BioShock Beyond – Tome 1 : Une histoire des profondeurs
Partie III
Quelque temps plus tard…
8.
Port-Neptune n’était pas le quartier le plus huppé ou le plus sophistiqué de Rapture, mais il faisait partie de son paysage comme n’importe quel autre. Avant la guerre civile, les nombreux pêcheurs qui bossaient ici ne ménageaient pas leurs efforts pour nourrir Rapture et se nourrir eux-mêmes en gagnant leur croûte. Les quelques compagnies qui œuvraient dans la voie de la pêche n’étaient cependant pas à plaindre. Bien évidemment, c’était là que Fontaine avait ouvert ses Pêcheries Fontaine, avant de continuer sur sa lancée à travers d’autres domaines. Il n’était pas le seul : plusieurs entreprises se disputait ce marché, à vrai dire comme tous les marchés, au sein de Rapture, qui pouvaient être exploités jusqu’à la moelle.
Avant, ce quartier fourmillait d’activités. Les pêcheurs de Lotz & Son ou encore de McKraken Crabs se partageaient cette espace sans en démordre. Aujourd’hui, le quartier semblait bien vide et les seuls pêcheurs qui s’affairaient encore semblaient plutôt ranger leurs affaires qu’autres choses, en évitant de rencontrer ou d’attirer les chrosômes. Les quais, qui dégageaient autrefois une odeur de poisson plutôt agréable, sentaient désormais le rance et le poisson pourri. La rouille tapissait désormais les murs tandis que certaines vitres étaient percées de trous, laissant l’eau se déverser.
Le bureau de Sullivan, qui servait accessoirement de salle d’interrogation, était situé dans les étages supérieurs du Trésor de Neptune, dans la capitainerie, d’après ce que l’on nous avait dit. Après avoir fait notre chemin parmi les couloirs vides faits de tôles, de béton et d’acier, nous accédâmes au quai supérieur.
Cependant, Alan et moi découvrîmes un obstacle auquel nous n’avions pas pensé : à pas lourds, un Protecteur de type Rosie se déplaçait parmi les bites d’amarrage et les caisses en bois, son râle pathétique faisait vibrer le quai en bois. A ses côtés, une petite fille à la robe rose et aux yeux jaunes semblait nous observer.
Nous nous cachâmes derrière un amas de caisse et de filet. Je fis savoir mon inquiétude à Alan qui me rasséréna.
— Ce Big Daddy ne nous attaquera que si on l’attaque d’abord, je ne pense pas qu’on ait de souci à se faire.
— Vous en êtes certain ?
— En tout cas, je n’ai jamais eu de problème avec eux. Ce ne sont pas eux que nous devons craindre le plus, ce sont…
Au même moment, nous aperçûmes quatre silhouettes sortir de derrière les caisses, à droite du Protecteur. Après avoir poussé des cris belliqueux, elles s’attaquèrent au grand être de métal. La lumière de son casque passa du jaune au rouge et il commença à contre-attaquer en donnant d’abord un coup de crosse avec son fusil à rivet.
— … les chrosômes.
Les balles et les rivets fusaient et s’entrecroisaient, les mines de proximité jonchaient désormais le sol, le Protecteur rendait les coups tandis que la Petite Sœur hurlait ce qui pouvait ressembler à des encouragements pour son Protecteur. Les chrosômes semblaient organisés mais ils n’étaient pas de taille face à ce goliath. La violence de l’affrontement nous dissuada de continuer notre chemin.
Quand le carnage fut fini, le Rosie sortit victorieux. De loin, toujours cachés derrière les palettes et les caisses, nous assistâmes au seul geste d’amour que nous avions vu depuis une éternité : le grand gaillard se mit à genou, il tendit une énorme main vers la petite fille, qui lui sourit en retour et attrapa cette main de ses petits doigts fins.
Tels des personnages de contes de fée, ils s’en allèrent d’un pas presque sautillant, laissant derrière eux les cadavres et le sang. Deux être liés par un lien artificiel, qui donneraient leur vie l’un pour l’autre. Il n’y avait que dans les profondeurs de l’océan que l’on pouvait assister à cela. Assez ironiquement, je dois l’avouer, une annonce publique se joua au moment où nous perdîmes de vue le Protecteur et sa Petite Sœur : L'approche d'une Petite Soeur est un acte criminel. Ne vous approchez pas des Petites Soeurs. Le message semblait clair.
Sans rien dire, nous continuâmes d’avancer, en essayant de faire le moins de bruit possible. Malgré tout, ce que nous avions vu nous avait marqué. Nous traversâmes le quai supérieur pour arriver à l’entrée de la capitainerie. Au-dessus, un panneau à l’écriture rouge indiquait que la zone était surveillée par le système de sécurité de Ryan. Malheureusement, nous ne savions pas sur quelle fréquence génétique se basait ce système. Peut-être visait-il uniquement les hommes de Ryan ?
Alan décida de tenter sa chance et se posta devant la caméra au bout des escaliers. Manifestement, le test fut concluant puisque la caméra continua de balayer la zone de sa lumière rouge sans aucune alerte. Je testai à mon tour ma chance : aucun problème.
— Eh bien, dis-je. Il semble que Ryan ne nous considère pas comme une menace.
— Si seulement cela pouvait continuer ainsi, ajouta Alan.
Une énième fois, l’ironie frappa. Cette fois, elle prit la forme d’une matière visqueuse d’une couleur bleu fluo reçue en plein dans le dos. Intrigués, mais surtout dégoûtés, après avoir observé la matière en question, nous nous retournâmes pour découvrir l’auteur de cette plaisanterie. C’était un chrosôme, habillé d’une salopette et d’une casquette, qui riait à plein poumon.
Alors que je l’interpellai, ce dernier s’enfuit en courant dans les couloirs. Je touchai mon dos et pris cette matière entre mes doigts pour l’examiner. Je compris alors de quoi il s’agissait : un plasmide. Pas n’importe lequel, le plasmide Balise de sécurité. Et dans notre situation, je devinai que nous allions devoir courir nous aussi. Rapidement.
9.
Comme je le pensais, après m’être fait toucher par le plasmide, la caméra émit une lumière blanche et un son strident. C’était nous qu’elle visait désormais.
— Courez ! ai-je intimé à Alan.
Les robots au bruit infernal ne tardèrent pas à fondre sur nous. Ils étaient au nombre de trois et prêts à en découdre. L’un d’entre eux lâcha une salve de balles, qui atterrit contre le mur en tôle. Nous montions les marches quatre à quatre sans tomber, mais ces robots étaient rapides. Le deuxième robot se positionna au-dessus de nous, se préparant à tirer plusieurs balles. Je poussai Alan vers le mur pour éviter les balles, ce qui fonctionna.
Mais il n’allait pas tarder à tirer une autre salve. Sa lumière nous aveuglait, mais Alan réussit tout de même à sortir son revolver et à tirer droit dans le mécanisme. Le robot chancela et commença à fumer, mais resta en vol stationnaire. Le troisième robot, qui était jusque-là resté derrière, et le premier robot, qui n’avait pas dit son dernier mot, tentèrent leur chance et nous foncèrent dessus.
J’orientai Alan en direction de la capitainerie et sortis mon fusil à pompe. Je tirai deux coups, un pour chaque robot. Là encore, ils vacillèrent mais tirent bon. Je courus me réfugier dans la capitainerie. Devant moi se trouvait une salle fermée par deux vitres blindées. Je tournai à droite pour me retrouver dans une salle qui ressemblait à une prison avec plusieurs cellules.
J’entendais les trois robots derrière, toujours à notre poursuite. Je retrouvai Alan qui s’était caché derrière des caisses de contrebande en bois vers la gauche. C’est alors que les robots rentrèrent dans cette salle, encore à notre recherche. Je me préparai à tirer, la boule au ventre. Je posai mon fusil à pompe devant moi, sur une caisse, en direction des robots.
Mais la chance nous sourit enfin : l’alerte venait de se terminer et les robots quittèrent la pièce, laissant derrière eux une traînée de fumée noire.
Nous prîmes le temps de souffler avec Alan, en nous asseyant par terre, contre les caisses.
— Saloperie de chrosôme ! lancai-je à Alan.
— Et saloperie de robots ! renchérit-il.
Je m’esclaffai discrètement, tout en essayant de reprendre mon souffle et de récupérer mes esprits. Je jetai un coup d’œil derrière moi. Curieux, je tendis mon bras et attrapai la première chose qui me passait sous la main, à l'intérieur de l’une des caisses. Au toucher, je reconnus un livre. Je le ramenai face à moi pour découvrir avec stupeur de quoi il s’agissait : une Bible.
Un sourire se dessina sur mon visage. Cela faisait des années que je n’en avais plus vu. Dès la conception de Rapture, toute religion avait été interdite. Le seul semblant de foi que semblait tolérer Ryan se situait dans sa Grande Chaîne. Malgré la censure et la propagande, tout le monde avait entendu parler de cette contrebande. J’avoue que je n’y avais jamais participé, mais la tentation de revoir un jour un quelconque signe de religion m’avait manqué. Je n’étais pas particulièrement croyant, mais on avait tous besoin d’espoir et de foi ces temps-ci.
— La surface me manque terriblement, remarqua Alan, en voyant ce que je tenais entre mes mains. Personne ne devrait nous interdire cela.
Sa réplique m’intrigua et je me mis à réfléchir.
— A dire vrai, répondis-je, je crois que ce qui me manque le plus en ce moment, c’est surtout la lumière du soleil. Dès que je verrai cette lumière, je crois que je comprendrai enfin ce que cela veut dire d’être sain et sauf.
Alan opina d’un signe de tête. Plusieurs secondes passèrent, au bout desquelles il fut le premier à se lever. Je le suivis, après avoir reposé la Bible dans l’une des caisses. La pièce dans laquelle nous étions ne ressemblait plus du tout aux quais de Port-Neptune. Il s’agissait sans nul doute d’une prison pour contrebandier, mais elle était bien vide. Nous continuâmes notre chemin vers un couloir en forme de coude. Au bout de ce couloir se trouvait la clef de mon salut : la salle d’interrogation. C’est là que devait se trouver le bureau de Sullivan.
10.
Durant les années fastes de Rapture, Sullivan avait été la figure de proue de la sécurité, de l’ordre et de la police. D’après ce que m’avait dit Booker DeWitt, lors des soirées de beuverie que nous avions partagées, Sullivan était un type droit dans ses bottes, qui ne faisait que ce qui lui semblait juste et qui ne tuait jamais pour le plaisir. Bien-sûr, il avait eu recours à des méthodes pas très catholiques lorsqu’il s’agissait de faire parler des bandits et des contrebandiers, particulièrement à l’encontre des sbires de Fontaine.
Quant à savoir si l’homme qui se tenait devant moi était bien Sullivan, je n’aurais su le dire, tellement il semblait avoir changé. Le crâne dégarni, les cheveux blanchissants plaqués en arrière, les sourcils noir charbon, un grain de beauté sous l’œil droit, la sueur perlait sur son visage. Il avait des lunettes rondes posées sur le nez mais surtout un flingue entre les mains. Il se tenait debout, devant son bureau en désordre. Au-dessus du bureau, un tableau de liège accroché au mur semblait regrouper plusieurs pistes d’affaires non-résolues. Toute la pièce, qui empestait la cigarette, semblait contenir des dizaines de dossier et de bobines de films contenant les interrogatoires de plusieurs habitants de Rapture. Dès notre entrée dans la pièce, Sullivan sembla se ressaisir et pointa le flingue vers nous. Pris au dépourvu, nous levâmes nos mains en l’air.
— Vous êtes là pour me tuer, n'est-ce pas ? cria-t-il. Alors, allez-y ! Faites votre sale boulot et fichez le camp d’ici.
— Non, Sullivan, dis-je calmement. Je veux simplement des réponses.
Sullivan marqua un temps de réflexion. En voyant son expression, sa sueur, sa pâleur et ses cernes, je crus discerner un embryon de piste. S’il s’était reclus dans son bureau, ce n’était pas pour rien : il voulait sûrement en finir. Qu’avait-t-il alors fait pour s’infliger cela ?
Après avoir examiné son pistolet, puis nous, puis à nouveau son arme, il nous lança un regard curieux.
— Qu’est-ce que vous voulez savoir ? demanda-t-il.
— Je veux connaître la vérité. La vérité sur ce qui s’est réellement passé le soir du 20 décembre 1956. C’est ce soir-là que j’ai perdu la femme de ma vie à tout jamais.
Sullivan me regarda avec de grands yeux exorbités.
— Vous êtes… Sam Arbuckle ?
— Vous vous souvenez de moi ? observai-je, étonné.
— Je n’oublie presque jamais les visages. C’était nécessaire pour faire mon métier correctement. Mais le vôtre m’est particulièrement familier.
— Pourquoi cela ? m’enquis-je, intrigué.
— Je me souviendrai toujours de votre visage, le matin où je vous ai appris la mort de votre femme. Depuis, je me remémore souvent cette scène, en boucle dans ma tête. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à exprimer des remords.
A ce moment précis, Sullivan commença à réellement baisser sa garde et cessa de pointer son pistolet vers nous. Nous baissâmes les bras lentement, à l’affût d’une quelconque réaction de sa part.
— Allez-y Sullivan, implorai-je. Crachez le morceau, je vous prie.
Il lança vers moi un regard vide, désespéré. Il semblait acculé.
— Je n’ai pas voulu que tout se passe ainsi. Votre femme était… au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle a vu des choses qu’elle n’aurait pas dû voir.
Cette fois, je n’étais plus intrigué. J’étais en colère.
— Que lui avez-vous fait, espèce de salaud ?!
— Je n’ai pas pu empêcher ce qui lui est arrivé.
Il prit sa respiration avant de continuer.
— Ryan et Cohen n’appréciaient pas le petit manège d’Anna Culpepper, qui les critiquait à longueur de journée dans toutes ses chansons. Le pire, c’était le jour où Ryan l’avait vu chanter dans l’Allée des Banquiers, près de la place Apollon, juste après la crise. Ça, ça l’avait mis en rogne. Mais bien avant cela, en 1956, il m’avait demandé d’avertir la chanteuse que si elle continuait à chanter des conneries pareilles, elle devait s’attendre à des représailles. Elle n’en avait rien à foutre et nous avait dégagé de là, moi et les quelques hommes que j’avais amenés avec moi. Manifestement, le nombre n’avait eu aucun effet sur elle. Et alors que nous allions commencer à quitter les lieux, j’ai entendu un bruit et j’ai découvert que quelqu’un se cachait dans le couloir, devant l’appartement de la chanteuse, derrière un coin. C’était votre femme. Nous nous sommes empressés de la rattraper. Malheureusement, l’un de mes hommes a cru bon de lancer un coup d’arc électrique dans sa direction pour l’arrêter. Son cœur s’est arrêté net. J’ai essayé de la réanimer, mais je n’ai rien pu faire.
Il marqua une pause, en baissant la tête, empli de culpabilité.
— Pourquoi ? l’interrogeai-je, encore choqué par ses révélations.
— Je ne voulais pas la tuer, je voulais simplement l’empêcher de parler, m’avoua-t-il.
En l’écoutant raconter sa version des faits, je compris qu’il n’était pas coupable, alors que je l’avais tenu pour responsable pendant tout ce temps.
— Qui a lancé ce plasmide, ce soir-là ? demandai-je. Qu’est-il advenu de lui ?
— C’était Patrick Cavendish, un flic à la gâchette facile. Si vous voulez savoir où il est, cela risque d’être compliqué pour vous de le retrouver, puisque je ne sais pas moi-même où il se terre. Je n’ai jamais aimé ce type. Ce n’était qu’un mercenaire, rien de plus. Il a torturé des dizaines de personnes sans remords. A l’heure qu’il est, il doit être encore en train de faire le sale boulot de monsieur Ryan. Mais au fond de moi, j’espère qu’il est mort.
Il me fallut quelque temps pour encaisser le coup.
— C’est vous qui avez jeté son corps en pâture en lion ? demandai-je.
— J’ai dû improviser, c’est vrai. Il ne fallait pas que Rapture sache pourquoi elle était morte. Ryan voulait éliminer ses opposants, mais dans la plus grande discrétion. Un sacré type ce monsieur Ryan. Mais depuis qu’il a dépassé les bornes, pour sauver mon âme, j’ai préféré quitter le navire.
— Quitter le navire ? m’enquis-je.
— J’ai rendu mon insigne. Depuis que la peine de mort est arrivée à Rapture, cette ville me désole. Je ne suis pas venu ici pour pendre des contrebandiers. En plus de cela, Ryan m’a déjà ordonné des choses qui dépassent mes limites. J’ai dû m’occuper de Culpepper moi-même, vous savez. Je l’ai noyé dans sa baignoire. Ce n’est plus possible de vivre avec tout cela sur la conscience. (Il marqua une pause avant de continuer.) Mais je ne vais pas m’en aller comme ça. Oh non ! J’ai découvert le pot-aux-roses et j’espère bien que cela va remettre les pendules à l’heure.
Je lui jetai un regard inquisiteur.
— De quoi parlez-vous ?
— Ryan a un fils illégitime. Il a fricoté avec la danseuse, Jasmine Jolène. Elle n’a pas voulu l’avouer à Ryan et a vendu le rejeton à Fontaine. Moi, je l’ai fait. Je viens d’envoyer une lettre par pneumo-tube vers le bureau de Ryan. Une lettre d’adieu, accompagné d’un joli petit journal audio, qui lui explique tout ce qu’a accompli sa chère maîtresse. C’est mon petit cadeau de départ, si vous voulez. Je lui dois bien ça.
Sullivan se tourna vers son bureau et prit un verre de whiskey dans sa main gauche, son pistolet toujours dans sa main droite.
— Qu’est-ce que vous comptez faire, maintenant ? demanda Alan.
— Moi, je vais profiter de mon verre une dernière fois. Les hommes de Ryan vont sûrement tenter de venir me chercher, mais ils ne trouveront qu’un corps. Ryan verra ce qu’il est advenu de moi. Dans tous les cas, je sais que Ryan aura de quoi s’occuper : il a rendez-vous avec la mère de son enfant pour une petite conversation.
Bien que je connusse déjà la réponse, je me risquai à lui poser tout de même une dernière question.
— Vous ne voulez pas venir avec nous ?
— Non, je ne peux pas. Mais vous devez quitter cette ville.
— Je comprends, répondis-je.
Nous commençâmes à tourner les talons lorsque Sullivan nous interpella encore une fois.
— Je connais peut-être un moyen pour vous de retrouver votre femme.
Interloqué, je me résolus à écouter ce qu’il avait à dire.
— De quoi parlez-vous ?
— Connaissez-vous les Vita-chambres ? Le scientifique aux yeux bridés pense que ce ne sont que des balivernes. Moi j’avoue que j’étais mitigé pendant un temps. Mais Ryan en a parlé. Ces Vita-chambres sont basés sur son code génétique. Mais il existe sans doute un moyen de modifier cela. En faisant cela, vous pourriez peut-être… ramener votre femme à la vie. A vrai dire, cela nécessitera sans doute l’aide d’un scientifique. Je crois que Tenenbaum pourrait vous aider.
La proposition paraissait tentante et enivrante. Revoir ma femme, j’en avais rêvé plus d’une fois. Mais cela semblait à la fois difficile, improbable et surtout contre-nature. J’avais toujours refusé les plasmides, je n’allais pas commencer à m’intéresser à la génétique maintenant.
— Non, je refuse de me résoudre à faire cela. Si je dois revoir ma femme, ce sera le jour de ma mort, pas avant.
Le flic acquiesça d’un signe de tête et nous laissa partir. Alors que nous étions dans la prison de la capitainerie, sur le chemin du retour, nous entendîmes un coup de feu, puis le silence. Sullivan venait de prendre son dernier verre.