Black Cat.

Chapitre 2 : Un chat sous la pluie.

L'orage grondait et la pluie venait de nouveau me recouvrir... Je partais m'isoler dans un coin tranquille loin de cet idiot de Sven. Depuis l'arrivée de Eve, je suis totalement mis de côté par Sven. Il n'y a plus que sa relation avec Eve qui compte. Je comprends qu'il veuille faire attention vis à vis d'elle car elle est fragile, cependant ce n'est plus une gamine, elle est capable de comprendre que lui et moi on s’aime... Enfin... Je ne suis même plus sûr qu'il m'aime finalement. Il me repousse sans cesse, puis il ne me défend jamais... Il préfère que je parte, résultat je me retrouve tout le temps seul... Je lui en veux vraiment à cet idiot.

Je passais la nuit dehors et ce n'est qu'à l'aube que je regagnais ma chambre. Je prenais une bonne douche chaude, puis je me couchais dans mon lit fatigué par cette nuit. Deux heures plus tard, j'entendais Eve rire avec Sven dans le salon. Visiblement le fait que je ne sois pas là cette nuit ne l'a pas vraiment tracassé. Malgré tout, je me levais et je partais dans la cuisine pour me servir à manger. En passant par le salon, Sven se levait en me voyant et dit :

• Je t’ai préparé un petit déjeuner ! Dit-il en montrant un plateau télé rempli de bonnes choses. Mais toujours énervé après lui je répondis avec un faux sourire :
• Je suis grand je vais me faire à manger ! Puis j'entrais dans la cuisine, refermant la porte en la claquant légèrement. J'ouvrais le frigo et je cherchais ma bouteille de lait, seulement Sven entrait dans la cuisine à son tour, tout en prenant soin de refermer la porte derrière lui.
• Tu vas arrêter d'agir comme un enfant. Dit-il à voix basse.
• …
• Ne me répond surtout pas, hein ? Dit-il agacé en venant fermer la porte du frigo pour attirer mon attention. Je me retournais vers lui le fixant d'un regard mauvais... Il m'agace. Sven me prenait par le bras et dit toujours en chuchotant. Train, j'y peux rien si j'ai dû partir hier... Crois-moi ça m’a fait autant chier que toi... !
• Lâche-moi. Dis-je froidement en le fixant droit dans les yeux.
• Essais de comprendre. Ajoutait-il.
• Je comprends très bien Sven. Dis-je en le poussant pour qu'il me lâche. Je comprends très bien que tu ne veux plus rien avec moi. Je lui tournais le dos quittant rapidement la cuisine.

Je passais par le salon et Eve me regardait avec de grands yeux... Elle ne comprenait pas pourquoi j'étais si agacée. Je regagnais ma chambre sans rien lui dire. Je m'habillais en vitesse avant de partir de nouveau de la maison avec hâte. Prenant avec moi l'affiche de recherche de l'homme qu'on poursuivait depuis quelques jours, m'occuper l'esprit va m'aider à oublier ce crétin.

La matinée s'écoulait et après quelque heures de recherche j'avais rendez-vous avec une ancienne connaissance qui pourrait me donner de bonne information concernant ce type. Je partais le rejoindre dans un quartier où il ne fait pas bon traîner. J'entrais dans un bar et je le reconnus tout de suite. Il était vêtu d'un costume rose, avec des grandes lunettes de soleil blanche posé sur le haut de sa tête. Autour de son cou il y avait plusieurs chaînes en or et autour de sa taille une ceinture sur laquelle était accrochée un pistolet de calibre 44. J'avançais jusqu'à lui, observé par une dizaine d'hommes, sûrement des mercenaires.

• Black Cat ! Dit-il en me voyant et à l'annonce de mon pseudonyme un sursaut de peur ce faisait entendre dans le bar et beaucoup le quittait dans la seconde qui suivait.
• Malo... ça faisait longtemps. Lui dis-je en m'approchant de lui toujours un peu sur mes gardes.
• Oui très longtemps ! Que puis-je pour toi, mon chaton ? Dit-il en me prenant par une épaule.
• J'ai besoin d'informations concernant un certain Jorac le balafré.
• Oh... Je vois. Dit-il en m'entraînant au bar avec lui. Vois-tu, mon petit chat, toute information se paye...
• Je sais, je n'ai pas oublié. Dis-je en sortant une liasse de billets de ma poche.
• Oh mais attend... ! Dit-il. Pour tes beaux yeux Black Cat... Je te fais un prix... La moitié suffira.
• Ok. Dis-je surpris en lui donnant seulement la moitié de la somme.
• Je préfère être bien avec un gars comme toi. Dit-il en riant, rangeant dans sa poche les billets.
• Tu sais où il se trouve ?
• Lui non... Mais je connais l'emplacement de l'un de ses entrepôts personnels...
• Où ? Dis-je en le fixant.
• Au dix-sept de la rue du port, mais attention... Qui sait ce que tu vas trouver là-bas... dit-il en ricanant.
• Merci. Dis-je en lui tournant le dos.
• Au fait, Black Cat. Je me retournais légèrement vers lui attendant la suite. Un homme est venu poser des questions sur toi il y a peu de temps.
• Qui … ? Dis-je en le fixant froidement.
• Il était membre des apôtres de l'étoile. Dit-il en me faisant un clin d’œil.

Je quittais le bar très énervé... Les apôtres de l'étoile... Autrement dit, c'est Creed Diskens qui me recherche. Ce taré ne me laissera jamais tranquille... Il faut vraiment que j'en finisse avec lui. Mais pour l'heure, il faut que je trouve ce fameux Jorac. Il est recherché pour multiple meurtre et kidnapping de jeune enfants.

Je me rendais donc au dix-sept sur le port et une fois là-bas, l'ambiance était plutôt sordide. Le quartier est vraiment merdique ici. Je passais par-dessus le grillage et j'entrais dans l'entrepôt. Tout était très silencieux quand soudain j'entendais comme des pleurnichements...  Ils semblaient provenir d'un immense conteneur qui se trouvait au milieu de la pièce visiblement prêt à être expédié. J'ouvrais celui-ci et je découvrais l'horreur du trafic de cet homme... Il y avait une dizaine d'enfants du même âge qu’Eve, voir plus jeune, tous nus et attachés solidement par des chaînes.

• Mon dieu... Dis-je en restant quelque instant choqué devant cette effroyable scène...

Les enfants me regardaient tétanisés... Je m'éloignais quelques instants du conteneur et j'appelais la police...

Une demi-heure après, la police était sur les lieux et prenait en charge les enfants... Mais soudainement un coup de feu retentissait non loin du port. Je me hâtais alors vers le lieu d'où provenait la fusillade. Je courais aussi vite que possible... J'avais le pressentiment que Sven n'était pas étranger à ces coups de feu. C'est en arrivant sur place que je voyais la petite princesse assise par terre en mauvaise posture.

• Eve ! Hurlais-je en bondissant devant elle
• Train… ! Dit-elle en soufflant.
• Hum Hum Humm…! Encore une vermine de plus. Dit Jorac le balafré...

Je sortais immédiatement mon arme, lui tirant dessus sans hésiter... Mais la balle ricocha contre sa peau... C'était pas la première fois que je voyais ça, Ganzer Lejick, une de nos anciennes connaissances avait également eu le droit à ce genre d’effet secondaire après la prise de drogue donné par les disciples de Creed.

• Les balles sont inefficaces contre lui... Me soufflait une voix dans mon dos. En me retournant j'aperçus mon partenaire allongé au sol, ensanglanté.
• Ouais ! Absolument rien ! Dit-il en riant. Je levais la main en l'air pointant mon arme vers le ciel...
• Je sais ce que tu as fait à ces enfants... Espèce de monstre... Dis-je fou de rage.
• Quels enfants ? Dit Eve qui essayait de se redresser.
• Ah ouais ! Et la petite blonde est la prochaine ! Dit-il avec un grand sourire. Approche vermine !

Je tirai un coup de feu, et dans la seconde qui suivait un immense conteneur lui tombait dessus. Il était totalement écrasé par celui-ci. Mais très vite il soulevait le conteneur, le poussant sur le côté et c'est fou de rage qu'il sautait sur moi essayant en vain de me frapper. Grâce à mon agilité, j'esquivais ses coups sans problème. Comme pour Ganzer, je sais que l'effet de la drogue peut rapidement se dissiper, alors je le bombardais de balle explosive. Alors que j'étais en plein saut esquivant l'une de ses attaques, je me concentrais visant un endroit précis sur son bras. Je tirais une première balle explosive suivie d’une balle normale, et enfin je concentrais toute mon énergie pour tirer une Railgun(1), atteignant elle aussi le même point que les deux balles précédentes. Et cette combinaison réussit à percer la peau de l'homme qui hurlait de douleur.

• Comment t’as pu, enfoiré ?!! Dit-il en tombant au sol tenant son bras en lambeau. Je m'approchais de lui et je lui donnais un grand coup de pied dans le visage. Puis, je venais le frapper à plusieurs reprises avec force et colère. La vision de ses enfants me hantait l'esprit... Je voulais qu'il paye !
• Je me rends ! Hurlait-il en chouinant.

Mais je n'en ai pas fini avec ce sale type ! Ne me contrôlant plus, je prenais de nouveau mon arme en main et je tirais en plein dans ses chevilles, puis sur ses poignets. Enfin je déposais mon canon sur le front de l'homme prêt à faire feu... Je marmonnais alors comme un vieux réflexe...

• Je viens apporter le malheur.(2)

Mais avant que je n’aie pu tirer le coup final, Sven attrapa mon poignet et leva mon arme... Me fixant droit dans les yeux.

• Arrête Train. Dit-il d'une voix stricte.

Et c'est comme si sa voix me ramenait à la réalité... Torturé … Puis tuer froidement un homme comme ça... Ce n'était pas le chat errant que je suis aujourd'hui... C’était plutôt l'ancien chat domestique de chronos qui agissait comme si la vie n'avait aucune valeur... Sans remords...

• Train... Dit Eve en s'approchant doucement de moi.

Je ne lui répondais rien... L'homme sous mes yeux soufflait de douleur, par ma faute et même s’il a commis des atrocités, j'étais en train de faire la même chose. Je préférais partir, quittant le champ de bataille avec précipitation. Je n'avais pas le cœur à affronter mes compagnons après ça...

Quelques heures après cet événement, je m'étais isolé sur le toit de l'une de nos planques... Plongeant ma tête dans mes genoux. Je m'en voulais d'avoir agi comme ça. Je ne voulais plus être le Black Cat sans cœur... Mais au fond de moi, je sais que malgré tout ce que je pourrais faire, j'aurais toujours cette part d'ombre en moi... Le pire c'est que je ne regrette même pas de l'avoir torturé... Il le méritait... Mais qu'est ce qui ne va pas chez moi... ?

Alors qu'il pleuvait encore des cordes, j'étais tellement préoccupé que je n'entendais même pas Sven arriver. Il glissait une bouteille de lait contre ma joue et il me dit d'une petite voix :

• Il est tard...
• …
• Tu devrais rentrer avant de tomber malade.
• Laisse-moi. Dis-je en poussant sa main.
• Hors de question, je ne vais pas te laisser là sous la pluie et si tu ne veux pas rentrer... J'ai plus qu'une chose à faire. Dit-il en soupirant. Je vais te forcer à le faire ! Sven m'attrapait dans ses bras et me soulevait pour me ramener à l'intérieur.
• Lâche-moi, crétin ! Dis-je en me débattant mais très faiblement.
• Tais-toi idiot ! Tu nous as fait peur aujourd'hui. Dit-il en allant me déposer sur son lit. Je penchais la tête, triste d'apprendre que je les terrifiais... Il venait s'agenouiller devant moi.
• …
• J'ai eu peur de te perdre. Dit-il en glissant une main contre ma joue.
• Tss... Comme si tu le pensais... Dis-je en repoussant sa main tout en me levant pour m'éloigner de lui.
• Arrête Train, tu sais très bien ce que je pense. Dit-il en venant dans mon dos m'attrapant par la taille.
• Non ! Hurlais-je en le repoussant brutalement. Justement, je ne sais pas ! Sven semblait très surpris de ma réaction.
• Écoute Train je...
• Non, toi, écoute-moi ! Je sais très bien qu'Eve est jeune et que tu veux la protéger, mais ça va faire des mois que tu me repousse sans cesse ! Que tu ne veux plus rien avec moi ! Tu me mets toujours à l'écart, comme si ma présence te gênait dans ta petite vie paisible avec Eve... ! J'ai l'impression d'être de trop... Je plongeais ma tête dans mes mains et j'ajoutais. En plus maintenant je vous fais peur... Je suis toujours celui que j'étais... Je suis juste un tueur...
• Train. Dit-il en me plaquant contre le mur. Maintenant toi, écoute-moi et regarde-moi bien dans les yeux. Ajoutait-il en me fixant.
• …
• Je n’ai pas peur de toi et tu n’es pas ce que tu prétends être ! Oui ton passé est lourd et il te poursuivra ou que tu ailles, mais... Tu es aussi beaucoup d'autres choses, surtout à mes yeux. Dit-il en caressant ma joue.
• Mais...
• Je sais que je t'ai fait beaucoup de mal ces derniers temps et vraiment je m'en veux terriblement. Je ne veux pas te perdre... Je te promets de faire des efforts... Laisse-moi te le montrer. Il terminait sa phrase en venant déposer un délicat baiser sur mes lèvres.

Je m'accrochais à lui, lui retournant tendrement son baiser... On mélangeait nos langues pendant encore plusieurs minutes avant que Sven ne me porte de nouveau pour me déposer dans son lit. Je n'aime pas me disputer avec lui... Puis, il trouve toujours les mots juste pour m'apaiser... Je l'aime… Je l'aime si fort… Il me poussait contre le lit, venant défaire mes vêtements tout en me donnant de délicat baiser.

• Et Eve…? Elle risque de nous entendre ? Dis-je un peu gêné en le laissant me déshabiller.
• T'en fais pas pour Eve, je l’ai déposée chez Annette. Je voulais qu'on soit un peu seul à seul. Dit-il en retirant lui aussi sa veste, puis sa chemise.
• Je vois... Dis-je avec un petit sourire malicieux.

Il grimpait au-dessus de moi et on s'embrassait de nouveau tendrement, avant de poursuivre là où on s'était arrêté la dernière fois. Cette fois, on pouvait faire autant de bruit qu'on voulait pendant le temps qu'on voulait. Ça me fait tellement de bien de le retrouver, de me mélanger à lui... Il est le seul qui puisse me faire ressentir de telle chose. Je l'aime tellement...

Note :

(1) RailGun : C'est une puissance électrique que Train matérialise sous la forme d'une balle très puissante transperçant n'importe quelle matière.

(2) C’est la phrase qu’il disait lorsqu’il éliminait ses proies à l’époque où il travaillait encore pour Chronos.

A suivre !