Aventures : La Fanfiction - Saison 1
Épisode 4 : Un nouveau compagnon
par DoctorKoschei
Cela faisait depuis quelques heures que les quatre Aventuriers étaient route vers le Nord et plus précisément en direction de la Vieille Tour. Ils suivirent les indications sur la carte déchiffrée magiquement par la druidesse agonisante à travers la forêt d'Émeraude. Le groupe était guidé par Shin qui avait la lourde tâche d'orienter nos héros vers leur destination. Le soleil se levait tandis que Bob et Shin ouvraient la marche à cheval sur la monture du pyromage, Brasier, suivi de près par Théo et Grunlek sur Lumière. Les premiers rayons du soleil pointaient à la cime des arbres, illuminant de leur splendeur dorée la somptueuse forêt. Le chemin semblait tracé par la lumière de l'astre se réveillant doucement de sa nuit de sommeil. Le paladin revivait sous les lueurs divines et semblait recouvrer ses forces qu'il avait tant sollicitées quelques heures plus tôt. Le petit groupe était surpris d'entendre le paladin fredonner quelques paroles d'une chanson bien connue de tous :
— Encore une belle journée…
Les cavaliers en tête furent les seuls pour le moment à entendre les jappements d'un animal. Leurs regards se plongèrent dans celui d'un animal blessé, un loup, affaibli, et des taches de sang perlaient, autour de lui. Il était couché sur le côté et semblait en position de faiblesse.
— Shin ? Le loup, je le vois, tu veux bien descendre et l'ausculter s'il te plaît ?
Le demi-élémentaire descendit du cheval et commença à avancer prudemment vers l'animal tandis que celui-ci se retourna vers lui. À l'approche du Fils de l'Eau, le loup grogna et montra les crocs. Il était sur la défensive, prêt à se battre au prix de sa vie malgré sa fourrure tachetée d'hémoglobine. Les yeux menaçants du loup perçaient en sa direction, rythmés par sa respiration saccadée de bête agonisante.
Shin s'avança doucement en faisant un mouvement étrange avec sa main dans l'espoir de calmer le loup. Le pyromage regarda son ami avancer de plus en plus près de l'animal blessé.
— Tente un truc, c'est toi qui es le plus proche de ces saloperies que moi.
— Je pensais sortir la lame de la druidesse, proposa l'Archer.
— T'as vu, c'est moi qui l'ai tué ! Se moqua le paladin qui suivait la scène de son œil inquisiteur.
— Non, c'est toi derrière ! Répliqua Shin, non, mais avec l'odeur, peut-être qu'il pourrait reconnaître vu que c'est un objet connecté à l'elfe.
— C'est pas con, vas-y essaye, conclut le mage.
Le demi-élémentaire changea d'avis au dernier moment et rangea l'épée magique dans son fourreau, pas la peine d'effrayer davantage cette pauvre bête. Shin possédait une connexion intime avec la nature, ressentant la vie de la faune et la flore autour de lui, mais il se concentra sur le loup. Il voulait l'apaiser, le rassurer et, par la suite, peut-être le soigner. Il se baissa et avança précautionneusement, la main en avant.
— Petit petit, petit petit, petit pet… AAAAAAAAAAH !
Le loup bondit et mordit de toutes ses forces le bras de Shin, celui-ci poussa un hurlement de douleur et de surprise face à la réaction de l'animal. Ses comparses éclatèrent de rire et se moquèrent en cœurs de leurs échecs répétés.
— Il manque plus que Grunlek et on y est presque, s'esclaffa le mage.
— Tu m'as porté la scoumoune Bob, se défendit l'Archer, visiblement agacé de son échec.
— Mais c'est pas ma faute, c'était ton destin ! On y est passé nous avant, allez bibiche.
Shin se demanda si ce n'était pas le karma finalement, le responsable de sa malchance. En effet, il avait quand même fouillé les poches d'une druidesse en détresse. Le groupe redevint sérieux, il n'allait quand même pas laisser leur ami dans cet état. Le pyromage proposa un plan :
— Est-ce qu'il est possible d'ouvrir une connexion mentale avec un animal ?
— Mais pour l'instant, il faut sauver Shin qui est en train de se faire bouffer, l'interrompit le paladin, visiblement amusé du sort du Fils de l'Eau.
— Non, non attends, il est en train de se faire choper par un loup mourant, il va survivre, relativisa Bob.
Plus il y pensait et plus le demi-démon se disait que son idée valait le coup d'être tentée. Surtout que le loup était un animal druidique et, donc, lié magiquement à un être humain. C'était peut-être quelque chose dont l'animal avait l'habitude et pourrait, ainsi, supporter cette connexion.
Le paladin se dirigea lentement vers le loup, il prévoyait de l'achever au cas où Bob ne réussirait pas à sauver la main de Shin. Grunlek descendit du cheval, prêt à aider son ami souffrant, mais l'Archer ne croyait pas les intentions du Nain.
— Je suis sûr qu'il veut cuisiner le loup, c'est obligé, osa le demi-élémentaire.
— Attendez, attendez, le butez pas, putain ! intervint le pyromage, visiblement outré de cette soif de meurtre de la part de ses compagnons.
Balthazar se concentra, fermant les yeux et laissa sa part démoniaque prendre légèrement le dessus afin d'ouvrir cette connexion avec le loup. Il devait faire attention, car celui mordait encore la main de Shin et la moindre erreur risquerait d'aggraver la situation, déjà épineuse. Le paladin glissa un petit « Ta mère suce des… » à ses compagnons qui éclatèrent de rire. Mais ce qui se déroulait à ce précis ramena les trois amis à la réalité. Bob perdait lentement le contrôle de sa part démoniaque et les traits physiques démoniaques caractéristiques changeaient petit à petit le pyromage en monstre sanguinaire. Sa peau rougeoyait doucement tandis que ses pupilles devenaient jaune soufre. Avec l'apparition des canines tranchantes comme des lames de rasoir, Balthazar revint à la raison, refrénant avec difficulté ce démon qui ne demandait qu'à répandre le chaos et la destruction sur Terre.
La tension redescendait lentement tandis que le paladin remarqua que le loup s'acharnait non pas sur la main de Shin, mais sur le cuir d'Archer qui protégeait le membre des frottements de la corde de l'arc.
— Ça va ? demanda Théo, par simple moquerie plutôt que par réelle inquiétude pour son ami.
Mais Shin n'était pas enclin aux plaisanteries, la peur d'une contamination le rongeait. Toutefois, il était soulagé que l'animal ne lui ait fait que des dégâts contondants et ne lui ait pas arraché un bras.
— Bah, t'auras un bleu ! relativisa le pyromage.
— Shin, ça va ? Tu veux que je lui foute une calbote dans la tête pour le calmer ? » Demanda l'Inquisiteur, tout en commençant doucement à dégainer son épée.
Shin resta bouche bée devant le regard interrogateur de Théo. Le temps parut durer une éternité, tandis que le demi-élémentaire était en train de juger le ton du paladin.
— Je te pose la question, Shin ! s'impatienta le paladin.
— Ah, j'ai cru que tu voulais me mettre une calbote à moi.
— Non non, pas à toi, mais je peux lui mettre un coup de pied dans la gueule, ça le calmera.
— Oui, oui, je veux bien parce que, là, vu que je suis en train de souffrir, je suis en train de renier toutes mes origines par rapport à la nature. AH PUTAIN SALOPERIE DE NATURE DE MERDEUH ! s'énerva l'Archer, visiblement au bout de ses limites.
— On est les pires héros que le monde ait jamais vus, je tiens à le dire, désespéra le demi-diable, agacé pour cette situation.
Théo, douze ans, proposa quelque chose qui surprit tout le monde :
— Attendez, je sais ce que je vais faire ! Je vais derrière le loup et je lui écrase la queue ! proposa le paladin, apparemment très sérieux.
— Ah bien ! L'encouragea le Fils de l'Eau qui avait à présent, perdu toute sympathie pour la pauvre bête agonisante.
Bob glissa un petit « Question, quelle queue ? » dans l'espoir de faire rire la galerie, mais un silence gêné suivit immédiatement après cette blague un petit peu hors sujet.
— Non, mais, je lui écrase la queue comme ça, il va faire AAH ! Et tu pourras enlever ta main, expliqua l'Inquisiteur.
Sans attendre les avis de ses compagnons, Théo se glissa derrière le loup et lui écrasa la queue de tout son poids d'armoire à glace en armure de plates de 300 kilos. Un hurlement animal de douleur déchire la forêt et le loup finit pas relâcher le membre meurtri du demi-élémentaire. Shin recula en marmonnant des choses incompréhensibles et en faisant la gueule.
L'épée tomba lourdement à côté du loup, il la renifla et émit soudain des gémissements qui fendirent le cœur de nos quatre aventuriers.
— Je voulais lui annoncer pour me venger, ta maîtresse, elle est morte, elle est morte ! s'amusa Shin.
— Je lui écrase encore la queue, s'esclaffa Théo.
— Ta maîtresse, elle est morte et tu sais ce qui l'a tué ? Les mots… renchérit Bob.
— Oui, il est là, il t'a marché sur la queue ! PO PO POOOO ! enchaîna le demi-élémentaire tout en pointant l'Inquisiteur du doigt.
— J'ai tué ta maîtresse et tu es le prochain ! acheva le paladin dans un rire malsain.
— Mais qu'est-ce que je fous là ? se demanda Grunlek, secouant la tête, dépité.
Le Nain regardait la scène, une expression de dépit sur le visage malgré la patte d'araignée qu'il avait dans la bouche.
— Je vais essayer de calmer un peu la bête, dit calmement le mécaniste.
— Ah ouais, en plus, tu as un bras en métal, donc, si elle veut te niquer, c'est cool, répondit l'Archer.
Grunlek s'approcha précautionneusement de la bête agonisante et tendit sa main en métal vers son museau. Le loup sembla reconnaître la partie humaine du nain derrière l'objet et vint se frotter contre le mécaniste.
— C'est devenu mon meilleur ami, j'ai un familier loup maintenant, se moqua le Nain.
L'animal se releva avec difficulté, Grunlek pouvait à présent voir sa petite blessure à la patte. C'était une petite blessure, rien de bien méchant. À quelques mètres de là, Shin regardait la scène, dégoûté.
— Mais c'est pas possible, il pue l'araignée, il arrête pas d'en bouffer depuis tout à l'heure ! geignit le demi-élémentaire.
— Non, je lui fais des papouilles, répliqua le nain, amusé de la situation.
Le loup se blottit contre Grunlek et pointa du museau le chemin derrière lui. Le chemin se dessinait lentement sous les yeux des aventuriers, révélant l'endroit d'où venait la bête.
— On peut lui faire un petit bandage, au cas où ? demanda le Nain.
— Laisse Bob faire les bandages, il est fort pour ça, répliqua le paladin, une once de rancœur dans la voix.
— Non, non, justement, je vais prendre quelques minutes pour me calmer…
— Détruire l'humanitééééé ! plaisanta Théo.
— C'est exactement ça, je vais essayer de passer mon temps à me dire, tout est bien, je suis bien, la la la la la. TOUT EST SUPER GÉNIAL ! JE NE VEUX SURTOUT PAS TUER PLEIN D'ÊTRES HUMAIIINS ! chantonna le pyromage.
Finalement, ce fut Grunlek qui se chargea de faire un bandage au loup, laissant Bob se calmer et reprendre le contrôle de lui-même.
— J'aurai bien tenté, mais non…
— Moi, il m'a niaqué, il peut crever, annonça Shin.
— Moi, j'ai pas envie, déclara froidement Théo.
Les cinq compagnons se dirigeaient vers la direction signalée par le loup. L'animal avait complètement changé d'attitude, c'était comme si, par la seule approche de Grunlek, il avait… Non, mais tu chevauches pas le loup !
— Non, mais il chevauche le loup, lui ! s'esclaffa Shin.
La tension venait de retomber et Bob était à présent totalement calme et serein. Il retrouvait le contrôle de son esprit et il remarque que le loup ne portait pas les marques d'empoisonnement, comme le paladin. Il poussa un soupir de soulagement et ils se remirent en route. Grunlek ouvrait la marche avec le loup en direction de l'ouest, suivis des trois amis qui marchaient dans leurs pas. Tandis que les rayons du soleil se posaient sur l'armure et la peau de Théo, il se sentait revigoré d'une nouvelle foi et prêt à affronter tous les dangers. Les aventuriers traversent la forêt d'Émeraude en passant par un sentier. Bob entonna une chanson paillarde, mais se tut sous les regards interloqués de ses amis.
— À travers les plaiiiiiiines, oh pardon.
Après deux heures de route, des cris et des hurlements se firent soudain entendre et un cri monstrueux résonna, faisant trembler les environs. Les quatre compagnons se rappelèrent du cri de l'araignée agonisante sous les flammes de Bob, mais celui qu'ils entendirent était bien plus puissant.