Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Épisode 5 : L'araignée géante
Par Rubéale
Alors qu'ils étaient toujours sur les traces des créatures ayant attaqué les loups de la druidesse elfique ainsi que Théo, les quatre Aventuriers de la Compagnie des Bras cassés avançaient, lentement mais sûrement, au cœur de la Forêt d'Émeraude. Cette forêt, bien que lumineuse, semblait dégager comme une atmosphère de menace, ce qui n'était pas pour plaire aux aventuriers, qui restaient sur leurs gardes.
Soudainement, des cris vinrent briser la quiétude qui emplissait auparavant l'air. Le premier était horrible, terrifiant et inhumain, et le second, quant à lui, s'apparentait plus à un appel à l'aide. Ils semblaient provenir du bout du chemin suivi par les aventuriers, à un bon quart d'heure de marche de l'endroit où ils se situaient actuellement.
La première réaction de Grunlek fut d'observer avec encore plus d'attention les alentours, tout en continuant d'avancer avec précaution. Les premières choses à attirer son regard furent les cadavres de loups, ce qui, compte tenu de son lien avec Eden, le fit légèrement frémir. Ceux-ci lui semblaient relativement récents, ce qui voulait dire que la chose responsable de ce carnage devait encore rôder dans les environs. En plus de cela, une odeur âcre et persistante lui agaçait les narines.
Au même moment, le paladin de la lumière, toujours juché sur son destrier, remarqua des flaques d'acide vertes, disposées çà et là, et l'effluve remarqué plus tôt par le nain semblait provenir directement de celles-ci et des bulles qu'elles dégageaient. De plus, les montures du groupe refusèrent catégoriquement de s'approcher de ces flaques vertes immondes.
— Hey, Fizz, euh non, Naruto, commença le paladin. Mince, comment il s'appelle déjà ? se demanda Théo, qui souffrait d'un léger trou de mémoire.
— Je m'appelle Sakura, si tu ne t'en rappelles pas, le taquina le demi-élémentaire.
— Ah oui, Shin ! Il s'appelle Shin ! se souvint enfin l'humain. Hey, Shin, reprit donc le guerrier de la lumière, tu saurais analyser ces flaques au sol, là ?
— Non, répondit du tac au tac l'archer.
Au vu de la mine légèrement surprise de Théo, il s'expliqua.
— Ben quoi, qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ? Que je la boive ?
D'un air quelque peu moqueur, Grunlek renchérit à l'adresse de l'archer :
— T'as qu'à tremper un doigt, voir ce que ça fait !
— Moi, je le vois bien en train de tremper son doigt dedans, puis de dire « Ouais, c'est du cyanure. » pour finir par tomber raide par terre, rajouta Bob en riant.
— Mais j'en sais rien, moi, c'est toi le mec de la forêt !» se défendit Théo.
— Oui, mais je suis prudent, je me suis fait bouffer la main tout à l'heure, maintenant j'arrête les conneries, on va arrêter de foncer tête baissée dans les dangers, et de toute manière, je pense pas que ce soit du tango de kiwi, donc on va y aller tranquille, hein ? répliqua Shin.
— Par contre ces flaques ne vous évoquent pas quelque chose ? insista Théo. Je sais pas, Bob, c'est toi qui as le plus examiné ces horreurs et leurs blessures, non ? Tu n'aurais pas remarqué un lien entre ces flaques et les arachnides ?
— Et bien, en fait, si. Quand j'ai examiné la plaie de Théo, avant qu'il ne fasse son apposition des mains, il y avait une espèce de liquide vert dans la plaie, qui semblait ronger sa chair. Et ce liquide vert est, pour moi, identique à celui contenu dans ces flaques d'acide, répondit le pyromancien.
— Ouais, en fait, il y a des aliens par ici, quoi, commenta Théo.
À peine Théo eut-il fini sa phrase que les appels à l'aide entendus plus tôt retentirent de plus belle.
Les quatre amis se regardèrent, puis Bob déclara :
— Attendez avant d'avancer plus que cela. Si ces flaques sont des limons des marais…
Le pyromage arrêta de parler, et entreprit de fouiller ses souvenirs. Il se souvenait partiellement d'un cours de l'Académie de Magie où la manière de distinguer ces monstres avait été établie ....
— Haha ! s'exclama-t-il. J'en suis sûr maintenant, ce ne sont pas des limons des marais. Désolé pour l'alerte, mais on ne peut pas être trop prudent, hein ?
— Et bien, vu les morceaux d'os à l'intérieur de ces flaques, je dirais que tu as eu raison de te méfier, Bob, commenta le nain.
— On a quand même eu de la chance, parce qu'avec le fait qu'il y ait des morceaux d'os à l'intérieur et autres, on était à ça d'avoir des limons des marais sur la gueule, reprit Bob, en rapprochant son pouce et son index l'un de l'autre. Parce que, déjà que les flaques d'acide c'est pas drôle, mais, si, en plus elles bougent et elles essayent activement de nous chopper, c'est encore moins drôle, finit le mage.
À ce moment, et pour une troisième fois, retentirent les appels au secours.
— Ah ouais, c'est vrai, y a ça aussi à aller voir, fit distraitement Bob. Bon, les mecs, faudrait peut-être se magner.
— Ouais, on avait oublié, remarqua le paladin, alors qu'intérieurement celui-ci se fustigeait pour son manque d'attention. Je blâme Bob et son foutu charisme à la con qui nous font oublier les trucs importants, du style quelqu'un a besoin d'aide et faudrait peut-être aller le sauver !
Grunlek, légèrement en avant du groupe, fut le seul à voir clairement d'où provenaient ces cris. Il s'agissait d'un nain, dos à lui, qui donnait des coups de hache dans quelque chose.
En voyant cela, le mécanicien se précipita en avant, souhaitant lui porter secours. Et, en s'approchant davantage de la zone de combat, il put voir quel était l'ennemi de la personne en difficulté. Celle-ci se battait contre une énorme araignée, noire et velue, dont la taille était bien supérieure à celle de l'arachnide qui avait attaqué Théo au campement. Le combat faisait rage depuis quelque temps déjà, et le nain inconnu, épuisé, ne put éviter une des pattes de l'araignée, qui le renversât sur le dos. L'énorme créature leva haut ses deux pattes avant, comme si elle voulait embrocher le nain avec…
Grunlek, en voyant cette situation, se dit que ses ressources étaient minces pour intervenir. Il était trop loin pour pouvoir tirer son compatriote de petite taille d'affaire, mais peut-être qu'en transformant son bras en arbalète, il pourrait tirer sur le monstre pour attirer son attention ? Ni une ni deux, le cuisinier du groupe joignit le geste à la parole. Le carreau d'arbalète fendit les airs en direction de sa cible, et.... explosa sur la carapace chitineuse de l'arachnide. Pas le moins du monde embêtée par ce tir, la créature fit retomber une de ses pattes, et embrocha la jambe du nain, toujours à terre.
Théo, resté en arrière avec les deux autres membres du groupe, décida de charger sur sa monture en direction du combat. L'une de ses armes de prédilection était la lance, après tout.
De son côté, Bob vit le paladin partir en avant à la vitesse de la lumière, et décida qu'utiliser sa propre monture, Brasier, comme bouclier ne serait pas une mauvaise idée. Cependant, après avoir pris la peine de réfléchir quelques secondes de plus, le pyromage se rappela que, bien que son destrier soit une invocation, il se comportait comme une simple monture et pas comme un cheval de guerre, c'est-à-dire qu'il n'acceptera probablement pas de charger l'araignée comme un idiot. « Bon, tant pis pour cette idée », pensa l'homme en robes ignifugées. « Plan deux : je vais me concentrer, je vais pas me précipiter, et je vais lancer une boule de feu. Je vais la chouchouter, la poupougner, la brosser, tout ce que tu veux, mais je vais pas la foirer ! ».
Le demi-élémentaire du groupe, lui, s'avança à petites foulées pour venir se placer derrière Eden. « Elle me servira de bouclier, tiens ! ». Effectivement, il avait gardé une légère rancœur contre la louve. Toujours est-il qu'ainsi placée, l'araignée affrontée par le nain se trouvait à portée de tir de son arc. Cependant l'action sera complexe, car sa vision était en partie obstruée par Grunlek et Théo. Enfin, surtout Théo, car vu la taille du nain.... Et ce fut en regardant son ami que Shin eut une idée.
— Grunlek, je peux me servir de toi comme d'un tremplin ? lui cria-t-il.
Sans répondre, le mécanicien courba son dos, craqua ses os, et se mit en position pour propulser l'archer. Voyant cela, Shin n'interrompit pas sa course, prit appui sur le dos de son ami, et décocha sa flèche en visant les yeux de l'araignée. Théo, toujours dans sa charge, observait tout cela du coin de l'œil, d'un air mi-blasé, mi-abasourdi, mi-galle. « Mais c'est n'importe quoi… Ils se croient au cirque, là, c'est pas possible autrement… »
La flèche de cristal, fendant les airs, capta les rares rayons lumineux encore présents qui firent reluire l'armure du paladin, et atteignit enfin l'œil de la créature. Celle-ci hurla de plus belle et se leva sur ses pattes arrière, révélant un dard terrifiant situé sous son ventre. Ce dard s'abattit sur le nain à terre, et commença à lui injecter en masse une substance inconnue. La victime de cette injection poussa un hurlement terrible, mais, toujours clouée au sol, ne put se dégager de cette emprise.
C'est à cet instant-là qu'arriva Théo sur son fier destrier Lumière, lance au poing. Celui-ci, en voyant la scène, fut saisi d'un horrible pressentiment. Il chargea en avant avec sa lance en visant l'arachnide, vit que la peau du nain infecté commençait à virer au noir, et au dernier moment changea sa lance de direction pour venir la planter dans le nain. Répondant à l'appel du paladin qui invoquait les foudres divines en criant « PI-KA-CHUUUUU ! », les cieux se grisèrent en quelques secondes, et de multiples éclairs s'abattirent sur le guerrier de la lumière. La foudre passa à travers son corps, suivit la lance, et au moment où elle toucha la malheureuse victime de l'araignée, une explosion se produisit. Surpris, Lumière recula de quelques pas, mais Théo parvint à le faire rester suffisamment sur place pour que l'électricité atteigne l'araignée géante. Touchée, celle-ci vacilla et tressauta, alors que des éclairs couraient de part en part sur sa carapace. Le paladin fit reculer sa monture tout en laissant sa lance plantée dans le nain. « Bob devrait pouvoir finir le boulot, normalement » pensa-t-il.
De son côté, le pyromage était toujours occupé à préparer sa boule de feu. « Je suis tellement content d'être loin de tout ce bordel ! », soupira-t-il mentalement de soulagement. Et, parce qu'il n'était pas en situation immédiate de combat, il fut le seul à remarquer, à droite et à gauche, des araignées semblables à celle ayant attaqué Théo, s'apprêtant à prendre en tenaille Shin et Grunlek…