’après ce qu’elle avait compris de ce futur, ils n’avaient pas voulu se donner une chance, se contentant de rares contacts professionnels. Dans le bus qui les avait conduits à Los Angeles loin des décombres de la ville et de leur vie, Buffy avait pourtant eu l’air presque malade.

Ensuite, elle n’avait plus jamais parlé de lui et s’était comportée comme une de ces filles qui ont un pois chiche dans la tête.

Ou peut-être bien comme une fille complètement perdue maintenant que son fardeau avait glissé de ses épaules, et qui réalisait que Spike n’était pas là pour l’aider à surmonter le retour à la vie normale.

Sunnydale était derrière eux, c’était le passé et on n’y pouvait rien changer. Mais il y avait droit devant un futur qui avait désespérément besoin de l’être. Alors qu’elle en ait envie ou pas, sa sœur devrait écouter ce qu’elle avait à dire. Et comme elle ne décrocherait sans doute pas, elle devrait trouver un subterfuge. Elle sourit et regarda un instant le téléphone dans sa main.


Dawn

Surprise, surprise. Désolé de te décevoir encore, Amour, mais je suis revenu. On pourrait se voir un de ces quatre ? J’ai des trucs à te dire. De plus-mort à plus-morte…

 

.°.




Note de l'auteure

* En réalité, elle est déjà au courant ou du moins l’apprendra très bientôt. Au cours de la s.5 d’Angel, elle a envoyé Andrew à Los Angeles récupérer une des nouvelles Tueuses partie en vrille, en massacrant des gens. En passant, cette Tueuse a gravement mutilé Spike (c’était horrible). Il n’y a aucun moyen pour qu’Andrew ait pu garder cela pour lui.

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