L'Héritage des Ombres : Le Souffle de la Résistance

Chapitre 28 : Instants critiques

5610 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/12/2024 13:05

Dans les ombres vacillantes de la chambre secrète, Ezio Auditore écoutait avec une intensité glaciale. Perotto, l'assassin infiltré, venait de révéler la nouvelle qui faisait battre son cœur avec une fureur terrifiante : Isabella, sa fille, était prisonnière dans les entrailles du Château Saint-Ange après que sa véritable identité eut été révélée. L'air se chargeait d'une tension palpable, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle.


Ezio, dont le visage était marqué par les épreuves et la détermination, sentait une rage ardente s'embraser en lui. La protection de sa famille avait toujours été son credo inébranlable, une flamme qui le guidait à travers les ténèbres. Mais cette fois, la menace pesait sur sa propre chair, sur Isabella, son trésor le plus précieux.


Frédérico, à ses côtés, ressemblait étrangement à Ezio à son âge. Avec l'ardeur de la jeunesse et la bravoure insouciante de ceux qui n'ont pas encore goûté à l'amertume de la perte, il brûlait d'un désir de vengeance et de sauvetage. "Nous devons la sortir de là, maintenant !" s'exclamait-il, ses yeux reflétant le même feu qui avait autrefois animé Ezio.


Machiavelli, toujours stratège, plaidait pour la prudence : "Nous ne pouvons pas nous précipiter dans la gueule du loup, Ezio. Rodrigo et Cesare Borgia restent notre priorité. Nous devons penser à l'Ordre avant tout." Mais ses mots semblaient s'évaporer dans l'air, ne trouvant pas d'écho dans les cœurs embrasés par l'urgence et la colère.


C'est alors qu'Arianna, malgré sa grossesse avancée, se leva. Sa démarche était lente, mais sa voix portait la force d'une tempête. "Niccolò, tu as toujours été un sage conseiller, mais aujourd'hui, ce n'est pas seulement un membre de l'Ordre qui est en danger, c'est ma fille. Nous agirons, et nous agirons maintenant." Sa détermination était inébranlable, une mère protectrice dans toute sa splendeur.


Perotto prit la parole, son expérience d'infiltré lui conférant un avantage crucial. "J'ai souvent parcouru les couloirs du Château Saint-Ange. Je peux vous guider à travers les passages les moins surveillés. Nous aurons besoin de discrétion et de rapidité." Son regard croisa celui d'Ezio, un échange muet de reconnaissance et de confiance. Perotto n'était pas seulement un allié ; il était devenu, au fil des épreuves, un frère d'armes, fiable et indispensable.


Ezio se leva, son regard balayant ceux de sa famille et de ses compagnons. Chaque visage reflétait une facette de la complexité de leur situation : la rage, la peur, la détermination. "Nous agirons ensemble," déclara-t-il avec une autorité qui ne laissait place à aucune contestation. "Nous sauverons Isabella et nous mettrons fin à la tyrannie des Borgia. Ce soir, nous frappons."


Machiavelli, bien qu'en désaccord, acquiesça avec réticence. Il savait que, face à la force de la volonté d'Ezio, toute résistance était vaine. "Alors, soyons stratégiques. Nous devons planifier chaque mouvement, anticiper chaque piège. Ezio, Frédérico, vous serez en première ligne. Perotto, votre connaissance du château est cruciale. Arianna, vous devez rester ici, en sécurité."


Arianna secoua la tête, une flamme combative dans les yeux. "Je comprends, mais je ne serai pas mise à l'écart, Niccolò. Ma place est aux côtés de ma famille, dans la bataille. Je sais me défendre, même dans cet état." Sa voix, bien qu'emprunte de douceur maternelle, portait la fermeté d'un acier trempé.


Le groupe se pencha alors sur les plans du château, étudiant chaque corridor, chaque issue, chaque cachette possible. Perotto détaillait les routines des gardes, les points faibles des défenses. Frédérico écoutait avec avidité, absorbant chaque information, sa jeunesse tempérée par l'urgence de la situation. Ezio, le regard fixé sur la carte, calculait chaque mouvement, chaque stratégie. Machiavelli, malgré ses réserves, apportait son expertise tactique, conscient de l'importance de chaque détail.


La nuit tombait sur Rome, enveloppant la ville d'un manteau d'obscurité. Dans cette chambre secrète, une famille et ses alliés se préparaient à l'inimaginable. Leur plan était audacieux, dangereux, peut-être même désespéré. Mais ils étaient unis par un lien indéfectible, une volonté de fer, et l'amour inébranlable pour l'un des leurs. Cette nuit, ils ne seraient pas seulement des assassins. Ils seraient des protecteurs, des vengeurs, des guerriers dans l'ombre, prêts à défier l'impitoyable puissance des Borgia pour sauver ce qui leur était le plus cher.


Alors que les préparatifs touchaient à leur fin, Ezio se tourna vers ses compagnons, une lueur de détermination dans les yeux. "Cette nuit, nous écrivons l'histoire. Non pas avec des mots, mais avec nos actions. Pour Isabella, pour l'Ordre, pour la justice."


Le groupe se leva, unis dans leur résolution. Ils étaient prêts à affronter les dangers du Château Saint-Ange, prêts à risquer tout pour une des leurs. Dans le silence de la nuit, ils se glissèrent hors de leur cachette, des ombres parmi les ombres, vers le cœur de la forteresse des Borgia.


Le Château Saint-Ange les attendait, imposant et menaçant, mais ils n'avaient pas peur. Ils étaient portés par l'amour, la loyauté et le courage - des forces bien plus puissantes que n'importe quelle pierre et acier.


Et ainsi, sous le voile de la nuit, la bataille pour sauver Isabella commençait.


-


Dans l'ombre d'un bosquet d'arbres centenaires, à quelques encablures du Château Saint-Ange, Arianna se tenait fermement, scrutant la silhouette massive de la forteresse qui se dressait devant elle. Elle était entourée d'un groupe compact d'assassins, tous vêtus de noir, leurs visages dissimulés par des capuches. Chacun d'eux était en alerte maximale, prêt à intervenir au moindre signal, leurs yeux fixés sur la silhouette sombre d'Ezio, Frédérico et Perotto qui s'avançaient vers le château.


Arianna, malgré sa grossesse avancée, rayonnait d'une autorité silencieuse. Son regard était inébranlable, révélant une détermination qui dépassait les limites de la peur et de l'inquiétude maternelle. Elle savait que le sort d'Isabella, sa fille bien-aimée, reposait sur les épaules de son mari et de son fils, soutenus par Perotto, un allié devenu indispensable.


Pendant ce temps, Perotto, Ezio et Frédérico avançaient furtivement à travers l'obscurité, s'approchant du château comme des ombres se glissant parmi les ténèbres. La clé de la porte dérobée, un trophée de leur précédente confrontation, était solidement tenue dans la main d'Ezio. Leur progression était silencieuse, presque insaisissable, chaque pas mesuré avec une précision chirurgicale.


Le départ de Cesare Borgia pour Urbino avait laissé le château dans un état de vulnérabilité inhabituel. Les gardes, bien que toujours présents, semblaient moins nombreux, et leur vigilance semblait amoindrie par l'absence de leur chef impitoyable. Cet avantage, minime mais crucial, n'était pas perdu pour le trio, qui avançait avec une confiance prudente.


Arrivés à la porte dérobée, Ezio examina brièvement les environs avant de glisser la clé dans la serrure. Un clic discret annonça le déverrouillage, et la porte s'ouvrit sans un bruit, révélant un passage étroit menant aux entrailles du château. Perotto entra le premier, ses yeux s'adaptant rapidement à l'obscurité du couloir. Ezio et Frédérico le suivirent, leurs sens aux aguets, prêts à réagir à la moindre menace.


Le trio se déplaçait avec une synchronisation parfaite, un reflet de leur entraînement rigoureux et de leur expérience partagée. Chaque coin pouvait cacher un danger, chaque porte fermée un secret, chaque ombre un ennemi. Ils avançaient dans un silence presque surnaturel, chaque souffle, chaque mouvement étant calculé pour éviter toute détection.


Tandis qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans le château, Arianna et les assassins restaient en arrière, leurs yeux fixés sur l'entrée par laquelle le trio avait disparu. Ils étaient la dernière ligne de défense, le rempart final si tout tournait mal. Dans le silence de la nuit, seul le battement de leur cœur trahissait la tension qui les habitait, une tension mêlée d'espoir et de crainte pour ceux qu'ils étaient prêts à défendre jusqu'à leur dernier souffle.


Dans les jardins somptueux, baignés dans l'ombre et la lumière de la lune, le trio progressait avec une discrétion de félin. Perotto, connaissant bien les lieux pour y avoir souvent circulé, prenait les devants, échangeant des signes codés avec certains serviteurs complices ou malheureusement ignorants de leur véritable allégeance.


Après un moment tendu, Perotto revint vers Ezio et Frédérico. "Lucrèzia est la seule Borgia présente ce soir," murmura-t-il. "Elle détient la clé de la cellule d'Isabella."


Le plan, élaboré avec une précision stratégique, reposait sur l'habileté et la ruse de Perotto. Sa proximité avec Lucrèzia Borgia, fruit d'une infiltration longue et risquée, était désormais leur atout le plus précieux. Dans la pénombre des couloirs du Château Saint-Ange, Ezio Auditore, le légendaire assassin, acquiesça d'un signe de tête silencieux. Il avait une confiance totale en Perotto, sachant que sa capacité à naviguer dans ce nid de vipères serait cruciale pour leur réussite.


Le trio, composé d'Ezio, Frédérico et Perotto, avançait avec une discrétion spectrale dans les couloirs richement décorés du château. Les tapisseries aux motifs complexes et les tableaux des maîtres italiens qui ornaient les murs témoignaient de la richesse et du pouvoir des Borgia, mais pour les assassins, ils n'étaient que le décor d'un théâtre d'ombres et de danger.


Perotto, sous l'apparence d'un messager fidèle aux Borgia, prit la tête. Sa connaissance intime des habitudes et des routines du château leur permettait d'éviter les gardes et les serviteurs, se glissant à travers les ombres comme des fantômes. Son objectif était clair : rejoindre les appartements privés de Lucrèzia Borgia et l'attirer dans un piège soigneusement tendu.


Arrivé à destination, Perotto frappa discrètement à la porte, son cœur battant un rythme régulier malgré l'adrénaline qui courait dans ses veines. Quand Lucrèzia ouvrit, son visage reflétait une curiosité mélangée à un désir évident pour le jeune homme qui avait su charmer son cœur. Avec la subtilité d'un assassin et le charme envoûtant d'un amoureux, Perotto susurra des mots doux, la persuadant de le suivre dans une salle isolée, loin des oreilles indiscrètes.


Dans la salle isolée, où les tapisseries épaisses et somptueuses absorbaient chaque murmure, Ezio et Frédérico se tenaient cachés dans l'ombre, leurs respirations contrôlées n'émettant pas le moindre bruit. Lorsque Lucrèzia Borgia entra, suivant Perotto avec un air de confiance et d'insouciance, les assassins surgirent de leur cachette, tels des spectres émergeant des ténèbres.


Leurs visages étaient dissimulés derrière des masques d'assassin, leur présence imposant une aura menaçante et impénétrable. "La clé, Lucrèzia. Nous savons que vous l'avez," exigea Ezio, sa voix tranchante et impérieuse perçant le silence de la pièce comme une lame affûtée.


Lucrèzia, saisie par la peur et la surprise, fixa Perotto, son visage se déformant par un sentiment de trahison profonde. "Perotto? Comment... Pourquoi?" balbutia-t-elle, ses yeux remplis d'une confusion mêlée à une peur palpable.


"Nous n'avons pas de temps pour les sentiments, Lucrèzia. La clé," insista Ezio, sa patience s'amenuisant.


Lucrèzia, saisie par la peur et la surprise, fixa Perotto. Son visage trahissait une profonde trahison, ses yeux cherchant désespérément une explication dans le regard de celui qu'elle croyait être son allié, son amant. Mais la détermination d'Ezio, sa présence implacable, ne lui laissait aucune échappatoire. Sous la pression, Lucrezia, d'abord secouée, se redressa, son orgueil de Borgia ressurgissant. "Ah, les Assassins... Toujours si prévisibles dans votre quête de 'justice'. Vous ne comprenez donc pas que vous êtes déjà perdus ?"


Perotto, maîtrisant ses émotions avec la discipline d'un assassin aguerri, fixa Lucrèzia d'un regard pénétrant. "Où est la clé de la cellule d’Isabella, Lucrezia ? Nous savons que c'est vous qui la détenez."


Lucrèzia, se drapant dans sa dignité et son arrogance habituelles, afficha un sourire malicieux. "Vous êtes venus pour elle, Isabella… Ah, la chère enfant. Vous seriez surpris de savoir combien elle s'est... adaptée à sa nouvelle vie ici. Cesare, en particulier, a trouvé en elle un... divertissement tout à fait à son goût."


Les yeux d'Ezio s'assombrirent, un frisson de colère parcourant son échine. "Que voulez-vous dire, Lucrèzia ? Parlez clairement."


Avec un rire moqueur, Lucrèzia se délectait clairement du pouvoir qu'elle exerçait en cet instant. "Oh, la naïveté des Auditore est touchante. Votre précieuse Isabella, si pure, si innocente, est tombée sous le charme de Cesare. Elle attend un enfant de lui, un enfant Borgia. Imaginez... un mélange de votre sang avec le nôtre. Quelle ironie délicieuse, n'est-ce pas ?"


Frédérico, incapable de contenir son indignation, fit un pas en avant, les poings serrés. "C'est un mensonge! Vous mentez!"


Ezio, malgré la tempête de rage qui grondait en lui, posa une main apaisante sur l'épaule de son fils. "Du calme, Frédérico. Ne te laisse pas emporter par ses provocations."


Lucrèzia, triomphante dans sa cruauté, poursuivit "Peu importe ce que vous croyez, assassins. La vérité est que les Borgia ont déjà gagné. Votre fille appartient maintenant à Cesare, corps et âme."


Ezio fixa Lucrèzia d'un regard glacial. "Votre règne de terreur prend fin ici, Lucrèzia. Vous ne contrôlez plus rien. Nous allons libérer Isabella et détruire ce que vous et les vôtres avez construit sur le mensonge et la corruption”. 


Lucrèzia rit doucement, son regard brillant d'une malice cruelle. "Oh, la vérité blesse, n'est-ce pas ? Comment se sent-on, Ezio, de savoir que votre fille a été séduite par un Borgia ?"


Ezio, imperturbable, répéta à Lucrèzia. "Peu importe vos jeux et vos manipulations, Lucrèzia. La clé."


Comme si elle jouait sa dernière carte, Lucrèzia sortit la clé de son corsage, la main tremblante. "Prenez-la, Assassins. Mais sachez que vous ne détruirez jamais notre lignée. Les Borgia survivront, peu importe ce que vous faites."


Ezio, tenant fermement la clé dans sa main, fixa Lucrèzia avec une intensité brûlante. "Votre empire de peur et de tromperie s'effondre, Lucrèzia. Isabella sera libérée, avec ou sans cette clé. Et votre règne prendra fin," prononça-t-il avec une résolution implacable.


Dans le silence lourd qui suivit, Ezio, Frédérico et Perotto quittèrent la pièce, laissant derrière eux une Lucrèzia Borgia désemparée, prisonnière de son propre réseau de mensonges et de pouvoir.


Le trio, la clé en main, se hâta vers la cellule d'Isabella. Chaque pas résonnait d'une urgence sourde, chaque coin sombre pouvait cacher un danger, mais leur détermination ne faiblissait pas.


Arrivés devant la porte de la cellule, Ezio inséra la clé avec une précaution presque paternelle. Un frisson d'appréhension parcourut son échine au moment où la serrure émit un léger cliquetis. La porte grinça doucement en s'ouvrant, dévoilant une pièce sombre et étroite. À l'intérieur, recroquevillée dans un coin, Isabella, la fille d'Ezio, était assise, ses bras enlacés autour de ses genoux. Son visage, éclairé par la faible lueur qui s'infiltrait dans la cellule, était marqué par l'angoisse et l'incertitude.


"Isabella !" s'exclama Ezio, le cœur lourd en voyant sa fille dans un tel état. Il s'avança rapidement, ses pas résonnant sur la pierre froide, et la prit dans ses bras robustes. "Tu es en sécurité maintenant, ma fille," murmura-t-il, la serrant fort contre lui, comme pour la protéger de tout le mal du monde.


Isabella, les yeux grands ouverts, leva un regard incrédule vers lui. "Père ? C'est... c'est vraiment toi ?" Sa voix, tremblante et faible, trahissait son état de choc et de soulagement mêlés.


"Oui, c'est moi, Isabella. Nous sommes venus te libérer," répondit Ezio, sa voix empreinte d'une douleur profonde et d'un soulagement immense. Il caressa doucement ses cheveux, comme pour effacer les ombres de la peur qui l'habitaient.


Frédérico, se tenant un peu en retrait, s'approcha et posa une main réconfortante sur l'épaule de sa sœur. "Tu ne seras plus jamais prisonnière, Isabella. Nous sommes là, ta famille. Les Auditore ne laissent jamais un des leurs derrière eux."


Soudain, des bruits de pas précipités et des voix alarmées commencèrent à résonner dans les couloirs, s'approchant de la cellule. "Ils arrivent !" avertit Perotto, son regard scrutant la porte avec intensité.


Ezio, toujours enlaçant Isabella, se tourna résolument vers la sortie. "Nous devons partir. Maintenant." Sa voix, bien que calme, portait une urgence qui ne laissait aucune place au doute.


Avec Isabella entre eux, le trio commença à se frayer un chemin à travers les couloirs sombres et tortueux du château. Chaque pas était mesuré, chaque tournant scruté avec prudence. Ils devaient échapper à la forteresse de terreur et d'oppression qui avait emprisonné Isabella, retrouver la lumière et la liberté.


Isabella, encore fragile et tremblante, s'accrochait à son père, ses yeux cherchant du réconfort dans les visages familiers qui l'entouraient. Ils avançaient rapidement, mais avec prudence, sachant que chaque instant comptait pour échapper aux griffes des Borgia et revenir sains et saufs dans leur monde.


La fuite du trio, Ezio tenant fermement Isabella, Frédérico et Perotto couvrant leurs arrières, se transforma rapidement en un ballet de violence et de survie. À peine avaient-ils quitté la cellule qu'ils furent confrontés aux premiers gardes, alertés par le tumulte de leur intrusion.


Les lames d'Ezio et de Frédérico dansaient dans les airs avec une grâce mortelle, tranchant l'obscurité de la nuit. Perotto, avec la précision d'un chasseur, utilisait son arc, envoyant des flèches sifflantes qui trouvaient immanquablement leur cible. Isabella, malgré la faiblesse qui étreignait ses membres, se révélait être une Auditore de plein droit. Son regard était déterminé, et bien qu'elle se reposait sur Ezio pour la soutenir, sa main fermement agrippée à une dague, elle ne manquait pas de repousser tout assaillant trop téméraire.


Le jardin, autrefois un havre de paix et de beauté sous la lune, était maintenant le théâtre d'une lutte sans merci. Les buissons sculptés étaient éclaboussés de rouge, et les allées pavées résonnaient des cris des gardes et du son métallique des armes. À chaque confrontation, le groupe repoussait ses adversaires avec une détermination implacable, se frayant un chemin à travers les deux murs d'enceinte du château.


Ezio, avec Isabella à ses côtés, se battait d'une main tout en la protégeant de l'autre, un protecteur et un père dans l'âme de l'assassin. Son épée tranchait l'air et les chairs avec une efficacité redoutable, chaque mouvement un exemple de précision et de force maîtrisée. Isabella, malgré sa situation, montrait une bravoure et une force qui faisaient honneur à son nom. Sa dague n'était pas moins mortelle que les épées de ses sauveurs, et elle faisait preuve d'une audace qui surprenait même les gardes les plus aguerris.


Perotto et Frédérico, tels des anges vengeurs, couvraient les arrières du duo, leurs attaques synchronisées créant une barrière quasi impénétrable. Chaque garde qui s'approchait était rapidement mis hors de combat, leurs corps s'écroulant sur le sol humide du jardin, témoins muets de la fureur et de la détermination du groupe.


Alors que la tension atteignait son apogée sur le Pont du Château Saint-Ange, une nouvelle dynamique vint bouleverser le cours de l'affrontement. Au loin, dans le tumulte de la nuit, résonnaient les sabots de chevaux galopant à vive allure. Ezio, Frédérico et Perotto, encerclés par les gardes, tournèrent leur regard vers l'origine de ce bruit salvateur.


À travers la brume nocturne, une cavalcade de silhouettes se dessinait, menée par une figure familière : Arianna. Elle arrivait à la tête d'un groupe d'assassins, chacun monté sur un cheval rapide et robuste. Arianna, malgré sa grossesse avancée, dirigeait son cheval avec une aisance remarquable, son regard déterminé fixé sur son mari et ses compagnons en difficulté.


Les assassins, sous son commandement, se positionnèrent rapidement, formant une ligne de défense entre les gardes et le trio. Arianna, restant en selle, s'approcha d'Ezio. "Ezio, nous devons partir maintenant. J'ai amené des chevaux pour la fuite," cria-t-elle au-dessus du vacarme.


Ezio, voyant l'opportunité d'une retraite, hocha la tête. "Frédérico, Isabella, avec Arianna. Partez immédiatement !" ordonna-t-il d'une voix qui ne souffrait aucune contestation.


Frédérico, comprenant l'urgence de la situation, guida rapidement sa sœur vers leur mère. Isabella, encore secouée mais résolue, monta sur un cheval aux côtés d'Arianna, qui la tenait fermement pour la stabiliser.


"Je vais bien, maman," murmura Isabella, tentant de rassurer sa mère malgré sa propre peur.


Arianna, d'une voix douce mais ferme, répondit : "Je sais, ma chérie. Maintenant, tenons-nous prêtes. Nous allons rentrer à la maison." Elle lança un regard rempli d'amour et d'inquiétude à Ezio et Perotto, toujours engagés dans le combat.


Ezio et Perotto, avec le soutien des autres assassins, continuèrent à repousser les gardes avec une fureur redoublée, permettant à Arianna, Frédérico et Isabella de prendre la tête de la cavalcade et de s'éloigner du pont. Le bruit des combats s'estompa progressivement derrière eux, tandis qu'ils s'élançaient dans la nuit, laissant derrière eux la forteresse menaçante et ses horreurs.


La course était effrénée, les chevaux galopant à travers les rues désertes, leur souffle formant des nuages de vapeur dans l'air froid. Arianna, malgré son état, tenait fermement les rênes, guidant le groupe vers la sécurité, son esprit concentré sur la mission de ramener sa fille et son fils en lieu sûr.


-


Le retour au quartier général des Assassins était marqué par un mélange de soulagement et d'appréhension. Alors qu'Isabella, soutenue par Ezio et Arianna, franchissait le seuil, un soupir collectif de soulagement s'échappa des lèvres de ceux qui les attendaient. Claudia Auditore, la tante d'Isabella, fut la première à s'avancer, ses yeux emplis d'une inquiétude maternelle.


"Claudia..." murmura Isabella, sa voix brisée par l'émotion.


"Oh, Isabella, Dieu merci tu es en sécurité," s'exclama Claudia, les larmes aux yeux, en enveloppant sa nièce dans une étreinte pleine d'amour et de soulagement.


Les femmes décidèrent de s'isoler pour soigner Isabella. Dans l'intimité d'une chambre éloignée du quartier général des Assassins, Arianna, Claudia et Isabella se retrouvèrent enfin seules, à l'abri des regards inquisiteurs et des oreilles indiscrètes. L'atmosphère était lourde d'émotion, un mélange de soulagement et d'inquiétude enveloppant la pièce.


Arianna, s'asseyant doucement à côté d'Isabella, prit sa main dans la sienne. "Ma chérie, je sais ce que tu as enduré chez les Borgia. Ta mission, les sacrifices que tu as dû faire... je ne peux imaginer à quel point cela a été difficile pour toi," commença-t-elle, sa voix imprégnée d'empathie et de compréhension.


Isabella, le regard baissé, hocha légèrement la tête. "Maman, il y a... il y a quelque chose que je dois vous dire. Quelque chose que Cesare m'a révélé juste avant mon emprisonnement."


Claudia, se tenant près, posa une main rassurante sur l'épaule d'Isabella. "Quoi que ce soit, Isabella, nous sommes là pour toi."


Prenant une profonde inspiration, Isabella releva les yeux, une lueur de détresse s'y reflétant. "Je suis enceinte, maman. De Cesare. Il me l'a dit comme si c'était... comme si c'était sa victoire sur notre famille."


Un silence accablant tomba sur la pièce. Arianna, les yeux écarquillés, sentit son cœur se serrer. "Oh, Isabella..." murmura-t-elle, son esprit luttant pour comprendre l'ampleur de cette révélation.


"Je ne sais pas quoi faire, maman. Cette grossesse, elle n'est pas le fruit de l'amour, mais de la manipulation, de la contrainte," continua Isabella, les larmes commençant à couler sur ses joues.


Arianna, enveloppant sa fille dans ses bras, la berça doucement. "Ma chérie, je suis tellement désolée que tu aies à traverser cela. Sache que nous te soutiendrons, quelle que soit ta décision. Cette épreuve, tu ne la surmonteras pas seule."


Claudia, s'agenouillant devant Isabella, ajouta avec douceur : "Isabella, tu es une femme forte, une Auditore. Nous ferons face à cette situation ensemble, en famille. Ton bien-être est notre priorité absolue."


La discussion qui suivit fut empreinte d'une grande émotion. Isabella partagea ses craintes et ses doutes, tandis qu'Arianna et Claudia l'écoutaient, lui offrant leur soutien inconditionnel. Ensemble, elles explorèrent les possibilités et les choix difficiles à venir, créant un espace où Isabella pouvait exprimer librement ses sentiments sans crainte de jugement.


Dans cette chambre, un lien indestructible s'était renforcé entre elles, un lien tissé de compassion, de compréhension et d'un amour inébranlable. Isabella, bien qu'encore incertaine de l'avenir, savait qu'elle ne serait pas seule pour affronter les jours à venir. Entourée par l'amour et le soutien de sa mère et de sa tante, elle trouva la force de regarder vers l'avenir avec une lueur d'espoir.


-


Arianna quitta la chambre de sa fille, la tête pleine de pensées tourbillonnantes. La révélation de la grossesse d'Isabella avait été un choc, un écho douloureux à sa propre situation. Enceinte de huit mois, elle se sentait accablée par une fatigue émotionnelle profonde. En traversant les couloirs silencieux du quartier général, son esprit était partagé entre l'inquiétude pour sa fille et l'appréhension des jours à venir.


Arianna entra dans la chambre qu'elle partageait avec Ezio, un espace autrefois rempli de chaleur et de rires, désormais imprégné d'une atmosphère lourde et solennelle. Ezio était assis sur le bord du lit, son regard fixé sur le vide, comme s'il cherchait des réponses dans l'air même qui l'entourait. La lumière de la lune, filtrant à travers la fenêtre, dessinait sur son visage les contours d'un homme accablé par un fardeau incommensurable.


Approchant doucement, Arianna prit place à ses côtés, la main tremblante posée sur son genou. "Ezio," commença-t-elle, sa voix douce trahissant un tremblement sous-jacent, "Isabella... elle est enceinte. De Cesare Borgia."


À ces mots, Ezio se tourna vers elle, son expression passant de la contemplation à une douleur palpable. "Lucrèzia... elle me l'avait dit. Mais je ne pouvais, je ne voulais pas croire à une telle atrocité. Comment... Comment notre Isabella, notre enfant, peut-elle être victime d'un tel sort ?" Sa voix, d'ordinaire si forte et assurée, se brisa, révélant une fissure dans l'armure de l'Assassin légendaire.


Arianna, sentant la détresse d'Ezio, posa sa main sur son dos, ses doigts dessinant des cercles apaisants. "Je ne sais pas, mon amour. C'est une cruauté que je ne peux comprendre. Cela me terrifie pour elle... pour ce que cela signifie pour notre famille."


Ezio se tourna légèrement, prenant la main d'Arianna dans la sienne. Ses yeux, autrefois si vivants et déterminés, étaient maintenant emplis d'une tristesse abyssale. "Nous devons être là pour elle, Arianna. Nous ne pouvons la laisser affronter cette épreuve seule. Elle aura besoin de toute notre force, de tout notre amour pour surmonter cela."


Arianna hocha la tête, une larme s'échappant de ses yeux. "Oui, Ezio. Nous la soutiendrons, comme nous l'avons toujours fait. Mais comment allons-nous faire face à cette nouvelle réalité ? Comment protéger notre fille d'une telle souffrance ?"


Ezio serra la main d'Arianna, comme pour puiser de la force dans leur union. "Nous trouverons un moyen. Nous sommes une famille, et ensemble, nous surmonterons même les ténèbres les plus profondes. Isabella est forte, elle a le sang des Auditore. Et avec notre soutien, elle se relèvera."


Le couple resta assis en silence, chacun perdu dans ses pensées, jusqu'à ce qu'Ezio se redresse, une lueur de détermination apparaissant dans son regard. "Nous devons parler de la situation à Rome. J'ai tenu une réunion du conseil. Les choses... elles s'aggravent. Rodrigo est sur le point de remporter les élections papales."


Arianna, sentant l'urgence dans la voix d'Ezio, le regarda fixement. "Que pouvons-nous faire, Ezio ? Nous ne pouvons pas simplement regarder les Borgia prendre le contrôle total de Rome."


Ezio passa une main sur son visage, marquant la fatigue des derniers jours. "La guerre va prendre un tournant décisif," dit-il avec force. "Nous devons intensifier nos attaques, être plus agressifs. Rodrigo ne doit pas s'emparer du trône papal. Cela signifierait une domination totale des Borgia sur Rome."


Arianna hocha la tête, comprenant la gravité de la situation. "Nous ferons face à cela ensemble, Ezio. La Confrérie est forte, unie. Nous avons surmonté bien des épreuves. Nous ne reculerons pas maintenant."


Ezio se leva et s'approcha de la fenêtre, regardant au loin la ville endormie. "Je ne laisserai pas Rome tomber entre les mains de cet homme. Nous combattrons pour notre famille, pour notre liberté, pour l'avenir de notre fille."


Arianna se leva et rejoignit Ezio à la fenêtre, posant sa tête sur son épaule. Ils se tenaient là, regardant la ville baignée dans la lueur lunaire, unis dans leur détermination face à l'adversité. "Peu importe les obstacles, Ezio, nous les surmonterons. Pour Isabella, pour notre famille, pour Rome."


Ezio tourna son visage vers elle, ses yeux reflétant à la fois l'amour et la résolution. "Ensemble, nous sommes invincibles, Arianna. Nous avons traversé des tempêtes, et nous en traverserons d'autres. Notre amour, notre force, c'est ce qui nous unit et nous rend plus forts."


Dans ce moment de calme avant la tempête, Ezio et Arianna se tenaient là, contemplatifs, mais résolus. Les jours à venir seraient pleins d'incertitudes et de batailles, mais ils savaient qu'ensemble, ils pourraient affronter n'importe quelle épreuve, armés de leur amour inébranlable et de leur engagement indéfectible envers leur cause.


-


Dans les sombres corridors du Château Saint-Ange, la tension était palpable. Cesare Borgia, de retour après une absence prolongée, marchait d'un pas rapide et furieux vers les appartements de sa sœur Lucrezia. Les serviteurs, effrayés, se pressaient contre les murs, cherchant à éviter son regard furieux.


En pénétrant dans les appartements luxueux de Lucrezia, Cesare éclata de rage. "Lucrezia ! Comment as-tu pu la laisser s'échapper ? Isabella était notre atout le plus précieux !" hurla-t-il, sa voix résonnant contre les murs ornés.


Lucrezia, surprise par la soudaine irruption de son frère, recula instinctivement. "Cesare, je... je ne savais pas. Les Assassins sont venus, ils étaient trop nombreux, trop forts."


Cesare, le poing levé, s'approcha de Lucrezia, son visage déformé par la colère. "Tu es inutile ! À cause de toi, nous avons perdu..."


Il fut interrompu par l'apparition soudaine de leur père, Rodrigo Borgia. "Cesare, assez !" ordonna Rodrigo d'une voix autoritaire, s'interposant entre ses enfants. "Nous n'avons pas le temps pour de telles disputes. La situation est déjà assez compliquée."


Cesare, se tournant vers son père, serra les dents. "Elle porte mon enfant, notre héritier. Les Assassins l'ont prise, et avec elle, une partie de notre pouvoir."


Rodrigo, le regard fixé sur son fils, répondit fermement : "Je comprends ta colère, Cesare, mais nous devons rester concentrés. Les Assassins sont notre véritable ennemi, et le trône papal est à portée de main. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre objectif de vue à cause d'une distraction."


Cesare, bien que visiblement contrarié, acquiesça lentement. "Très bien. Mais je te jure, père, je ferai payer les Assassins pour cette trahison. Et Isabella... elle reviendra à moi, avec l'héritier qu'elle porte."


Lucrezia, silencieuse, observait la scène, son cœur partagé entre la peur de Cesare et la douleur de perdre son amour. Rodrigo, scrutant ses enfants, ajouta : "Nous devons être unis dans cette lutte. La Confrérie des Assassins ne sait pas à qui elle s'attaque. Nous les écraserons, et Rome sera à nous."


Dans cette pièce richement décorée, les trois membres de la famille Borgia se tenaient, unis par des liens de sang et de pouvoir, mais divisés par des passions et des ambitions conflictuelles. Chacun portait en lui une colère et une détermination qui allaient bientôt se déchaîner sur Rome et ses protecteurs.

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