Batman R.I.P.

Chapitre 3 : RIP 4

Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/03/2009 14:14

 

Je poursuis mon exploration d'un "et si" inspiré de manière plutôt large par la série Batman qui vient juste de s'achever... Après Dick, Alfred et Selina, voici le tour de Tim. Encore une fois angst à tous les étages. R.I.P. Bruce. Et comme Timmy pense beaucoup, le compte de mot a explosé.
A venir (peut-être) : Le Joker, Gordon, Clark
Et pour ceux qui ne sont pas sûr de s'y retrouver :  Tim = Robin 3 (Jason, le 2 et Steph, la 4 de manière très brève et accessoirement la petite amie de Tim sont tous les deux morts). Kon = clone de Lex Luthor et Superman, 50% de chaque (si vous vous posez la question, la réponse est : oui, c'est officiel), meilleur ami de Tim, récemment décédé.
 
 
 
 
4/
Il n'y a pas vraiment d'instant clé pour marquer le basculement.
Les premiers jours Dick remplace Bruce comme il l'a déjà fait tant de fois par le passé, parce que Gotham passe avant tout, toujours. En journée, la drague de l'estuaire continue de plus en plus loin en suivant le fil du courant tandis que  parallèlement progressent le lent travail de détective, la recherche de la moindre piste, du moindre lien ; l'analyse minutieuse de tous les débris noircis et tordus de l'hélicoptère qui ont pu être récupérés sur les berges, arrachés aux flots.
La nuit, Batman interroge la faune des bas fonds, dealers et magouilleurs de tout poil. Personne n'a rien vu, personne ne sait rien -du moins pas sur cela- et les quelques pistes qui se présentent mènent à des petits malins simplement  un peu plus malins que les autres, qui pensaient qu'une dose supplémentaire de discrétion les mettrait à l'abri.
Au cours de ces nuits-là, ils démantèlent un réseau de drogue dont les ramifications mènent jusqu'à Central-City, interrompent un échange de blanchiment d'agent, quatre tentatives de viol, une attaque à main armée. Et si les malfrat tremblants et contusionnés qui atterrissent à l'hôpital plutôt que directement au commissariat sont plus nombreux que d'habitude, un peu plus mal en point, personne n'en dit rien.
 
Il n'y a pas vraiment d'instant clé pour marquer le basculement. Officiellement Bruce Wayne est toujours au ski, quelque part dans les Alpes Suisses, tandis que ses fils poursuivent leur train-train quotidien. Simplement, un soir la drague s'arrête, et ne reprend pas le lendemain. Simplement, une vitrine supplémentaire dans laquelle est enchâssé un uniforme fait son apparition auprès de celles de Jason et de Steph dans la Cave.
Rien ne change, ou presque. Simplement, au moment de partir en patrouille, la main de Dick -Batman- vient parfois effleurer le verre, et son regard se détourne un instant.
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Si Tim avait eu un an, deux ans de plus, les choses auraient été différentes. Sans qu'ils en aient jamais ouvertement parlé, il a toujours été clair que Bruce le formait pour lui succéder un jour, pour prendre sa place en tant que protecteur de Gotham. Pour devenir Batman.
Dick a un jour été à cette place, mais beaucoup de choses ont changées depuis, de l'eau sous les ponds comme disent les français et quiconque les connaissait un peu tous les deux -tous les trois-, sait une chose : Dick était le partenaire dont Bruce avait désespérément besoin, mais Tim... Tim est le partenaire que Batman aurait voulu. Et comment pourrait-il en être autrement ? Ils sont tellement semblables... Là ou Dick était feu et mouvement, Tim est silence, observation, calme obsession et feu glacial. Comme Bruce. Mais c'est trop tôt, il est encore trop jeune. Il n'est pas prêt.
 
Bruce n'a jamais été homme à se laisser prendre par surprise. Bien sûr qu'il s'est préparé à l'éventualité de sa propre mort et de sa succession. Bien entendu qu’il a pris des mesures.
Il y a des lettres, laissées en la possession d'Alfred, chacune avec un nom inscrit sur l'enveloppe de son écriture à la netteté obsessionnelle : Cass, Babs, Jim Gordon, Clark même... Tous ceux qui ont compté.
Tim garde la sienne soigneusement pliée contre sa poitrine, dans une poche de son uniforme et il fait de son mieux pour ne pas y penser trop souvent, parce que sinon...
Il ne sait pas ce que contenait celle de Dick. Il n'en a rien dit et Tim a vu l'expression de son visage, après qu'il l'ait ouverte. Même le massacre de Blüdhaven n'a pas laissé sur ses traits une telle impression de douleur rentrée, un tel vide.
Il n'a pas osé demander.
 
Il y a aussi des dossiers cachés dans l'ordinateur, qui se sont révélés au bout de dix jours quand un timer n'a pas été réinitialisé manuellement, des instructions, des fiches, des commentaires détaillés... Et les dossiers sont formels : Bruce pensait que Tim n'est pas encore prêt. Bientôt, laissent sous-entendre les commentaires qu’il n’était probablement jamais sensé lire, il ne manque pas grand chose. Un peu plus d’expérience. Un peu plus de temps.
Il y a presque de l'admiration dans certaines tournures de phrases, dans les notes analytiques compilées par Batman sur les progrès de son élève. Une satisfaction qu'il n'a jamais exprimée tout haut, dont Tim n'a jamais rien su. Le mieux  qu'il ait jamais obtenu -et c'était des jours à marquer d'une pierre blanche- a été quelques "pas mal" laconiques, un petit signe de la tête. Mais si on en croit les notes, Bruce pensait... qu'il était bon. Très bon. En passe de devenir meilleur que lui-même sur certains points.
Mais pas encore assez.
 
Et il comprend, vraiment. A vrai dire une partie de lui-même, minuscule et lâche, à moitié noyée dans le deuil, est presque soulagée que le poids ne soit pas sur ses épaules, que ce ne soit pas tout de suite à lui de porter la cape et le masque. Pas si tôt après tout le reste, alors qu'il commençait à reprendre pied après la perte de Steph, de celle de son père. Alors qu'il commençait à peine à guérir de Kon, oh, Kon, et à présent Bruce...
Mais c’est une petite partie de lui-même, infime, et en vérité il reste principalement concentré sur l’entraînement acharné, la recherche de la perfection. Progresser le plus vite possible, sortir, nuit après nuit, et pouvoir réclamer son héritage.
Il n'est pas stupide, il sait que ce n'est qu'une réaction de douleur parmi d'autres, un moyen de repousser le moment où il faudra faire face. Mais même si ces temps-ci il a l'impression d'être le champion toute catégories du deuil il connaît ses limites, il sait jusqu'où il peut pousser, et à partir de quel moment il ne peut plus. 
Mais surtout il est Robin, il connaît Dick et il sait que celui-ci portera la cape de Batman aussi longtemps que nécessaire, probablement avec une effrayante compétence et une implication absolue.
Il connaît Dick, et il sait à quel point chaque seconde sous l'uniforme lui pèse et déchire quelque chose en lui. Etre Batman n'est pas simplement un rôle, un costume comme un autre. C'est un état d'être, un absolu au potentiel destructeur. Et la vérité, c'est que Dick est Nightwing. Qu'il n'est pas fait pour l'ombre totale, n'est pas fait pour être Batman.
Il peut l'être, et il l'est, mais... il y a un coût, et s'il ne s'en est pas encore rendu compte, rien n'échappe vraiment à Tim : la tension inhabituelle dans ses mouvements, les cauchemars, pires qu'a l'accoutumée. Le silence que même Alfred, même Clark ne parviennent pas à rompre.  Qu'il ait arrêté du jour au lendemain de lui ébouriffer les cheveux et de l'appeler petit frère.
 
La Mission est part intégrante de tous les élèves de Bruce. Aucun d'entre eux ne peut le nier, elle est là, tout aussi profondément tissée en eux que l'amour qu'ils ont eu chacun à leur manière pour cet homme. Demander à Dick d'abandonner la Mission reviendrait à attendre de lui qu'il détourne le regard et prétende ne pas voir une petite vieille se faire tabasser dans la rue.
Ce serait comme lui demander d'arrêter de voler, lui rogner les ailes, et il ne serait plus Dick, plus vraiment. Que ça lui plaise ou non, quel qu'en soit le coût pour lui-même, il portera la cape et le masque, aussi longtemps qu'il le faudra, jusqu'à ce que Tim soit prêt.
 
Alors Tim s'interdit de penser à Bruce, et il s'entraîne.
 

    

 

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