Le naufragé

Chapitre 6

2971 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:55

- Ça te dis une soirée entre filles ?

Thea bloqua son téléphone entre sa tête et son épaule pour ouvrir la porte de sa chambre. Ses bras étaient chargés de paquets. Elle les posa par terre et se jeta sur son lit. Elle sentait que Lena à l'autre bout de la ligne était un peu réticente à sortir.

- Allez s'il te plaît. Juste un verre, peut-être une danse ou deux.

Elle entendit soupirer son amie et sut que c'était gagner. Elle se pencha pour prendre un des paquets et en sortit une superbe robe noire, courte avec un léger décolleté. Elle l'avait vu en vitrine et avait tout de suite imaginer Lena dedans. Cette robe était faite pour elle.

- En plus, j'ai une surprise pour toi. Je passe chez toi dans deux heures.

Elle raccrocha. Elle savait que Lena se sentirait gênée par le cadeau et qu'elle le refuserait. Mais Thea était bien connue pour être une tête de pioche et son amie céderait. Elle enfilerait la robe et elle serait à tomber. Et puis, Lena n'avait pas le choix pour aller dans la boîte de nuit où elles se rendaient ce soir il fallait se mettre sur son trente et un. Thea se sortit une robe bustier d'un autre sac. Elle était aussi courte que l'autre mais beige avec une dentelle délicate. Elle avait deux heures pour se pouponner.

 

 

 

- C'est ta version des faits, demanda Quentin Lance. Un homme avec une capuche vous a sauvé tous les deux de trois criminels armés jusqu'aux dents.

Oliver regardait le portrait robot qu'il avait aidé à dresser au poste de police un peu plus tôt dans la journée. Tommy était assis à côté de lui dans le canapé, encore sonné par leur mésaventure. Moïra faisait les cent pas devant la fenêtre et Walter essayait de la calmer. Quentin était debout face à Oliver. Il ne pouvait pas dire qu'il faisait une grande confiance au jeune homme. Il avait même certaines bonnes raisons de le haïr. Il lui avait enlevé sa fille cadette et avait brisé le cœur de son aînée. Alors, son histoire de justicier masqué il n'y croyait pas du tout.

- Pourquoi il vous aurait sauvé ?

- Je ne sais pas Lieutenant. Vous n'aurez qu'à lui demander quand vous l'aurez attrapé.

- Et vous, jeune homme, vous avez vu ce mystérieux sauveur ? demanda-t-il à Tommy.

Tommy eut l'air de sortir de sa torpeur. Il se tourna vers Quentin.

- Tout était flou. J'étais complètement dans le coltard.

- Vingt quatre heures que tu es revenu et déjà quelqu’un veut ta peau. C'est drôle quand on y pense. Tu es très populaire.

- Vous avez trouvé quelque chose sur ces individus ? intervint Moïra.

- Rien du tout. Ils utilisaient des armes intraçables et leurs empreintes n'étaient pas répertoriés. De vrais pros. Ils voulaient sûrement demander une rançon pour l'enfant chéri de Starling City.

- Je trouve que vos propos sont déplacés, déclara Walter. Si Oliver a de nouveaux éléments à vous communiquer, il se fera un devoir de vous contacter.

 

Walter s'était approché et indiquait poliment mais fermement où se trouvait la sortie. Quentin se redressa et toisa le jeune homme en passant.

- La chance ne t'abandonne jamais.

 

 

Thea regardait son frère. Sur son ordinateur, une page internet était ouverte montrant un article sur Adam Hunt. Oliver caressait des doigts une photo de lui et de Laurel.

- J'ai entendu les propos de Monsieur Lance, lui dit-elle.

Il se retourna et se leva en souriant. Sa sœur était magnifique. Elle avait attaché ses longs cheveux bruns en un chignon qui lui dégageait son cou. Il remarqua qu'elle portait en pendentif la pierre qu'il lui avait rapporté. Elle l'avait accrochée à l'aide d'un lien en cuir noir. Il devait reconnaître que sa petite sœur était devenue une jeune fille très belle.

- Tu es superbe...

- Je te coupe tout de suite. Ne me fais pas le discours du grand frère. Je sais comment sont les hommes, je n'ai pas eu besoin de toi pour le découvrir. J'ai juste eu besoin de lire tes frasques dans les journaux.

Elle appuya sa pique en lui donnant un léger coup d'épaule. Ils se mirent à rire tous les deux.

- C'est vrai que question exemple j'ai pas trop été à la hauteur.

- Je te rassure j'ai eu mon lot de conneries aussi. C'est le nom de Queen qui est trop lourd à porter.

- Ça doit être ça.

- Je ne comprends pas pourquoi Monsieur Lance s'acharne comme ça sur toi.

- Il a ses raisons, Thea. Et elles sont légitimes.

- Je sais ce qui s'est passé avec Sarah et Laurel mais tu n'es pas responsable de ça. Bon, je file avant d'être vraiment en retard.

Elle déposa un baiser sur la joue de son frère et sortit de la pièce. Oliver se rassit à son bureau et sortit d'un tiroir un petit carnet marron. Il le feuilleta jusqu'à la page qui l’intéressait. Le nom d'Adam Hunt apparaissait en troisième position. Il attrapa sa veste en cuir marron et sortit à son tour. A l’extérieur de la maison, il tomba sur sa mère qui discutait avec un homme.

- Ah Oliver, tu tombes bien. Je voulais te présenter ton garde du corps.

- Maman, je n'ai pas besoin de garde du corps.

- Avec ce qui t'es arrivé tout à l'heure, je me sentirai mieux si il venait avec toi dans tes déplacements.

Il jeta un bref coup d’œil à l'homme que sa mère avait recruté. Il était grand et assez bien bâti. A la raideur de sa silhouette, il pensa à un ancien militaire. Il fit signe à sa mère qu'il acceptait et monta dans la voiture. L'homme se mit au volant.

- Comment je dois vous appeler ? Lui demanda Oliver.

- Diggle me paraît très bien. Dig si vous le souhaitez.

- Vous êtes un ancien militaire ?

- Oui dans la division 105 de l'armée de l'air. Je suis à la retraite et je travaille dans le privé depuis environ quatre ans. Pour éviter toute confusion, mon souci d'assurer votre protection l'emportera sur votre confort. Est-ce que nous sommes bien d'accord ?

N'ayant aucune réponse, il se retourna et à sa plus grande stupéfaction Oliver n'était plus assis à l'arrière de la voiture. Il avait dû sauter de la voiture en cours de route. Diggle tapa sur le volant en se maudissant. Sa mission de protection commençait décidément très mal. Comment il allait annoncer à Madame Queen qu'au bout de seulement vingt minutes il avait déjà perdu son fils ?

 

 

- Tu sais, Thea, ton frère est sacrément sexy, dit Amber. Vous le verriez les filles, il est à tomber. Encore plus séduisant qu'à la télévision.

Un peu plus tôt dans la soirée, les amies du lycée de Thea les avait rejointes. Elles étaient toutes installées à la grande table. Lena buvait son deuxième verre sans alcool. Elle s'ennuyait ferme et elle en avait marre d'entendre parler d'Oliver.

- Tu veux rentrer ? lui demanda Thea.

Elle avait pourtant fait bonne figure en parlant avec tout le monde mais elle n'avait pu réprimer deux bâillements. Elle tombait de fatigue et elle se disait qu'heureusement c'était le week-end. Une bonne grasse matinée au fond de son lit c'est de ça dont elle avait besoin.

- Je ne veux pas gâcher ta soirée, lui répondit-elle. Je vais rentrer en taxi.

Thea lui sourit en lui déposant un baiser sur la joue. Elle regarda son amie s'éloigner. Amber s'installa à côté d'elle.

- Enfin, elle est partie. Je ne sais vraiment pas ce que tu lui trouves, elle est sacrément ennuyeuse.

Thea ne trouvait pas du tout Lena ennuyeuse. Depuis leur rencontre, elle avait complètement changé. Elle était devenue une autre fille. Elle faisait ses devoirs, ne séchait plus les cours, ne buvait plus et ne se droguait plus non plus. Et surtout ses anciennes amies l'ennuyait. Amber sortit son poudrier et ce qu'il contenait n'était pas du tout du fond de teint. Elle le tapa légèrement sur la table et en fit trois lignes blanches. Elle en sniffa une et proposa à Thea d'en faire autant.

- Que la fête commence.

Elle sentait déjà les effets de la drogue dans son organisme. Elle se sentait flotter au-dessus du sol. Thea repoussa la main d'Amber et se leva.

- Je t'ai déjà dit que je ne touchais plus à cette saloperie.

- Retourne dans ton couvent, Sainte Thea avec ta copine coincée.

Thea en avait assez entendu. Elle sortit du club et fit signe à son chauffeur qu'elle voulait rentrer. Il lui ouvrit la portière et elle s'engouffra à l'intérieur. Amber l'avait énervée. Elle se promenait toujours avec sa dose de drogue maintenant. Il n'y avait plus que ça qui comptait dans sa vie. Pendant les pauses, elle fonçait aux toilettes pour se défoncer. Pourtant Amber était sa meilleure amie. Mais elle avait trop changé, elle ne pouvait plus rester amie. Un fossé les séparait. Et puis entendre les propos d'Amber sur son frère c'était pas possible à gérer. Il ne manquerait plus que ça qu'Amber et Oliver se mette ensemble. Elle se mit à rire doucement. Aucune chance heureusement. Oliver n'était plus celui d'autrefois qui sautait sur tout ce qui portait une robe moulante. Il lui semblait plus posé. Plus mystérieux aussi. Elle aurait aimé que son frère s'ouvre à elle mais il n'avait encore rien dit sur son séjour sur l'île. Elle regardait le paysage défilé devant ses yeux. Depuis la première fois en cinq ans, elle se sentait bien.

 

 

Oliver avait couru jusqu'à l'ancienne usine de son père. Il s'arrêta devant la grille un instant pour regarder l'établissement s'étendre devant ses yeux. Il l'escalada avec agilité et retomba de l'autre côté sans un bruit. Il pénétra à l'intérieur. Des prospectus jonchaient le sol. Il en ramassa un. C'était le dernier rapport annuel de l'entreprise avant sa fermeture. Il le balança au loin. Son kidnapping avait fait avancer son plan. Il avait dit la vérité à Quentin Lance. L'homme à la capuche était bien présent dans l'entrepôt et il avait mis les trois hommes hors d'état de nuire. Ce n'était que le début de son plan. Il descendit l'escalier qui conduisait à la cave. Son énorme caisse métallique se trouvait au milieu de la pièce. Il avait du pain sur la planche afin que son repaire prenne enfin forme. Il sortit son ordinateur portable de sa besace. Il ouvrit le navigateur internet et entra le nom d'Adam Hunt. Il cliqua sur le premier lien qui avait été posté deux heures auparavant.

- L'ancien comptable d'Adam Hunt a été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel. Apparemment, il aurait succombé à une overdose d'héroïne... déclara le journaliste.

La vidéo montrait Laurel qui descendait les marches du tribunal, tête basse. Adam Hunt la regardait avec un étrange sourire sur les lèvres. Oliver serra les mâchoires. Les crimes de Hunt étaient beaucoup plus grave que ces histoires de fraude. Il était capable de tyranniser voir de tuer quiconque se mettrait en travers de son chemin. Son ancien comptable en était la preuve. Oliver ouvrit la caisse et en sortit une tenue verte sombre, un magnifique arc noir et un carquois de flèches.

- Il va pouvoir enfin me rencontrer, dit-il en s'équipant.

 

 

Adam Hunt marchait dans un parking souterrain suivi de son avocats et de ses hommes de main. Il lisait la première page du journal.

- Cette avocate Laurel Lance n'a plus rien contre moi maintenant. Son unique témoin est mort. Mais ça serait quand même bénéfique de ne plus l'avoir traîner dans nos pattes. Appelez Greg il me doit un service vu que c'est grâce à moi qu'il a été réélu.

Il balança le journal dans une poubelle à proximité. Son avocat prenait des notes sur un petit calepin pour ne rien oublié. Il était jeune et cette affaire était la première dont il s'occupait. Il n'était pas encore prêt à reprendre les rênes de son paternel à la tête du cabinet. En plus, il n'aimait pas trop son client.

- Qu'est-ce que vous faites encore là, vous ? lui cracha avec mépris Adam.

Le jeune avocat partit pratiquement ventre à terre. Hunt lui donnait la chair de poule. Une flèche atterrit en plein dans les appliques suspendues au plafond. Des étincelles grésillèrent. Hunt et ses sbires se retournèrent. Une flèche atterrit en pleine poitrine d'un de ses gardes du corps. Ils se ruèrent comme un seul homme vers la voiture. Ils lui ouvrirent la portière et le jetèrent sur le siège arrière. Hunt se coucha sur la banquette. Il entendit des rafales de mitraillettes. Les cris d'agonie de ses hommes. La sueur coulait sur son front. Une flèche transperça la vitre arrière et vint se loger tout près de sa tête. Il se redressa en hurlant. Une main l'attrapa par la veste et l'extirpa de la voiture. Il se retrouva couché sur le sol. Un homme avec une capuche verte et armé d'un arc se tenait accroupi sur le toit de sa voiture. La flèche était pointée sur sa tête. Il leva les mains vers l'inconnu. Il ne voulait pas finir comme ça. Dans un parking souterrain. Il méritait mieux.

- Que... Que me voulez-vous ? articula-t-il.

L'homme se jeta sur lui et le plaqua contre un pilier en béton. Hunt essaya de distinguer son visage mais la capuche était trop sombre et trop profonde.

- Vous allez transférer quarante millions de dollars sur un compte de la banque national sur le compte 11441 avant demain soir vingt-trois heures.

- Et si je refuse.

- Je le ferais moi-même et je ne vous dis pas comment. J'ai été assez clair ?

Hunt déglutit avec difficulté. L'inconnu le lâcha et il tomba sur le sol. En se relevant, il se rendit compte qu'il était seul. Ses hommes étaient tous morts et l'homme à la capuche avait disparu.

- Si je vous revoie, vous êtes un homme mort, cria Adam.

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