L'Ombre de Florence: Les mémoires cachées d'Arianna Valentini

Chapitre 7 : Croisée des chemins

8416 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/10/2023 10:56

Frédérico marcha longtemps dans les rues de Florence, ses pas résonnant contre les pavés comme les battements tumultueux de son propre cœur. Après avoir longuement erré, il arriva devant la demeure familiale et, poussant la porte en bois massif, pénétra dans le sanctuaire des Auditore.


C'était à Giovanni qu'il devait en référer. Son père, son mentor, était le pilier moral de la famille, et Frédérico savait qu'il était le seul à pouvoir éclaircir le tumulte qui agitait son esprit. Il le trouva dans son bureau, penché sur divers documents et cartes, engagé dans les mystérieux travaux qui accaparaient souvent son attention.


"Père, puis-je vous parler?" demanda Frédérico, en se tenant sur le seuil de la porte.


Giovanni leva les yeux et, notant l'expression grave de son fils, lui fit signe d'entrer. "Qu'y a-t-il? Tu sembles préoccupé."


Frédérico prit une profonde inspiration et se lança. "Il s'agit d'Ezio et Arianna, père. Je les ai surpris en train de... d'être intimes."


Le visage de Giovanni se durcit, son regard pénétrant comme s'il pouvait lire l'âme de Frédérico. "Es-tu certain de ce que tu avances?"


"Je les ai vus de mes propres yeux, père. C'était sans équivoque," dit Frédérico, sa voix trahissant une pointe de colère contenue.


Giovanni soupira profondément et posa sa plume. "C'est une affaire délicate. Arianna est sous notre protection et les implications vont au-delà de la simple intimité entre deux jeunes gens. Il en va de l'honneur et de la réputation de notre famille, mais aussi de celle d'Arianna."


"Précisément, père. Je suis... déconcerté. J'ai toujours considéré Ezio comme impulsif, mais je ne pensais pas qu'il franchirait une telle limite. Et Arianna... elle est presque comme une sœur pour nous."


Giovanni se leva et vint poser une main rassurante sur l'épaule de Frédérico. "Nous sommes des hommes d'honneur, mon fils. Parfois, cela implique de prendre des décisions difficiles pour protéger ceux que nous aimons. Je parlerai à Ezio, et il y aura des conséquences. Quant à Arianna, il faudra également aborder la question avec elle."


"Mais comment aborder un sujet aussi délicat sans porter atteinte à leur honneur ou au nôtre?" demanda Frédérico, déchiré entre son sens du devoir et ses propres émotions.


Giovanni fixa son fils dans les yeux. "Avec sagesse et discernement. Nous sommes les Auditore da Firenze. Nous avons toujours été confrontés à des défis et des controverses, et nous les avons toujours relevés avec intégrité. Cette situation ne fera pas exception."


Frédérico se sentit légèrement rassuré, confiant dans le jugement de son père. "Je vous fais confiance, père. Vous saurez quoi faire."


Giovanni, assis à son bureau, considéra longuement la situation. Il leva enfin la tête et fixa Frédérico. "Tu as fait ton devoir en me rapportant ce que tu as vu, mais les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles le paraissent. J'ai pris ma décision."


Frédérico se tenait droit, attentif, prêt à suivre les instructions de son père.


"Je vais donner une dernière chance à Ezio et Arianna," continua Giovanni. "Je crois au libre arbitre, et même si leur comportement a été inconvenant, peut-être que la jeunesse et l'impulsivité sont des excuses valables, une fois."


Frédérico hocha la tête, soulagé mais encore un peu tendu.


"Je veux que tu parles à ton frère et à Arianna," dit Giovanni. "Préviens-les que leur comportement doit changer, qu'ils doivent faire preuve de plus de prudence et de respect pour eux-mêmes et pour les autres. Je veux que tu les surveilles, mais discrètement. S'ils franchissent de nouveau la ligne, des mesures seront prises."


"Quelles mesures, père?" demanda Frédérico, curieux mais aussi un peu inquiet.


"Des mesures appropriées," répondit Giovanni d'un ton qui n'admettait pas de réplique. "Pour protéger l'honneur de notre famille et celui d'Arianna, peut-être devrons-nous les séparer. Mais je prendrai cette décision lorsque le moment sera venu."


Frédérico acquiesça solennellement. "Je comprends, père. Je ferai comme vous l'avez ordonné."


Giovanni sourit, son visage se détendant légèrement. "Je sais que tu feras ce qu'il faut. Tu as toujours été responsable, et je te fais confiance pour gérer cette situation avec la discrétion et le discernement qu'elle requiert."


Frédérico se sentait à la fois soulagé et chargé d'une grande responsabilité. Il inclina la tête respectueusement. "Je ferai de mon mieux, père."

"Je n'en attends pas moins de toi," dit Giovanni en se levant pour étreindre son fils. "Va, et que la sagesse te guide."


Frédérico sortit du bureau, les paroles de son père résonnant dans son esprit. Il avait maintenant une mission délicate à accomplir, faite de nuances et d'émotions complexes. Mais il était déterminé à préserver l'honneur de sa famille, à tout prix.


-


Frédérico marcha longuement à travers les couloirs de la villa, chaque pas le rapprochant de la confrontation inévitable. Il trouva Arianna dans la cour, pratiquant ses mouvements d'escrime contre un mannequin de paille. Elle était concentrée, chaque mouvement révélant une maîtrise impressionnante.


"Peux-tu arrêter un moment, Arianna ? Nous devons parler," dit Frédérico, d'une voix où l'autorité de son père résonnait.


Elle posa son épée et le regarda, ses yeux trahissant une pointe d'inquiétude. "Qu'y a-t-il ?"


"Ezio et toi, vous devez être plus prudents, plus respectueux des convenances," commença Frédérico, le visage tendu.


C'est alors qu'Ezio apparut, comme s'il avait senti que quelque chose se passait. "Que se passe-t-il ici ? Pourquoi cet air si sérieux ?"


"Ton frère pense que nous devrions faire attention à la façon dont nous nous comportons," dit Arianna, croisant les bras.


Ezio se tourna vers Frédérico, un éclat de défiance dans les yeux. "Et pourquoi cela ?"


"Parce que vous êtes imprudents, Ezio. Vous mettez en péril non seulement votre réputation mais aussi celle de notre famille et celle d'Arianna. Et l'honneur d'une femme, c'est sacré."


Arianna ne put retenir un rire sarcastique. "Mon honneur ? Est-ce ton affaire ou celle de qui que ce soit d'autre que moi-même ?"


Ezio sourit à Arianna avant de reporter son attention sur Frédérico. "Nous sommes des adultes, Frédérico. Nous savons ce que nous faisons."


Frédérico se figea, les yeux toujours tournés vers le couple. Ses mains se crispèrent, la tension monta d'un cran. "Arianna, tu es sous la protection de notre famille, tu as des responsabilités. La vertu d'une femme est son honneur, et..."


Arianna le coupa, ses yeux étincelants d'indignation. "Frédérico, tu parles comme si mon honneur ne m'appartenait pas. Il appartient à Ezio maintenant, et ceci, à de nombreuses reprises."


Le visage de Frédérico se tordit sous la colère. Son regard passa lentement sur le couple, trouvant d'abord Arianna puis Ezio. "À de nombreuses reprises ? Vous vous moquez à ce point des convenances, de l'honneur, de tout ce qui est sacré."


"Ainsi donc, nous serions des irresponsables," gronda Ezio, prenant un pas en avant.


"Il semble que oui. Vous n'avez aucune idée des conséquences, des répercussions que cela pourrait avoir sur notre famille, sur l'honneur d'Arianna," dit Frédérico, sa voix teintée d'un mélange de déception et de colère refoulée.


"Je ne suis pas une propriété, Frédérico. Ni celle de ton père, ni la tienne, ni même celle d'Ezio. Ce que j'ai choisi de donner à Ezio, je l'ai fait parce que je le voulais," répliqua Arianna, farouchement.


"Tu ne comprends pas," rétorqua Frédérico, se tournant vers elle, la colère et peut-être une pointe de jalousie affleurant dans ses yeux. "C'est grave. Et cela va à l'encontre de tout ce qui est attendu de toi, de nous."


"Et qu'en est-il de ce que nous attendons de nous-mêmes, Frédérico ? Qu'en est-il de notre bonheur ?" demanda Ezio, son regard posé sur son frère comme s'il tentait de voir à travers lui.


"Le bonheur ?" Frédérico éclata presque de rire. "Qu'en savez-vous, lorsque vous le mettez en risque avec chaque action irréfléchie ?"


"Peut-être que ce que tu considères comme irréfléchi est en fait le plus réfléchi que nous ayons jamais fait," dit Ezio, son ton empli de défi. 


Un silence pesant s'installa entre eux, chaque visage marqué par des émotions complexes et des loyautés contraires. Finalement, Frédérico dit, "Père vous accorde une dernière chance. Ne la gâchez pas."


Et sur ces mots, il tourna les talons et s'éloigna, laissant Ezio et Arianna seuls dans la cour. Le couple se tourna l'un vers l'autre, leur propre tension s'étant dissoute, mais remplacée par le poids des avertissements de Frédérico et les complications qui les attendaient sûrement.


-


Ezio et Arianna échangèrent un regard silencieux, les mots de Frédérico toujours en suspens dans l'air. Ils savaient tous les deux qu'ils ne pouvaient ignorer les implications de leur amour désormais manifeste, ni la menace à peine voilée de Frédérico. Pourtant, dans cet instant, ils réalisèrent aussi qu'il y avait quelque chose de plus fort que le jugement, plus fort que les conventions : le lien profond qui les unissait.


Ezio prit doucement la main d'Arianna et l'entraîna vers une porte dérobée qui menait aux appartements privés de la villa. Leurs pas étaient presque silencieux sur les dalles de pierre, comme s'ils pouvaient échapper à l'attention du monde simplement en étant discrets. Une fois à l'intérieur, Ezio referma la porte doucement derrière eux, et ils se retrouvèrent dans la pénombre de la chambre, seuls et libres, ne serait-ce que pour un instant.


Ezio la regarda, ses yeux cherchant les siens. "Nous devrons être plus prudents, Arianna."


Elle hocha la tête, le comprenant parfaitement. "Je sais. Mais cela ne signifie pas que nous devons nous refuser l'un à l'autre, n'est-ce pas ?"

Un sourire naquit sur les lèvres d'Ezio. "Non, cela ne le signifie pas."


Ils s'approchèrent, leur intimité retrouvée palpable dans l'air. Ezio enlaça Arianna, sa main trouvant sa nuque, ses doigts s'emmêlant dans ses cheveux. Leur baiser fut doux mais chargé d'une tension longtemps contenue, une fusion de désir et d'échappatoire.


Après le baiser, ils se tenaient là, les fronts collés, savourant le calme après la tempête émotionnelle. "Nous devrons faire face à beaucoup, Ezio," murmura Arianna. "Ton frère, ton père, les responsabilités et les attentes. Mais pour l'instant, je veux simplement être ici, avec toi."


"E essere qui con te è tutto ciò che voglio, Arianna," répondit Ezio, son accent toscan ajoutant une couche de douceur aux mots. "Être ici avec toi est tout ce que je veux."


Ils se blottirent l'un contre l'autre sur le lit, leurs corps entrelacés, leurs cœurs battant à l'unisson. Pour l'instant, le monde extérieur, avec ses normes et ses jugements, n'existait plus. Il n'y avait qu'eux, unis dans leur amour et leur détermination à faire face à ce qui viendrait ensuite. Et pour la première fois depuis longtemps, ils se sentirent vraiment libres.


Dans la douce intimité qui suivit leur moment passionné, Ezio regarda Arianna, ses yeux se perdant dans les profondeurs de son regard. Elle était belle, pas seulement dans le sens physique du terme, mais aussi dans sa force, sa résilience, et sa complexité. Pourtant, une pensée inconfortable se fraya un chemin à travers son esprit, une réflexion issue de la confrontation avec Frédérico, qui ébranlait les fondements de sa propre moralité.


Si un homme osait faire à Claudia, sa sœur, ce qu'il avait fait avec Arianna, que ferait-il ? La réponse était simple et nette dans son esprit : il chercherait à rétablir l'honneur de sa famille. Il le défierait, le mettrait à tabac, et s'assurerait que cet homme n'aurait d'autre choix que de rendre justice en épousant sa sœur. C'était le code, la manière de réparer l'honneur bafoué.


Ezio se sentait alors tiraillé entre deux mondes : l'un, empreint de passion, d'amour et de désir pour Arianna, et l'autre, emprisonné par les chaînes invisibles de l'honneur et de la tradition. Cette réflexion réveilla une autre série de questions, plus complexes, plus délicates : qu'est-ce qu'Arianna représentait pour lui ? Était-elle une simple distraction, un frisson nocturne, ou bien était-elle plus que cela ?


Le regard d'Ezio se fixa sur Arianna, absorbant chaque détail de son visage. Son désir, toujours aussi présent, se mêlait maintenant à une profonde affection, à un besoin de la protéger, de la chérir. Il comprit alors ce qu'il voulait vraiment. Ce n'était pas une liaison éphémère, ni une série de nuits passionnées. Il la voulait elle, dans son intégralité, dans toute sa complexité, pour tout ce qu'elle était et tout ce qu'elle pourrait jamais être.


Ezio garda ces pensées pour lui, conscient qu'il s'aventurait sur un territoire émotionnel encore inexploré. Il savait que de telles réflexions devraient attendre le moment opportun pour être révélées. Pourtant, alors qu'il se perdait à nouveau dans le doux regard d'Arianna, il ressentit un frisson d'excitation à l'idée du futur inconnu qui les attendait. Ce fut une révélation silencieuse mais profonde, et à cet instant, Ezio Auditore comprit que son cœur, de manière irrévocable, lui appartenait.


Arianna sentit que l'esprit d'Ezio vagabondait ailleurs, même s'il était physiquement à ses côtés. Elle tourna son visage vers lui, ses yeux cherchant à croiser les siens.


"Ezio, tout va bien ?" demanda-t-elle, sa voix douce mais empreinte d'une pointe d'inquiétude.


Son nom prononcé par elle le ramena à l'instant présent, faisant disparaître le voile de ses pensées. Ses yeux se fixèrent sur Arianna, et il ne put s'empêcher de sourire devant la douceur de son regard, si authentique et vulnérable.


"Tout va très bien," répondit-il en caressant doucement sa joue. "Je me perds parfois dans mes pensées, mais c'est difficile de le faire quand on a une si belle distraction à ses côtés."


Arianna sourit à son tour, son cœur bondissant de joie. Elle se rapprocha et l'embrassa tendrement, et en cet instant, toutes les questions et tous les doutes semblèrent s'évanouir. Pour Ezio, son sourire fut comme une boussole, le guidant à travers les complexités de son propre esprit, le ramenant toujours à la réalité tangible de leur amour.


C'était là, dans le doux silence qui suivit leur baiser, qu'Ezio réalisa que même si son cœur et son esprit étaient emplis de questions sans réponses, l'important était le présent, l'instant qu'ils partageaient. Et cet instant, si simple mais si profondément intime, était tout ce qui comptait vraiment.

-

Sur les toits de Florence, la nuit offrait une toile de fond d'étoiles et de lune. Les bruits de la ville en contrebas s'étaient estompés, ne laissant que le doux murmure du vent et le cliquetis occasionnel d'une tuile déplacée par un chat errant. Ezio et Arianna avaient trouvé leur refuge loin des yeux indiscrets, un coin où les ombres se croisaient pour former un abri presque parfait.


Ezio s'adossa à une vieille cheminée de brique, l'ocre rougeoyant sous les caresses de la lune. L'air était frais, mais la proximité de leurs corps créait une chaleur intime, une bulle de confort en plein milieu de cette cité toscane. Arianna s'approcha et s'assit devant lui, ses jambes repliées, ses bras enroulés autour d'elles. Son regard était fixé sur lui comme une étoile guidant un marin perdu en haute mer.


Avec une lenteur calculée, Ezio se pencha vers elle, brisant la petite distance qui les séparait encore. Les visages des deux amants étaient à un souffle l'un de l'autre, et c'était comme si leurs respirations s'étaient synchronisées, chacun inhalant le souffle de l'autre, se partageant l'air comme on partagerait un secret.


Puis leurs lèvres se touchèrent, légères comme deux papillons se rencontrant en plein vol. Ce fut un baiser doux, timide presque, comme si chacun redécouvrait le contact de l'autre. Leurs bouches s'ouvrirent lentement, leurs langues se mêlant dans une danse délicate mais insistante. La passion initiale céda la place à quelque chose de plus profond, une sorte d'exploration réfléchie. Comme deux explorateurs en territoire inconnu, ils cartographiaient le paysage l'un de l'autre, chaque colline, chaque vallée, chaque recoin secret.


"Je t'aime," chuchota Ezio, comme si prononcer ces mots à haute voix pourrait rompre le charme du moment. Ses yeux étaient si profondément ancrés dans ceux d'Arianna qu'il semblait vouloir y trouver quelque chose de précieux, quelque chose d'irrécupérable, une trace de leur amour qui resterait gravée pour l'éternité.


Arianna sourit, un sourire si doux que cela ressemblait à une lueur au cœur des ténèbres. "Et moi, je t'aime," répondit-elle en caressant doucement la nuque d'Ezio avec ses doigts. Elle sentait les frissons courir le long de sa colonne vertébrale, comme si chaque contact électrisait une partie de lui.


Le temps semblait suspendu, comme si la Terre elle-même avait arrêté de tourner pour leur donner cet instant. La tension entre eux s'était amplifiée jusqu'à devenir presque tangible, comme une corde tendue à son maximum, prête à rompre mais aussi prête à propulser une flèche à une vitesse vertigineuse. C'était comme si leurs âmes avaient été étirées jusqu'à leurs limites, prêtes à se fondre l'une dans l'autre pour ne former qu'une seule et même entité.


La passion les envahissait, leurs sens en éveil, leurs âmes vibrant à l'unisson. C'était un désir intense mais contrôlé, comme une symphonie bien orchestrée, chaque mouvement, chaque regard, chaque toucher formant une note dans leur mélodie d'amour. Ils se connaissaient si bien, et pourtant, chaque moment passé ensemble était une nouvelle page dans le livre de leur relation, une nouvelle aventure à vivre et à chérir.


Toujours blottie contre Ezio, Arianna sentit son cœur battre à un rythme effréné, une pulsation qui semblait résonner à travers eux deux, comme une mélopée d'amour et de désir. Ses doigts glissèrent de la nuque d'Ezio à son torse, sentant chaque muscle, chaque tension, chaque souffle. Elle défit lentement les lacets de sa tunique, permettant à la fraîcheur de la nuit de s'insinuer entre eux, un frisson délicieux qui ajoutait à l'électricité de leur étreinte.


Ezio ferma les yeux, savourant chaque geste, chaque caresse, comme s'ils étaient les derniers. Ses mains trouvèrent leur chemin jusqu'au dos d'Arianna, là où son corsage se rejoignait en une série de petits boutons. Avec une habileté que seul l'amour pouvait accorder, il les défit un à un, ses doigts tremblant légèrement sous la force de son émotion.


Enfin libérée, Arianna se pencha en arrière, permettant à la lumière de la lune de jouer sur sa peau, la transformant en une toile d'argent et d'ombre. Ezio la contempla comme si elle était une œuvre d'art, un tableau vivant capturant l'essence même de la beauté et de la grâce.

"Tu es incroyable," murmura-t-il, la vérité de ses mots imprégnée dans chaque syllabe.


"Pas plus que toi," répondit Arianna, ses yeux scintillant dans la douce lumière. "Nous sommes incroyables ensemble."


Ezio l'attira de nouveau à lui, ses lèvres rencontrant les siennes pour un baiser qui fut à la fois une affirmation et une promesse. C'était un serment silencieux d'amour éternel, une déclaration muette que, peu importe ce qui pourrait se dresser sur leur chemin, ils feraient face ensemble.


Alors, à cet instant précis, sur ce toit en dehors du temps et de l'espace, il n'y avait qu'eux deux. Deux âmes qui s'étaient trouvées malgré les obstacles, les doutes, et les peurs. Deux âmes qui savaient que, même dans un monde en constante évolution, leur amour serait leur seule constante, leur unique certitude.


Ainsi, sous le regard bienveillant des étoiles, ils s'abandonnèrent l'un à l'autre, leur passion se consumant dans une flamme qui, bien que puissante, ne brûlerait jamais complètement. Car telle était la nature de leur amour: un feu éternel, se nourrissant de lui-même, insatiable et toujours vivant.


-


À quelques toits de là, caché dans l'obscurité, Frédérico les observait. Son cœur était un tourbillon d'émotions contradictoires. La jalousie, l'indignation et le ressentiment se mêlaient à une pointe de tristesse, aussi inattendue qu'inexpliquée. Il avait suivi le couple en espérant ne pas avoir à intervenir, mais les voir ainsi, dans un moment d'intimité pure, l'avait profondément affecté. Ezio avait toujours été impulsif, guidé par son cœur plutôt que par sa tête, mais c'était la première fois que Frédérico se demandait si cette impulsivité ne mettrait pas en danger la réputation et l'honneur de leur famille.


Frédérico tourna le dos au couple, se faisant violence pour ne pas intervenir. Il savait qu'il devait en référer à leur père, Giovanni, mais pour le moment, il n'était pas sûr de ce qu'il allait faire. Il redescendit des toits, son cœur lourd, son esprit encombré de questions auxquelles il n'avait pas de réponses.


Ezio et Arianna, inconscients de la présence de Frédérico, se séparèrent finalement, leurs visages reflétant une plénitude silencieuse.

"Nous devrions retourner," dit Arianna, bien qu'une partie d'elle souhaitait rester là, dans les bras d'Ezio, indéfiniment.


"Je sais," acquiesça Ezio. "Mais n'oublie jamais ce que nous avons, ce que nous sommes. C'est réel, Arianna. Aussi réel que l'air que nous respirons."


Ils s'éloignèrent l'un de l'autre à contrecœur, chacun emportant avec lui l'écho du moment qu'ils venaient de partager, ignorant que cet écho avait également résonné dans le cœur de Frédérico, mais sous une tonalité bien différente.


Frédérico, caché dans l'obscurité non loin de là, avait observé la scène avec un mélange de colère, de jalousie et de déception. Bien qu'il aimât son frère profondément, il ne pouvait s'empêcher de penser que la ligne avait été franchie, irréversiblement. Arianna, sous la protection de la famille Auditore, avait vu sa vertu compromise, et Ezio en était responsable. La confiance et l'honneur étaient les pierres angulaires de la famille Auditore, et ce qu'il avait vu ce soir mettait ces valeurs en péril.


Avec un soupir lourd de réflexion et de regret, Frédérico se dirigea vers leur demeure, où il trouva leur père Giovanni dans son bureau, plongé dans ses écritures. Le visage grave, il raconta ce qu'il avait vu, ses mots empreints d'une tension palpable.


Giovanni leva les yeux, et Frédérico put lire dans son regard une lueur de déception. "Je craignais que cela arrive," dit Giovanni en se levant. "Mais j'avais espéré que ta surveillance les aurait dissuadés."


Frédérico baissa la tête, honteux. "J'ai échoué, père."


Giovanni posa une main réconfortante sur l'épaule de son fils. "Ce n'est pas ta faute, Frédérico. Nous avons tous notre part de responsabilité dans ce qui est arrivé. Mais désormais, il n'y a qu'une seule solution possible : ils doivent être séparés, pour le bien de cette famille et pour leur propre bien."


Le cœur lourd, Frédérico acquiesça. "Je crains que tu aies raison, père. Leur amour, aussi intense soit-il, menace de tout consumer autour d'eux. Et dans notre position, nous ne pouvons nous permettre un tel scandale."


Giovanni retourna à son bureau et prit une plume. "Je vais arranger cela. Il y aura des conséquences, bien sûr, mais elles sont nécessaires. Tu peux compter sur moi pour y mettre un terme, même si cela me coûte de le faire."


Ainsi fut scellé le sort du couple passionné, leur amour pris en étau entre les exigences du devoir et de l'honneur. Et bien qu'aucun d'eux ne le sût encore, les jours de leur idylle étaient désormais comptés.


-


Arianna avait réussi à se faufiler à travers les rues de Florence, discrètement suivie par Ezio. L'air nocturne était épais, mais une brise douce soulageait leur peau alors qu'ils montaient l'escalier menant à la chambre d'Arianna. Une fois à l'intérieur, ils verrouillèrent la porte derrière eux, comme si ce geste pouvait les protéger des complications qui entouraient leur amour.


La pièce était faiblement éclairée par les flammes vacillantes de quelques bougies, ajoutant une lueur chaleureuse à leur visage. Arianna se tourna vers Ezio, ses yeux se perdant dans les siens. "Je suis si heureuse que tu sois ici," murmura-t-elle.


Ezio s'approcha, enlaçant Arianna dans ses bras. "Je ne pourrais être nulle part ailleurs," répondit-il, avant de l'embrasser passionnément.


Ils se dirigèrent ensuite vers le lit d'Arianna, où ils se couchèrent côte à côte, enveloppés dans les draps parfumés. Leurs yeux se rencontrèrent de nouveau, et c'était comme si le monde extérieur n'existait plus. Les problèmes de famille, les responsabilités, tout semblait s'évanouir.


"Même si tout est compliqué, il y a quelque chose de si simple, de si pur dans ce que je ressens pour toi," dit Ezio, sa main trouvant la sienne.

Arianna serra la main d'Ezio. "Je ressens la même chose. Quand je suis avec toi, tout le reste perd de son importance."


Un silence lourd de signification s'installa entre eux, comme si les mots étaient devenus trop petits pour exprimer la profondeur de ce qu'ils ressentaient. Leur amour était à la fois une énigme et une évidence, une combinaison de contradictions qui ne faisaient que rendre leur union plus puissante.


Ce silence était leur sanctuaire, une bulle d'oxygène dans le tumulte de leurs vies tumultueuses. Ezio, qui avait toujours vécu à l'ombre des attentes de sa famille, des responsabilités et des jeux de pouvoir, se sentait ici complètement lui-même, complètement libre. Pour Arianna, cet instant capturait une sensation d'appartenance qu'elle n'avait jamais ressentie ailleurs. Ils étaient deux âmes qui avaient trouvé leur écho dans l'autre, et ce moment resterait gravé dans leur mémoire comme un phare dans l'obscurité, un point de repère dans le labyrinthe complexe de leur existence.


Dans un monde où des décisions étaient prises en coulisses, où des jeux politiques pourraient à tout moment les plonger dans un chaos indescriptible, ils avaient trouvé quelque chose de rare, quelque chose d'inestimable. Mais ils étaient inconscients que, même à cet instant de paix, des machinations étaient en cours pour les séparer, des rouages tournaient au sein même de leur famille.


Pour l'instant, toutefois, rien de tout cela n'avait d'importance. L'instant présent était tout ce qu'ils avaient, et ils s'y accrochaient avec une passion dévorante. Leurs corps s'enroulèrent plus étroitement l'un autour de l'autre, comme si par ce simple contact ils pouvaient repousser la réalité, repousser le monde. L'air autour d'eux semblait se réchauffer, leur amour brûlant comme une flamme qui défiait la froideur de la nuit.


Finalement, leur conscience céda à l'épuisement, à l'émotion et au bonheur pur de l'instant, les entraînant dans le sommeil. Ils s'endormirent ainsi, lovés l'un contre l'autre, inconscients des ombres grandissantes qui les entouraient, inconscients de la tempête qui se préparait à les emporter. Pour le moment, dans ce silence doré, ils étaient tout simplement invincibles, leur amour une forteresse imprenable. Mais combien de temps cette forteresse tiendrait-elle face aux assauts du destin ? Ils ne le savaient pas, et à cet instant précis, ils ne s'en souciaient pas. Leur monde était réduit à ce lit, à cette pièce, à cette nuit, et rien d'autre n'avait d'importance.


-


La nuit enveloppait la chambre d'une douce obscurité, seulement percée par la lumière d'une bougie posée sur la table de nuit. Ezio et Arianna s'étaient réveillés, et l'intimité de la chambre les avait une fois de plus entraînés dans un étreinte passionnée.


Ezio regarda profondément dans les yeux d'Arianna, y lisant une passion qui égalait la sienne. À cet instant précis, tous deux étaient au paroxysme de leur amour, perdus dans l'urgence de l'instant, dans le feu de leur désir.


Mais alors, sans le moindre avertissement, la porte s'ouvrit brusquement. La lumière du couloir se précipita dans la pièce, révélant Giovanni Auditore, le père d'Ezio, debout dans l'embrasure de la porte. Son visage était marqué par un mélange de surprise, de déception, et peut-être même de colère.


Ezio et Arianna se séparèrent instantanément, comme s'ils avaient été brûlés. La tension était électrique, l'atmosphère lourde d'implications non dites.


Giovanni prit une profonde inspiration, comme pour contenir sa déception. "Nous devons parler," dit-il simplement, sa voix chargée de gravité.


Ignorants jusqu'à ce moment des ombres qui planaient sur leur amour, Ezio et Arianna sentirent soudain le poids des réalités extérieures s'abattre sur eux. Leurs regards se croisèrent, et ils comprirent que leur monde était sur le point de changer de manière irréversible.


"Padre, je peux expliquer," tenta Ezio, son visage écarlate.


"Tu ferais bien," rétorqua Giovanni, les yeux perçants comme deux morceaux de charbon incandescent. "Et vite."


Arianna, dont le regard se fixa sur le sol, parla enfin. "Nous... nous nous aimons. Nous n'avons pas pensé aux conséquences, je suis désolée."


Giovanni pris une grande inspiration, cherchant à maîtriser sa déception et sa colère. "L'amour est une chose, Arianna, mais l'honneur et le devoir en sont une autre. Vous êtes tous deux sous ma protection, et vous avez agi de manière irresponsable."


"Nous le savons, Padre," répond Ezio, "et nous accepterons toutes les conséquences de nos actions."


Giovanni les regarda un long moment, évaluant leur sincérité. "Il y aura des conséquences, soyez-en certains. Mais nous en discuterons plus tard. Pour le moment, mettez de l'ordre dans cette pièce et dans vos vies. Arianna, nous nous reverrons au matin."


En disant cela, Giovanni tourna les talons et sortit, laissant Ezio et Arianna seuls, mais pas tout à fait dans la même intimité qu'auparavant. 


Après le départ abrupt de Giovanni, la porte se referma derrière lui, laissant Ezio et Arianna seuls dans la chambre. Un silence pesant s'installa entre eux, chaque instant amplifiant leur anxiété. Les murs de la pièce, autrefois un sanctuaire de leur amour, semblaient s'être rapprochés, comme pour les étouffer.


Ezio se leva et commença à se rhabiller, ses mouvements empreints d'une certaine raideur, comme s'il était engoncé dans une armure invisible. Arianna l'observa, ses yeux emplis d'une tristesse insondable.


"Ezio," dit-elle doucement, "penses-tu que... que c'était notre dernier moment ensemble ?"


Il se tourna vers elle, ses yeux se noyant dans les siens. "Je ne sais pas, Arianna. Je ne sais pas ce que mon père décidera, mais quoi qu'il en soit, je ne veux pas perdre ce que nous avons."


Arianna se leva pour le rejoindre, et il la prit dans ses bras. "Moi non plus, Ezio. Moi non plus." Sa voix était pleine d'émotion, chaque mot accentuant le poids du moment.


Ils se serrèrent fort, comme pour échapper aux incertitudes qui les attendaient au-delà de ces murs. C'était un étreinte d'adieu, mais aussi d'espoir, comme si leur amour pouvait être assez fort pour déjouer les plans du destin.


Finalement, ils se détachèrent l'un de l'autre, leurs yeux se disant ce que leurs lèvres ne pouvaient pas articuler. Ezio saisit la poignée de la porte, mais s'arrêta un instant pour se retourner vers Arianna.


"Je t'aime," murmura-t-il, comme un serment, une prière, une promesse.


"Je t'aime aussi, Ezio," répondit-elle, ses yeux pleins d'amour et d'appréhension.


Et alors qu'il quittait la pièce, la porte se fermant silencieusement derrière lui, tous deux sentirent que leur amour était entré dans un territoire inconnu, un endroit où chaque moment pourrait être le dernier, mais où chaque instant était aussi précieux que de l'or.


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À l'aube, une servante vint frapper à la porte de la chambre d'Arianna. La jeune femme était déjà réveillée, incapable de trouver le sommeil après les événements de la nuit précédente.


"Messere Giovanni souhaite vous voir dans son bureau, Signorina," dit la servante avec une expression neutre, bien que la gravité de la situation fût claire pour tout le monde dans la maison.


Arianna prit un moment pour se préparer, choisissant ses vêtements avec soin, comme si elle allait à un rendez-vous avec le destin lui-même. Lorsqu'elle arriva dans le bureau de Giovanni, elle trouva le patriarche des Auditore assis à son bureau, une pile de documents devant lui, mais son regard était distant, perdu dans des pensées manifestement sérieuses.


"Assieds-toi, Arianna," dit-il, sa voix teintée d'un mélange de déception et de tristesse.


Elle s'exécuta, son cœur battant la chamade. Giovanni prit une profonde inspiration, comme pour rassembler ses pensées, puis parla.


"Je t'ai accueillie sous mon toit dans l'intention de te protéger, de te fournir un refuge. Mais il semble que je ne puisse pas te protéger de toi-même, ni de mon propre fils," dit-il, son regard pesant.


Arianna baissa les yeux, consciente de l'ampleur des implications. Giovanni continua, "Je t'ai considérée comme une fille, et je m'inquiète pour ton avenir, pour ton honneur. Je n'ai pas d'autre choix que de t'envoyer chez mon frère Mario, à Monteriggioni. Là-bas, tu seras en sécurité et, je l'espère, à l'abri des tentations qui semblent t'affliger ici."


Arianna sentit une boule se former dans sa gorge. Elle voulait protester, défendre son amour pour Ezio, mais les mots lui échappèrent. Giovanni se leva, faisant le tour du bureau pour lui faire face.


"C'est une décision difficile pour moi, Arianna. Mais c'est la seule que je puisse prendre en tant que protecteur et en tant que père."


Les larmes aux yeux, Arianna acquiesça en silence. 


Giovanni se leva et marcha vers une armoire, d'où il sortit un petit sac de voyage. Il le tendit à Arianna. "Tu trouveras ici de quoi t'aider dans ton voyage. Je t'ai également écrit une lettre de recommandation pour Mario."


Il posa une main sur l'épaule d'Arianna, son visage dur comme la pierre. "Je veux que tu partes immédiatement. Rassemble tes affaires. Ne croise personne. Pars par la porte arrière, où un cheval t'attendra. Tu prendras la route de Monteriggioni dès ce matin."


Le ton de Giovanni était impératif, son visage impassible. Ce n'était plus le père figure protectrice, c'était le mentor, l'homme qui avait guidé des générations d'Assassins, un homme habitué à prendre des décisions difficiles.


Arianna sentit un frisson parcourir son échine. Elle saisit le sac et hocha la tête, incapable de dire un mot. La décision était irrévocable, et elle savait qu'il était inutile de discuter. La pièce semblait s'être refroidie, comme si toute la chaleur avait été aspirée hors des murs.


"Va maintenant, Arianna. Que la fortune te soit favorable," dit Giovanni, se détournant d'elle pour retourner à son bureau, comme si la discussion était close, le chapitre terminé.


Sans un mot, Arianna tourna les talons, son visage livide, ses yeux embués de larmes qu'elle refusait de verser. Le sac en main semblait peser des tonnes. Chaque pas qu'elle faisait à travers les couloirs de la maison Auditore résonnait dans le silence comme un gong, marquant la fin d'un chapitre de sa vie qu'elle n'avait jamais voulu clore.


En arrivant dans sa chambre, son regard se posa sur le lit défait où elle et Ezio avaient partagé des moments d'intimité et de tendresse. Elle prit une grande inspiration, tentant de contenir le tremblement de ses lèvres, et ouvrit le tiroir de sa commode. Elle y récupéra sa lame cachée, cet héritage silencieux de sa propre famille qu'elle n'avait jamais pu vraiment laisser derrière elle, puis attrapa le codex des Valentini, un manuscrit couvert de poussière mais saturé d'importance. Les pages semblaient murmurer des souvenirs des Valentini, évoquant les échos d'une époque révolue mais jamais oubliée.


Arianna rassembla ses affaires avec une précipitation soigneuse, comme si la hâte pouvait atténuer la douleur qui la déchirait. Elle jeta un dernier coup d'œil à la chambre, ce sanctuaire qui avait été son refuge dans un monde plein de dangers et de trahisons. Puis, avec un soupir qui semblait puiser dans les profondeurs de son âme, elle quitta la pièce.


Elle atteignit la porte arrière de la villa, son sac lancé sur son épaule avec une détermination qui masquait à peine sa fragilité. Elle poussa la porte et se trouva face à la lumière naissante de l'aube. Un nouveau jour se levait, ironiquement plein de promesses alors que son propre monde semblait s'effondrer.


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Ezio attendait dans l'ombre, près de la porte arrière, son visage marqué par l'inquiétude. Il s'était habillé rapidement, revêtant sa cape pour se protéger de la fraîcheur matinale. Ses yeux trouvèrent ceux d'Arianna et il lut en eux la confirmation de ses pires craintes.


"Arianna, qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-il, s'approchant d'elle.


Elle secoua la tête, la gorge serrée, incapable de parler. Ses yeux se remplirent de larmes, mais elle les refoula, faisant de son mieux pour maintenir une contenance.


"Ezio, je dois partir. Giovanni m'envoie à Monteriggioni, chez Mario," réussit-elle à dire, sa voix vacillante.


"Partir ? Mais pourquoi ?" demanda Ezio, son visage devenant blême.


"C'est la volonté de Giovanni. Je n'ai pas le choix, Ezio. C'est comme ça que ça doit être," dit-elle, des larmes coulant maintenant librement sur ses joues.


Ezio la prit dans ses bras, la serrant contre lui comme si sa vie en dépendait. "Je ne peux pas te laisser partir, Arianna. Pas comme ça, pas sans moi."


"Tu dois, Ezio," répondit-elle, ses bras autour de lui aussi. "Mais sache que où que j'aille, quoi que je fasse, je t'aimerai toujours."


"Et moi, je t'aimerai, Arianna. Je te le promets, je trouverai un moyen de nous réunir. Je ne sais pas comment, mais je le ferai," murmura Ezio, son visage enterré dans ses cheveux.


Ils s'éloignèrent l'un de l'autre à contrecœur, les yeux encore une fois verrouillés dans un adieu silencieux. Ezio toucha doucement son visage, essuyant ses larmes avec son pouce. "Va maintenant. Je ne veux pas rendre cette situation plus difficile qu'elle ne l'est déjà."


Arianna hocha la tête, ses yeux implorant les siens de comprendre, de lui pardonner. "Je t'aime, Ezio Auditore. N'oublie jamais cela."


Ezio resta là, immobile, tandis qu'elle s'éloignait, disparaissant dans l'obscurité. Il sentit son propre cœur se briser en mille morceaux, mais il tint bon, les poings serrés, la mâchoire crispée. Il savait qu'il avait une promesse à tenir, un vœu à accomplir. Et il serait prêt à affronter le monde entier pour le faire.


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Ezio entra dans le bureau de son père, la porte se refermant derrière lui avec un grincement sinistre. Giovanni était assis derrière son bureau, ses yeux scrutant son fils comme s'il cherchait à lire son âme.


"Assieds-toi, Ezio," dit Giovanni, sa voix marquée par une gravité qui mettait mal à l'aise.


"Je préfère rester debout," répliqua Ezio, ses mains serrées en poings pour contenir la tempête d'émotions qui grondait en lui.


Giovanni soupira. "Tu as compromis l'honneur d'Arianna, Ezio. Sais-tu ce que cela signifie ?"


"Je n'ai compromis personne ! C'était un acte d'amour, pas une trahison !" explosa Ezio, incapable de contenir sa colère plus longtemps.


"Un acte d'amour ? En mettant en péril sa réputation et sa place dans cette société ?" rétorqua Giovanni.


"Je l'aurais épousée ! Je prendrais la responsabilité de mes actes, contrairement à ce que vous faites en nous séparant !" Ezio était à bout de souffle, chaque mot prononcé lui coûtait comme une goutte de son propre sang.


Giovanni le fixa intensément. "Je sais ce dont tu es capable, Ezio. Je n'ai aucun doute que tu l'aurais épousée, mais parfois, il faut savoir sacrifier son bonheur personnel pour un bien plus grand. Comme l'honneur de cette famille, par exemple."


"L'honneur ? Vous parlez d'honneur alors que vous m'arrachez la femme que j'aime ?"


"Tu devrais prendre exemple sur ton frère Frédérico, il sait ce que signifie être responsable," dit Giovanni.


À l'évocation de Frédérico, quelque chose en Ezio se brisa. "Frédérico ? Vous voulez dire l'espion qui a rapporté à son cher papa notre liaison ?"


"Frédérico a agi comme il le devait en tant que membre de cette famille," déclara Giovanni.


"Alors peut-être que je n'ai plus ma place dans cette famille," cracha Ezio, ses yeux brillant d'une fureur et d'une douleur que son père n'avait jamais vues auparavant.


Giovanni le regarda, perçant jusqu'à l'âme de son fils, avant de dire d'une voix douce mais ferme, "Un jour, tu comprendras, Ezio. Un jour, tu verras que j'ai fait cela pour ton bien, et pour le bien de tous."


Ezio, secoué jusqu'au plus profond de lui-même, sortit du bureau en claquant la porte.


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Giovanni resta assis dans l'obscurité de son bureau, les lumières tamisées dessinant des ombres éthérées sur les murs ornés de cartes et de livres. Il posa ses mains croisées sur le bois sombre du bureau, comme pour s'y ancrer, et soupira profondément, permettant à la gravité de l'instant de l'envahir complètement.


Il avait vu la colère dans les yeux de son fils, une colère qu'il n'avait jamais voulu y voir. Mais il avait également vu de la passion, de l'amour. Giovanni savait que ce n'était pas une simple relation passagère entre Ezio et Arianna. C'était quelque chose de profond, d'authentique. Quelque chose qui aurait pu durer toute une vie.


Cela rendait sa décision d'autant plus douloureuse.


Il pensa à Arianna, cette jeune femme pleine de détermination et de courage, portant le poids d'un héritage assassin aussi vieux que le temps lui-même. Elle était une guerrière, une protectrice, une chercheuse de vérité. Elle était tout ce que Giovanni avait toujours voulu pour son fils, mais aussi tout ce qu'il avait voulu éviter.


Car Ezio était innocent. Ignorant de l'Ordre, de la guerre invisible qui se déroulait dans les ombres du monde. Giovanni avait toujours voulu protéger cette innocence, garder son fils à l'écart des dangers qui l'avaient suivi toute sa vie. Et il savait que rester aux côtés d'Arianna éliminerait toute chance pour Ezio de vivre une vie normale. Plus que cela, cela le plongerait dans un conflit dont il pourrait ne jamais sortir.


Mais il y avait aussi Arianna à considérer. Si par malheur Ezio était découvert par les ennemis de l'Ordre à cause de sa relation avec elle, sa vie serait en danger. Et Giovanni ne pouvait pas, ne voulait pas, mettre en péril la femme que son fils aimait.


"Qu'ai-je fait ?" se murmura-t-il à lui-même, les mots à peine audibles mais lourds de remords et de doute.


Peut-être un jour, Ezio comprendrait. Peut-être qu'un jour, la douleur serait moins vive, les blessures guéries par le temps et la distance. Mais pour l'instant, Giovanni était seul, prisonnier de ses choix et des conséquences qu'ils engendraient.


Il espérait seulement que, d'une manière ou d'une autre, ces choix seraient justifiés. Et que les deux jeunes amants pourraient trouver leur chemin de retour l'un vers l'autre, dans un monde moins dangereux, moins cruel.


Giovanni se leva, éteignant la chandelle qui avait brûlé presque entièrement, et sortit de la pièce. Le manoir était silencieux, chaque bruit amorti comme s'il respectait la gravité de l'instant. En refermant la porte derrière lui, Giovanni ne put s'empêcher de se demander s'il avait fermé la porte sur une partie de son âme également.


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Ezio marchait à travers le manoir, ses pas lourds résonnant dans les couloirs jusqu'à ce qu'il atteigne la porte de la chambre de Frédérico. Sans même frapper, il ouvrit brusquement la porte, révélant son frère aîné assis à son bureau, un livre ouvert devant lui.


"Frédérico. Nous devons parler," dit Ezio, ses yeux sombres et sa voix pleine d'une colère contenue.


Frédérico leva les yeux, visiblement surpris par l'interruption abrupte. "Ezio, qu'est-ce qui se passe ? Tu as l'air... perturbé."


"Perturbé ?" Ezio rit amèrement. "Tu trahis ma confiance, tu détruis ma vie, et tu me demandes si je suis perturbé?"


Frédérico semblait déconcerté. "De quoi parles-tu, Ezio? Pourquoi tant de fureur"


"La fureur ne commence même pas à décrire ce que je ressens," cracha Ezio, ses yeux noirs comme du charbon. "Tu as parlé à notre père de Arianna et moi, n'est-ce pas ?"


Frédérico déglutit difficilement, son visage se teintant de regret. "Écoute, j'ai cru bien faire. Tu sais que ce n'était pas une situation simple, et je ne voulais pas que tu te retrouves dans des ennuis."


"Des ennuis ? Tu appelles ça des ennuis ?" Ezio leva les mains, exaspéré. "Arianna a été chassée de la seule maison qu'elle ait jamais connue, et je suis séparé de la femme que j'aime. Tout ça à cause de toi !"


"Je... Je ne pensait pas que notre père irait aussi loin," avoua Frédérico, sa voix tremblante.


Ezio s'avança, ses yeux fixés sur ceux de son frère. "Est-ce de la jalousie, Frédérico ? Parce que tu as déjà eu des sentiments pour elle ? Parce que je te rappelle que c'était toi qui as mis fin à tout ça entre vous deux !"


"Non, ce n'est pas de la jalousie, Ezio. Je pensais sincèrement protéger notre famille."


"Ta manière de protéger notre famille semble beaucoup ressembler à de la trahison," rétorqua Ezio, le mépris suintant de chaque mot.


"Je suis désolé, Ezio," murmura Frédérico, mais ses mots semblaient vides et insignifiants.


"Désolé ne ramènera pas Arianna. Désolé ne réparera pas ce qui a été brisé aujourd'hui," dit Ezio, sa voix chargée de dégoût. "Je ne sais pas comment je pourrais un jour te pardonner."


Ezio tourna les talons, ses pas lourds résonnant comme un jugement alors qu'il quittait la chambre, laissant Frédérico seul avec le poids accablant de ses actions.


Frédérico resta assis à son bureau, les épaules affaissées, son visage marqué par une lourde culpabilité. Les mots d'Ezio tournaient en boucle dans son esprit, chaque accusation, chaque mépris, comme des lames tranchantes qui lacéraient son âme.


Il se rappelait les moments partagés avec Arianna, leur proximité passagère qui avait failli devenir quelque chose de plus. Il se souvenait de la complexité d'Arianna, une femme enveloppée d'ombres et de lumière, une femme qui pouvait manier une lame aussi aisément qu'elle pouvait offrir un sourire réconfortant. Il l'avait aimée, à sa manière, mais il avait aussi vu en elle un danger, une complexité qui pouvait dévorer quelqu'un comme Ezio.


Ezio... son frère cadet, son sang. Frédérico avait vu l'étincelle dans les yeux d'Ezio chaque fois qu'il parlait d'Arianna. Un feu ardent, une passion incommensurable qui le consumait de l'intérieur. C'était cet amour, si intense, si viscéral, qui inquiétait Frédérico. Dans un monde aussi complexe que le leur, un amour comme celui-là pouvait être une bénédiction, mais aussi une malédiction. Une faiblesse que les ennemis pourraient exploiter, un éclat d'irrationalité qui pourrait les mettre tous en danger.


Et donc, dans un acte qu'il avait cru être de la sagesse, il avait parlé à leur père. Un acte qu'il avait espéré serait un moindre mal pour protéger Ezio, pour protéger leur famille. Mais les conséquences avaient été bien plus graves qu'il ne l'avait imaginé. L'éclat de colère dans les yeux d'Ezio, l'indignation, la trahison... Frédérico se demanda si leur relation fraternelle pourrait jamais guérir de cette blessure.


Il s'enfonça dans son fauteuil, son regard se perdant dans le vide. L'air était lourd, et Frédérico sentait le poids de chaque décision, de chaque mot échangé. Il s'était efforcé de faire ce qu'il croyait être le mieux, mais au final, tout ce qu'il avait réussi à faire, c'était à détruire la confiance et l'amour qui liaient les personnes les plus importantes de sa vie.


Le regret était un poison lent, et Frédérico se demanda comment, ou même si, il pourrait un jour réparer les dégâts qu'il avait causés.

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