Le naufragé
- Non mais c'est quoi ce délire, hurla Thea. Vous avez vu dans quel état elle est ?
Elle indiquait du doigt Amber complètement avachi au pied du toilette. Elle vomissait tripes et boyaux depuis dix minutes.
- Elle a pris quoi ?
- Nous ne savons pas. Après avoir vu ton frère avec l'autre greluche, elle est partie en pleurant. Quand elle est revenue, elle était dans cet état.
Thea s'agenouilla auprès de son ancienne amie. Elle lui releva la tête. Du vomi coulait sur son menton. Les yeux d'Amber était vide d'expression.
- Amber, tu as pris quoi ?
Cette dernière s'écroula sur le sol et commença à convulser. Thea la maintint par terre et lui ouvrit la bouche de force. Elle faisait une crise d’épilepsie. Les tremblements commencèrent à s'estomper. Thea releva la tête vers une des filles.
- Tu vas chercher son manteau. On va l'emmener aux urgences.
- Je peux me joindre à toi ? demanda Laurel à Lena.
Lena se retourna, surprise. Elle n'avait pas entendu sa patronne approcher.
- Bien sûr. Vous voulez boire quelque chose ?
- La même chose que toi ça à l'air pas mal du tout.
Lena fit signe au barman de leur servir deux verres.
- Je vais être directe avec toi. J'ai vu comment Oliver t'a regardé Je ne l'ai jamais vu regarder quelqu'un avec une telle intensité. Même moi, il ne me regardait pas comme ça et pourtant nous nous étions fiancés. Ce que je t'ai dit hier sur lui n'en tient pas compte. Oliver est vraiment une personne bien quoi qu'il en pense.
Elle prit son verre et en but une gorgée. Lena resta bouche bée devant cette déclaration. Elle vit Tommy et Oliver qui revenaient vers elles.
- Vous dansez, mesdemoiselles ? demanda Tommy.
- Pas pour le moment, répondit Laurel.
- Lena ?
Celle-ci posa son verre et tendit la main à Tommy. Ils disparurent parmi la foule. Laurel, restée seule avec Oliver, triturait son verre.
- Je suis content pour vous deux. Vraiment content.
- Nous n'avions pas prévu ça, dit-elle en le regardant dans les yeux.
Il essayait de voir parmi les danseurs la jeune femme et son ami. Une femme blonde se posta devant lui, bouchant le peu de visibilité qu'il avait.
- Bonsoir. Je te regarde depuis tout à l'heure et on pourrait boire un verre.
Elle avait dit cette phrase tout en se léchant la lèvre. Oliver la regarda, amusé.
- Je viendrais te voir pour le verre plus tard.
La femme rejeta ses longs cheveux en arrière et lui tendit un petit papier.
- Mon numéro de chambre.
Elle lui déposa un baiser sur la joue et retourna d'où elle était venue en se déhanchant à chaque pas. Laurel était sans voix. Oliver regardait le papier dans sa main. Il le rangea dans sa poche. Pour le moment, il avait envie de danser. Il ferma le bouton de sa veste et se dirigea vers le couple qui évoluait au milieu de la pièce.
- Je peux te l'emprunter un instant, dit-il à son ami.
Quand Lena avait vu approcher Oliver, son cœur s'était mis à battre la chamade. Elle se maudissait que le beau blond lui fasse autant d'effet. Elle se maudissait encore plus de sa faiblesse. Mince, ça ne lui ressemblait pas ce genre de comportement de midinette. Il la prit dans ses bras et elle se sentit comme dans un cocon. Si elle avait pu, elle aurait poser sa tête au creux de son épaule. Les mains d'Oliver s'étaient posées au creux de ses reins. Une douce chaleur l'envahit à ce contact. Elle était tellement bien. Elle releva la tête et rencontra les deux yeux bleus. Ce qu'elle y vit lui fit un frisson de plaisir le long du dos. Oliver la sentit frémir sous ses doigts. Il la serra un peu plus contre lui. Il avait envie qu'elle sache dans quel état, elle le mettait. Il était au supplice. Il n'avait qu'une seule envie, l'entraîner dans un coin et lui retirer cette robe. Son téléphone vibra dans sa poche rompant le charme. Elle le regardait toujours de ses magnifiques yeux bleus. Il sortit son portable et y jeta un œil. Lena vit le visage de son compagnon se transformer.
- Il y a un problème ?
- J'avais demandé à quelqu'un de faire quelque chose mais il ne l'a pas fait.
Il plongea dans le regard de la jeune femme tout en la serrant contre lui.
- Je viendrais te rejoindre après. Nous avons envie de la même chose et j'ai cinq ans de sexe à rattraper.
Il la repoussa légèrement et se retourna pour s'en aller. Elle l'agrippa par le bras et le fit se retourner. Elle lui balança une gifle magistrale avant de le laisser en plan. Elle s'empêcha de courir et de pleurer. Elle avança dignement jusqu'à la sortie faisant claquer ses talons sur le parquet. Le geste qu'elle avait eu envers lui n'avait échappé à personne. Elle voyait les femmes parler entre elles en la dédaignant. Sous ses airs angélique, Oliver était un vrai salopard comme tous les autres.