Snakes Of Despair
Chapitre 12,
Son sommeil était profond. Il était paisible, le visage apaisé, plongé dans un monde où ses rêves les plus fous lui appartenaient. Mais le réveil sonna avec une violence inouïe, et ses songes se dissipèrent brusquement. Les yeux explosés, un gout amer de frustration dans la gorge, il se redressa furieusement et alla frapper le petit appareil posé sur sa table de chevet. Ce dernier alla s’exploser contre le mur dans un fracassement métallique avant de s’étaler sur le sol, complètement disloqué.
Le jeune homme poussa un long soupir de désespoir, avant de fourrer sa figure dans son oreiller moelleux. C’était toujours la même chose. Toujours ! Chaque jour de match, il augmentait le volume de son réveil au maximum, histoire de se réveiller à l’heure ; et chaque jour de match, l’espérance de vie de son réveil se voyait brusquement écourtée. Il allait devoir trouver une autre méthode. Un réveil, ce n’était pas gratuit.
Quelques minutes après, Shuhei Hisagi émergea de sous ses draps et s’empara de son téléphone posé sur la table de nuit. Il en déverrouilla l’écran. Dix heures trente-trois. Deux nouveaux messages. Au moins, il était à l’heure. Puis il rejeta sa couette en ronchonnant et quitta son lit avec réticente. Il bailla un bon coup, s’étira, resta de longs instants les yeux rivés dans le vide avant de finir par déserter sa chambre pour se rendre au salon.
Une bonne odeur enivra ses narines, faisant brusquement changer son humeur et l’eau à la bouche, il se hâta de descendre les escaliers. Ah, oui ! Qui disait match disait...
« Viens à table, fiston ! » Lui lança sa mère, affairée en cuisine.
Hisagi s’arrêta sur la dernière marche des escaliers et huma l’air, comme pour savourer ce moment. Puis, il observa sa chère maman qui remuait une pâte avec une puissance extrême et se perdit dans sa contemplation. Son carré parfait de cheveux auburn foncé encadrant son visage, son petit nez légèrement relevé sur le bout et ses grands yeux sombres et pétillants. Sa mère était belle. Un peu trop belle, trop formée et d’apparence trop jeune, d’ailleurs. Combien de fois avait-il dû montrer les crocs à des gars – et même des filles – de son âge qui s’étaient montrés un peu trop intéressés ? A ce souvenir, Hisagi soupira et fronça les sourcils. Ça arrivait un peu trop souvent à son goût.
Le voyant encore près de l’escalier, la concernée se retourna :
« Oi, tu dors ou quoi ? »
Coupé dans ses pensées meurtrières, le jeune homme fut rappelé sur Terre et retrouva sa bonne humeur. Un sourire aux lèvres, il traversa le pallier et alla embrasser la joue de sa mère*.
« Ohayo, ‘kaasan*. »
Il se retourna et contourna la table, avant d’ajouter :
Je vois que tu as encore oublié de mettre un pantalon. Quand est-ce que tu m’écouteras ? Tu vas tomber malade.
Non mais écoutez-le, s’exclama-t-elle en rigolant. C’est moi la mère ici, tu sais, et pas l’inverse ! Et puis, je te signale que tu n’as ni tee-shirt, ni chaussons, toi. Tu n’es donc pas en position de me réprimander.
Il faut croire que je tiens véritablement de toi, fit-il en souriant.
Puis, il alla sortir les assiettes et les couverts, et commença à préparer la table. Jusqu’au moment où il la vit se débattre avec un pot de miel qu’elle ne parvenait pas à ouvrir. Durant de longues minutes, il l’observa mener cette guerre qu’elle n’arrivait visiblement pas à gagner, sans toutefois demander son aide. Oui, elle était têtue, aussi, et c’était un défaut qu’elle lui avait refilé. Avec un soupir, il la rejoignit et lui tendit la main.
« Je peux essayer ? »
Le sourcil haussé, elle se tourna vers lui et l’assassina du regard.
« Oh, oh. Qu’est-ce que c’est ? Monsieur veut jouer les chevaliers, maintenant ? »
Elle s’approcha de lui et pointa son doigt sur son torse nu.
« Pour qui tu te prends, gamin ? Si tu crois avoir plus de force que moi, tu te fourres le doigt dans l’œil ! »
Hisagi rigola. Oui, elle était fière, aussi, et peut-être plus que lui. Alors, sans lui demander la permission, il s’empara du bocal et l’ouvrit simplement, ce qui lui valut une rafale de regards noirs de la part de sa mère. Sous son regard médusé, il alla finir de préparer la table, un sourire figé sur les lèvres. Et il l’entendit lui jeter :
Ne te fais pas de fausses idées ! C’est moi qui ait fait le plus important du boulot. Tu es né deux cent ans trop tôt pour pouvoir m’égaler, jeune homme !
Oui, oui, okaasan, souffla-t-il sans quitter son sourire.
Puis, il alla s’asseoir et, le menton posé sur sa paume droite, il l’observa de nouveau. Hisagi aimait sa mère. Plus que tout. Elle était tout pour lui. Et il était prêt à tout pour elle. Son jeune âge pouvait la faire paraître comme étant inexpérimentée et ses tendances tête en l’air pouvaient faire penser à un manque de sérieux ou à de la négligence. Mais ce n’était pas le cas. Elle avait certes un côté léger et enfantin, mais elle avait été, et restait une mère incroyable. Sa mère était une force de la nature. Malgré toutes les difficultés, elle l’avait élevé, en lui donnant tout ce qu’elle avait. Elle avait tout surmonté pour lui, elle avait tout encaissé pour lui. Et il ne l’en remercierait jamais assez. Voilà pourquoi il la protégerait toujours, et il ne cesserait de l’aimer.
Quelques minutes plus tard, la concernée vint lui porter un gigantesque plateau duquel s’échappait d’incroyables arômes. Avec un gigantesque sourire à réchauffer le cœur, elle lui posa sous le nez la dizaine de petits plats qu’elle venait de préparer, et s’exclama :
« Mange, mon fils ! Tu dois prendre des forces pour ton match. »
Du regard, il la remercia longuement, avant de considérer le superbe petit déjeuner que sa mère lui avait concocté. Personne ne cuisinait italien comme elle le faisait. L’exquise odeur lui donnait l’eau à la bouche, il ne savait pas par où commencer. Puis, après quelques secondes de tergiversation inutiles, il plongea.
« Itadakimasu ! »
Et dans la demi-heure qui suivit, Hisagi était prêt. Il s’était douché, préparé, étiré, avant de descendre à nouveau dans le salon. Son sac sur l’épaule, il attrapa ses clés posées sur la commode à la volée, avant d’aller embrasser sa mère une dernière fois.
La prochaine fois, tu as intérêt à venir !
Bien entendu ! Je m’excuse pour aujourd’hui. Dans tous les cas, amuse-toi, et gagne ! N’oublie pas de me dédier quelques buts ! Lui lança-t-elle avant qu’il n’ouvre la porte de la maison.
Bien entendu !
Hisagi quitta sa maison avec un sourire sur le visage. Il balança son sac dans le coffre de sa voiture noire avant de s’installer au volant et d’allumer la radio. Et là, il démarra. Quelques accélérations plus tard, il se garait devant une nouvelle maison et y klaxonnait. Au son de son appel, la porte s’ouvrit sur un grand rouquin tatoué vêtu d’une veste de survêtement grise, et une petite fille affublée de deux couettes brunes, qui se mirent à marcher vers lui.
Salut, Ururu, s’exclama-t-il quand la petite brune entra dans la voiture. Tu es venue nous encourager ?
Bonjour. Oui. Je ne manquerais aucun de vos match, cette année.
Sois prête à crier de toutes tes forces, alors !
Oui, Hisagi-nii-san !
Alors, t’es prêt ? Demanda-t-il ensuite à Renji lorsque celui-ci vint s’installer sur le siège passager.
Plus que prêt ! J’attends ce moment depuis la fin de la saison précédente !
Je crois qu’on est tous aussi excités. Allez, on y va, Orihime doit nous attendre.
Vu l’heure qu’il est, elle doit sûrement être prête depuis près d’une heure. Ou peut-être deux.
En parlant d’elle... Souffla Hisagi. Comment ça s’est passé hier après l’entraînement, une fois que je suis parti de chez elle ?
Renji riva son visage sur la route et poussa un long soupir. Il croisa les bras derrière sa tête.
Elle était vraiment faible. J’ai dû la forcer pour qu’elle accepte d’avaler ne serait-ce qu’un morceau de pain. Et le pire, c’était qu’il n’y avait absolument rien à manger chez elle. Je me demande depuis quand est-ce qu’elle n’a pas mangé correctement...
Problèmes d’argent ?
Oui. Mais il n’y a pas que ça...
Un long silence suivit sa déclaration. Hisagi se cramponna au volant. Il savait qu’Orihime n’allait pas bien, il avait toujours su qu’elle était arrivée ici avec quelques petits problèmes personnels. Mais il se rendait un peu plus compte chaque jour de l’ampleur de ces « quelques petits problèmes personnels » dont il ne connaissait pas forcément la nature, et dont il commençait seulement à voir l’impact véritable qu’ils avaient sur la jeune fille.
« C’est pire qu’on ne l’imaginait, pas vrai ? »
Pour seule réponse, Renji se contenta se faire grincer ses dents et de s’enfoncer un peu plus dans son siège.
Quelques minutes après, ils étaient sur le pas de la porte de l’appartement d’Orihime. Renji monta les trois petites marches pour aller sonner, avant de revenir à sa place. De longues secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne leur ouvre. Et la Orihime qui fit son apparition de l’autre côté de la porte ne fut pas du tout celle qu’ils s’attendaient à voir. Les cheveux emmêlés, les yeux entrouverts, et vêtue d’un pyjama. Autrement dit, elle venait de se réveiller. Elle était toute mignonne dans son ensemble de pyjama vert plutôt enfantin qui contrastait violemment avec les délicieuses courbes de son corps, et ses petits chaussons à tête de lapin blanc. Mais c’était sans compter les affreux cernes qui marquaient ses yeux et surtout, la douleur qui torturait ces derniers. Elle n’avait visiblement pas passé une bonne nuit.
« Hisagi-kun ? Renji-kun ? Que faites-vous ici ? » Murmura-t-elle en bâillant.
A ces mots, la main d’Hisagi alla s’écraser sur son propre front et sa mâchoire se décrocha. Il aurait dû s’en douter. Elle les avait bien eus. Et puis, pourquoi ce « -kun », tout à coup ?
A cet instant, Ururu fit irruption de derrière son grand-frère et grimpa les trois petites marches. Elle vint se poster devant Orihime sans le moindre mot. La brunette riva ses grands yeux bleus à ceux de la rouquine. Elles s’observèrent de longs instants, avec la même mine légèrement surprise, dans un silence particulièrement troublant. Mais pourtant, elles ne semblaient ni gênées, ni dérangées. Elles s’étaient plongées dans le regard l’une de l’autre, comme si un étrange lien s’était tissé entre elle. Comme si elles s’exploraient mutuellement.
Tu es... L’amie de Renji-nii et d’Hisagi-nii ? Finit par demander Ururu.
Euh... Je... Oui. Je suis Inoue Orihime.
Orihime... –Nee-san... Répéta la petite fille.
Et toi ? Dit-elle avait un sourire.
Moi... Je suis Ururu. Ururu Abarai.
Abarai ? Je vois, tu es la petite sœur de Renji ! Enchantée, Ururu.
Orihime lui adressa un magnifique sourire, et elles restèrent encore quelques secondes fixées l’une sur l’autre, avant d’être interrompues par Renji qui soupira :
Ne me dis pas que tu as oublié, Orihime... ?
Oublier ? Répéta-t-elle.
Oui, reprit Hisagi, exaspéré. On aurait dû s’en douter... Tu te rappelles du match qu’on joue, aujourd’hui, à domicile ?
A ces mots, les yeux de la rouquine s’écarquillèrent et elle sembla se rappeler. Avant même qu’elle ne puisse prononcer une parole, Ururu souffla :
« Nous sommes en avance. Tu as au maximum trente minutes pour aller te préparer, nee-san. »
Après l’avoir vivement remerciée du regard, Orihime se rua à l’intérieur de son appartement en leur hurlant : « Entrez, je vous en prie ! Je vais me doucher ! ». Et la seconde d’après, elle s’enfermait dans la salle de bain sans perdre de seconde.
S’exécutant, les trois pénétrèrent le sombre studio et refermèrent la porte grinçante derrière eux. Hisagi n’avait pas franchement réalisé la veille en la ramenant chez elle, mais cette appartement était véritablement lugubre. Il n’y avait rien, si ce n’était le canapé, les deux vieux fauteuils et la commode de bois qui longeait le mur. Il n’y avait rien, si ce n’était l’Obscurité. Le parquet gémissait sous ses pieds, le plafond était fissuré et il n’y avait pas la moindre trace de lumière, ou de couleur. C’était sombre, froid, inhospitalier. Et pour une raison qui lui échappait, il pouvait parfaitement se la représenter, elle, agenouillée sur le bois glacé, les yeux rivés sur le mur vide, totalement seule, en proie à ces terribles pensées dont il ne connaissait pas le sujet.
Mais alors qu’il était plongé dans ses propres pensées, il vit Renji s’approcher de la commode et toucher du bout du doigt deux cadres photos.
« Je ne l’avais pas vu hier, ça... » Souffla-t-il.
Il se retourna avec de grands yeux écarquillés et chuchota à Hisagi :
« Viens. »
Le brun vint alors le rejoindre et il observa le premier cadre photo. Il s’agissait d’un portrait classique d’un jeune japonais aux yeux qui semblaient bleus et doté de cheveux bruns raides, encadrant son visage. Il était vêtu d’un costume bleu et souriait calmement à l’objectif. Qui était-ce ? Se demanda intérieurement Hisagi, avant de reporter son attention sur le second cadre.
Durant les premières secondes, il crut ne pas bien voir, et se frotta les paupières. Mais lorsqu’il eut réalisé qu’il n’était pas devenu fou, ses yeux s’écarquillèrent et il le fixa avec plus d’intensité. Il y avait cette mignonne asiatique aux cheveux noirs ébouriffés et aux yeux bleus foncés incroyablement expressifs. Elle lui était parfaitement étrangère, mais la sincérité qui émanait de son sourire lui réchauffait le cœur. Elle était belle. Elle scintillait. Et l’un de ses bras était passé derrière l’épaule d’une seconde fille qui posait à ses côtés. Cette dernière avait de longs cheveux roux qui flottaient dans le vent, se mêlant aux pétales de sakura, et reflétaient magnifiquement l’éclat du soleil. Des lumières ardentes parcouraient son visage scintillant de beauté et un sourire rayonnant de joie illuminait son visage. Et ses yeux... Ses incroyables yeux aux différentes nuances de gris... Ils brillaient d’un amour sans seconde, un amour sans pareil, dont il n’avait jamais vu de semblable. Elle respirait le bonheur. Elle était divinement resplendissante. Elle incarnait la Beauté. Elle était la Lumière même. Elle qui portait le prénom d’Orihime.
Renji comme Hisagi n’arrivaient pas à se détourner de cette simple photo. Ils n’arrivaient pas à quitter des yeux ce visage, ce sourire, et surtout, ces yeux emplis de bonheur dont ils n’avaient jamais croisé le regard. L’un comme l’autre, ils n’avaient jamais rencontré cette Orihime là, cette Orihime heureuse dont le visage était digne de celui d’une Déesse.
« Je veux la voir... » Souffla Renji.
Oui, Hisagi aussi, il voulait la voir. Cette Orihime, dont le sourire semblait capable de faire fondre le plus froid des glaciers. Cette Orihime, dont les yeux semblaient capables d’assouvir le plus libre des hommes. Il ne voulait plus la voir blessée, gênée, ou attristée. Il voulait la voir resplendissante, la voir sourire de la sorte, la voir heureuse. Exactement comme elle l’était sur cette photo. Et à cet instant précis, Hisagi s’en fit la promesse : il ferait tout, pour qu’Orihime redevienne celle qu’elle était censée être.
Mais alors qu’ils étaient absorbés par la photo, la concernée les tira de leur admiration avec une petite voix hésitante :
Euh... Ano... Renji ? Hisagi ?
Oui ?
Euh... Hm... Est-ce que vous... Vous pourriez fermer les yeux, s’il vous plaît ?
Fermer les yeux ? Répéta Hisagi avec incompréhension. Pourquoi ?
Et bien... C’est que... J’ai oublié mes vêtements, concéda-t-elle.
A ces mots, les deux hommes s’entreregardèrent, les visages décomposés par une stupéfaction sans nom.
Tu as oublié tes vêtements... ? Reprit Renji.
Oui, je... J’ai voulu aller vite, alors j’ai... Est-ce que vous pourriez me laisser aller les chercher dans ma chambre et revenir ? S’il vous plaît ?
Je peux aller te les chercher, si tu veux, proposa la petite sœur du rouquin.
Non, je... C’est vraiment mal rangé. Merci à toi, Ururu-chan.
Renji se prit le visage entre les mains. Jusqu’où cette fille pouvait-elle être tête en l’air ? N’avait-elle aucune limite ? Hisagi poussa un long soupir, avant de lâcher :
Vas-y. On se retournera, et on fermera les yeux.
Vous le promettez ?
Oi ! S’écria Renji. Fais-nous confiance, un peu ! Pour qui nous prends-tu ? Bien sûr qu’on va les fermer, nos yeux !
E-Excuse-moi, murmura-t-elle. Merci. Alors... J’y vais !
Comme dit précédemment, les deux hommes s’éloignèrent et fermèrent leurs yeux. Après avoir déverrouillé la porte, Orihime l’entrouvrit avec hésitation et passa d’abord un premier œil.
« C’est bon, la rassura Ururu. Ne t’en fais pas. Ils ne se retourneront pas. Et puis, je les surveille. »
Après lui avoir adressé un sourire, Orihime s’engagea. Elle commença à marcher avec prudence, les yeux rivés sur les deux lycéens immobiles dans son salon. Puis elle voulut aller plus vite, et essaya de courir sur le parquet. Mais elle sembla oublier que ses pieds étaient mouillés, et bien évidemment, comme elle en avait l’habitude, elle glissa. Son corps alla s’écraser à plat contre le sol dans un incroyable « BOOM », et la pièce entière vibra.
Aussitôt, paniqués, Renji et Hisagi rouvrirent leurs yeux. Et par pur réflexe, ils commencèrent à se retourner, uniquement habités par l’inquiétude. Mais à ce moment, la voix de la rouquine se fit bien plus portante, et sous la peur d’être vue de la sorte, elle émit un terrible hurlement qui fit trembler l’appartement tout entier :
« NOOOOOOOOOOON !!!!!! »
Et il fit son effet. Complètement terrifiés, Hisagi et Renji s’immobilisèrent et se figèrent comme des statues. De la sueur dégoulinant sur leur front, ils restèrent debout et raides comme des piquets, les yeux fermés avec violence, jusqu’à ce que la rouquine revienne à sa salle de bain. Et ils ne purent se relaxer que lorsqu’elle leur eut affirmé qu’ils le pouvaient.
Lorsque ce fut fait, Renji se laissa choir sur le fauteuil inconfortable et soupira :
« Cette fille me fait tourner la tête. »
La demi-heure suivante, Hisagi se garait sur le devant du lycée et ce fut une Orihime toute excitée qui pénétra l’enceinte de l’établissement. Ensemble, les quatre gens se dirigèrent vers la partie sportive du domaine et bientôt vint le temps de la séparation.
Allez, nous, on doit y aller, lança Renji. La prochaine fois qu’on se verra, le match sera terminé ! Souhaitez-nous bonne chance !
On compte sur vous pour nous encourager, renchérit Hisagi avant de s’éloigner à son tour.
Alors, après avoir lancé de derniers encouragements enflammés à ses deux camarades masculins, Orihime les regarda s’éloigner et dut se séparer d’eux. Elle fut aussitôt entraînée par la jeune Ururu et ensemble, les deux filles dévalèrent la pente menant au stade de football. Mais alors qu’elles s’approchaient du terrain, Orihime se figea brusquement et un hoquet de surprise s’échappa de ses lèvres.
Elle ne reconnaissait pas son lycée. Elle ne reconnaissait pas le terrain. Elle se sentait déboussolée et perdue. C’était comme si elle avait déboulé dans un lieu totalement différent. Tout avait été changé, que ce soit les cages abîmées, remplacées par de nouvelles, la pelouse maintenant verte, entretenue, et tondue, les nombreuses affiches annonçant le début de la saison ou encore les quatre gros blocs de tribunes de six longues rangées chacun qui avaient été disposés de part et d’autre des longueurs terrain. Mais ce qu’il était important de préciser, c’était qu’absolument chaque ligne de chaque bloc était remplie. Autrement dit, il y avait plusieurs centaines d’élèves présentes sur les abords du terrain de football qui brandissaient affiches, slogans, banderoles, et qui s’époumonaient à hurler et à souffler dans toutes sortes d’instruments différents.
Wow ! S’exclama Orihime. C’est impressionnant... Tous ces lycéens sont venus les encourager ?
Oui, répondit Ururu. C’est vrai... Tu n’as pas encore eu l’occasion de les voir jouer. Ils sont vraiment populaires.
Ils doivent vraiment être très forts. Dans mon lycée, l’année dernière, l’équipe de football avait du succès, mais pas autant.
Ils le sont. Tu sais, c’était aussi différent ici, l’année dernière. Je ne suis pas encore au lycée, mais Renji-nii m’en a souvent parlé. L’équipe de football n’avait vraiment aucun succès, et c’était tout juste s’ils n’avaient pas prévu de fermer le club. Mais de ce que m’a dit Renji-nii, leur arrivée au lycée a tout bouleversé. Toshiro-san a aussitôt voulu prendre le club en main, et il les a entraîné, Hisagi-nii et Renji-nii, avec lui. Il s’est jeté corps et âme dans son projet et s’est occupé de tout : le recrutement des joueurs, leur remise à niveau, le financement des maillots, etc. Il s’est même chargé pendant plusieurs mois de l’entraînement des joueurs lui-même. Jusqu’à ce qu’il réussisse à faire rentrer Muguruma-sensei dans l’établissement en tant que coach de l’équipe de football. Durant près d’un an, il s’est consacré à la remise à niveau du club de football. On peut même dire qu’il en est le fondateur. L’année dernière, il a fait participé l’équipe aux préfectorales. Selon les dires de Renji-nii, personne n’y croyait vraiment au début. Mais les victoires se sont enchaînées, les lycéens ont commencé à leur apporter du soutien, et au final, ils finissaient en première position, haut la main. Finalement, les efforts de Toshiro-san ont porté leurs fruits.
Oh... Souffla la rouquine. C’est juste... Incroyable. Tout ce qu’il a fait pour cette équipe. Mais ça me stresse quand même un peu. Je ne veux pas les décevoir...
Tu sais... Je ne connais pas Toshiro-san comme je connais Hisagi-nii, mais... Il est quelqu’un de très sérieux, et il est certainement la personne aimant le plus le football que je connaisse. Durant le début de l’automne se déroulent les régionales, et en fin d’année scolaire, il y a les nationales. C’est là, où tout va se jouer. Pour lui et tous les autres, c’est cette année, ou jamais. C’est tout ou rien. Je ne dis pas ça pour te mettre la pression... Je dis simplement que s’il a misé sur toi, dans de telles circonstances, c’est que tu le mérites, et qu’il a confiance en toi. Sinon, il n’aurait pas pris un si gros risque. Alors... Je pense que tu en es capable.
Avec de grands yeux, Orihime se tourna vers Ururu. Au vu du regard complice que celle-ci lui adressait, les lèvres de la rouquine s’étirèrent en un véritable sourire, et elle hocha la tête.
« Oui ! »
Et sur ce, elles se dirigèrent vers les tribunes, à la recherche d’une place. Evidemment, elles n’eurent pas besoin d’attendre longtemps, car à peine eurent-elles fait un pas que trois blondes aux voix extrêmement portantes firent irruption des tribunes et leur firent signe de les rejoindre. Alors, quelques instants plus tard, les deux filles prenaient place auprès de Tia, Hiyori et Rangiku.
On vous attendait, s’exclama cette dernière. Ururu-chan, à côté de moi ! ça faisait longtemps !
Oui ! Bonjour, Rangiku-nee.
Vous êtes venus avec Renji ? Demanda Tia.
Oui, et Hisagi également. Ils sont partis rejoindre le reste de l’équipe.
Je suis pressée ! S’écria Hiyori avec un large sourire. Ils ont intérêt de gagner ! Au fait, Orihime, tiens, des sandwichs. Je... Je ne les ai pas faits pour toi, hein ! J’en avais juste en trop...
Des sandwichs ? S’étonna cette dernière. Merci, mais... Pourqu-
Allez, tiens-toi prête, la coupa-t-elle. La saison va bientôt commencer !
Un quart d’heures après, les joueurs faisaient leur entrée sur scène dans un tonnerre d’applaudissements et de hurlements assourdissants. Emportée par une excitation qu’elle ne se connaissait pas, Orihime bondit sur ses jambes et cria :
Allez-y !
Good luck, les gars ! Renchérit Tia.
Orihime retourna s’asseoir avec de grands yeux brillants et joignit ses mains entre elles. Elle observa attentivement chacun des joueurs de l’équipe, auquel était associé un numéro : le 10 pour Toshiro, le 6 pour Hisagi, le 2 pour Renji, le 26, le 23, le 14, le 9 pour Grimmjow, le 7 pour son ami brun, le goal, dont elle avait oublié le nom, etc... Et après quelques premières foulées, le coup d’envoi fut donné. La balle alla à l’équipe adverse mais à la surprise générale, elle n’y resta pas plus d’une seconde, car, exécutant un magnifique geste technique qu’elle ne comprit absolument pas, Toshiro fondit sur la balle et se l’accapara.
« Il commence déjà ! S’écria un lycéen assis juste derrière Orihime. Le numéro 10 ! Hitsugaya Toshiro ! »
Et le match put alors vraiment commencer. Orihime avait les yeux grands ouverts, et elle ne ratait pas une miette du magnifique spectacle qui se déroulait juste devant elle. Elle n’en revenait tout bonnement pas. Elle n’avait pas assez de connaissances en la matière pour pouvoir juger avec précision, mais c’était... Incroyable. Pas seulement Toshiro, mais l’équipe elle-même. Ils étaient vraiment reliés les uns aux autres, et ça se lisait à travers leur façon de jouer. Elle n’avait jamais vu quelque chose d’aussi fluide et plaisant à regarder, c’était tout bonnement magnifique.
Et heureusement – ou pas – pour elle, il y avait deux lycéens dans son dos qui semblaient s’y connaître en football, et qui lui faisaient des tas de commentaires :
Je ne m’y habituerais jamais, tu sais, commença le premier. Ils sont vraiment super bon. Et le pire, c’est qu’ils ont encore progressé depuis la saison dernière. Regardez-les ! Regarde ce jeu ! Ils font un véritable jeu d’équipe, tout en exploitant les capacités individuelles de chaque joueur. Ils arrivent à se coordonner la plupart du temps, mais surtout, le plus important : ils ne font presque pas d’erreurs. Ça, c’est crucial. Et puis, ce Capitaine...
Ne m’en parle pas. Il n’y a pas à dire : ce mec est un véritable génie. Il supporte et soutient l’équipe tout en créant des opportunités d’attaque. Il est vraiment parfait pour ce rôle.
Tu sais, l’année dernière, il me faisait penser au célèbre Messi. Je sais que c’est sûrement exagéré, mais il a le même profil du petit génie incontrôlable qu’on ne peut pas arrêter. Il a un potentiel incroyable. Et pourtant, je sens que cette année, il a légèrement modifié son style. Il se contient et observe plus. C’est comme si... Il était plus en retrait pour faire avancer, progresser le reste de l’équipe. Il est vraiment exceptionnel, comme Capitaine. Je suis sûr qu’il pourrait aller très loin dans le milieu, s’il le voulait. Je ne sais même pas encore ce qu’il fait dans ce lycée, sérieux !
Orihime eut un sourire. Toshiro était apprécié, visiblement. Elle le regarda évoluer entre les joueurs adverses avec une facilité ahurissante, ses cheveux immaculés de blanc volant dans le vent. Ils avaient raison. Il était extraordinaire.
C’est vrai qu’il est inégalable, reprit le lycéen. Mais il ne faut pas oublier qu’il n’est pas seul. L’équipe toute entière est super. Regarde cette magnifique défense du numéro 2. Il est vraiment bon, ce rouquin. Toujours là au bon moment, il est imposant et ne laisse passer aucune balle. S’il n’était pas là, le goal aurait eu beaucoup plus de travail et on se serait pris bien plus de but !
Tu rigoles ou quoi ? Rétorqua l’autre. Notre goal, Ginjo Kugo, est aussi très bon ! C’est vrai qu’il n’a pas vraiment l’occasion de briller avec un aussi bon défenseur, mais il est vraiment fort. Oh ! Il fait une passe au numéro 6 ! Quelque chose va se passer, je le sens... C’est- Oi, regarde !!! Tu as vu cette accélération ? Sérieux ? Il a remonté le terrain entier en à peine quelques secondes ! Il les a absolument tous semés ! Bordel ! Shuhei ! Quel joueur ! Comment peut-on être si rapide ? Il va marquer, c’est sûr ! Allez, VAS-Y !
Non, regarde, il fait une passe... Au... Au numéro 9 !!! Avec ça, c’est sûr, on va marquer !!! Ce joueur... Il est indescriptible. Il n’a aucune finesse, et en tant que lycéen, je ne l’aime vraiment pas. C’est un personnage grossier, brut, et il est carrément effrayant. Mais sur le terrain... Il est incroyable. C’est un monstre ! Un monstre de puissance et de vitesse ! Et sa technique est juste... Wow !) Des fois, je me demande même s’il est humain. C’est... Regarde... Il... Oi, attends une seconde !!!
Poussée par une force inconnue, Orihime se leva, les yeux rivés sur ce magnifique personnage aux cheveux bleus. Ses jambes prirent appui sur le sol et il se propulsa. La terre sembla se soulever sous ses crampons fluo et il se rua en direction des cages, que le goal venait de quitter pour venir à sa rencontre. Un sourire carnassier étira ses lèvres et l’espace d’un instant, la rouquine put apercevoir cet instinct animal qu’il avait en lui. Elle était complètement éblouie.
Il lui suffit de quelques secondes. Quelques secondes pour s’amuser avec le goal et pour au final le passer sans la moindre difficulté. Et là, il frappa. Le ballon alla s’écraser dans le filet avec une puissance surhumaine et continua sa rotation contre les fils blancs durant de longues secondes. Un silence de plomb écrasa la foule durant quelques temps, jusqu’à ce que le ballon retombe au sol. Et alors, la réaction se fit.
« BUUUUUUUT !!! »
Les lycéens bondirent sur leurs jambes et se mirent à crier dans tous les sens. Orihime ne fit pas exception. Les yeux brillants d’un bonheur nouveau, elle sauta et s’écria :
« YATA !!! »
Elle était décidée, maintenant. Elle voulait faire du foot, elle aussi. Elle voulait jouer avec tout le monde, jouer avec ses camarades. Elle allait y arriver. Surtout si Toshiro était à ses côtés. Elle sentit le regard souriant d’Hiyori posé sur elle, comme si elle avait deviné la tournure de ses pensées, et se tourna pour frapper dans la main qu’elle lui offrait.
Mais subitement, elle sentit un second regard posé sur elle, bien plus lourd, et sa voix se coupa instantanément. Elle ne chercha pas longtemps, et ne put s’empêcher de frissonner lorsqu’elle croisa les yeux glacés d’un certain bleuté rivés sur elle. Venu se faire acclamer du public, il la fixa d’un air mauvais durant de longues secondes, avant de se détourner. Orihime resta debout, glacée par cette lueur animale qu’elle avait vu dans ce regard pourtant magnifique. Qu’est-ce que c’était... ? Elle était littéralement figée sur place. Avait-elle déjà vu un regard si méprisant ? Si rabaissant ?
« Allez, viens ! Fit Tia en l’attrapant par le bras. Ne reste pas debout. »
Orihime se rassit, soudainement glacée. Elle frissonna.
« Ils sont vraiment incroyables ! Entendit-elle crier dans son dos. Ils sont notre génération miracle du football ! »
Mais la rouquine, malgré tous ses efforts, ne parvint pas à suivre ni la fin de la première mi-temps, ni la seconde mi-temps toute entière. Elle n’avait plus la tête à ça. Elle leva quelques fois les yeux, et esquissa un sourire aux quatre autres buts que marquèrent l’équipe mais son organisme, tout comme son esprit, semblait s’être bloqué au regard de Grimmjow Jaggerjack. Elle n’avait que ça en tête. Cette haine, ce dégoût qu’il avait à son égard... Ses yeux avaient parlé à sa place. Et jamais elle n’avait ressenti ça.
Puis arriva la fin du match. Après s’être serré la main, les joueurs de l’équipe allèrent fêter leur victoire, puis se rendirent aux vestiaires. Un quart d’heure après, Orihime et Ururu quittèrent Hiyori, Tia et Rangiku pour rejoindre les garçons. Après s’être saluées, elles descendirent les tribunes, traversèrent le terrain et s’engagèrent sur la grande colline pour atteindre les vestiaires. Puis elles pénétrèrent le bâtiment sans toutefois aller trop loin et se mirent à attendre.
Alors, tu as aimé ? S’enquit Ururu.
Oui, vraiment, répondit Orihime en s’adossant au mur. C’était vraiment bien.
Onee-chan... Que t’est-il arrivé ?
Hein ? Fit la rouquine en relevant la tête. Quoi ?
Un long silence s’installa, silence durant lequel Ururu observa fixement Orihime. Puis, brusquement, elle se mit à agiter les mains devant elle et bafouilla :
« E-Excuse-moi, je... Non, rien... Je me suis juste trompée. Je vais aux toilettes, je reviens. »
Et sous les yeux de la rouquine, elle disparut dans le couloir. La jeune Inoue resta seule quelques minutes, dans le silence du corridor peu éclairé. Mais sa solitude ne dura pas longtemps, car bientôt, des pas se mirent à résonner sur le sol et elle se redressa. Toutefois, alors qu’elle s’attendait à voir Ururu débarquer, elle comprit bien vite qu’elle s’était trompée, lorsqu’il apparut devant elle : Grimmjow Jaggerjack.
Le torse moulé dans un simple tee-shirt noir, qui lui allait pourtant si bien, il s’avança dans sa direction, et elle se figea. Comment allait-il réagir devant elle, aujourd’hui ? A quoi devait-elle s’attendre ? Elle se doutait qu’il n’allait pas être amical mais elle n’était pas prête à se confronter à lui, comme toujours. Ses bras étaient nus et ses mains dans ses poches, comme à son habitude. Il avait un énorme sac pendant au niveau de ses cuisses depuis son épaule. Ses cheveux étaient mouillés et tombaient magnifiquement sur son visage viril, ne laissant apercevoir ses incroyables yeux qu’à travers quelques mèches bleues de cheveux. Mais la rouquine n’eut aucun mal à les voir, tant ils étaient perçants et vifs.
Il ne s’arrêta pas, mais le regard qu’il lui lança manqua de la faire tomber au sol.
« Faible... Conne... Facile... Et hystérique, en plus. T’as vraiment été gâtée, toi. »
Il passa sur son côté droit, laissant derrière lui les puissants effluves de son irrésistible parfum, avant de rajouter :
« Pauvre fille. »
Et il partit. Orihime crut s’écrouler. Que venait-il de dire ? « Pauvre » ... « Fille » ... ? Cela sonnait à ses oreilles comme une détonation d’arme à feu, comme le coup d’un fouet dans son dos. Il avait martelé chacun de ces mots, lui assénant mentalement une dizaine de coups de couteaux dans le corps.
Une nouvelle image s’imposa dans son esprit : Ulquiorra, la gratifiant d’un regard tout aussi méprisant, et lâchant ces mêmes mots destructeurs :
« Pauvre fille. »
Ses yeux s’écarquillèrent. Elle porta ses mains à son visage. Faible. Conne. Facile. Hystérique. Etait-ce l’image qu’on avait d’elle ? Etait-ce ce qu’elle était ? Oui, ils avaient sans doute raison... Elle le savait au fond d’elle. Ils avaient raison.
« Pauvre fille. »
Ces deux mots résonnaient dans son esprit comme le son d’une cloche qui ne cessait d’être frappée, qui ne voulait pas s’arrêter. Ses oreilles s’étaient bouchées, sa vision s’était obscurcie. Elle n’entendait plus que ça. Elle ne ressassait plus que ça.
Presque aussitôt, le couloir se fit plus sombre. La Lumière disparut, et les Ténèbres firent leur apparition. Les mains, puis les jambes d’Orihime se mirent à trembler, envahies par ces mêmes serpents de désespoir ténébreux. Elle s’empoigna fermement ses genoux flageolants. Elle ne devait pas flancher pour si peu. Elle serra les dents. Non... Elle ne devait pas...
Mais alors qu’elle tentait de résister, les regards de Grimmjow et d’Ulquiorra s’assemblèrent dans son esprit, leurs voix s’entremêlèrent et ils assénèrent une dernière fois, ensemble :
« Pauvre fille. »
L’image de Tatsuki, souriante, lui revint en mémoire. Et ce fut le coup de grâce.