Le naufragé
Assis dans la voiture, Oliver regardait le manoir Queen se dresser fièrement devant ses yeux. Sa mère, assise à côté de lui, avait babillé tout le long du trajet. Lui avait passé son temps à regarder le changement que sa ville avait subit en cinq ans. La seule chose qui n'avait pas changé c'était sa maison. Moïra était déjà sur le perron quand il sortit de ses pensées.
- Je vais les prendre merci, dit-il au chauffeur avec un grand sourire.
Il sortit un casier métallique du coffre à bout de bras. Il le déposa sur le perron. Moïra ouvrit la lourde porte de la demeure. Il regardait tout autour de lui. Effectivement sa demeure n'avait pas du tout changé.
- Nous avons laissé ta chambre en état, déclara sa mère.
Un homme noir s'avança vers eux, la main tendue et un sourire avenant sur le visage. Oliver sentit Moïra se raidir un peu à son côté.
- Bienvenue Oliver, s'exclama l'homme. Tu ne dois pas te souvenir de moi. Walter Steele. Je suis un ancien ami de ton père.
Oliver s'avança vers lui et lui serra la main. Des pas résonnèrent au premier étage et sa sœur apparut en haut de l'escalier. Ils restèrent un petit moment à se regarder. Elle, au bord des larmes. Lui, tout sourire. Elle descendit les marches en courant et se jeta dans ses bras.
- Tu m'as manqué, grand frère. Je n'ai jamais perdu espoir. Je savais au fond de moi que tu étais toujours vivant.
- Toi aussi tu m'as manqué petite sœur. Mais tu as toujours été avec moi dans mon cœur.
Il relâcha Théa et aperçut Raisa, la gouvernante de la maison, qui se tenait en retrait. A l'aide d'un mouchoir, elle essuyait ses larmes.
- Raisa, s'exclama-t-il. Je suis tellement heureux de revoir.
- Je n'ai jamais perdu espoir de vous revoir, monsieur Oliver.
Lena se tenait sur le palier du premier étage, camouflée dans l'ombre. Elle allait être en retard au travail mais elle ne pouvait pas descendre et interrompre les retrouvailles. Théa avait passé la soirée à rire, heureuse de retrouver son frère. Depuis qu'elles se connaissaient, Lena avait beaucoup vu changer la jeune fille. Elle ne se droguait plus, ne buvait plus et surtout elle avait ralenti les soirées pour se consacrer enfin à ses études. Ces cinq derniers jours l'avait encore un peu plus transformé. Elle était tout simplement heureuse. Elles avaient discuté une bonne partie de la nuit devant une pizza pepperoni. Sur toutes les chaînes, l'information cruciale était le retour du fils prodigue. Lena regardait du coin de l’œil son amie. Dès qu'elle voyait son frère à la télévision, son expression s'adoucissait. Lena devait avouer que cet Oliver était séduisant. Au final, elles avaient été transportées dans les bras de Morphée. Elle regarda une nouvelle fois sa montre. Elle était officiellement en retard. Elle jeta un rapide coup d’œil au rez-de-chaussée. Elle vit la petite troupe se diriger vers le salon. Elle descendit à petits pas feutrés et se faufila jusqu'à la porte.
- Laurel, nous sommes avocates pas des faiseuses de miracles, s'exclama Joanna.
- Ma petite Joanna, nous ne pouvons pas perdre cette affaire avec toutes les preuves que nous avons. Tu sais très bien que si nous perdons, nous sommes bonnes pour mettre la clé sous la porte.
- Nous sommes seulement un cabinet d'aide juridique.
- Pour toi que nous soyons une aide-juridique c'est rien. A quel moment l'amie, que tu étais par le passé, a perdu ces convictions dans une loi égale pour tous ?
- Quand mon amie s'attaque à un gros cabinet d'avocats. Tu ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.
Laurel jeta un œil à son amie. Elle s'était connue à la fac et avait monté ce cabinet ensemble. Elle ne comprenait pas pourquoi Joanna était devenue tellement frileuse sur certaines affaires. Elle faisait pourtant une bonne équipe. Laurel feuilleta son courrier tout en se dirigeant vers son bureau. Elle jeta à peine un coup d’œil aux dossiers qui s'y trouvaient.
- Tu es très dure avec elle, déclara Joanna.
- C'est pas en étant gentille qu'elle fera du bon boulot.
- Dis plutôt que ça ne te plais pas qu'elle gravite autour de la famille Queen.
Laurel fusilla son amie du regard. Elle s'installa sur sa chaise pivotante et prit le premier dossier de la pile. Adam Hunt. Son affaire du moment. Elle espérait vraiment qu'elle allait l'envoyer en prison. Elle connaissait le dossier par cœur. Hunt faisait du blanchiment d'argent depuis de nombreuses années mais personne ne voulait le dénoncer. Jusqu'au jour où un témoin s'était présenté. L'ancien comptable d'Adam Hunt. Elle l'avait fait mettre sous protection de la police depuis ce jour. Facile avec un père flic qui, comme elle, voulait écrouer les méchants de ce monde. Peu de personne était au courant pour ce témoin. Même sa meilleure amie, Joanna, l'ignorait. Elle regarda autour d'elle puis jeta un bref coup d’œil à sa montre.
- Après tu veux que je sois gentille avec elle, lança-t-elle à son amie. Elle a trente minutes de retard.
Joanna ne voulut pas répondre. Elle leva seulement les yeux au ciel et se remit à lire son courrier.
- Les dernières nouvelles de l'épopée du jeune milliardaire qui est en passe de devenir légendaire. Seul rescapé du Queen Gambit, il aurait passé cinq ans sur une île déserte avant d'être retrouvé par des pêcheurs. Notre journaliste, Jessica, va nous dévoiler les derniers rebondissements, clama le journaliste à la télévision.
- Effectivement, lors d'une interview que monsieur Queen a bien voulu nous accorder, il nous a déclarer être le seul survivant de ce naufrage. Son père, Robert Queen, et Sara Lance ont perdu la vie. Nous vous rappelons que Sara Lance était originaire de Starling City et amie intime d'Oliver Queen. Elle laisse sa sœur, Laurel...
Laurel arracha la télécommande des mains d'un de ses collègues et éteignit la télévision puis la balança sur la table de conférence. Tout le monde la regardait, tristement. Elle sentait la nausée monter au fond de sa gorge. Elle sentait la main apaisante de Joanna sur son épaule. Elle se dégagea brutalement et s'enfuit dans le couloir. Elle percuta violemment Lena qui arrivait également en courant du bous du couloir.
- Laurel, je suis désolée...
Elle vit sa supérieure tourner au coin du couloir. Elle entendait ses sanglots étouffés. Joanna apparut derrière elle.
- C'est pas évident pour elle en ce moment avec le retour d'Oliver.
- Pour quelle raison ?
- C'est une très longue et très triste histoire, murmura-t-elle.