When in Rome

Chapitre 15 : Fantasmes sadiques

2508 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/10/2020 17:51

Malgré le titre, il n'y a rien de lourdement descriptif.

Toutefois si vous êtes sensible à des références directes impliquant des tortures et humiliations de jolies dames à des fins d'excitation sexuelle (whaaaat ????), ne lisez que les deux tiers et passez au chapitre suivant.

Sachez seulement que Spike a vu des scènes qui l'ont vraiment très énervé et réveillé sa vigoureuse dentition sous le coup d'émotions violentes. A la dernière ligne, Anya lui dit qu'elle ne sait pas qui est Dawn.

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Chapitre 15 Fantasmes sadiques

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Spike avait été tiré sans ménagement d'un sommeil en dents de scie très peu reposant. Deux infirmiers inconnus l'avaient de nouveau entravé soigneusement, avant de le pousser titubant hors de sa cellule. Le vampire avait serré les mâchoires et commencé à les regarder par en-dessous. Sans un seul mot d'explication, ils l'avaient conduit jusqu'à une grise pièce vide, éclairée par une grosse lampe azimutale solitaire. Là, une chaise bardée d'électrodes attendait simplement qu'on le force à s'y asseoir. En voyant cela, il se dit que ça pouvait être soit son dernier jour, soit le premier d'une longue série de tortures. Le souvenir de l'Initiative était ancien, mais il ne pourrait jamais être oublié.

Une voix inconnue lui indiqua qu'il allait subir une nouvelle évaluation car il était soupçonné de ne plus prendre son traitement. Spike ne pouvait rien leur rétorquer parce que c'était la stricte vérité. Depuis que celui qui ressemblait à un vieil Alex redevenu binoculaire* l'avait menacé de doubler ou de tripler les doses pour qu'il y reste, le « patient » avait décidé qu'il ne pouvait pas s'y risquer. Sans le traitement, il avait déjà l'esprit plus clair, mais Harris avait dû le dénoncer en plus haut lieu.

Comme s'il avait pu l'oublier, on lui rappela qu'il était là pour avoir agressé sexuellement une jeune femme. Il avait compris depuis longtemps que dans ce monde bizarre, c'était la transposition de la fois où il avait voulu forcer Buffy à revenir sur sa décision de rompre. Ce moment faisait toujours partie de ses pires cauchemars.

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Agression sexuelle. Deux mots si cliniques pour désigner la résultante d'une cascade d'erreurs inexorables.

Depuis qu'elle avait rompu, il avait la poitrine broyée dans un étau. En vain, il avait cherché un exutoire à sa souffrance béante, à la privation brutale de l'extase qu'elle lui apportait... Sa tête aurait pu exploser au souvenir de la pauvre chérie, exultant entre ses bras, avide d'être prise n'importe où, n'importe quand, n'importe comment…

Et pourquoi ? Parce qu'après une énième magouille catastrophique où il s'était trouvé étroitement mêlé, Buffy avait ouvert les yeux sur ce qu'elle était en train de faire, et surtout avec qui. Une fois le pot aux roses découvert, elle n'avait pas fait de scène mais il savait combien elle était déçue. Elle avait pris le temps de réfléchir toute une journée, au bout de laquelle elle avait rompu poliment, dans la dignité. Sa mine disait assez qu'elle avait décidé de porter tout le blâme puisqu'il n'était rien d'autre qu'un vampire, dont le discernement n'allait pas au-delà de ses satisfactions immédiates. Incapable de savoir quand il allait trop loin.

Et comme elle avait raison !

Il était allé trop loin en révélant leur liaison secrète, en la forçant à endurer les regards horrifiés de ses proches. Trop loin quand, il avait voulu s'excuser, persuadé qu'il pourrait raccommoder les choses entre eux sur l'oreiller. Trop loin quand il n'avait pas voulu entendre qu'elle s'y refusait.

Buffy était la femme la plus forte qu'il ait jamais connue. Quand il l'avait maintenue par terre dans son petit peignoir sous lequel elle était nue, jamais elle n'avait paru si vulnérable. Dans ses yeux, il avait vu défiler la répulsion et le désespoir… Jusqu'à ce qu'elle le balance contre un mur en éclatant le carrelage.

C'était de ça dont parlaient les « évaluateurs » en blouse blanche. La fois, où comme un forcené, il avait voulu plus que tout qu'elle le reprenne, lui appartenir encore, la faire jouir comme aucun petit homme n'était capable de le faire, et s'endormir exténué sur son sein fébrile, bercé par le battement puissant de son cœur de lionne.

Rendu fou par cet irrécusable bannissement, il était allé souffrir mille morts en Afrique pour chercher la puissance nécessaire de parvenir au but dont il n'aurait jamais dû s'écarter à l'origine : la tuer.

Dans ce monde-ci, il avait cherché à ce que jamais une telle chose ne puisse se reproduire. Ce qui d'un certain point de vue, n'était pas si différent.

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Alors qu'il était perdu dans ses souvenirs, la voix sortant d'un haut-parleur le surprit quand elle se mit à lui expliquer le protocole.

— Nous allons vous montrer une série de photos et voir comment vous y réagissez. Si vous prenez bien votre traitement, vous ne devriez montrer aucune réaction spéciale.

— Quelles photos ? Encore vos foutus tests avec les taches d'encre ?

— Regardez l'écran qu'on a descendu devant vous.

Spike leva un sourcil lorsqu'il vit défiler des images où des femmes en bikini posaient dans des postures de plus en plus suggestives, tandis que les bikinis se faisaient de plus en plus petits. Toutes les trois minutes, la photo changeait ce qui lui laissait amplement le temps de détailler leur plastique. Par contre, il remarqua qu'elles étaient cadrées de façon à ce qu'on ne voie jamais leur visage. Un profil presque entièrement tourné, un menton et une lèvre inférieure. Jamais les yeux.

— Et c'est tout ? demanda-t-il. Je pense que vous allez être contents, ça m'ennuie au dernier degré.

— Vous n'êtes pas excité ?

— Non. Votre chaise me fait mal aux fesses, si vous voulez tout savoir. C'est à un point que j'ai du mal à me concentrer sur autre chose.

— Bien, nous avons d'autres images. Si elles n'ont pas plus d'effet sur vous, ce sera bientôt fini.

Spike hocha la tête. Il avait hâte que cette mascarade se termine.

Cette fois, mieux valait ne pas chercher des maillots de bains. De beaux corps nus très exposés, tous de complexions différentes et de formes différentes, défilèrent pendant quelques minutes dans des postures ouvertement sexuelles et impudiques. Il esquissa un léger sourire. S'ils avaient su qu'il avait vu bien plus sulfureux en cent ans de vie commune avec Drusilla... C'était pourtant difficile de les ignorer. Il avait l'impression que cela faisait des semaines qu'il n'avait guère d'alternatives à l'abstinence. Et il aurait bien aimé les voir, eux, dans cette situation. Pas un homme normalement constitué ne pouvait rester de marbre face à…

— A quoi pensez-vous, là maintenant ? s'enquit la voix masculine.

— Et bien quand je vois ça, je me demande pourquoi c'est moi qu'on traite de pervers !... Comment vous êtes-vous débrouillés pour obliger de pauvres filles à poser comme ça ?

— La question vous préoccupe-t-elle vraiment ?

— J'aimerais bien comprendre ce que vous essayez vraiment de prouver… Vous voulez savoir si je les trouve excitantes ? Oui. Certaines plus que d'autres. Mais vous n'avez pas besoin de cette batterie de capteurs, vous n'avez qu'à me le demander…

— Lesquelles ? Les blondes ?

— Oh vous savez, moi je suis pas difficile. La couleur des cheveux ou de la peau d'ailleurs ne sont pas vraiment des critères…

— Qu'est-ce qui serait un critère ?

Coincé dans cette foutue chaise inconfortable, il arbora sa seule arme disponible en la circonstance : le sarcasme.

— Des affinités intellectuelles, une vision commune du monde, des loisirs partagés… ce genre de trucs bateau.

— Vous ne répondez pas sérieusement.

— Évidemment. Vos questions sont crétines. Et ce sera comme ça tant que vous ne répondrez pas aux miennes.

Un silence se répandit dans l'épaisseur déjà bien compacte de la pièce. Il préféra reporter ailleurs son attention. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que ces mecs n'étaient pas des champions de la déco... Venant d'un type qui avait vécu dans une crypte, ça en disait long. Le micro crachota.

— Soit, puisque vous voulez savoir, ces jeunes femmes travaillent dans l'industrie pornographique, elles sont habituées à un certain degré… d'exhibition.

Spike leva brièvement les yeux au ciel, sans faire d'autre commentaire mais il n'en pensait pas moins. Quel que soit le monde où il se trouvait, il n'était pas bien meilleur à ce qu'il en voyait. Il songea un instant à la généreuse Laïta, exploitée quasiment de la même manière… Il ferma les paupières pendant une minute, soucieux de masquer un peu l'éclat meurtrier qui aurait pu s'y refléter en imaginant la transaction. « Mademoiselle, soyez assez aimable de retirer tous vos vêtements et de faire la démonstration de votre souplesse devant l'objectif. Vous passerez ensuite à la compta pour toucher votre cachet. Nous vous remercions pour cette séance photo qui servira à tester un violeur psychopathe. Non non, ne craignez rien, il ne peut pas s'échapper… ».

— Ouvrez les yeux. C'est dans votre intérêt de rester coopératif.

— Je m'ennuie. Cela fait des plombes que je suis dans ce pseudo institut. Vous me refusez la moindre sortie. Des jours qu'on me questionne sur ce que je ressens ou je ne ressens pas. Des jours. Et ça avance à quoi ? Rien. Vos petits jeux ne m'intéressent pas.

— Très bien, nous allons passer à la dernière série. Votre dossier mentionne clairement que vous avez des tendances sado-masochistes. Peut-être que ce genre d'image vous fera davantage réagir ?

Spike serra les dents histoire de contrôler son envie croissante de leur démonter la tête. Cette fois d'autres femmes, plus ou moins vêtues d'une lingerie somptueusement inutile, étaient enchaînées ou bien saucissonnées comme des rôtis avec des cordes qui oppressaient leur chair. Elles étaient maintenues dans des postures qu'il imaginait assez douloureuses à tenir.

Honnêtement, il devait convenir que certaines le faisaient évidemment « réagir », mais ce n'était pas le plus perturbant. Ce qui l'était davantage, c'était qu'il avait l'impression que ces corps tordus et contorsionnés lui étaient… familiers. Le bas du visage et la bouche étaient dorénavant apparents.

Cette brune svelte à la peau si pâle et à la longue chevelure, cambrée sur le dos, les poignets et les chevilles portant des fers qui l'écartelaient en exposant l'origine du monde, ne ressemblait-elle pas à Dru ? Cette autre, blonde, agenouillée, enserrée par des cordes épaisses, les bras passés sur une barre pour faire saillir ses seins, les poignets entravés au-dessus de ses fesses rondes, n'avait-elle pas la même silhouette appétissante qu'Harmony ?

Cette série de photos lui laissaient l'impression que quelque chose ne tournait pas rond du tout. Il cherchait encore exactement quoi jusqu'à ce qu'il réalise que le prochain tableau était animé et qu'il y voyait Anya, gémissant, les yeux bandés, luttant vainement pour se libérer… Cette fois, c'était définitif. Leur point commun à toutes, outre qu'elles avaient été ses maîtresses, c'était qu'elles étaient mortes… Il en eut confirmation quand il reconnut sans aucun doute possible la silhouette de Buffy, la tête sur un billot, les mains immobilisées, le dos lacéré par des coups de fouets, prête à être sodomisée par une ombre indistincte qui agrippait ses hanches. La hache emblématique des Tueuses suspendue au-dessus de son cou menaçait comme une épée de Damoclès la moindre tentative d'évasion…

Ulcéré, Spike se mit à grincer des dents et tirer sur sa camisole. Il s'en fichait de se déboîter une épaule, mais il fallait que cela cesse. L'érotisme s'était fait la malle. Il ne pouvait pas supporter de voir des femmes qu'il avait aimées être soumises et humiliées dans des scénarios de cet ordre. Bon, certes, quand il n'avait ni puce électronique dans le cerveau – ni âme ensuite pour prendre le relais – il devinait que ça ne l'aurait pas dérangé outre mesure et qu'il aurait sans doute beaucoup aimé cela. Mais les choses avaient changé depuis un bon bail.

— Spike, regardez cette dernière vidéo…

Il n'eut pas le temps de réaliser qu'on ne l'avait pas appelé William… Sa bouche ouverte ne réussit qu'à émettre une faible supplique implorant la pitié… Parce qu'il venait de reconnaître le corps de miel voluptueux de Dawn, à plat ventre sur un sarcophage étroit, ligotée poignets et chevilles, bâillonnée, arquée artificiellement par ses jambes attachées et pliées. Un inconnu dans le noir, armé d'un chat à neuf queues dont les lanières dégouttaient de sang, levait le bras pour cingler ses fesses. Elle cria de douleur et de terreur. Même si ses longs cheveux défaits cachaient en partie son visage, il reconnut ses yeux bleus noyés de grosses larmes qui se fermaient à chaque nouveau coup avec une longue plainte désespérée.

Son cri rauque se mua en rugissement de plaisir lorsqu'il sentit son visage se plisser et ses crocs descendre.

— Vous vouliez une réaction ? Tenez !

Le tissu clair qui l'immobilisait se déchira dans un grand craquement sinistre, et d'une nouvelle poussée, il se libéra des attaches de cuir sur les accoudoirs. L'usage de ses mains retrouvé, il défit celles de ses chevilles, arracha tous les fils électriques et se lança vers le miroir sans tain qu'il brisa en se jetant au travers.

Aucun de tous ceux qui se trouvaient derrière n'eut le temps de s'enfuir. Bloquant leur fuite, Spike leur déchira la gorge dans un hurlement de triomphe, avant de défoncer l'unique porte à coups de pieds. Le nez en l'air dans le couloir déserté, il humait les phéromones de peur pour retrouver les femmes à qui on avait fait subir ces tortures gratuitement. Dégageant toutes les barrières s'opposant à lui en jouant des pieds et poings, il ne trouva qu'Anya qui pleura de soulagement lorsqu'il lui retira son bandeau. Elle s'accrocha à lui comme une noyée.

— Oh merci Spike, merci ! J'ai enduré ça pendant des heures…

— J'en suis désolé Anya, vraiment. Tout va bien maintenant, j'ai saigné ces bâtards, tout va bien. Je vais te sortir de là… mais d'abord, dis-moi si tu sais où est Dawn.

Le charmant visage délicat de l'ex-démon vengeur qui, comme lui, avait sacrifié sa vie dans l'effondrement de Sunnydale, écarquilla les yeux avec le plus grand étonnement.

— Qui ça ?

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Notes

* Pour mémoire, Alex Harris a perdu un œil à la fin de la dernière saison, sous les pouces de Caleb, un prêtre complètement asservi par la Force (the First).

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