Aventures : La Fanfiction - Saison 1
À l'entente de ces mots plutôt alarmants, le cœur des quatre aventuriers se serra douloureusement, notamment celui de Théo, qui s'était fait assommer par le pyromage ayant eu un moment d'absence au mauvais moment, un peu plus tôt dans la soirée mouvementée.
Il était allongé sur ce qui lui semblait être une couchette, à côté de l'elfe alitée tenant la main de Shinddha. L'esprit encore embrumé par le coup de ninja de Bob, il sentait courir dans ses veines quelque chose d'étrange, qu'il n'arrivait pas à nommer. Du poison ? Autre chose ? Dans tous les cas, il était sûr et certain que cela avait une origine magique.
Affairé à analyser et à comprendre ce qu'il se passait autour de lui, il reprit peu à peu connaissance et ouvrit doucement ses paupières lourdes, dévoilant ses yeux verts troublés, légèrement brillants de fièvre et de douleur. Stabilisant sa vision brouillée, il put voir, penché au-dessus de lui, le visage sincèrement inquiet et désolé du demi-diable responsable de son évanouissement, qui guettait fébrilement son réveil. Cependant, plus qu'une moue peinée, il lui trouva plutôt une grande ressemblance avec le chat Potté… Il chassa cette pensée absolument ridicule de son esprit embrumé et décida d'informer l'homme coupable de son inconscience imprévue :
— Je sens qu'il y a un truc bizarre qui coule dans mes veines, commença-t-il d'une voix faible et fatiguée. Je sais pas si c'est du poison ou autre chose, mais si je perds le contrôle de moi-même, j'espère juste que je défoncerai Bob en premier ! rajouta-t-il, un ton plus haut, en le fusillant du regard.
— T'en fais pas !, le rassura le demi-diable, qui ne semblait pas désarçonné le moins du monde par l'agressivité manifeste de son ami allongé.
— T'en fais pas, t'en fais pas… On va trouver, continua-t-il sous les rires étouffés de ses autres camarades, qu'il ignora royalement. Shin !, reprit le pyromancien, qu'est-ce que tu as trouvé dans le sac de la druidesse ? On s'est fait attaquer par une araignée, et t'as jamais pu nous dire ce que t'avais trouvé, dis-nous ! Si ça se trouve, elle a un remède cette conne !, s'insurgea-t-il inutilement.
L'archer secoua la tête de gauche à droite en haussant les épaules et balbutia :
— Nan, je… mais euh… Oui, mais non… Mais j'ai pas eu le temps en fait : j'ai tout reposé…
Ayant remarqué la situation critique des trois autres, il avait tout laissé en plan pour venir leur porter secours. Il avait donc tout lâché avant d'avoir vraiment eu le temps de fureter dans les affaires de la jeune femme malade. Impatient, le mage lança fébrilement :
— Ben fouille ! Fouille, fouille, fouille, fouille, fouille !
— Mais tu as les parchemins aussi à lire, Bob, intervint Grunlek, occupé à arracher la carapace de l'araignée pour pouvoir la cuisiner ensuite.
— Oui ! C'est justement ce dont j'allais m'occuper en fait… Sauf qu'un parchemin à moins de chance de soigner quelqu'un qu'une fiole de… de… d'antidote.
Le Nain hocha la tête et reprit son activité culinaire. Observant la chaire filandreuse de la bête prévue au repas du soir, il prit un air appréciateur et, tandis que ses réflexes de tant d'années passées à cuisiner revenaient rapidement, il se mit à siffloter gaiement tout en séparant la viande de l'enveloppe dure de l'arachnide. Dans sa tête, il chantonnait un air guilleret, mais dont les paroles étaient assez cruelles pour le reste de ses compagnons : « Je suis heureux, tout va bien ! Je cuisineuh-sineuh-sineuh… Tout est super génial ! Mes potes sont empoisonnés et en train de mourir, tout est super génial ! Ça va bien finir ! »
Malgré sa désinvolture manifeste, il sut qu'il pouvait faire en sorte que cet animal puisse être tout à fait mangeable. Fouillant dans ses possessions, il retrouva une outre de bière et, il se décida à faire cuire l'immonde carcasse dans ce liquide alcoolisé.
— De l'araignée à la bière…, marmonna-t-il.
Cela avait l'air super bon, en effet… Les trois autres regardèrent ce qu'il faisait, un air de dégoût peint sur le visage.
— Délicieux !, s'exclama Grunlek, ravi de son plat.
Réussissant à détourner ses yeux du spectacle peu ragoûtant, le paladin redirigea son attention vers le pyromage et le questionna :
— Qu'est-ce que tu vois, exactement ?
Seul le chant des cigales lui répondit, tandis que Bob se caressait distraitement la barbe, le regard perdu dans le vague. Apercevant l'air d'attente du chevalier peu commode, il reprit brutalement ses esprits et bafouilla, gêné :
— Ah, pardon ! Euh… le…
— Encore un moment d'absence ?! plaisanta à moitié Théo, un sourire mi-figue mi-raisin sur les lèvres.
— Il y a effectivement un poison qui coule dans tes veines, mais t'en fait pas, on va trouver une solution, dit-il en ignorant la blague. Ça a l'air magique, c'est noir… Et toi, comment tu te sens… physiquement, mentalement ? Rien ? À part affaibli ?
— Non, pour l'instant, ça va, mais je sens que ça ne va pas aller longtemps, annonça l'inquisiteur d'une voix sombre.
Heureusement pour Bob, malgré le fait qu'il l'avait mis K.O pendant quelques minutes, il ne ressentait pas pour autant une envie accrue de l'embrocher sur place, étonnamment.
— Allonge-toi, on va essayer de trouver une solution, bouge pas… SHIN, cria le pyromancien comment ça avance la fouille ?!
— Je ne fouille pas, répliqua le demi-élémentaire d'un ton presque candide. Mais, j'ai reçu un message un peu alarmant…
Il s'interrompit, indécis, et décida de demander d'abord comment leur ami paladin se portait. Préoccupé par la druidesse et sa situation critique, il n'avait pas vraiment écouté les paroles échangées entre le chevalier et le demi-démon et il voulait savoir comment le guerrier allait, avant d'annoncer la terrible nouvelle qui lui pesait sur la conscience.
Détaillant son ami en armure allongé, l'archer ne sut pas déterminer si le visage de Théo était crispé de douleur ou de colère… Peut-être les deux. Il prit donc le parti de ne pas mettre au courant tout de suite les autres, par crainte de la réaction de l'homme empoisonné.
L'Inquisiteur de la Lumière, lui, n'avait envie que d'une seule et unique chose : secouer violemment la jeune elfe en lui hurlant à la figure, de toute la force de ses poumons «Soignez-moi !!! J'vous ai soigné, sales oreilles pointues !»
Malgré sa face partagée entre ire et souffrance, Shinddha s'aperçut que le chevalier allait légèrement mieux, mais… ce n'était pas encore ça : grâce à sa vue supérieure aux humains, héritée de son côté élémentaire, il put voir des veinules noires courir sur le reste de la blessure, que le paladin avait soigné juste après l'attaque de l'araignée, avec l'aide de sa Foi.
Au même instant, l'elfe saisit de nouveau la main gantée de Shin, attirant l'attention de celui-ci sur sa personne. Il remarqua qu'elle avait un regard un peu perdu, chargé à son encontre. Elle commença à parler, mais, étant beaucoup trop faible, sa voix portait peu et le demi-élémentaire dut se pencher sur elle afin de pouvoir recueillir les mots qu'elle prononçait avec une difficulté manifeste :
— Un danger… menace le Royaume… Avec ma meute et mon ami nain, Drinn… nous avons parcouru la Forêt D'Émeraude… et nous sommes tombés sur… un grand danger…
Elle se tourna légèrement vers Théo et son regard se posa sur la plaie récente de celui-ci. Elle sembla alors reconnaître ce qu'elle avait sous les yeux, comme si elle y avait déjà eu affaire par le passé :
— Mes Loups… Mes Loups se sont fait attaqués, ils ont… Ils ont eu les mêmes blessures… Et à ce moment-là, on s'est séparés avec Drinn… On s'est séparés… mon ami nain a commencé à courir après ces… ces prédateurs pour connaître leur… leur repaire et, j'ai senti mes Loups mourir les uns après les autres. Ils sont en grand danger… et… je… je crains de moi-même… ne pas passer la nuit… Ils… ils meurent tous les uns après les autres…
À l'entente de ses mots pleins de désespoir, Bob put ainsi affirmer avec certitude que c'était un lien magique qui unissait la druidesse et sa meute de Loups décimée par une chose encore inconnue, mais qu'il soupçonnait être de la famille des arachnides.
— C'est une Louve, déclara le demi-diable avec une grande conviction.
— C'est encourageant pour Théo !, lança Grunlek, sans que les quatre aventuriers ne puissent déterminer s'il ironisait ou s'il était sérieux.
— Ouais, merci…, lança d'un ton las le paladin souffrant, un sourire amer sur le visage.
— Combien de temps ils ont mis pour mourir ? demanda Shinddha.
— Combien de temps il lui reste ...? murmura sinistrement le pyromage, complétant à la perfection les paroles de l'archer.
— Si je vous tue tous avant de crever, j'm'en fous !, grogna le chevalier avec un rictus cruel.
— C'est ce qu'on voudrait éviter, c'est pour ça qu'on veut te soigner, espèce de naze !, répliqua Balthazar en riant presque nerveusement.
Avec dépit, et un peu de dérision, le guerrier songea à leur niveau de compétence catastrophique : pire que les Tortues Ninjas ! S'ils continuaient dans cette voie, il ne donnait pas cher de leur peau… Il pariait même qu'ils ne survivraient pas une semaine.
— Est-ce que vous avez-vous la moindre idée du mal qui est en train de vous occire ? reprit sérieusement le mage à l'adresse de l'elfe.
— Je… Je pense que je n'en ai plus pour longtemps, mais ce qui est sûr, c'est que… Il a fallu… je…
Elle dirigea son attention vers la voûte céleste piquetée d'étoiles plus ou moins brillantes. Théo leva les yeux au ciel et espéra de tout son cœur qu'elle ne périrait pas avant de finir la phrase : il entrerait dans une colère noire si cela s'avérait être le cas !
Elle regarda un instant la position des corps lumineux pour pouvoir leur dire approximativement combien de temps s'était écoulé depuis les précédents événements :
— Il y a trois, quatre jours à peu près… Je… Mes Loups commencèrent à se faire attaquer. J'espérais… J'espérais trouver de l'aide et j'étais désorientée dans la forêt, alors que le poison a tué mes Loups et a pris ma vie petit à petit… Il ne doit rester qu'un seul Loup vivant… À l'heure où je vous parle… Alors s'il vous plaît, faites quelque chose…, les supplia-t-elle d'une voix larmoyante.
— Qu'est-ce qui a attaqué vos Loups ? s'enquit Shinddha. Est-ce que vous avez vu le prédateur ? À quoi il ressemblait ? Qu'est-ce que c'était ?
— Je crains… Je… Je crains…, commença-t-elle avant de jeter un œil vers le plat que préparait Grunlek avec délectation. Je crains que ceci ne soit qu'un avant-goût…
— Où est Drinn ? reprit le demi-élémentaire sans la presser, est-ce que vous savez dans quelle direction il est parti ?
Elle se mit alors à fouiller ses vêtements, à la recherche de ses précieuses affaires, qu'elle avait sur elle avant de s'être fait attaquer.
— Comment on me soigne, putain ?! rugit Théo, en colère, le corps tendu par la souffrance due au venin qui l'empoisonnait lentement mais sûrement.
— J'y viens, j'y viens !, rétorqua Bob, pour tenter de le calmer un tant soit peu.
Après cela, le pyromage s'éloigna et alla ramasser les parchemins abandonnés sur la couchette du chevalier pour les ramener à la druide occupée à chercher ses biens.
Soulagée, elle passa avec délicatesse la paume de sa main sur les lettres, quelque peu ésotériques, qui ornait le papier ancien. Elles bougèrent et s'assemblèrent pour finalement former une carte de la région. Sur ce plan, au Nord, se trouvait l'un des points de contrôle du Royaume, qui était La Vieille Tour : cet endroit se trouvait à environ deux jours de voyage du campement des aventuriers, peut-être un peu moins : tout dépendait de leur allure et des obstacles qui se trouveraient sur leur chemin.
Pendant ce temps, Bob, le plus avancé dans le domaine de la magie, était plongé dans d'intenses réflexions, de la plus haute importance pour la vie du chevalier : il se disait qu'il était peut-être possible de préparer un antivenin avec une source plus pure du poison, la génération première de l'araignée qu'ils venaient d'affronter il y a quelques instants.
Voulant soigner son ami blessé immédiatement, même un peu, il demanda au cuisinier de lui donner les glandes contenant le produit toxique de l'arachnide, ce que le Nain fit de bonne grâce, tout en le questionnant intelligemment :
— Mais, est-ce que tu as les ustensiles ? Les outils nécessaires… ?
— De toute façon, il reste encore un peu de temps, et puis on ne va pas partir au petit matin, il faut que les deux autres se reposent…, éluda le mage en se caressant le menton, songeur.
Le demi-élémentaire posa ses yeux d'un bleu abyssal sur l'elfe mourante et se rendit vite compte qu'elle ne pourrait pas survivre au voyage… Voire, qu'elle ne passerait pas la nuit, tant elle était affaiblie par le mal qui la rongeait.
— Le problème c'est que si son Loup meurt, elle a de grandes chances de mourir derrière… Est-ce que l'on n'aurait pas la possibilité de retrouver le Loup et d'essayer de la sauver et peut-être en même temps de… Si le Loup est à l'endroit où il y a la maman des araignées ou la source du poison… On pourrait faire d'une pierre deux coups, exposa le Nain au bras mécanique.
— Elle a une meute de Loups, c'est ça ? Il y en a plusieurs qui sont morts déjà…, dit Shin, un peu perdu.
— Elle AVAIT une meute de Loups, l'éclaira le pyromage, c'est ça, il en reste plus qu'un.
— Et il est où ? souffla le paladin d'un air las.
Pour répondre à la question de Théo, la druidesse montra promptement le nord avec son bras. Ayant une connexion magique avec ses animaux, elle pouvait savoir où ils se trouvaient sans aucun problème.
— Je suis sûr que notre ami Théo, le paladin, ne serait pas contre risquer sa vie pour essayer de la sauver elle…, le nargua Grunlek d'un ton moqueur.
L'Inquisiteur leva un sourcil suite à la pique insidieuse de l'artisan souriant. Bob, ne comprenant pas que c'était une plaisanterie, proposa d'un ton solennel :
— Moi, je dirais d'attendre l'aube, au moins…
— Ça serait aussi pour se sauver lui-même…, dit l'archer de glace, sans tenir compte de l'intervention du demi-démon.
— Est-ce que mon sourcil est assez haut là ? lança Théo en pointant son visage du doigt.
Ignorant totalement la druidesse agonisante, les quatre héros se mirent à rire de bon cœur, relâchant ainsi la pression qui pesait sur eux depuis l'attaque. Le demi-élémentaire s'autorisa même une blague :
— Ah merde, c'est un symptôme, aaaaaaaah !
Reprenant vite un comportement raisonnable, le demi-démon prit de nouveau la parole :
— Je conseillerais d'attendre l'aube, ça me laisserait peut-être le temps de préparer un antivenin primitif de base et de le tester sur Théo pour ensuite partir, y voir à plus de trois mètres et éviter les embuscades à la con par des araignées ninjas de l'apocalypse empoisonnées…
— Mais là, le temps est super compté, intervint Shin, alarmé, elle a dit que ça fait trois jours que… tous ses Loups étaient en train de mourir donc…
— On a le choix, l'interrompit le mage de feu, soit on va rusher au nord pour tenter de sauver le Loup et donc tenter de sauver la gonzesse, soit on patiente ici le temps que je concocte quelque chose…
— Et moi ?! grogna le chevalier de la Lumière, n'appréciant pas d'être délaissé pour une inconnue.
— Qui pourra retarder l'échéance de Théo, continua-t-il en levant la main pour interrompre son ami.
— Si on va au Nord, est-ce que Théo pourra nous accompagner et combattre ? s'enquit Grunlek
— Je pense oui, affirma le concerné avec aplomb.
Se concertant du regard, et sachant tous qu'elle n'arriverait pas à finir la nuit, le paladin prit les commandes, se levant en grimaçant et lui demanda brusquement en se tournant vers elle :
— Vous avez envie de mourir par l'Eglise de la Lumière, ou vous avez envie de mourir par la Nature ?
Choqués par les propos inattendus de l'Inquisiteur, tout le monde se figea, laissant l'ambiance nocturne, assurée par les oiseaux et les insectes, prendre place pendant quelques longues minutes tendues.
— … Je veux pas mourir, répondit la druidesse d'une voix étranglée.
À ses côtés, Shin s'était repris et murmurait doucement des prières presque inaudibles, tenant entre ses doigts graciles l'épée de l'elfe :
— Je jure sur mon sang d'abattre cette lame sur la source de votre mal…
Le paladin réitéra sa question, une petite lueur de folie dans ses yeux émeraudes, plus cru encore que précédemment :
— Alors… Tu veux mourir comment ?!
La druidesse mourante fut ébranlée par tant de violence en si peu de temps, et cela accéléra les derniers battements de son cœur… La vie quitta son corps, sous les yeux hébétés de Bob, Shin et Grunlek.
— Le pire paladin du monde…, lâcha l'ingénieur, dépité par l'action de Théo.
— Oh le sac, dit l'archer, amusé malgré lui, oh le paladin…
— Plus jamais tu nous fais la morale sur quoi que ce soit, le menaça le Nain. Et t'as tué une innocente…
— J'ai pas tué une innocente, elle allait mourir de toute façon ! Maintenant, on peut bouger plus vite !, s'écria le « meurtrier », indigné par cette accusation, qu'il jugeait fausse.
Le pyromage éclata d'un rire aigu sous ses mots cruels. Il en pleurait presque, tant la situation était cocasse malgré le froid qui s'était installé dans le groupe.
— C'était pour abréger ses souffrances !, continua le chevalier, pour se défendre.
— Ah bah, pour le coup ça a marché !, s'exclama le demi-démon, encore hilare, Elle est morte !
— Bah, voilà ! C'est quoi le problème ? demanda le guerrier en armure.
— Respect… murmura le Kory, fasciné par sa méthode efficace.
— Ok ! Allez, en route !, ordonna l'Inquisiteur d'un ton autoritaire.
Grunlek bouda puérilement en entendant cela de la part du chef du groupe : il n'avait pas pu finir sa délicieuse araignée à la bière…
Bob prit automatiquement la tête, sur le dos de Brasier, n'acceptant pour rien au monde de laisser passer Théo à cause de sa trop récente blessure. Il fit grimper Shin derrière lui, tandis que le Nain se hissa tant bien que mal sur Lumière, avec l'aide du chevalier. L'artisan mécanicien jeta un coup d'œil en arrière, pour s'assurer qu'ils n'avaient rien oublié d'important.
— Elle avait rien d'autre que l'épée dans son sac ? Je me tue à le demander depuis tout à l'heure, dit Bob, qui n'avait pas fait avancer son cheval pour, au cas où, redescendre chercher des objets utiles.
— J'ai pas fouillé plus en fait, j'étais porté par le truc…, lui annonça Shin d'un ton désintéressé, tandis que le Lennon soupira longuement en se cognant le front du plat de la main.
— Ah bah oui, se renfrogna l'archer, vexé, je suis désolé !
— C'est pas ça ! Elle est druide donc, quelque part, elle doit être magicienne, donc, quelque part, elle doit avoir du matos !, exposa le mage avec une logique implacable.
— Elle a pas grand-chose d'autre, souffla le demi-élémentaire, excédé par le comportement du demi-diable.
— Ah putain, ça veut dire qu'elle se torchait le cul avec des feuilles ?! Ok, on se barre ! On s'tire, on s'tire…, dit-il en talonnant sa monture obéissante.
— Non, elle a un rouleau de papier toilette dans son sac, évidemment !, ironisa son interlocuteur à l'élément opposé.
— En acacia, ça compte pas, ça reste des feuilles !, répliqua-t-il en riant.
Ils quittèrent alors définitivement leur camp, direction le Nord. Ils arrivèrent dans une autre partie de la forêt et, après l'avoir parcourue un long moment, un écho parvint aux oreilles sensibles des deux demi-créatures, qui ouvraient courageusement la marche. C'était un son qui venait de loin, très loin devant eux : un long, poignant et lancinant hurlement… de loup.