Le naufragé

Chapitre 3

2165 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:44

- Après cinq ans, tout ce qui m'était familier est maintenant méconnaissable. Cet homme que je vois dans le miroir est un étranger, se disait Oliver.

Il était sorti de la salle de bains avec une serviette autour de la taille. Le miroir lui renvoyait une image de lui qui n'était pas celle que les autres voyaient. Il n'était plus le même. Ce n'était plus le fils à papa qui était parti il y a cinq ans. Les cicatrices qu'ils portaient sur le dos et le torse en attestaient.

 

Flashback :

Le Queen Gambit est secoué par les vagues de plus en plus violentes. La pluie et le vent empêchent toute visibilité. Robert regarde sur un petit moniteur l'avancée de la tempête.

- Tempête de catégorie 2. Le capitaine recommande que nous fassions demi-tour sur le champs, monsieur Queen.

- OK préviens l'équipage.

Oliver sortit de sa cabine en titubant légèrement.

- Nous sommes en danger ? Demanda-t-il.

- Seulement l'un de nous.

Une jeune fille apparut en déshabillé dans le couloir. Lorsqu'elle vit Robert, elle rabattit son peignoir en soie sur son soutien-gorge noir.

- Bonsoir, monsieur Queen. Est-ce que quelqu'un peut me dire où on peut trouver un ouvre-bouteille.

- J'arrive Sara. Retourne dans la cabine.

- Fiston, je ne sais pas à quel jeu tu joues mais ça va mal se finir. Pour les filles comme pour toi. Tu es jeune nous faisons tous des bêtises. Je veux seulement te faire comprendre que tu risques de regretter celle-là.

- Je m'amuse c'est tout.

 

Perdu dans ses pensées, Oliver regardait une photo de lui et son père lorsqu'il était petit. La porte s'ouvrit derrière lui et son ami d'enfance, Tommy, apparut.

- Je te l'avais bien dit que les yachts ça craignaient.

- Tommy Merlyn.

- Tu m'as manqué mon pote.

Il se tapèrent dans le dos comme deux frères heureux de se revoir.

- J'ai invité Tommy à dîner. J'espère que ça ne te dérange pas ?

- Pas du tout, maman.

- Raisa a préparé ton plat préféré, dit-elle en poussant les deux amis vers la salle à manger.

 

 

Lena n'avait pas revu de la journée Laurel. Elle n'avait pas eu la tête au travail trop intriguée qu'elle était par ce que lui avait dit à mots couverts Joanna. Elle n'avait pas osé l'interroger plus et Joanna n'avait dit rien de plus. Elle l'avait laissé planter là avec ses questions. Elle remballa ses affaires dans son sac. Elle rêvait d'un bon bain chaud avec de la mousse qui sentiraient la fleur d'oranger. Malheureusement pour elle, son studio ne comportait qu'une toute petite douche. Et quant à l'eau chaude, c'était un autre problème. Le propriétaire ne voulait pas remplacer le petit ballon électrique qui était tombé en panne y a quelques jours. Elle ne gagnait pas assez pour faire la fine bouche. Elle avait même dû troquer ses boucles d'oreilles en émeraude pour pouvoir s'acheter une voiture. Pas une voiture luxueuse comme elle conduisait habituellement mais une voiture dans ses nouveaux moyens. Elle espérait qu'elle ne la lâcherait pas trop rapidement vu le nombre de kilomètres au compteur qu'elle possédait. Elle n'aurait pas les moyens de la faire réparer ni d'en racheter une autre. Elle mit un quart d'heure pour atteindre son immeuble. Elle vivait au cinquième étage soit au dernier et l'ascenseur était en panne apparemment depuis de nombreuses années. Un immeuble où vivait dealer, proxénète et prostitué. Un immeuble où une jeune femme seule ne devrait pas s'aventurer le soir ni y vivre. Elle sourit en imaginant la tête de son père si il voyait où elle logeait. Elle entra chez elle et se dirigea vers le petit frigo. Rien. Le vide intersidéral. Elle avait encore oublié de faire les courses. Elle trouva un paquet de crackers et alla les grignoter sur son lit. Elle alluma la télévision. Les journalistes continuaient de parler d'Oliver Queen. Elle changea de chaînes. Encore et encore. Oliver Queen ceci. Oliver Queen cela. Elle allait faire une overdose d'Oliver Queen avant de le connaître. Ce matin, cachée dans l'ombre, elle l'avait un peu détaillé. Elle devait avouer qu'il était beaucoup plus séduisant de visu. La télévision ne rapportait pas correctement son charme.

- Ah non ma vieille. Tu oublies cet Oliver ce n'est pas un homme pour toi. Tu fais partie du monde des laissés pour compte.

 

 

- Je crois que je t'ai tout expliqué sur ce que tu as loupé en cinq ans, déclara Tommy. Les vainqueurs du super bowl. Nous avons un président noir. Nos amis de fac mariés ou pères de famille.

Oliver ne quittait pas des yeux sa mère et Walter qui se trouvait à l'autre bout de la table. Ils riaient d'une tendre complicité qui n'avait pas échapper au jeune homme. Thea jeta un regard à Tommy.

- C'était comment là-bas ? Demanda-t-elle.

Avec cette simple question, un froid avait été jeté sur la table. Tous les regards se tournèrent vers Oliver qui cherchait visiblement une réponse adaptée pour sa sœur. Il sourit légèrement mais ses yeux restèrent de glace.

- Froid.

- Demain mon pote, on se fait une virée. On rattrape le temps perdu. Une boîte sympa a ouvert l'année dernière. Toutes les stars s'y précipitent. Des mannequins à perte de vue.

- C'est une excellente idée, déclara Moïra.

- Après, je pensais faire un saut au bureau.

Walter faillit s'étrangler avec sa gorgée de vin. L'expression du visage de Moïra se figea l'espace d'un instant.

- Rien ne presse. Tu as tout le temps. Queen Consolidated sera toujours là dans quelques jours.

Il prit la coupe de fruit que lui tendait Raisa. Elle trébucha et faillit tomber sur Oliver. Elle s'excusa et il lui répondit en russe. Autour de la table, les regards étaient éberlués.

- J'ignorais que tu avais appris à parler russe à la fac, s'exclama Walter.

- Et moi, j'ignorais que tu avais envie de coucher avec ma mère.

Un nouveau froid fut jeté sur le dîner. Walter faisait tourner son vin dans son verre. Moïra regardait sévèrement son fils puis son regard glissa sur Thea.

- Pourquoi tu me regardes ? Je n'ai rien dit du tout.

- Elle n'a pas eu besoin.

- Oliver, je pense que nous te devons la vérité. Walter et moi nous sommes mariés. Je ne veux pas que tu penses que nous ayons fait quoi que se soit d'irrespectueux vis à vis de ton père.

- Nous pensions que ton père et toi... disons étaient... partis..., dit Walter.

- C'est bon.

Il se leva de table un peu secoué par la nouvelle.

- Puis-je quitter la table ?

Sa mère acquiesça légèrement triste. Oliver attrapa une poire et fit un clin d’œil à sa sœur.

- N'oublie pas notre virée mon pote.

Il tapa sur l'épaule de son ami en ne lâchant pas sa mère du regard. Thea regarda son frère s'éloigner. Elle était déçue de cette première soirée. Elle espérait que les prochaines seraient d'humeur plus légères. Elle aurait aimé pouvoir le suivre mais elle savait qu'il avait besoin d'assimiler cette nouvelle, seul. Elle comprenait ce qu'il devait ressentir. Elle avait ressenti la même chose quand sa mère lui avait annoncé sa décision d'épouser Walter. Comparé à son frère, elle avait eu le temps d'apprendre à apprécier ce beau-père. Plus personne ne parlait autour de la table. Elle aurait aimé se retrouver à des milliers de kilomètres loin d'ici. Elle aurait surtout dû inviter Lena au moins elle aurait eu quelqu'un avec qui discuter. Même Tommy ne parlait plus. Il avait le nez collé dans sa poire. Walter tournait toujours son verre de vin et sa mère épluchait machinalement son fruit. Elle pria doucement que son téléphone sonne mais rien. Elle était condamnée à rester à cette table silencieuse.

 

 

Lena n'arrêtait pas de se retourner dans son lit. Elle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle hésita un instant à appeler son amie Thea mais repoussa bien vite cette idée. Elle ne pouvait pas la déranger. Elle venait de retrouver son frère au bout de cinq ans. Elle se retourna une énième fois dans son lit. Elle entendait les bruits de la vie nocturne des occupants de l'immeuble. Le trafic de drogue au premier. Les prostituées au rez-de-chaussée en plein racolage. Les parties de poker clandestines sur son palier. Elle soupira en plongeant sa tête sous son oreiller. Elle ferma les yeux. Une douce sérénité l'envahit. Elle était presque à arriver dans les bras de Morphée lorsqu'on frappa à sa porte. Elle jeta un œil sur son réveil. Deux heures du matin.

- Police. Ouvrez, hurla une voix masculine.

Elle se leva précipitamment. L'homme tapait de plus en plus fort sur la malheureuse porte. Lena s'attendait à tout moment à la voir sortir de ses gonds. Elle enfila son peignoir et alla ouvrir la porte. Un policier d'une vingtaine d'années se tenait devant. Il la dévisagea de bas en haut avec un sourire légèrement salace. Elle fit instinctivement un pas en arrière. Elle le vit sortir des menottes de sa poche.

- Vous êtes en état d'arrestation. Tournez-vous.

Les yeux de Lena passaient des menottes à l'homme. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi on l'arrêtait. Elle se rendit soudain compte du bruit dans la cage d'escalier. Elle entendait protester ses voisins. Un autre policier sortit de l'appartement en face de chez elle. Il tenait sa voisine menottée.

- Fini les parties de poker, lui dit-elle.

Elle ne se donna même pas la peine de lui répondre. Lena la regarda passer devant elle toujours aussi perplexe. Dans l'appartement, les autres joueurs étaient tous assis et menottés.

- Tournez-vous.

- Pour quelle raison vous m'arrêtez ?

Un rire gras sortit de la bouche du policier. Il la plaqua contre la porte. Elle pouvait sentir son haleine chaude contre son oreille. Il lui tordit un bras dans le dos et lui mit les menottes très serrées. Elle poussa un gémissement et voulut se dégager. Il la tira par les cheveux en arrière.

- Les filles dans ton genre vous aimez avoir mal.

- Vous faites une monumentale erreur...

- Elles disent toutes ça, dit-il en riant.

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