Snakes Of Despair
Premier chapitre,
« Et voici l'histoire de ma vie. Ou plutôt, celle de ma descente aux Enfers... »
- Alors, tu vas y aller ou quoi ?
- Je... Je ne suis pas sûre que...
- O-ri-hi-me ! On en a déjà parlé une trentaine de fois ! Tu t'étais enfin décidée !
- Mhh... Oui... Je-
- Tu ne vas pas te dégonfler, quand même ? Depuis tout ce temps ! N'abandonne pas !
- Oui, tu as raison, je sais.
La lycéenne aux longs cheveux roux prit une grande inspiration et ferma les yeux quelques instants.
- Dépêche-toi, gronda l'autre brune, sinon...
- Ok, j'y vais ! Céda la rouquine.
- Courage... Tout se passera bien, d'accord ? Je suis avec toi, quoi qu'il arrive. Et si il fait un pas de travers, j'irais lui péter la gueule, compris ?
- Ton langage, la réprimanda-t-elle, amusée.
- Allez, vas-y, souffla-t-elle avec une douceur qui contrastait sévèrement avec le ton employé lors de la précédente réplique.
La rouquine hocha la tête en guise de réponse et rigola doucement en s'écartant. Elle serra les poings et se dirigea d'un pas décidé vers les escaliers du hall du lycée. Lorsqu'elle grimpa sur la première marche, elle se retourna et échangea un regard avec la brune restée à l'entrée.
« Fight ! » Lui fit Tatsuki en levant son poing serré, un sourire éclatant sur le visage.
La détermination qui brillait dans les prunelles bleues foncées de ladite Tatsuki toucha la jeune fille et elle lui rendit son sourire. Quand elle l'encourageait comme ça, elle avait l'impression que tout devenait possible. Tout en enjambant les marches de l'escalier -qui au passage ne lui avait jamais paru si court-, la rouquine remercia silencieusement les Cieux de lui avoir envoyé l'énergique Tatsuki Arisawa. Sa meilleure amie était comme un ange gardien pour elle, elle l'accompagnait depuis maintenant des années et elle la considérait comme une véritable sœur. Quand tout allait mal, elle restait là, quoi qu'il arrive, et la tirait vers le haut.
Aujourd'hui était le dernier jour d'école pour les lycéens. Nous étions première semaine de Mars, les examens étaient passés et ce soir, c'était les vacances. Il n'y avait personne aux alentours, les cours étaient finis depuis une trentaine de minutes maintenant et même les professeurs avaient désertés le bâtiment.
La jeune lycéenne aux splendides cheveux couleur mandarine et à la gigantesque poitrine magnifiquement formée qui montait l'escalier en se triturant le cerveau se nommait Inoue Orihime. Elle était une fille brillante et incroyablement intelligente, à l'avenir tout tracé dans la médecine, de taille moyenne et dotée d'incroyables iris grises qui brillaient comme d'immenses saphirs blancs.
La vie n'avait pas été tendre avec « Orihime-chan », comme l'appelait ses quelques amis. Née de l'union d'une mère prostituée et d'un père alcoolo, la princesse - « Hime » signifiant « Princesse » en japonais – avait été arrachée à son foyer par son grand-frère qui s'était enfui pour la préserver de ses parents, à l'âge de dix-huit ans. Il l'avait élevé seul et lui avait inculqué toutes les valeurs qu'une vraie femme se devait d'avoir. Mais Sora était mort, il y a de cela quelques années, dans un tragique accident de voiture, et depuis, Orihime était seule. Le choc avait été rude, elle ne s'en était jamais remise.
Persécutée et frappée par ses camarades à cause de ses cheveux roux peu communs, la jeune enfant avait été sauvée par Tatsuki, une judoka au caractère bien trempé, qui l'avait acceptée, épaulée et aimée depuis toutes ces années. De nature attentionnée, Orihime était l'une des plus gentilles personnes à avoir jamais existé sur Terre. Généreuse et altruiste, elle était l'une de ses adorables filles à la tendresse et à la bienveillance infinies. C'était une grande bavarde, certes, un peu tête en l'air et naïve qui rêvait du prince charmant et était incapable de faire le moindre mal à une mouche. Mais, derrière son apparence de cruche finie accro aux donuts se cachait une toute autre personne, bien différente de celle qu'on voyait tous les jours.
En parlant de prince charmant...
Depuis longtemps, Orihime était amoureuse. Folle amoureuse. Éperdument amoureuse. L'heureux élu ? Ichigo Kurosaki, un lycéen aux chaleureux yeux couleur chocolat qui faisait battre son cœur depuis pas mal de temps maintenant. Grand, musclé, et aux cheveux ébouriffés aussi roux que les siens, il avait une réputation de voyou et se battait régulièrement, mais au fond, c'était un homme incroyablement gentil, consciencieux, protecteur et attentionné.
Et aujourd'hui, c'était le grand jour. La rouquine avait décidé -enfin, avait été poussée par Tatsuki- de lui faire sa déclaration. En effet, Orihime était de celles qui souffraient de l'amour. Ses sentiments l'étouffaient et le fait de garder le secret lui pesait énormément. Alors elle avait préféré tout déballer, sans se soucier des conséquences. Il avait été conclu qu'elle devait plus ou moins vider son sac, pour se sentir pour légère après mais que, si la tâche s'avouait trop dure pour elle, elle devait simplement lui faire comprendre qu'il comptait pour elle. Facile à dire, mais plus compliqué à faire, n'est-ce pas ?
Enfin, Orihime arriva au premier étage et s'adossa au mur, pensive. Faisait-elle le bon choix ? Non, elle ne devait pas se mettre à réfléchir, sinon, elle perdrait tout le courage qu'elle avait mis une semaine à amasser. Alors elle s'avança dans le corridor, d'un pas qui se voulait décidé, mais qui révélait son anxiété. Pourtant, lorsqu'elle vit la porte se profiler, elle s'arrêta. Elle ne pouvait s'empêcher de peser le pour et le contre. Ce qu'elle stressait ! Son cœur lui criait de foncer, mais son cerveau, lui, bien conscient, la suppliait de faire demi-tour. Les deux se disputaient violemment et l'hésitation la dévora peu à peu. Elle mit une bonne dizaine de minutes à atteindre le fond du couloir, laissant les questions se chevaucher dans son esprit. Comment allait-elle s'y prendre ? Et puis, si il l'a rejetait, le supporterait-elle ? Mon Dieu, mais qu'était-elle en train de faire ? Et sérieux, qu'est-ce qu'il foutait dans une salle de cours à cette heure-ci ?
La rouquine s'arrêta et fit soudain volte-face. Elle ne pouvait pas. C'était trop dur. Elle n'en était pas capable. Son cerveau avait remporté la bataille. Mais aussitôt, alors qu'elle faisait le premier pas vers la fuite, les paroles de Tatsuki lui revinrent en tête et la culpabilité et la honte l'envahirent. Non, elle devait le faire. Elle allait tenir sa parole. Ils allaient passer en terminale, et ce serait sûrement la dernière année qu'ils partageraient ensemble. Son cœur reprit le dessus. Il fallait dire que la perspective de se retrouver en face d'une judoka en furie, à la main leste, qui soit dit en passant avait passé une très mauvaise journée, était bien plus effrayante. Alors, elle s'avança jusqu'à la dernière classe, là où Ichigo était censé être.
Se remémorant le regard encourageant de sa meilleure amie, elle prit une grande inspiration et posa sa main sur la froide poignée de la porte, déjà entrouverte.
Allez, tu peux le faire !
Elle avait fait son choix, quand soudain, une voix la fit s'immobiliser. Cette voix... Ce timbre, elle le connaissait très bien. Il était singulier, aucun autre ne lui ressemblait. Elle tendit l'oreille et bientôt, sa crainte fut confirmée. Il n'y avait aucun doute. C'était celui de Rukia Kuchiki, une toute petite brune menue aux yeux couleur tanzanite et à la voix assez grave. Pour faire court, c'était une amie d'Ichigo, camarade d'Orihime qui l’appréciait beaucoup, fille adoptive d'une des plus riches familles du Japon. Sa famille était intouchable et possédait l'une des plus grandes fortunes de l'Asie toute entière. Personne n'avait d'ailleurs jamais compris ce qu'une telle fille venait faire dans ce simple lycée public de Karakura.
Mais que faisait-elle, ici, à respirer aussi fort pour qu'on puisse l'entendre de dehors ?
Du sport ? Pensa innocemment Orihime, perplexe et intriguée.
Ichigo était-il là, lui aussi ? Faisait-il du sport, avec elle ? A cette pensée, un petit tiraillement vint se faire sentir dans le petit cœur de notre naïve héroïne. Loin d'imaginer ce à quoi elle s'exposait, elle se pencha légèrement pour pouvoir voir la salle par l'ouverture, le cœur battant. Mais lorsqu'elle vit le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, elle se figea sur place. Le tiraillement de toute à l'heure se décupla et la douleur pénétra violemment tout son être, lui broyant le cœur. Un cri manqua de s'échapper de sa gorge et elle dut mettre sa main sur sa bouche pour l'en empêcher. Brusquement, elle s'écarta de la porte et recula, épouvantée. Les yeux écarquillés par l'horreur, elle se mit à trembler, secouée par de violents spasmes.
La douleur grandissait petit à petit, détruisant tout sur son passage. Elle n'avait pas rêvé. Non, elle n'était pas folle. Dans cette pièce, dans cette salle de cours, elle avait vu Rukia, accroupie sur un bureau, encadrée par deux hommes. La tête renversée en arrière, les yeux révulsés, la langue pendant de sa bouche grande ouverte, un filet de bave sur le menton. La petite brune n'était plus cette fière lycéenne qui arrivait à combiner douceur et froideur. Elle semblait comme droguée. Mais le pire restait à venir. Car l'un des deux, celui de devant, qui était en train de lui donner de violents coups de bassins en ricanant méchamment n'était autre que le prince charmant en question. Orihime eut un haut de cœur et se broya le visage de ses mains, dans un geste de panique. L'expression monstrueuse qui obscurcissait le visage d'Ichigo Kurosaki était la plus terrifiante qu'elle eut jamais le malheur de voir.
Tétanisée, ses genoux flanchèrent et elle tomba brusquement sur ses fesses. Elle ne reconnaissait pas ces visages déformés par un plaisir impur, et l'aura malsaine qui émanait du roux de son cœur l'effrayait comme rien ne l’avait déjà fait auparavant. Les larmes se mirent à rouler instantanément sur les joues de la jeune fille qui n'arrivait pas à en déterminer le pourquoi. Était-ce parce que son amie, bien consciente de ses sentiments, couchait avec celui qu'elle avait toujours aimée – ainsi qu'un deuxième inconnu ? Ou était-ce à cause de l'horreur de la scène ?
Elle n'avait jeté un œil que pendant quelques secondes, et pourtant, elle avait put en voir bien plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Ce qui la détruisait n'était pas tant la jalousie, non. Ça, elle aurait pu encaisser. C'était le fait d'avoir vu Ichigo, ainsi. Son regard était dépourvu de toute trace d'humanité, et son sourire semblait empli de pourriture, bien loin de celui dont elle était tombée amoureuse. Elle avait vu toute la malfaisance et toutes les ténèbres qui faisaient partie de lui, elle les avait senties sans l’ombre d’un doute, et c'était terrifiant.
Mais alors qu'Orihime, choquée, scandalisée, traumatisée, tentait de retenir ses cris, ses pleurs et ses vomissements, elle sentit une main froide lui caresser la nuque et s'immobilisa aussitôt, terrifiée. Lentement, elle tourna la tête et croisa de grands yeux d’un bleu frôlant le blanc, qui lui firent froid dans le dos.
« Tiens, tiens, voyons voir qui avons nous là. » Entendit-elle susurrer dans son oreille.
Son sang se glaça dans ses veines. Ses grands yeux ardoises écartés par la peur, la rouquine eut juste le temps d'apercevoir le sourire pervers de ce garçon qu'elle n'avait jamais vu avant de se faire violemment pousser. La seconde d'après, elle se trouvait en plein milieu de la salle de cours, avec quatre horribles regards braqués sur elle. Ichigo. Rukia. Le premier inconnu. Et le second, qui venait de la pousser. Son cœur se mit à battre à tout rompre et elle se statufia, paralysée.
- Regardez ce que j'ai trouvé, ricana celui qui l'avait surpris, dardant ses effroyables yeux bleus sur elle.
- Super, s'écria le second, en se retirant de Rukia, imposant une horrible vue à notre petite Orihime qui manqua de dégueuler à cet instant précis. La plus belle fille du lycée. On est gâtés, ce soir !
Inoue ne savait plus où poser ses yeux, alors elle reporta son attention sur Ichigo qui s'était arrêté, au plus grand désespoir de Rukia qui haletait et gémissait comme pour demander quelque chose. En la voyant ainsi, pour la première fois, la rouquine ne put qu'avoir pitié d'elle, pour une raison qui lui échappait.
« Qu-Qu-Qu » fut la seule chose qu'elle réussit à faire sortir de sa bouche.
Ses jambes menaçaient de la lâcher à tout moment, comme si ses muscles allaient fondre. Elle se retourna, celui qui bloquait la porte de sortie était un type grand et musclé qu'elle n'avait jamais vu dans ce lycée. Son cœur risquait de sortir de sa cage thoracique, à tel point qu'elle n'aurait pas été surprise de faire une crise cardiaque à tout moment. Peut-être aurait-ce été préférable ?
Elle regarda avec frayeur Ichigo, qui après avoir rangé son « engin », s'approcha d'elle lentement. Paniquée, elle recula vivement, déquillant sur son passage un bon nombre de chaises. Mais alors qu'elle se retrouvait bloquée contre le mur, elle remarqua avec stupeur qu'il avait repris son visage habituel, celui qui l'avait charmé, celui qu'elle lui avait toujours connu. Malgré ses sourcils froncés par l'inquiétude, ses yeux étaient doux, chaleureux, rassurants. Où était passé le monstre de toute à l'heure ? Qui était-il vraiment ?
« Ne... N'aie pas peur, murmura-t-il avec crainte en approchant doucement sa main, comme si il avait peur qu'elle ne prenne la fuite. Je ne te ferais jamais de mal, Inoue. Tu le sais bien, non ? Je suis désolé que... Que tu ais été confrontée à tout ça. Ça a du être un choc. Je ne voulais pas... Inoue...»
L'espace d'un instant, la concernée fut rassurée et la charge qui la compressait s’allégea. Elle ne comprenait rien et était toujours sous le choc. Elle avait peur et était blessée, dégoûtée. Mais le fait de savoir qu'Ichigo était toujours le même et qu'il n'allait pas se produire quelque chose d'horrible la soulageait. Elle devait sûrement avoir mal vu. Oui, c'était ça. Ichigo était toujours le même. Ichigo n'était pas devenu un monstre. Ichigo n'allait pas lui faire de mal. Pas vrai ?
Mais alors qu'elle s'apprêtait à parler, une main glaciale vint brutalement l'agripper au cou pour la plaquer contre le mur, lui coupant le souffle au passage.
« Tu croyais vraiment que j'allais dire ça ? Cracha celui qui portait le prénom d'Ichigo avec un effrayant sourire qui s'étirait jusqu'aux oreilles. Pauvre petite Princesse.»
La concernée suffoquait tant il l'étranglait avec force. Elle sentait le feu lui monter au visage, signe qu'elle prenait, ou plutôt perdait des couleurs. La douleur qui lui lançait la gorge était sans pareille, il enfonçait ses doigts, ses longs ongles dans sa peau et la perforait de toute part. Mais ce qui lui faisait le plus mal, c'était ses paroles, son comportement, la situation.
La main d'Ichigo était froide, givrée comme celle d'un cadavre. Et plus inquiétant encore : il sentait la mort. C'était dur à expliquer, mais elle le ressentait. Elle ne comprenait plus rien. Où était-elle tombée ? Tout cela ne pouvait être vrai. Elle était forcément en train de faire un horrible cauchemar, et bientôt, elle allait se réveiller.
Puis, Ichigo la jeta sur sa droite comme un vielle chaussette sale, avec une facilité ahurissante, et elle alla s'écraser violemment contre une table, se prenant le rebord dans les côtes. Elle poussa un gémissement de douleur lorsqu'elle sentit distinctement ses os se briser, gémissement qui fut vite étouffé. Puis elle retomba au sol et porta la main à son cou, essoufflée. Elle saignait abondamment, et son sang se mêlait à ses larmes, à sa salive. La douleur était bien réelle. Bien trop réelle. Que se passait-il ? Qu'était-elle en train de vivre ?
Son esprit était en ébullition et son corps était assailli de toutes parts. Il n'y avait pas de mots pour exprimer la terreur qu'elle ressentait et l'incompréhension dont elle était victime. Ce gars n'était pas Ichigo. Non, elle refusait que ce psychopathe soit l'homme qu'elle était censée aimer. Ce n'était pas possible. Ce n'était tout bonnement pas possible. Mais alors qu'elle portait une main à son cœur qui la torturait, elle entendit :
- Tu comptes te la faire, Shirosaki ?
- Non, répondit Ichigo.
- Prendre la virginité d'une beauté pareille ? Fit celui qui venait d'arriver. Je ne raterais ça pour rien au monde, perso.
Orihime se paralysa une nouvelle fois. Shirosaki ? C'était qui, ça, encore ? Et pourquoi est-ce qu'Ichigo répondait à ce nom ? Mais ce n'était pas ça, le plus important ! Elle avait bien entendu, ils avaient l'intention de...
« Oh mon Dieu. » Pensa-t-elle à haute voix en mettant sa main sur sa bouche. Ses larmes se remirent à couler de plus belle et elle se mordit la lèvre jusqu'au sang pour ne pas hurler. La peur envenimait ses veines, elle tremblait violemment et avait de plus en plus de mal à respirer. Sa virginité... A cette allusion, elle se recroquevilla sur elle-même et tenta de réprimer ses sanglots, en vain, comme si le fait de se faire petite allait la sauver de ses bourreaux.
- Sérieux, Shirosaki, tu comptes vraiment passer à côté de ça ? Fit l'un d'entre eux en la pointant du doigt.
- Regarde-là, aboya Ichigo avec un sourire mauvais combinant dégoût et moquerie qui finit d'achever Orihime. Regarde comme elle m'aime. Elle ne voit que par moi. Elle m'adore, elle m'idolâtre, elle me vénère, je suis son Dieu. Sans moi, elle n'est rien. J'aurais des tas d'autres occasions de la baiser, encore et encore, jour et nuit, consentante ou non, alors je peux attendre. J'ai tout mon temps. Pas vrai, Ori-hi-me ?
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Il prononça ses derniers mots lentement, en plongeant son regard satanique dans celui, terrassé, de la rouquine qui s'arrêta de respirer. Elle sentit clairement son cœur arrêter de battre et se briser en mille morceaux lorsqu'elle vit le roux se lécher les babines de sa longue langue rêche. Ce n'était plus Ichigo qui se tenait devant elle. Non, cet homme là était l'incarnation du Mal.
Puis, son regard fut soudainement attiré par Rukia, qui s'accrochait, complètement nue, aux pieds d'Ichigo, se frottant à lui. A quoi jouait-elle ? Pourquoi ne s'enfuyait-elle pas ? Ne réalisait-elle pas la situation et le danger ? Orihime aurait voulu lui crier de partir, mais sa voix s'était éteinte, ses lèvres restaient soudées. Ses cordes vocales avaient rendu l'âme en même temps que son cœur.
Elle vit Ichigo se détacher d'elle pour se concentrer sur Rukia. Elle lut dans son regard ce qu'il allait lui faire. Et elle avait raison. Prenant de l'élan, il lui assena un surpuissant coup de pied dans la tête, l'envoyant valser à plusieurs mètres.
Arrête.
Mais Rukia ne considéra pas le sang qui dégoulinait de son crâne et revint à la charge, cette fois-ci, en lui léchant la main et en s'accrochant à sa ceinture.
Arrête, je t'en prie.
Ledit Ichigo lui cracha un flot d'insultes et de mots qu'Orihime n'avait jamais, ô grand jamais entendu, avant de la frapper de nouveau dans l'entrejambe. La rouquine n'avait pas été frappée, mais c'était tout comme.
Et cette fois-ci, le cri fusa de sa bouche et elle hurla d'une voix pathétiquement brisée : « ARRÊTE ! »
Mais Ichigo ne la regarda même pas, se contentant de frapper Rukia encore plus fort. Et alors qu'Orihime s'apprêtait à se lever, sans réellement savoir ce qu'elle comptait faire, elle vit les deux autres garçons, dont celui qui l'avait trouvée dehors, la regardant avec une lueur sauvage dans les yeux. Son visage se décomposa et elle n'eut le temps de rien faire : ils se jetèrent sur elle comme des animaux.
Elle se mit à crier de toutes ses forces lorsqu'elle sentit de grosses mains parcourir son corps, la maintenant allongée sur le bureau du professeur. Et sa panique prit une dimension incroyable quand l'un d'entre eux posa sa main sur sa bouche, retenant ses cris dans l'enceinte de ses lèvres, tandis que l'autre lui retirait d'un geste vif sa jupe d'écolière.
En quelques secondes à peine, Orihime se retrouvait bloquée sur la table, le cœur détruit, son visage d'ange saccagé, en culotte. Elle tenta du mieux qu'elle put de garder ses jambes fermées et y mit toutes ses forces, puisant dans ses ressources, tout en se débattant inutilement. Mais ils étaient deux : le premier lui léchait le visage en lui malaxant un sein, et le second s'affairait plus bas. Beaucoup trop bas.
Le flot de larmes qui coulait de ses yeux gagnait en intensité, elle perdait la tête. Elle eut beau y concentrer toute sa force, l'homme était beaucoup plus musclé qu'elle et il lui écarta les jambes avec une telle brutalité qu'elle crut qu'il allait lui briser les os. Ses yeux gris recelaient toute la douleur et toute la terreur du monde. Elle croisa un instant le regard d'Ichigo qui souriait, une lueur perverse dans les yeux, tout en continuant de battre Rukia qui souriait comme une attardée. Mais lorsqu'elle sentit deux doigts glisser sous le tissu du dernier bas qui protégeait sa nudité, elle devint complètement folle. Non, pas ça. Pas ça. Pas ça.
Elle allait être violée. Ici, dans une classe de cours, par deux inconnus, et peut-être même par Ichigo. Elle allait perdre sa virginité et mourir souillée. Elle allait perdre sa dignité, c'en était fini d'elle. Enfin, si seulement ce n'était que ça...
Les portes de l'Enfer s'étaient ouvertes.
Et à cet instant précis, la situation se renversa brusquement. Un gros « VLAN » retentit et ils se retournèrent tous en direction de la porte d'entrée de la salle. Les yeux d'Orihime s'agrandirent davantage lorsqu'elle reconnut la furie brune qui venait de faire son apparition. La souffrance qui broya les organes de la rouquine prit une ampleur phénoménale et elle manqua de perdre conscience. Non, pas elle ! Pas elle ! Tout, mais pas elle. Tout, sauf elle...
Profitant du fait que l'un de ses violeurs ait retiré sa main, la rouquine hurla en suppliant :
« TATSUKI, PARS D'ICI !!! »
Mais sa meilleure amie n'en fit rien. Lorsqu'elle vit Ichigo, Rukia et les deux hommes sur Inoue, l'un avec la main dans son entrejambe et l'autre sur son buste, son visage se décomposa pour se métamorphoser en un masque de rage et de frayeur, tordu par la hargne. Les larmes se mirent à couler de ses beaux yeux bleus foncés et le feu qui naquit au sein de ses prunelles annonçait la plus brûlante, la plus terrible des colères.
Semblable à une bête sauvage, elle se jeta sur le premier venu et se mit à le frapper de toutes ses forces en hurlant. Saisissant la chance qu'elle avait de pouvoir se défaire de son étreinte, -son bourreau étant désormais seul- Orihime remua tout son corps avec violence sans toutefois parvenir à renverser le personnage. Celui-ci, aux yeux bleus, eut un nouveau sourire, tout aussi effrayant, qui n’ogurait rien de bon. Il lui jeta un dernier regard, semblant signifier que ce n’était pas fini, avant de tranquillement quitter la salle, nullement inquiété par Tatsuki. Celle-ci s’acharnait sur l’autre agresseur avec une rage, une rancœur une amertume du domaine de l’inhumain. Les insultes et promesses de mort sifflaient entre ses dents serrées, un filet de sang dégoulinait sur sa lèvre : son visage n'avait plus rien de sa beauté calme et sage. Elle vit toute la colère que sa meilleure amie mettait dans ses coups, faisant couler le sang de son agresseur, le dévisageant. Tatsuki avait le dessus et lorsqu'elle vit son deuxième assaillant s'en aller en courant, Orihime se mit à espérer naïvement qu'elles pourraient peut-être fuir à temps.
Et là, il ne restait plus qu'elles, Rukia et Ichigo dans la pièce.
Réunissant les dernières forces qui lui restaient, Orihime ne prit même pas le temps de remettre sa culotte en place, ni même sa jupe, et bondit de la table pour courir vers Tatsuki. Mais alors qu'elle s'apprêtait à la tirer par le bras pour sortir, elle vit la prunelle de ses yeux l'éviter et sauter sur le dernier restant, Ichigo, en poussant un cri empli d'une rage folle.
Mais cette fois-ci, rien ne se passa comme prévu. Le rouquin l'évita sans la moindre difficulté et la brune alla heurter la vitre avec une telle violence que celle-ci se fissura. Ichigo était doté d'une force surhumaine et les coups qu'il assena aussitôt à Tatsuki firent perdre la tête à Orihime. Il enchaînait coups de genoux après coups de genoux, coups de pieds après coups de pieds, coups de poing après coups de poing. Et bientôt, la jolie brune se retrouva sonnée, mais encore debout, le visage ensanglanté mais toujours conteneur de cette même colère frénétique. Ignorant ses jambes flageolantes, la jeune Inoue se précipita pour la secourir mais fut balayée d'un simple revers de la main de la part du roux.
Orihime se cogna contre le mur et glissa au sol. Elle n'avait plus peur pour elle, maintenant. Dès lors qu'elle l'avait vue franchir le pas de la porte, toutes ses pensées s'étaient tournées vers Tatsuki. Il n'y avait plus qu'elle. Orihime se fichait d'être violée, torturée, lapidée. Tant que sa meilleure amie, sa sœur, allait bien. Alors elle prit sur elle et s'appuya contre une table pour se relever, en vain. Puis, soudain elle entendit une vitre se briser. Elle releva la tête avec affolement. Ichigo maîtrisait Tatsuki avec facilité et il la maintenait en l'air, la soulevant du sol avec la seule force de son bras, accroché à sa gorge.
Et pendant que la rouquine tentait de se relever tant bien que mal, elle vit Tatsuki réussir à lui assener un coup de pied dans les bijoux de famille, lui plantant au passage un bout de verre dans l'épaule et il grimaça violemment. Mais alors qu'elle allait de nouveau l'atteindre, il l'attrapa à deux mains. Orihime écarquilla ses yeux et ouvrit la bouche. Le cri qu'elle s'apprêtait à pousser resta coincé dans sa gorge. C'était trop tard.
Tout se passa en l'espace de quelques secondes. Ichigo prit de l'élan et envoya Tatsuki par la fenêtre cassée. Celle-ci ouvrit grand ses yeux lorsqu'elle sentit le vide sous elle et encore plus lorsqu'elle croisa les yeux exorbités d'Orihime. Non, elle ne pouvait pas la laisser seule. Non, elle ne pouvait pas ! Elle eut juste le temps de tendre désespérément sa main, en réponse à celle de sa meilleure amie qui était beaucoup trop loin, avant de plonger dans le vide.
« ORIHIME, FUIS ! »
La concernée s'arrêta sur place lorsqu'elle entendit un craquement sourd qui pourtant lui déchira les tympans. Sa main, qu'elle avait tendue vers Tatsuki, était toujours en l'air. Son cœur avait arrêté de battre, ses yeux ne bougeaient plus, fixant l'endroit où se trouvait l'être le plus cher à ses yeux, il y a à peine quelques secondes.
Ichigo s'approcha d'elle, elle ne bougea pas. Son cerveau avait cessé de fonctionner. Tout s'était arrêté. Elle ne ressentait plus la peur qui l'avait paralysée quelques instants plus tôt, ni la douleur qui la lançait au cou, dans les côtes, dans les jambes, partout. Plus rien n'avait d'importance, pour elle. Ichigo eut beau apparaître en plein milieu de son champ de vision, elle ne le considéra pas et son regard resta figé, comme si il était transparent. Il se pencha, passa une main sur son visage, lui caressant les lèvres, laissant derrière lui d'épaisses traînées de sang.
« Bienvenue en Enfer, Bébé, ricana-t-il avec un sourire. T'inquiète pas, je reviendrais bientôt pour toi. »
Ce fut la dernière phrase qu'elle entendit. Il en prononça bien d'autres, mais elle n'écoutait pas. Elle ne sentait pas le contact de ses doigts froids sur sa peau, elle ne ressentait plus rien. Elle ne remarqua ni sa sortie ni celle de Rukia et resta là, tétanisée et glacée jusqu'aux os. Sans même le savoir, elle resta ainsi presque une vingtaine de minutes, avant de réussir à faire un pas.
Hésitant, elle en fit un second, puis un troisième. A une lenteur hallucinante, elle s'approcha de la fenêtre et se pencha légèrement pour pouvoir apercevoir en-bas.
Elle resta de marbre devant le corps de Tatsuki, disloqué par terre, son sang s'échappant de son crâne brisé, colorant d'un rouge écarlate le béton gris de la cour du lycée. Elle la fixa pendant de longues minutes, minutes durant lesquelles l'image se grava et se ancra au plus profond de son esprit. Ses yeux bleus encore ouverts qui se remplissaient petit à petit d'un liquide rougeâtre, sa jambe tordue, son bras retourné, ses longs cheveux ébènes éparpillés autour de sa tête comme un halo.
« Tatsuki, tout va bien ? » Demanda-t-elle.
Les minutes s'écoulèrent, et aucune réponse ne lui parvint.
« Ouh ouh, tu m'entends ? » Fit-elle.
Et d'un coup, Orihime se mit à rire nerveusement.
« Allez, enchaîna-t-elle, plus fort. Tatsuki, arrête ! Elle n'est pas drôle, ta blague... »
Voyant qu'elle ne réagissait pas, elle continua en criant cette fois-ci : « Allez, lève toi ! Tatsuki ! »
Mais au bout du dixième appel désespéré, son sourire s'évapora et elle recula fébrilement, le souffle court. Aucune larme ne coula de ses yeux vitreux qui fixaient le vide.
« T-T-Tats... »
Et soudainement, oubliant la douleur, oubliant la fatigue, oubliant la peur, oubliant l'engourdissement de ses membres, elle se précipita hors de la salle de classe. Courant avec ses chaussures d'écolière, vêtue d'une simple culotte, elle traversa le couloir aussi vite qu'elle pu. Elle manqua de s'écrouler quatre ou cinq fois mais tenu la route, puis bifurqua pour descendre l'escalier.
Un seul mot tournait en boucle dans sa tête.
Tatsuki. Tatsuki. Tatsuki.
Non, Tatsuki était encore vivante. Tatsuki devait vivre. Tatsuki était encore là. Tatsuki allait se relever. Tatsuki allait lui dire que tout allait bien. Tatsuki la prendrait dans ses bras.
Mais en dévalant les escaliers, elle se sentit perdre le contrôle de son corps. Le traumatisme était tel que ses jambes la lâchèrent en plein mouvement et qu'elle tomba en avant, tête la première. Son crâne percuta la rambarde, puis le coin d'une marche et elle s'étala en bas des escaliers, dans le hall, inconsciente.