Le naufragé

Chapitre 5

2903 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:37

Lena monta les escaliers en courant. Elle allait rentrer dans son bureau quand une main l'attrapa par le bras. Elle se retourna et tomba nez à nez avec Joanna.

- Dépêche toi, Laurel n'a pas vu que tu étais en retard. J'ai réussi à distraire son attention. Ça va toi ? Monsieur Lance m'a appelé pour me prévenir. J'ai préféré ne pas en informer Laurel alors fais comme moi.

Elle frotta le bras de Lena chaleureusement et s'éloigna dans le couloir. Lena s'installa sur sa chaise pour reprendre son souffle et retirer sa veste. Elle entendait déjà les talons aiguilles de Laurel claquer sur le carrelage.

- Laurel, nous venons de recevoir des nouvelles des avocats d'Adam Hunt. Ils veulent changer de juge.

- Je suppose qu'ils veulent le juge Johnson. C'est tellement plus facile un procès avec un juge acheté.

- Laurel, tu es ma meilleure amie mais je te l'avais bien dit. Adam Hunt fera tout pour gagner le procès. En plus, tu n'as aucune preuve de ce que tu avance sur Johnson.

- Tu sais aussi bien que moi, Joanna, le pouvoir que l'argent peut avoir.

Laurel pénétra dans le petit bureau. Elle vit que son assistante était bien là. Elle lui balança un dossier et se retourna vers son amie.

- Nous n'avons pas besoin de tourner le dos à la loi pour faire justice.

- Le vieil adage de Monsieur Lance, rit Joanna.

- Tape ces courriers. Je les signerais à mon retour du tribunal, dit-elle à Lena.

Comme à son habitude, elle n'attendit pas de réponse et sortit aussitôt du bureau. Elle se dirigea vers la machine à café suivie de Joanna. Elle appuya sur la touche expresso. En attendant, elle pianotait sur le distributeur de ses ongles parfaitement manucurés.

- Laurel ?

Cette voix. Ce n'était pas possible. Il n'aurait quand même pas osé venir ici à son bureau. Elle arracha son café et se retourna d'un seul coup. Oliver se trouvait face à elle, un léger sourire flottant sur les lèvres.

- Bonjour Laurel.

Sous les yeux effarés de Joanna, elle lui balança son café brûlant au visage. Elle se détourna et sortit de la pièce en retenant ses larmes.

- Tu n'aurais pas dû venir, lui dit Joanna en lui tendant une serviette en papier.

- J'avais besoin de lui demander pardon pour tout le mal que je lui ai fais par le passé.

- Commence déjà par lui laisser le temps de digérer le fait que tu sois toujours en vie et pas sa sœur.

 

 

Lena sortait de son bureau quand elle tomba nez à nez avec Tommy. Elle ne pouvait pas dire qu'elle l'appréciait beaucoup. Elle aimait encore moins comment il la regardait. Elle se sentait dans la peau d'une biche acculée par un prédateur. Un chasseur exactement ce qu'était Tommy malgré sa relation intime avec Laurel. Un homme à femmes. Elle réprima une grimace et se força à lui sourire.

- Monsieur Merlyn, je peux faire quelque chose pour vous ?

Au sourire carnassier qu'affichait Tommy, elle sentit une sueur froide glisser le long de son dos. Tommy était persuadé qu'aucune femme ne pouvait lui résister. Tout ça parce qu'il était milliardaire, beau et plein d'humour. Malgré tout depuis le retour de son ami, Oliver, il se sentait moins sûr de lui. Il ne lui avait pas encore dit qu'il avait une relation avec Laurel. Dans la voiture, il avait senti qu'Oliver avait encore des sentiments pour elle. Malgré la rancune que Laurel pouvait éprouver encore contre lui, il savait que si un choix devait être fait, elle ne le choisirait pas. Elle retenterait sa chance avec Oliver, son amour de jeunesse. Alors pourquoi il se priverait de draguer la belle assistante si désirable que Laurel avait engagé. En plus, elle le regardait avec de si grands yeux. Et son parfum était si envoûtant. Il se passa machinalement la langue sur les lèvres.

- Mademoiselle Campbell, nous devrions un de ces soirs aller boire un verre tous les deux.

Elle n'eut pas le temps de répondre que Laurel apparut au coin du couloir, larmoyante. Tommy se décomposa en la voyant arriver.

- J'en étais sûre, hurla-t-elle.

- C'est pas...

- Tu vas me faire croire que ce n'est pas toi qui a amené Oliver ici. Comment tu as pu me faire ça ?

Tommy voulut lui prendre la main mais elle se dégagea brutalement. Lena n'osait plus bouger.

- Il voulait te voir...

- Et bien pas moi. Il aurait dû y rester sur son île ou ailleurs. Ou bien aller tout droit au diable.

- Tu dis des choses que tu ne penses pas, Laurel.

- Tu crois vraiment que je ne les pense pas. Oliver a laissé mourir ma sœur après avoir couché avec elle. Tu te rends compte de quel salopard c'est. Tout ce monde à son enterrement. Tous ces pleurs. Mais il restera toujours ce gros...

- Ne dis pas des choses que tu risques de regretter plus tard. Tu l'as aimé malgré tous ces défauts. Vous étiez fiancés tous les deux. Tu savais très bien qu'il n'était pas parfait et pourtant tu voulais l'épouser.

- Arrête de faire l'avocat du diable. Je ne pourrais jamais lui pardonner. Et si ma sœur était encore vivante aujourd'hui, je ne lui pardonnerais pas non plus. Ils m'ont brisé tous les deux.

Lena était sous le choc. Elle s'adossa au mur derrière elle. Elle regardait sa patronne avec un œil neuf. Elle comprenait maintenant pourquoi elle était si dure. Laurel se rendit compte de sa présence. Elle s'essuya les yeux et fit un demi-sourire à son assistante.

- Reste loin d'Oliver si tu ne veux pas qu'il te détruise.

 

 

Oliver attendait Tommy devant la voiture. Il se doutait bien que Laurel ne lui sauterait pas au cou de le revoir mais il devait aller la voir. Il se le devait. Elle n'avait pas du tout changé. Toujours aussi expéditive. Elle ne lui avait même pas laissé le temps de s'excuser. Au moins, il ne s'était pas pris une gifle comme il s'y attendait. Cinq ans n'avait pas altéré sa beauté. Elle était aussi belle que le jour où il avait pris le bateau. Elle était venu lui dire au revoir sur le quai. Ils avaient échangé un long baiser pendant que Sarah était caché dans la cabine. Il savait qu'il agissait mal à cette époque et pourtant il l'avait fait quand même. Aujourd'hui, il regrettait toutes ses erreurs du passé. Tommy arriva le sortant de ses pensées.

- Les retrouvailles n'étaient pas ce qu'elles auraient dû être ? lui demanda-t-il.

- Je ne m'attendais pas à mieux.

Tommy déverrouilla la voiture. Ils allaient monter à l'intérieur quand une camionnette arriva. Trois hommes masqués en descendirent. Un bleu, un rouge et un vert. Le bleu tira sur Tommy une fléchette anesthésiante. Il tomba au sol instantanément. Oliver voulut l'esquiver mais elle le toucha à la main. Il tomba à son tour mais ne perdit pas connaissance aussi vite que son ami. Il eut le temps de voir le masque rouge se pencher vers lui. Un homme, chargé d'un énorme sac poubelle, apparut sur l'escalier métallique.

- Qu'est-ce que vous faites ? leur demanda-t-il.

Pour seule réponse, l'homme portant le masque vert le fusilla avec sa mitraillette. Oliver n'avait pas perdit une miette de ce carnage. Il serrait les poings quand il perdit enfin connaissance.

 

 

Flashback :

Sur le canot de sauvetage, Oliver, son père et le capitaine dérivaient toujours. La pluie s'abattait sur leur petite embarcation et les vagues étaient de moins en moins fortes. La tempête se calmait enfin. Pendant près d'une heure, Oliver avait hurlé le nom de Sarah. Il avait guetté le moindre morceau du yacht qui aurait pu servir de bouée. Mais rien. Aucune trace d'elle.

- Bois.

Il vit son père lui tendre une petite bouteille d'eau minérale. Il n'avait pas envie de boire. Il avait envie de se jeter à l'eau et de chercher encore et encore Sarah. Il ne pouvait pas se résoudre au fait qu'il soit vivant et qu'elle soit morte. Morte par sa faute. Il n'aurait jamais dû l'inviter. Son père lui toucha l'épaule doucement.

- Bois. Il faut que tu te réhydrate.

- Mais vous faites quoi, Monsieur Queen. C'est notre seule bouteille d'eau.

- Justement. Si il y en a un de nous trois qui doit s'en sortir ça sera mon fils.

Oliver prit la bouteille et but une gorgée. Il referma la bouteille et la redonna à son père.

- Oliver. Mon fils. Je ne suis pas l'homme que tu crois que je suis.

Oliver regardait son père sans comprendre le sens des mots qui sortaient de sa bouche. Il vit des larmes dans les yeux paternels.

- Mon fils, je n'ai pas bâti notre ville. Je l'ai trahi et je ne suis pas le seul à l'avoir fait.

 

 

Lena était estomaquée par les révélations de Laurel. Pourquoi Thea ne lui en avait pas parlé. Les histoires de famille elle connaissait bien et les hommes comme Oliver malheureusement aussi. Elle avait toujours refusé les avances des hommes comme lui. Des milliardaires qui pensaient que les femmes devaient être à leurs pieds. Son amie d'enfance, Gina, en avait fait les frais. Elle essuya une larme d'un revers de la main. Un mois qu'elle n'avait pas pensé à son amie. Gina Harris. La fille du milliardaire Tom Harris. Une magnifique rousse aux grands yeux verts. Elle et Lena avait grandi ensemble à Central City. Elles avaient été amies jusqu'à l'arrivée de Randall Taylor. Ce nom, Lena le haïssait encore. Gina en était tombée immédiatement amoureuse. Un seul regard et hop envoûtée.

Il avait remarqué les regards que Gina lui jetait en coin. Plus tard, Lena avait entendu parler d'un pari qu'il avait fait avec ses amis qui consistait à inviter Gina au bal de l'hiver et à coucher avec elle cette fameuse soirée. Elle en avait aussitôt parler à son amie. Cette dernière lui avait ri au nez en la traitant de jalouse. Mais comment Lena pourrait être jalouse alors qu'elle détestait tout ce que représentait Randall. Gina la ficha dehors et refusa tout contact avec elle. Randall remporta son pari au grand dam de Lena et il coupa les ponts avec Gina. Il s'était fichu d'elle. Gina s'écroula de désespoir. Lena revoyait son amie supplier Randall de la reprendre. Elle l'entendait encore lui dire qu'elle serait une gentille fille. Et lui, il la repoussait en riant. Le lendemain, ses parents retrouvaient le corps de leur fille. Elle s'était suicidée à l'aide de médicaments. Elle avait seulement dix-huit ans. Lena n'avait jamais revu Randall depuis ce jour. Il ne s'était même pas présenté aux obsèques. Il avait littéralement disparu. Sur la tombe de son amie, elle s'était jurée de ne jamais céder aux avances d'un homme tel que Randall Taylor. Alors Laurel n'avait pas à la mettre en garde contre Oliver, elle savait très bien garder ses distances toute seule. Et elle allait tout faire pour les garder même si être amie avec Thea n'allait pas faciliter les choses.

 

 

- Monsieur Queen, on se réveille.

Un décharge fit ouvrir les yeux d'Oliver instantanément. Il regarda autour de lui et vit Tommy toujours inconscient, allongé sur le sol. A ce que voyait Oliver, il devait se trouver dans une espèce de hangar désaffecté. L'homme au masque rouge lui faisait face. A la main, il tenait un taser qu'il mit en marche d'une pression. Le masque vert se trouvait derrière lui et surveillait la porte pendant que le bleu, armé d'un fusil à pompe, faisait les cent pas derrière Oliver.

- Monsieur Queen est-ce que votre père est toujours en vie ?

- Vous êtes qui et vous voulez quoi ?

- C'est moi qui pose les questions alors répondez. Votre père est-il toujours en vie ? Est-il allé sur cette île ? Est-ce qu'il vous a dit quelque chose ?

N'ayant aucune réponse, le rouge se mit en colère et balança une décharge à Oliver qui l'encaissa sans broncher.

- Oui, murmura Oliver.

- Il était avec vous sur l'île ? Que vous a-t-il dit ?

- Il m'a dit de vous tuer.

L'homme rouge se mit à rire suivi de ces comparses. Oliver jeta un autre regard à Tommy.

- Comment vous vous voulez nous tuer? Vous êtes menottés à cette chaise.

- Plus maintenant.

Oliver avait réussi à se libérer des menottes. Il leur montra ses mains libres. Il attrapa sa chaise et la fracassa sur l'homme rouge. Il empoigna le bleu et l'étrangla d'une seule main. Il se servit du rouge comme d'un bouclier. Le vert, armé de la mitraillette, tira plusieurs rafales dans le corps de son collègue avant de prendre la fuite. Oliver repoussa le corps sans vie et se jeta à genoux à côté de Tommy. Il prit rapidement son pouls pour vérifier si son ami était toujours vivant. Ce dernier ouvrit brièvement les yeux avant de replonger dans l'inconscience. Oliver se mit à la poursuite du fuyard.

Voyant qu'il était poursuivi, le vert tira une nouvelle rafale de balles. Oliver sauta en se cramponnant à un tuyau au plafond. Il courait dans un long couloir, en se retournant de temps en temps pour voir où en était Oliver. Il ouvrit une porte à la volée qui donnait sur une petite ruelle déserte. Oliver apparut dans un fracas de verre brisée. Il était passé par une lucarne sur le toit. Il sauta pour atterrir au plus près de son fugitif. Ce dernier mit en joue et tira une nouvelle fois. Oliver sauta de toit en toit tout en évitant les balles. Le vert se remit à courir et entra dans le bâtiment. Il tirait maintenant sans se retourner, le doigt appuyé sur la gâchette. Oliver le talonnait. Il longea les tuyaux et s'agrippa à une chaîne qui pendait du plafond. Il donna un grand coup de pieds au vert qui chuta lourdement sur le sol. Oliver l'empoigna brutalement et lui bloqua la tête sous son bras.

- Je vous en prie ne me tuez pas.

- Tu n'aurais pas dû tuer cet homme.

Il lui brisa la nuque d'un coup sec. Il lâcha le corps sans vie sans le regarder.

- Je n'ai pas le choix. Personne ne doit connaître mon secret.

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