When in Rome
Chapitre 68 Veni, vidi, vinci
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Cleveland, 7 juillet 2046 (24h plus tôt)
Derrière les carreaux, une aube rose était levée. Warren haleta après sa première goulée d'air. Une odeur de cierge éteint lui chatouilla les narines quand une brise frisquette balaya la pièce pendant quelques secondes. Il se trouvait étendu sur un lit de fortune constitué d'anciennes palettes recouvertes d'un matelas douteux, rangé au coin d'une chambre désolante.
En clignant, il essaya d'accommoder à plusieurs reprises sur le plafond et le motif olivâtre du papier-peint désuet et dès qu'il le put, il se redressa en position assise. Désorienté, il scannait les lieux d'un air hagard, avec l'impression tenace de se trouver dans le grenier désaffecté d'une maison de mamie. Malgré la fenêtre ouverte, une odeur bizarre persistait.
La sorcière était là, s'activant à ranger son matériel dans un sac en tapisserie qui devait avoir cent cinquante ans d'âge.
— Respire doucement. Comment te sens-tu ? demanda-elle d'un ton neutre en lui jetant un coup d'œil.
Bonne question. Il toucha les poils noirs de ses bras et la sensation sur sa peau glacée lui tira un sourire ravi. Puis, il tâta son visage et l'instant d'après, impitoyablement imbécile comme il l'était, il souleva le drap qui le recouvrait pour vérifier l'intégrité de ses parties génitales.
— Un peu crevé, sans mauvais jeu de mot, mais bien ! Je vois flou, mais je regrette d'avoir douté de toi. Eh, j'ai même des cheveux ! Bon, allez, je finirai de m'admirer plus tard. File-moi des fringues, je me les gèle… A moins que tu n'aies une autre idée pour me réchauffer ?
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Warren se mit à la regarder d'une façon fort déplaisante, sans la moindre subtilité.
Amy s'habillait très simplement, sans chercher à attirer l'attention sur elle. Un pull foncé à col roulé, une jupe trapèze bordeaux à mi mollet, des ballerines plates assorties. Elle était loin d'être vilaine, mais quelque chose dans la fixité de son regard et ses lèvres serrées au-dessus d'un menton volontaire un peu pointu dégageait une impression trouble. Si elle avait pu sourire naturellement, elle aurait été charmante.
Des expériences antérieures traumatisantes l'avaient conduite à masquer le plus possible ses émotions les plus fortes. Les rares fois où elle avait essayé d'abaisser sa garde et de se lier avaient toutes mal tourné. La dernière chose qu'elle voulait, c'était que Warren s'imagine qu'ils allaient coucher ensemble parce qu'il était déjà en tenue.
Elle alluma un plafonnier à petits abat-jours jaunes couverts de poussière, et alla fermer la fenêtre qu'elle avait ouverte pour changer l'air. Prenant sur elle, la jeune femme lui porta un pyjama à rayures bien plié embaumant le cèdre et l'antimite et le lui tendit avant de lui tourner le dos pour continuer à ranger gauchement ce qui lui avait servir pour le rituel. Ses bras la lançaient et ses mains tremblaient un peu.
Elle afficha un sourire de commisération pour lui répondre néanmoins :
— Tu devrais te reposer une heure ou deux. Plus, si tu peux. Moi aussi j'en ai besoin. Willow m'a sournoisement repris presque tout de ce que j'avais puisé sur la Bouche de l'Enfer pour exécuter le Lazarus. Et j'ai encore dans la bouche le goût des couleuvres gigantesques que j'ai dû avaler… ajouta-t-elle pince-sans-rire. *
— Flippant ces serpents, tu m'as impressionné. Mais tu vois, ce n'était pas la peine de faire toute une montagne de tout ça. Tu as bien trouvé le cœur frais d'un chiot et de quoi remplacer le vase des Six Russes. **
— Oui, mais aucun changement n'est anodin en magie, je pensais que tu l'avais compris à la longue. On ne sait pas quels seront les désagréments collatéraux qui vont apparaître.
Warren plissa ses yeux globuleux en signe de suspicion. Il serra un peu le drap gris contre son torse velu.
— Quels désagréments ? Tu n'en as pas reparlé !
— Si, mais tout ce qui t'importait, c'était d'être à nouveau corporel.
Il béa un instant.
— Ok, au temps pour moi, je m'en souviens. Mais il faut dire ce qui est : tu as vu le résultat ? C'est génial, je n'en reviens pas ! C'est vrai que tu as l'air vraiment claquée mais c'est pas grave, faudra juste que tu forces un peu sur le maquillage. Si tu veux, je te laisse ce plumard.
Trop aimable.
— ...moi j'ai vraiment envie d'aller faire un tour et de manger un truc. Pas longtemps, hein ? Promis.
Sans attendre sa réponse, il se leva en s'empaquetant dans le drap à la manière d'une toge. Le plafond étant un peu bas sous ces combles, il manqua de se cogner. Vite pris d'un léger vertige, il retomba assis sur le lit. Amy ne fit aucun commentaire mais son visage tendu exprimait suffisamment un « je te l'avais bien dit ».
— Je te l'accorde, tu as raison sur un point : nous devrions manger quelque chose. Je vais nous faire livrer deux pizzas.
Il opina avec ferveur.
— Et sois sans crainte, je ne quitterai pas la ville avant d'être sûre que tu vas bien.
— Hein ? sursauta-t-il les sourcils froncés. Quitter la ville ? Mais, non ! Tu ne pars pas ! On n'a pas fini !
Amy inclina la tête. Les pointes de son carré court effleurèrent son épaule. La fixité de son regard augmenta.
— Eh bien, le marché était clair : tu me fais sortir des décombres de Sunnydale, et moi je te reconstitue comme tu étais avant ta mort. Je suis désolée que ça ait pris beaucoup plus de temps que prévu mais c'est fait maintenant.
— Oui, oui, bien sûr ! Mais on ne va pas s'arrêter là. Que fais-tu de Rosenberg ? Tu veux renoncer à te venger ? Moi, dès demain je suis prêt à commencer à construire une super-cage qui sera étanche à la magie. Et si tu veux, on peut la faire ronde et cette garce devra courir tout autour comme un hamster si elle ne veut pas se faire électrocuter, hmm ? proposa-t-il avec un regard assuré. Il faut qu'on continue notre partenariat. Étroitement. On est invincibles ensemble, pas vrai, bébé ?
Amy afficha un sourire glacial, pimenté d'une légère touche de cruauté sur laquelle il se méprit.
— C'est possible, c'est possible. Mais pas dans l'état où tu te trouves actuellement. Je te dis que tu dois reprendre des forces. Tu as commencé à apprendre un peu de magie, c'est vrai. Pourtant… je ne veux pas être désobligeante mais ton niveau est encore assez faible. Et à la limite, c'est dangereux pour toi d'essayer de pratiquer alors que tu viens juste d'émerger. Des sorciers plus puissants pourraient t'écraser sans effort alors que tu n'as pas les moyens de tes ambitions. Est-ce que tu comprends ?
— Je comprendrais mieux si tu me disais clairement quels sont les « désagréments » dont tu parlais juste avant. Je suis touché que tu t'inquiètes pour moi – si, vraiment – mais je préfère savoir.
Amy se croisa les bras face à son insistance, semblant hésiter sur la conduite à tenir.
— Ok. Les textes sont évasifs. Ce qu'il y a, c'est que le sort de résurrection peut avoir embarqué une sorte d'esprit fantôme, un démon errant qui est monté à bord comme un auto-stoppeur invisible et qui va chercher à te piquer ta vie toute neuve. Et quand je dis « un », c'est dans le meilleur des cas.
— Et qu'est-ce qu'on peut faire ? Il faut que tu règles ça vite. On n'a pas de temps à perdre.
— Ce que je t'ai dit Warren : du repos et un repas léger pour commencer…
Il fit la tête et la regarda de travers.
— Tu sais, si je ne te connaissais pas bien pour avoir passé autant de temps avec toi, je dirais que tu n'es pas mécontente de me traiter comme ça. Je me serais attendu à un peu plus de reconnaissance de ta part. Moi, je suis reconnaissant. Et je sais pertinemment quand tu me caches quelque chose… Cela ne sert à rien, je finirai par le savoir de toute façon, tôt ou tard.
Les doigts pianotant fébrilement sur son avant-bras, la moue qu'elle affichait était plus que dubitative. Elle contempla pensivement le bout rond de ses chaussures.
— Bon, dit-elle de mauvaise grâce. Il y aurait un moyen de faire d'une pierre deux coups, en négociant pour te placer sous la protection d'un démon. Il assurera ta garde face à d'autres esprits. Ce n'est pas l'idéal, un démon reste un démon. Peu fiable, je veux dire. Il faudrait quelque chose de moins…
Elle se tut un instant comme pour passer en revue différentes options.
— Tiens, j'y pense… il y a une divinité étrusque dont j'ai entendu parler. Elle renforcerait aussi ta capacité à absorber la magie. Je dois me renseigner un peu plus…
— Pourquoi ? Ça m'a l'air très bien ! Mais c'est quoi « étrusque » ?
— Un ancien peuple qui vivait en Italie, avant que les Romains ne conquièrent le pays et s'y installent en maîtres… Les Étrusques avaient des traditions qui permettaient à leur chaman d'apprendre durant leur sommeil.
— Veni, vidi, vinci ! Mais pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt !
— Parce que je pensais que tu aurais deux doigts de bon sens. Il y a toujours des risques.
— Des risques, des risques… T'es rabat-joie, en fait. Ça ira comme ça ! Je viens de piocher la carte « Vous êtes libéré de prison », tu ne comprends pas ? J'ai envie d'en profiter maintenant, j'ai assez attendu ! Comment on fait ?
Amy hocha la tête avec une petite moue face à son enthousiasme.
— Comme tu veux. Je sors acheter le nécessaire, je ramène à manger et surtout tu ne bouges pas d'ici, j'ai placé un enchantement protecteur.
— Mais je croyais que tu avais tout ton bazar magique dans cette piaule miteuse ? Et protecteur contre quoi ?
Ses lèvres s'étirèrent un peu.
— Contre les occupants des lieux. Je n'ai pas pu les faire partir, mais ils n'oseront pas te déranger, dit-elle évasivement en prenant son sac. Et ce dont j'ai besoin n'est pas magique du tout mais ça te permettra de rester connecté en permanence avec l'Étrusque. Tu pourras l'invoquer facilement et apprendras d'autant plus vite.
— Cool !
— Ouais, très cool, renchérit-elle. A plus, je fais très vite.
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Sur le pas de la porte fermée, les pupilles d'Amy se mirent à briller de satisfaction. Elle se sentit instantanément mieux, enfin débarrassée de la présence permanente, irrespectueuse et étouffante de celui qui l'avait parasitée pendant des années. Elle aussi avait tiré la carte « libérée de prison ». Elle ne pouvait que se réjouir du tour que prenaient les choses. Car il y avait, en effet, un moyen de faire d'une pierre deux coups.
Enchantée et légère, elle dévala les marches de l'escalier droit, faisant fi de l'encaustique frais qui aurait pu rendre son atterrissage assez brutal. Ce n'était pourtant pas le moment de se tordre le cou. Elle fit une grimace aux fantômes qui la regardèrent passer avec des yeux furieux.
Aucun doute n'était permis : tout démon auquel on servait des demi-vérités allait fatalement revenir pour réclamer des comptes. Que celui qu'elle avait contacté réussisse ou bien échoue ne changeait pas grand-chose pour elle, mais elle pariait sur son échec. Pas content du tout, il rejetterait la faute sur elle, comme ils le faisaient tous, et toujours. Et pourtant, elle avait bien hâte qu'il remontre sa sale tête d'ici peu. En feignant la contrition, elle ferait amende honorable en proposant réparation. Une offrande compensatoire qu'à dix contre un, il allait considérer et accepter.
Marchant d'un pas guilleret dans la rue, un véritable sourire aux lèvres pour la première fois depuis des années, Amy Madison se mit en quête d'une boutique lui permettant de trouver ce dont elle avait besoin. Trois fois rien : elle était adepte des solutions économes.
Tout ce qu'il lui fallait, c'était des aiguilles pour dessiner sur Warren à l'encre indélébile une fidèle reproduction de la marque d'Eyghon.
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Rome, 8 juillet 2046
Dark Willow ressortit de la cellule des geôles de l'École, avec un Giles tout blême sur les talons. Prudemment, Pietro s'était effacé pour la laisser passer. Le choc de voir la sorcière qu'il avait toujours considérée comme une amie des Observateurs, une personne de confiance et une bonne mère, soudain devenue une sorcière noire véritablement effrayante lui laissait un profond malaise.
Cette dernière sembla s'en apercevoir et, un sourire en coin tirant sa joue veinée d'indigo, elle s'avança vers lui d'une démarche à la fois tranquille et sinueuse. Malgré lui, il recula d'un pas, peu sûr de ce qu'elle lui voulait.
— Alors M. Galardi, j'étais bien ?
Guère au fait de ce qu'il pouvait répondre en la circonstance, le jeune Observateur chercha appui auprès de son collègue plus âgé qui referma d'une main son livre d'incantations d'un claquement sec. L'on ne sut jamais ce qu'il s'apprêtait à dire car, sur son visage venait de se peindre une soudaine stupéfaction, suivie d'un froncement de sourcil.
— Bon, répéta la sorcière aux cheveux noirs apparemment déçue. Alors Maman ? J'étais bien ?
Pietro se détourna pour voir qui elle pouvait bien appeler ainsi car Sheila Rosenberg n'était plus de ce monde depuis longtemps, et il se retrouva face à face avec une seconde Willow, souriante, parfaitement rousse, qui tendait les mains vers la première pour venir la serrer contre elle.
— Parfaite, ma chérie ! Tout le monde a eu très peur. Viens-là que je te retire ce trompe-l'œil maintenant... Et ta lance était sublime ! s'empressa-t-elle d'ajouter à l'attention de Tara qui sourit de fierté.
D'un petit mouvement rotatif de la main, Willow fit tomber le charme qui entourait sa fille aînée. Puis elle fit disparaître également la lance d'énergie qui continuait à crépiter dans sa paume. Sublime arme, certes, mais toujours extrêmement dangereuse en cas de faux mouvement.
— J'espère qu'ils y ont cru ! soupira Alexa.
— Oh, c'était plus vrai que nature, grommela Giles. J'en ai eu des sueurs froides.
Pietro les interrompit soudain, éclatant d'un ton bien plus véhément qu'à son ordinaire.
— Mais… qui est ce démon ? Qu'est-ce qui s'est passé exactement ! Pourquoi personne ne m'a pas prévenu de tout ça ! s'énerva-t-il d'un mouvement théâtral de la main, exécuté dans le plus pur style de ses compatriotes.
— Bienvenue dans mon monde ! laissa échapper le vieil Observateur avec un sourire sarcastique.
— Ne soyez pas de mauvaise foi, Giles. Nous en avons parlé pendant le vol, rappela Willow d'un ton apaisant. Pietro, voici les nouvelles : nous ne sommes pas revenus de Rio les mains vides. Ce n'est pas un mais deux persécuteurs qui jouent avec nos nerfs : le défunt Warren Mears et Amy Madison. Tu trouveras tous les détails dans leur dossier sur l'ethersphère. Pour résumer, ce sont de vieilles connaissances californiennes et je m'en suis fait des ennemis. Warren était un ingénieur brillant mais le pouvoir et l'emprise qu'il avait sur d'autres l'ont corrompu. Je tiens de source sûre qu'il a abusé de son ancienne petite-amie avant de la tuer. Le jour où il était venu pour abattre Buffy, il a tiré sur la mienne. Un charmant garçon. Amy est une sorcière jalouse et inventive qui a presque réussi à me pousser au suicide, en se servant justement de ma culpabilité pour ce que j'ai fait à Warren quand je me suis vengée de lui. Enfin bref : un nouveau « Duo Maléfique » quoique leur association me paraisse pourtant super bizarre. Suspecte presque. Je la connais, Amy, et les types comme lui, elle ne les supporte pas. On en a transformé quelques-uns en gogo dancers dans le temps mais… euh… ce n'est pas le sujet.
— Mais je ne comprends pas, insista Pietro. Qu'ils veuillent se venger de toi, bon, admettons. Mais attaquer ici et sur plusieurs Bouches de l'Enfer ? Est-ce qu'ils ignorent nos effectifs ? Ils vont se faire écraser. Ils sont deux et on a des centaines de filles, de psychiques et de sorcières…
— C'est peut-être ça qu'ils cherchent à faire, réfléchit tout haut Alexa. Rééquilibrer les forces en présence. On pense qu'ils vont sur les Bouches de l'Enfer pour chercher à éliminer des Tueuses, mais c'est peut-être d'abord pour recruter des démons ! Augmenter leur nombre et attaquer sur plusieurs fronts pour nous diviser, c'est une tactique sensée et qui marche, on ne peut pas dire le contraire ! Ce n'est pas la seule possible. Ils peuvent aussi vouloir neutraliser un certain nombre d'entre nous, à défaut d'être capables de les éliminer…
Elle fit une pause avant de continuer, un peu mal à l'aise.
— Maman, en s'en prenant à toi et à Tara, ils savent ce qu'ils font. Si tu pétais les plombs et te retournais contre le CDO, l'organisation perdrait un sérieux atout. Ce serait horrible mais Maman Ken, Tara et moi, on devrait se battre contre toi…
La Tueuse magicienne glissa un regard acéré vers Pietro avant de poursuivre avec un sourire moqueur :
— …ce qui ne laisserait que Maya comme meilleur élément à la tête des novices…
— Leur plan comporte des zones d'ombre, intervint Giles pour couper court à ces enfantillages. Par exemple, si le but est de faire en sorte que Willow ne puisse pas nous aider, comment Warren a-t-il pu se laisser convaincre de prendre le risque qu'elle redevienne maléfique ? Étant donné votre passif à tous les deux, il devrait certainement s'attendre à revivre le même cauchemar s'il recommençait à viser tes proches.
— Je suis d'accord, ce n'est pas clair. Alors en attendant, avec Kennedy et les filles, on s'est dit que le plus plausible était que ça vienne d'Amy. Et que si elle voulait me voir rebasculer du côté obscur et ressusciter une Dark Willow pour une quelconque raison, on allait lui en montrer une ! Mais… en toute sécurité. Que comptait-elle faire avec toute cette énergie ? Mystère ! Quand je suis allée à sa rencontre, j'ai senti quelque chose dans sa vibration… J'aurais dit qu'elle était prête à tout. Or elle nous connait. Alexa est dans le vrai. Giles, elle sait que vous êtes le seul à avoir pu me tenir brièvement tête quand… ça a été nécessaire.
— Un instant, tu sous-entends qu'elle aurait pu pactiser avec Eyghon et nous l'envoyer dans les pattes ?
— Oui ! Ou en tous cas, c'est ce que je ferais pour vous coincer vous… Enfin je veux dire… sur un plan purement hypothétique et théorique, bien sûr… ajouta précipitamment la sorcière repentie. Eyghon est votre point faible, Giles. S'il avait pu sortir et posséder Dawn vous auriez été hors-jeu vous aussi, et peut-être même re-mort !
— Que va-t-il se passer maintenant avec cet Eyghon ? questionna Pietro d'un ton abrupt et impatienté. Va-t-il revenir ?
Personne n'avait vu son humeur changer depuis qu'il avait entraperçu son mari. Une part de lui en voulait toujours à l'homme qu'il aimait, pour l'avoir maintenu à l'écart, pour avoir décidé à sa place comme s'il n'était pas adulte et capable de faire ses choix. Qui savait si Andrew ne serait pas toujours en vie, si lui-même avait été en mesure d'apporter son concours ? Comprendre de surcroit que ce dernier se trouvait, malgré tout, en Enfer le remplissait d'une amertume encore plus grande.
— Non, il n'a pas été libéré, le rassura Willow. Amy n'a sûrement pas été assez bête pour se laisser apposer sa marque. Il va la menacer mais elle le laissera dire et en tirera les infos qu'elle voulait avoir. Je suis étonnée qu'elle soit déjà remise du drainage d'énergie qu'elle vient de subir.
— Elle a dû conclure une sorte d'accord préalable, déduisit Giles. Mais rien ne dit qu'on est débarrassé d'Eyghon pour autant. Même affaibli par l'intervention inespérée d'Anya, qui fut aussi surprenante que réconfortante, on ignore comme elle a pu deviner que…
— Oh ! Anya était là ? Je suis désolée d'avoir manqué ça ! Elle avait l'air d'aller ? Comment était-elle ?
— Eh bien, je dois dire, assez fidèle à…
Un claquement se fit soudain entendre avec un cri perçant, faisant sursauter tout le monde.
— HÉ ! MAIS ARRÊTEZ DE PARLER DE ÇA MAINTENANT ! On s'en fiche ! cria soudain Thisbé d'une voix haut perchée et tremblante.
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Notes de l'auteure
* Dans le rituel mis en œuvre par Willow lorsqu'elle a ramené Buffy à la vie, elle a vomi un serpent.
** Pour mémo : le vase d'Osiris. Dans la VO, Willow le prononce « Ossirus ». Osiris était le dieu des morts et juge des Enfers égyptien, son implication rituélique fait un sens pour conférer à tout cela un aspect magico-mystique.